CITE DU VATICAN, Dimanche 16 février 2003 (ZENIT.org) – Une nouvelle collaboration concrète entre le Saint-Siège et l’Eglise orthodoxe de Grèce pour préserver l’héritage chrétien de l’Europe et affronter ensemble les grands défis éthiques: une même disponibilité exprimée par un message de Jean-Paul II à l’occasion de la visite du cardinal Walter Kasper à Athènes et par l’archevêque d’Athènes et de toute la Grèce Christodoulos.
« Nous ressentons la nécessité de donner un aspect nouveau, plus décisif, à notre témoignage de foi afin que les racines chrétiennes de l’Europe revivent d’une sève nouvelle, la sève de notre témoignage et de notre concorde », écrit le pape dans son message à Sa Béatitude Christodoulos publié le 14 février. Pour sa part, l’archevêque orthodoxe invite une délégation romaine à un symposium en mai sur les défis européens, et Rome invite des théologiens orthodoxes, en mai également, à une rencontre académique sur la Primauté de Pierre.
Le cardinal Kasper, président du Conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des chrétiens, et porteur du message de Jean-Paul II, était en effet en visite à Athènes depuis le 10 février auprès du saint-Synode orthodoxe, en retour de la visite du Saint-Synode au Vatican l’an dernier. Elle était elle-même un fruit de la visite historique de Jean-paul II à Athènes en mai 2001, lors de son pèlerinage jubilaire sur les pas de saint Paul.
La collaboration entre les deux Eglises constitue, affirme le pape, « un des remèdes efficaces au relativisme idéologique si répandu en Europe, à un pluralisme éthique qui oublie les valeurs éternelles, à une forme de globalisation qui laisse l’homme insatisfait, parce qu’il efface les légitimes différenciations qui ont permis la diffusion de tant de trésors dans l’Orient et l’Occident chrétiens ».
« C’est à nous qu’il revient, concluait le pape, d’agir ensemble pour atteindre ces objectifs si importants et urgents »: il souhaitait par conséquent que « ce nouveau contact suscite des formes concrètes de coopération » et affirme la pleine disponibilité de Rome, consciente de « la nécessité d’intégrer les traditions grecque, latine et slave de l’Europe d’aujourd’hui ».
Pour sa part, l’archevêque Christodoulos a évoqué les premiers siècles chrétiens – trois évêques d’Athènes ont en effet été élus évêques de Rome – mais au-delà des douloureux siècles de séparation, il se réjouissait de l’émergence « d’un esprit de rencontre et de collaboration ».
Il soulignait en effet les défis de l’Europe d’aujourd’hui: sauvegarde de l’identité et de l’héritage chrétiens, la bioéthique, la préservation de la création, les droits humains, la lutte contre le terrorisme, les inégalités sociales et économiques, les discriminations raciales et religieuses, les jeunes. Les réponses seront d’autant plus efficaces, soulignait l’archevêque orthodoxe que les efforts des chrétiens seront conjoints.
C’est pourquoi il a invité une nouvelle délégation vaticane à participer à un congrès international promu à Athènes en mai prochain pour se pencher sur les valeurs et principes moraux qui doivent être à la base de la future « maison commune » européenne.
Pour sa part, le cardinal Kasper a proposé de « restructurer » le mieux possible cette collaboration: « Nous aurons besoin, disait-il de nous consulter plus souvent » et de créer un « noyau opérationnel » pour assurer des contacts réguliers et une collaboration spécifique sur ces questions à affronter au niveau européen.
Son discours, plein d’espérance, rappelait les multiples rencontres survenues dernièrement avec les patriarcats orthodoxes de Bulgarie, de Roumanie, de Serbie, de Constantinople, et avec toutes les vieilles Eglises d’Orient.
Il souhaitait aussi la reprise de contacts au niveau théologique. Et à ce propos il a annoncé une importante initiative: un symposium académique accueillant des théologiens orthodoxes sur la question de la Primauté pétrinienne du point de vue biblique, patristique, et historique, en mai prochain également.