Depuis Bagdad, le cardinal Roger Etchegaray a fait la déclaration suivante au micro de Radio Vatican (www.radiovaticana.org), à l’issue de sa rencontre avec Saddam Hussein.
« Il faut d’abord que tous puissent comprendre que le sens de ma mission à Bagdad est spirituel, soulignait le cardinal. Il est nécessaire d’avoir présent à l’esprit que l’Eglise a sa façon propre de parler de paix, de construire la paix parmi tous ceux qui s’emploient dans le même but au cours de ces journées cruciales, et avec tellement de ténacité. Et je tiens à rendre hommage à ces personnes. Jean-Paul II l’a dit, l’Eglise se fait le porte-parole de la « conscience morale de l’humanité à l’état pur, d’une humanité qui désire la paix, qui besoin de la paix ».
Reprenant ensuite sa déclaration écrite (cf. ci-dessus), le cardinal Etchegaray continuait: « Le peuple iraquien a été au centre de notre conversation: tout le peuple iraquien, sans exception ni exclusion. J’ai pu moi-même me rendre compte à quel point le peuple iraquien aspire à une paix qui soit juste tout d’abord, et donc durable. L’Eglise a manifesté sa solidarité avec ce peuple qui a tellement souffert de la guerre Iran-Iraq et ensuite au cours de ces 13 années d’embargo ».
Il reprenait son appel en disant: « Puis, au nom du pape, j’ai osé lancer un appel à la conscience – parce que c’est elle qui compte, en définitive – à la conscience de tous ceux qui, en ces jours décisifs pèsent sur l’avenir de la paix. Par ce qu’en définitive, c’est vrai: ce sera la conscience, quoi qu’il arrive, qui aura le dernier mot. je crois que nous nous engageons tous toute notre force et tout notre temps pour aider l’Iraq à affronter les menaces qui pèsent si lourdement sur lui »
Le cardinal Etchegaray était porteur d’une lettre du pape à Saddam Hussein, mais aucun détail sur le contenu de la lettre n’a été révélé, pas davantage à propos de la lettre de Saddam Hussein que son vice-premier ministre Tarek Aziz a remis à Jean-Paul II au Vatican, vendredi dernier, 14 février
Au micro du journal télévisé de la RAI (1), le cardinal Etchegaray a également précisé que le président Saddam Hussein avait été « soulagé » par le rapport des inspecteurs en désarmement de l’ONU, Hans Blix et Mohamed El-Baradei, vendredi 14 février également, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, faisant état de « progrès dans la coopération » de l’Iraq avec les inspecteurs en désarmement, non sans souligner aussi la nécessité d’une plus grande « transparence ».
« Tout ce que fait la communauté internationale, surtout grâce au Conseil de sécurité pour permettre à l’Iraq d’avoir des chances d’éviter la guerre va dans le sens de ce que recherchent les autorités locales », précisait le cardinal Etchegaray.
Selon le jugement qu’il s’est fait pendant cette rencontre, l’envoyé du pape affirmait encore: Saddam Hussein « fait tout pour éviter la guerre, il est le premier intéressé, le premier à mobiliser ses énergies pour éviter la guerre ».
Et de citer, comme « un signe clair de sa volonté d’avancer dans ce sens », le décret présidentiel en date de ce même 23 février contre la fabrication et l’importation des armes de destruction de masse.
Lui même soulagé, il ajoutait: « Pour le moment, des orages bien lourds s’éloignent, mais on vit au jour le jour. Le pape insiste beaucoup pour qu’on ne baisse pas les bras, qu’on ne se résigne pas à la guerre. Il ne faut pas devenir fataliste ».
L’envoyé spécial de Jean-Paul II insistait sur le caractère positif de ces derniers contacts diplomatiques: « Les choses progressent. Il faut espérer que les deux rapports puissent contribuer à mieux faire comprendre les efforts faits par ce pays pour ne pas donner prise à des interventions guerrières dont les conséquences seraient incalculables. Le pape compte sur lui pour ce qui lui revient de faire pour que les choses progressent. Il compte sur lui ».
Le cardinal français précisait que le président Saddam Hussein avait « bien accueilli » ce message du pape. Il concluait: « Mission accomplie, oui, parce que j’ai fait le maximum ».
Le cardinal Etchegaray se trouve en Iraq depuis mardi 11 février au soir. Il y a rencontré, dès mercredi, le vice-président Taha Yassine Ramadan et le vice-premier ministre Tarek Aziz. Il a également célébré une messe pour la paix en l’église catholique chaldéenne Saint-Joseph de Bagdad. Jeudi, le cardinal s’est rendu à Mossoul, dans le Nord, où se concentre plus de la moitié de la communauté catholique du pays. Celle-ci représente quelque 4 % de la population totale du pays.
Cette troisième visite du cardinal Etchegaray au pays d’Abraham devait s’achever cet après-midi après une nouvelle rencontre avec les Eglises chrétiennes du pays.
Pendant ce temps, le vice-premier ministre iraquien se trouvait en Italie où il a pu rencontrer les différentes forces politiques du pays. Samedi, il s’est rendu à Assise où il a participé à une célébration en faveur de la paix. Il s’est également recueilli sur la tombe de saint François, dans la crypte de la basilique. C’est en effet un catholique chaldéen.
Au cours de cette visite, le custode du Couvent franciscain, le P. Vicenzo Coli, a présenté à M. Aziz la corne d’ivoire que saint François a reçu du sultan Melek El-kamelen d’Egypte entre 1219 et 1220. Et Mgr Sergio Goretti, évêque d’Assise, lui a remis une « lampe de la paix » semblable à celle qui a été remise aux participants de la grande prière des religions pour la paix à Assise le 24 janvier 2002, en reprenant les paroles de Jean-Paul II à cette occasion: « Plus jamais de violence ni de guerre, plus jamais de terrorisme! Qu’au Nom de Dieu chaque religion apporte la justice et la paix ».
Sur le livre d’or, Tarek Aziz a écrit: « Puisse le Dieu Tout-Puissant accorder la paix au peuple iraquien et au monde entier. Amen ».