« Eglise et informatique », premier congrès continental au Mexique

Entretien de Fides avec le P. Lucio Ruiz, coordinateur technique de la RIIAL

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CITE DU VATICAN, Jeudi 30 Janvier 2003 (ZENIT.org) – En vue du premier Congrès Continental sur Eglise et Informatique, convoqué par le Conseil Pontifical pour les Communications Sociales, par le Conseil Episcopal Latino-américain (CELAM), par le Conférence Episcopale du Mexique, et par l’Archidiocèse de Monterrey au Mexique, l’Agence Fides a posé quelques questions au P. Lucio Ruiz, coordinateur technique des groupes de travail du réseau Informatique de l’Eglise en Amérique Latine (RIIAL).

« Vers un réseau humain de réponses et d’aides » est le titre du premier Congrès Continental sur Eglise et Informatique ; quels sont les objectifs du Congrès ?

Le Congrès désire offrir aux organisations catholiques qui se servent des moyens informatiques pour faire l’évangélisation et la culture, un domaine de rencontre et de réflexion sur les nouveaux instruments de communication, sur les changements culturels qui les accompagnent et les stratégies que l’Eglise peut entreprendre pour l’annonce de l’Evangile dans ce domaine, en suscitant une « culture numérique », en clef solidaire. Le Congrès est Panaméricain, dans la ligne de l’Exhortation post-synodale Ecclésia in America. Plus concrètement, on cherche à favoriser la connaissance réciproque entre personnes et organisations catholiques qui se servent des moyens informatiques dans leur travail d’évangélisation, en animant un esprit commun et d’éventuels domaines de collaboration future ; connaître le monde socio-culturel dans lequel mûrit l’arrivée des nouvelles techniques dans le continent américain, pour en accroître les potentialités ; étudier les conséquences du nouveau phénomène médiatique de l’interactivité, présente pour la première fois dans l’histoire au plan planétaire ; étudier les moyens pour parvenir à rejoindre « l’intégration numérique » en raccourcissant les distances entre les « Info-riches » et les Info-pauvres » ; étudier l’impact des nouvelles technologies sur les modes de vie et de pensée dans différentes régions culturelles de l’Amérique catholique ; connaître plus à fond les nouvelles formes de religiosité qui naissent dans le nouveau contexte culturel de la post-modernité ; offrir l’expérience de la RIIAL comme « table commune » sur laquelle se rencontrent et s’enrichissent réciproquement les Eglises locales du continent en faveur des plus nécessiteux.

Qui sont les protagonistes et qui sont les destinataires ?

Les protagonistes sont les conférenciers, mais elle représentera un grand poids aussi la participation des congressistes présents et lointains, qui, par leur contributions et le dialogue des tables rondes pourront donner des critères, des lignes d’étude et même d’action pour l’avenir. Les destinataires, en revanche seront tous ceux qui proposent des initiatives d’évangélisation par l’intermédiaire de l’informatique (non pas seulement Internet, mais tous les moyens informatiques en général) et qui sont intéressés au thème et à l’esprit du Congrès. La rencontre est ouverte, mais elle s’adresse en particulier aux Evêques, aux prêtres, aux agents pastoraux, aux spécialistes de la communication, aux enseignants et aux étudiants en informatique, aux philosophes, aux théologiens et à tous ceux qui sont sensibles au processus de changement culturel que traverse le monde.
La première conférence sera donnée par le docteur Derrick de Kerckhoven sur le thème Interactivité : nouvelle réalité mondiale parmi les moyens de communication. Il sera suivi par M. Manuel Castelles qui parlera de La Globalisation ou mondialisation des communications. M. Eulalio Ferre traitera de La culture numérique : Ethique de la communication. Le Cardinal Dario Castrillon Hoyos parlera sur le thème L’évangélisation à l’époque numérique. Le Père Paul Soukoup, Jésuite, s’occupera des Nouveaux langages dans l’évangélisation numérique, et M. Rafael Rangel, de La culture numérique à la portée des grandes masses.

Les nouvelles technologies de l’ère numérique sont au centre d’un processus qui investit différents secteurs. De quelle manière entendez-vous faire ressortir les valeurs humanistes ?

La communication est au centre du projet Réseau Informatique de l’Eglise en Amérique Latine (RIIAL), duquel naît l’initiative du Congrès. Nous voulons démontrer que l’informatisation des organisations ecclésiastiques servirait à peu de choses sur les ordinateurs ne sont pas utilisés pour rapprocher les personnes, pour les aider à travailler ensemble (en réseau), et créer des services communs en économisant des efforts et des ressources. Les systèmes informatiques isolés ne sont que de bonnes machines à écrire, et, au contraire, quand elles sont mises en réseau, elles constituent un réseau commun qui offre des avantages pour tous. Mais il y a besoin de formation, d’instruction. Notre engagement s’est concentré tout d’abord sur cela.

Comment entendez-vous inscrire les nouvelles technologies dans les régions les plus pauvres du continent ?

Il y a de nombreuses organisations qui travaillent pour l’intégration numérique, même s’il est nécessaire d’avoir un engagement plus grand de la part du gouvernement et des autres institutions. Au Congrès, on présentera les initiatives de l’Institut Technologique de Monterrey, pour apporter, par les nouvelles technologies, la culture et l’instruction aux grandes masses. Dans le contexte ecclésial, je cite le mot d’ordre du RIIAL : « Arriver jusqu’aux derniers », c’est-à-dire aux plus marginalisés, aux plus nécessiteux. Il n’est pas suffisant de disposer de systèmes informatiques plus ou moins efficaces dans un bureau ecclésiastique, si l’on ne considère pas les nécessités concrètes de l’Eglise locale dans con complexe. Il sert à peu de chose de fournir des machines et des services à ceux qui disposent déjà de matériaux, de livres, de documents et de moyens de communication. Les systèmes doivent tenir compte surtout de ceux qui ne disposent pas de ces ressources, et mettre à leur disposition toute la créativité possible pour offrir des solutions technologiques qui facilitent l’intégration dans cette réalité et dans ses services. Cela suppose, en plus du fait de disposer matériellement d’ordinateurs, l’acquisition d’une « culture de l’utilisation » de l’informatique qui comporte un effort formateur indispensable. Cette objectif donne comme résultat au RIIAL une étude constante de tout ce qu’offre la technologie, en sélectionnant non seulement les moyens les plus sophistiqués ou avancés, mais ceux qui permettent d’atteindre tous les types d’usagers, en particulier ceux qui ont à leur disposition moins d’infrastructures et des instruments moins puissants. Un de nos principaux efforts consiste à multiplier les usagers de poste électronique là où il n’y a pas de bibliothèque ni de matériel utile pour l’évangélisation, et créer des services qui ne requièrent pas le web, mais qui peuvent se servir de systèmes plus simples de manière à ce que les plus désavantagés puissent recevoir du matériel pour la pastorale et avoir accès aux mêmes sources que ceux qui possèdent des technologies et des ressources avancées.

Pensez-vous que l’utilisation de l’informatique puisse contribuer au développement de la personne humaine ?

Un moyen en soi n’implique pas automatiquement aide et n’empêche pas le développement humain ; il dépend comment on s’en sert. Dans le cas spécifique de l’informatique, cela peut favoriser un aspect essentiel de la personne : la constitution de réseaux, la construction collective de la culture. D’après M. Derrick De Kerckhove, savant canadien parmi les conférenciers du Congrès, héritier de Mac Luhan, on ouvre une nouvelle compréhension du monde : « l’i
ntelligence connective », c’est-à-dire commune depuis des lieux très éloignés. Notre espérance et notre engagement ont pour but de faire en sorte que la technologie recouvre son juste rôle, à mesure humaine, mais que, à son tour, elle renforce cette même humanité dans ses formes les plus humbles et solidaires. Je pense surtout, à la racine même des projets informatiques que porte l’Eglise. D’où et comment elle naît ? Tout d’abord, du mandat missionnaire de Jésus Allez dans le monde entier. C’est un mandat explicite de la part su Seigneur d’arriver jusqu’aux extrémités de la terre, et l’informatique est un excellent moyen pour le réaliser. Ensuite, il y a une invitation claire du Pape pour réaliser la Nouvelle Evangélisation : « nouvelle dans son ardeur et nouvelle dans ses méthodes ». Et donc si notre culture appartient à « l’ère numérique » nous ne pouvons pas ne pas évangéliser avec et par les moyens informatiques. D’où la réponse à sa question : Dieu révèle l’homme à l’homme (« En réalité le mystère de l’homme s’éclaire seulement dans le mystère du Verbe Incarné » CVIII), évangéliser c’est aussi humaniser.

Que veut-on faire naître dans la perspective de l’Eglise catholique d’Amérique du Sud ?

On veut accroître la communion jusqu’à atteindre les plus lointains et les plus marginalisés, et faire un pas nouveau vers l’inculturation, parce que « ce qui n’est pas touché n’est pas sauvé ». En mettant ensemble tous ceux qui pensent, qui réalisent et qui travaillent avec le même objectif de faire connaître le Seigneur et d’aider tous les hommes, on ne peut que vérifier une augmentation de la communion dans l’Eglise et de nouveaux élans de la vocation missionnaire. C’est une occasion que nous voulons utiliser afin que, en nous connaissant et en échangeant nos propres expériences, en réfléchissant ensemble et en faisant des projets, l’Eglise puisse voir fleurir de nouveaux et féconds services, afin que les homes connaissent et aiment Jésus, et que l’Evangile parvienne jusqu’aux extrémités de la terre.

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ZENIT Staff

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