Canada : “Se préparer pour la paix en Irak”, appel aux Canadiens

Print Friendly, PDF & Email

Déclaration des évêques catholiques

Share this Entry
Print Friendly, PDF & Email

CITE DU VATICAN, Mardi 21 Janvier 2003 (ZENIT.org) – Les évêques du Canada se prononcent eux aussi contre toute attaque contre l’Irak, dans une déclaration du président de la conférence des évêques catholiques du Canada (CECC, cf: www.cccb.ca) intitulée “Se préparer pour la paix en Irak” et qui lance à un appel auprès de la population canadienne.

Mgr Jacques Berthelet, C.S.V., président de la Conférence des évêques catholiques du Canada et évêque de Saint-Jean-Longueuil, joint sa voix à celles d’autres leaders canadiens d’Églises et des dirigeants d’organismes ecclésiaux qui lance un appel à Se préparer pour la paix en Irak, appel qui interpelle la communauté internationale « à donner à la population irakienne, non pas des bombes et des missiles, mais un appui moral, politique et matériel. » , indique le communiqué publié le 20 janvier.

Cette déclaration est une initiative conjointe de KAIROS : Initiative œcuménique canadienne pour la justice, de la Commission Justice et Paix du Conseil canadien des Églises et de Project Ploughshares.

Les dirigeants nationaux des Églises invitent tous les Canadiens et Canadiennes à appuyer cette déclaration en faveur d’une résolution pacifique et durable de la crise irakienne en la diffusant auprès des groupes communautaires, des communautés de foi et des individus. Project Ploughshares aura la tâche de recueillir les réponses et de les transmettre à intervalles réguliers au Premier ministre du Canada.

– Se préparer pour la paix en Irak –

Nous croyons que la guerre n’est pas la réponse

Il y a douze ans, une coalition mandatée par les Nations Unies et menée par les États-Unis lançaient la guerre contre l’Irak. Des dizaines de milliers d’enfants, de femmes et d’hommes devaient y trouver la mort. La destruction des infrastructures, suivie de sanctions économiques, a contribué à la mort de centaines de milliers d’autres victimes. Et maintenant, alors même que les inspecteurs de l’ONU sont à faire efficacement leur travail, nous voici à deux doigts d’une autre guerre.

Nous croyons qu’une nouvelle guerre contre l’Irak n’aboutira pas à un désarmement durable. Elle risque, au contraire, d’apporter son lot habituel de maux : pertes de vies, destruction de l’environnement, dommages physiques et psychologiques causés à la fois aux victimes et aux agresseurs, gaspillage de ressources, menace d’accentuation de l’instabilité politique, intensification du terrorisme et de la haine et réactivation de l’extrémisme.

Nous croyons que la paix n’est pas simplement l’absence de la guerre

Nous savons qu’il ne suffira pas d’éviter la guerre pour résoudre les problèmes fondamentaux de l’Irak, un pays non représentatif qui viole les droits de la personne et ne respecte peut-être pas ses obligations en matière d’armes de destruction massive. La paix et la justice, en effet, exigent plus que la simple absence de la guerre. On ne saurait tolérer le maintien de régimes hors-la-loi qui conservent des armes de destruction massive ou qui aspirent à s’en procurer, que ce soit en Irak ou ailleurs. Nous croyons, en fait, que désarmement durable et démocratie durable sont deux concepts inextricablement liés.

Nous croyons que la paix est liée au respect des droits de la personne et de la volonté du peuple

Il est fort probable que les gouvernements irakiens renonceront pour de bon à la course aux armes de destruction massive lorsque le peuple disposera des moyens de définir et d’établir d’autres priorités nationales. Si le peuple irakien avait le choix, il est peu probable qu’il appuierait un programme d’armement nucléaire susceptible de gaspiller ses ressources, de lui attirer des sanctions extrêmement sévères et de le reléguer au rang des parias. La clé d’un rejet fiable des armes de destruction massive par l’Irak réside dans un gouvernement respectueux de la volonté et des droits du peuple et fondé sur une société civile disposant de ses pleins pouvoirs. Une telle forme de gouvernement responsable ne saurait être mise en place par une guerre : c’est au peuple irakien qu’il revient de faire ses propres changements.

Pourtant, depuis des décennies, la politique de l’Ouest sape la quête de démocratie et dépouille la population même de l’Irak, dont dépend tout changement constructif. L’appui militaire et politique accordé par l’Ouest au régime de Saddam Hussein jusqu’en 1990, auquel sont venues se joindre des sanctions économiques globales, a eu pour effet, d’une part, de renforcer et d’enrichir un régime tyrannique et, d’autre part, de rabaisser et d’appauvrir le peuple. Nous rejetons le recours sans cesse croissant aux moyens militaires pour résoudre des conflits enracinés.

Nous croyons qu’il faut arrêter la course aux armes au Moyen-Orient

Les résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies exigent que l’Irak détruise et cesse de produire, de façon vérifiable, toute arme de destruction massive et tout missile balistique à moyenne et à longue portée Mais ces exigences sont toujours pour contexte l’objectif de faire du Moyen-Orient une zone libre de toute arme de destruction massive. Tant que d’autres États de cette région posséderont de telles armes ou s’efforceront d’en acquérir, d’autres voudront les imiter.

Nous croyons qu’il faut mettre au premier rang les intérêts du peuple irakien

L’Irak vit actuellement dans une grande misère, qu’une guerre ne ferait qu’aggraver. Même sans la guerre, c’est la détresse qui va demeurer, dans l’avenir prévisible, le lot de son peuple. La tragédie de ce pays se déroule depuis des décennies et la voie vers une véritable transformation est aussi lente que semée d’embûches. La seule chose dont on puisse être raisonnablement certain, c’est que le coût de la guerre serait pire encore que la réalité actuelle et que, loin de hâter la venue d’un changement durable, un conflit ne ferait que la reculer. Nous croyons qu’il est de notre responsabilité d’accompagner leur douleur, non pas d’autres bombes et d’autres missiles, mais d’un appui moral, politique et matériel.

Nous croyons qu’il est temps d’agir pour la paix, non pour la guerre

a) Rejeter toute autre guerre contre l’Irak, car c’est la population qui est la première à en subir les conséquences;
b) Maintenir une vigoureuse stratégie d’endiguement, afin de prévenir, par l’entremise d’inspections et d’une surveillance continue sous mandat de la communauté internationale, l’acquisition et/ou la conservation par l’Irak d’armes de destruction massive.
c) Poursuivre les efforts diplomatiques en vue de faire du Moyen-Orient une région libre de toute arme de destruction massive;
d) Mettre un terme aux sanctions économiques globales actuelles;
e) S’engager activement sur les plans diplomatique et politique, en apportant, entre autres, un soutien matériel à la société civile irakienne, pour promouvoir le respect des droits de la personne et la gouvernance responsable;
f) Réactiver les efforts diplomatiques auprès des États de la région pour résoudre les problèmes actuels, et plus particulièrement le conflit israélo-palestinien, dans le contexte de pourparlers à l’échelle régionale sur la sécurité et la coopération au Moyen-Orient;
g) Étudier la possibilité de recourir à des mesures légales, juridiques et autres pour traiter les accusations de crimes contre l’humanité.

Marche à suivre pour la signature

Vous pouvez appuyer cette déclaration par voie électronique, en passant par le site internet de Project Ploughshares (www.ploughshares.ca
).

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel