Programme de la Semaine de Prière pour l'Unité des Chrétiens 2003

18-25 janvier

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TRESOR, NOUS LE PORTONS DANS
DES VASES D’ARGILE
(2 CO 4,7)

TEXTE BIBLIQUE POUR LA « PRIERE POUR L’UNITE 2003»
CE TRESOR, NOUS LE PORTONS DANS DES VASES D’ARGILE
(2 Co 4,3-18)

Si cependant notre Évangile demeure voilé, il est voilé pour ceux qui se perdent, pour les incrédules, dont le dieu de ce monde a aveuglé l’intelligence, afin qu’ils ne perçoivent pas l’illumination de l’Évangile de la gloire du Christ, lui qui est l’image de Dieu.

Non, ce n’est pas nous-mêmes, mais Jésus Christ Seigneur que nous proclamons. Quant à nous-mêmes, nous nous proclamons vos serviteurs à cause de Jésus. Car le Dieu qui dit : que la lumière brille au milieu des ténèbres, c’est lui-même qui a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ. Mais ce trésor, nous le portons dans des vases d’argile, pour que cette incomparable puissance soit de Dieu et non de nous. Pressés de toute part, nous ne sommes pas écrasés ; dans des impasses, mais nous arrivons à passer ; pourchassés, mais non rejoints ; terrassés, mais non achevés ; sans cesse nous portons dans notre corps l’agonie de Jésus afin que la vie de Jésus soit elle aussi manifestée dans nos corps. Toujours, en effet, nous les vivants, nous sommes livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit elle aussi manifestée dans notre existence mortelle.

Ainsi la mort est à l’œuvre en nous, mais la vie en vous. Pourtant, forts de ce même esprit de foi dont il est écrit : J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé, nous croyons, nous aussi, et c’est pourquoi nous parlons. Car nous le savons, celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus, nous ressuscitera nous aussi avec Jésus et il nous placera avec vous près de lui. Et tout ce que nous vivons, c’est pour vous, afin qu’en s’accroissant la grâce fasse surabonder, par une communauté accrue, l’action de grâce à la gloire de Dieu.

C’est pourquoi nous ne perdons pas courage et même si, en nous, l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Car nos détresses d’un moment sont légères par rapport au poids extraordinaire de gloire éternelle qu’elles nous préparent. Notre objectif n’est pas ce qui se voit, mais ce qui ne se voit pas ; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel.

Traduction œcuménique de la Bible (TOB)

A TOUS CEUX QUI ORGANISENT LA
«PRIERE POUR L’UNITE DES CHRETIENS»

Adapter les textes
Ces textes sont proposés étant bien entendu que, chaque fois que cela sera possible, on essayera de les adapter aux réalités des différents lieux et pays. Ce faisant, on devra tenir compte des pratiques liturgiques et dévotionnelles locales ainsi que du contexte socio-culturel. Une telle adaptation devrait normalement comporter une collaboration œcuménique.

Dans plusieurs pays, des structures œcuméniques sont déjà en place et elles permettent ce genre de collaboration. Nous espérons que la nécessité d’adapter la «Prière» à la réalité locale puisse encourager la création de ces mêmes structures là où elles n’existent pas encore.

Utiliser les textes de la «Prière pour l’unité des chrétiens»
Pour les Églises et les Communautés chrétiennes qui célèbrent ensemble la «Prière» au cours d’une seule cérémonie, ce livret propose un modèle de Célébration œcuménique de la Parole de Dieu.

Les Églises et communautés chrétiennes peuvent également se servir pour leurs célébrations des prières ou des autres textes de la Célébration œcuménique de la Parole de Dieu ou encore des textes proposés pour les Huit Jours. Les églises et communautés chrétiennes qui célèbrent la «Prière pour l’unité des chrétiens» chaque jour de la semaine, peuvent trouver des suggestions dans les textes proposés pour les Huit Jours. Si l’on désire entreprendre des études bibliques sur le thème 2002, on peut également se baser sur les textes et les réflexions bibliques proposés pour les Huit Jours. Les commentaires de chaque jour peuvent se conclure par une prière d’intercession. Pour les personnes qui souhaitent prier en privé, les textes contenus dans cette brochure peuvent alimenter leurs prières et leur rappeler aussi qu’elles sont en communion avec tous ceux qui prient à travers le monde pour une plus grande unité visible de l’Église du Christ.

Rechercher l’unité durant toute l’année
Traditionnellement, la «Semaine de prière pour l’unité des chrétiens» continue d’être largement célébrée dans l’hémisphère nord du 18 au 25 janvier. Cependant, dans différents pays un nombre croissant de chrétiens utilisent la brochure en privé durant le mois de janvier et se retrouvent pour d’importantes célébrations aux alentours de la Pentecôte, à une époque où normalement le climat est plus favorable. Dans l’hémisphère sud, où le mois de janvier est une période de vacances d’été, on préfère adopter également une date aux environs de la Pentecôte, sinon un ou deux mois plus tard.

Toutefois, la recherche de l’unité des chrétiens ne se limite pas à une semaine par an. Nous vous encourageons donc à trouver d’autres occasions, au cours de l’année, pour exprimer le degré de communion que les Églises ont déjà atteint et pour prier ensemble en vue de parvenir à la pleine unité voulue par le Christ.

INTRODUCTION AU THEME POUR 2003
«CE TRESOR, NOUS LE PORTONS DANS DES VASES D’ARGILE »
(2 CO 4,7)

Le problème complexe de la migration a eu un impact croissant dans la vie de nombreux peuples, pays et Églises partout dans le monde. L’Argentine figure parmi les pays qui ont subi de nombreuses vagues d’immigration ayant affecté non seulement le contexte national mais également la vie des Églises. Le projet initial de la prière pour l’unité de cette année a été proposé par un groupe œcuménique argentin. Le texte biblique et le thème ont été choisis à partir d’une réflexion sur l’Argentine en tant que nation bâtie par le peuple indigène et les immigrants.

Différentes raisons sont à l’origine de l’immigration, par exemple la famine, les guerres et les persécutions religieuses. Deux histoires du passé récent de l’Argentine nous serviront à illustrer ces situations. Elles montrent également combien il est nécessaire pour les Églises de travailler ensemble à la recherche de l’unité afin d’apporter un témoignage véritablement uni.

1. Une famille fuyant la violence décide d’émigrer et trouve refuge en Argentine.
Là, elle est en sécurité mais doit faire face à un nouveau type de société qu’elle ne comprend pas, une langue qui n’est pas la sienne et un passé historique avec lequel elle ne peut s’identifier. Parfois la population locale n’apprécie pas sa présence. Cette famille est heureuse mais ressent en même temps une certaine tristesse. Elle laisse derrière elle la peur mais découvre maintenant la discrimination. Dans certains cas, ces personnes doivent accepter d’être financièrement exploitées. C’est le prix qu’elles doivent payer pour vivre en sécurité et pouvoir élever leurs enfants. Leur nouveau pays à la fois les accueille et les rejette. Ils ont foi cependant et attendent la lumière qui les guidera dans l’obscurité.

2. Une jeune femme arrive dans une grande ville pour y chercher un emploi.
Elle a grandi dans la partie nord du pays et doit l’abandonner car elle désire un futur meilleur. Elle a quitté sa famille et ses amis et maintenant doit affronter un autre type de société. La couleur de sa peau et son accent révèlent qu’elle est originaire du pays. Du sang indigène coule même très certainement dans ses veines. A cause de cela, elle aussi devra payer très cher. Elle découvre les lumières de la grande ville
mais également la tristesse de la solitude. Elle se retrouve étrangère dans son propre pays. Parfois même, elle a le sentiment qu’on la traite comme si elle n’avait pas le droit de goûter aux joies de la vie. Elle n’a personne à qui se confier mais elle conserve l’espoir de trouver un jour sa place dans cette société.

Ce genre de situation a conduit le groupe local à réfléchir sur la force que la Parole de Dieu nous donne dans les moments difficiles. Cette dernière nous rappelle que tous les membres du peuple de Dieu doivent être pèlerins sur le chemin menant à son Royaume. La Bible nous offre de nombreux exemples de peuples migrant d’un lieu à l’autre en grande partie pour les mêmes raisons qui poussent les populations actuelles à le faire. Abraham et Sarah, Jacob, Amos, Joseph, Marie et Jésus constituent des exemples bibliques d’immigrants. L’expérience de l’immigration nous révèle un monde fracturé. L’unité des chrétiens doit être le paradigme de l’unité entre les êtres humains. Les chrétiens possèdent «un trésor dans des vases d’argiles » (2 Co 4, 7) qui est la gloire de notre Seigneur Jésus Christ, c’est-à-dire sa victoire contre le péché, la mort, la persécution et la haine. Ce trésor est, comme l’écrit saint Paul dans 2 Co 4, 5-6, la connaissance de la gloire de Dieu qui resplendit à travers Jésus alors qu’il nous a révélé les profondeurs de l’amour de Dieu et sa miséricorde pour la création, en particulier envers les pauvres de la terre.

Le texte de 2 Co 4, 5-18 nous appelle à reconnaître que nous portons dans notre corps un trésor qui ne nous appartient pas mais qui est un don de Dieu pour nous rendre forts et nous encourager dans nos moments d’angoisse et de tristesse. Nous portons ce trésor dans la fragilité de nos vies humaines, ce qui nous montre clairement que ce don nous vient de Dieu et non pas de nous. Dieu nous invite à être ses témoins à travers notre faiblesse humaine. Le Corps du Christ est un et c’est pourquoi les divisions entre chrétiens sont un contre-témoignage de cette vérité et il nous faut le surmonter. Nous reconnaissons que les obstacles sont grands et que nos forces intellectuelles et physiques ne suffisent pas à guérir notre péché de division. L’unité de l’Église doit être réalisée par l’action et la puissance de l’Esprit Saint agissant en nous, afin que chaque pas vers l’unité puisse être vu comme un acte divin nous rapprochant toujours plus du Royaume de Dieu.

Nous devons accepter le défi de l’apôtre Paul lorsqu’il dit que nous croyons, c’est pourquoi nous parlons (2 Co 4, 13). Ne pas parler signifie dissimuler la réalité visible du Christ agissant en nous qui est la base de l’action de l’Église dans le monde. Ainsi, riches de la force qui nous est donnée, nous devons aller vers notre prochain pour partager avec lui la lumière du Christ et reconnaître mutuellement que nous avons une dette envers Dieu qui offrit la vie de son Fils pour le salut de l’humanité. Tous ces thèmes sont évoqués pendant le culte et les huit jours. Ces derniers ont été structurés de la manière suivante :

Paul, dans son Épitre aux corinthiens, encourage ses frères et sœurs chrétiens par le message de l’espérance qu’est Jésus Christ. Il est le message divin qui révèle la gloire de Dieu et la lumière qui continue à resplendir dans un monde de ténèbres (2 Co 4, 5-6). C’est l’espérance qui a grandi dans le cœur des hommes et des femmes qui ont conscience qu’elle a sa source en Dieu et non pas en nous. C’est ce trésor qui soutient le pèlerin et l’immigrant dans leur fragile condition humaine (Jour 1 – 2 Co 4, 7).

La foi commune dans le Christ est notre espérance et notre trésor. Dans le monde d’aujourd’hui, beaucoup d’hommes, de femmes et d’enfants supportent le poids de la persécution, de la détresse et de l’abandon quand ils sont contraints à quitter leurs maisons et à vivre dans la rue, constamment séparés de leur milieu familier. Paul réfléchit sur l’expérience de la persécution en nous offrant la consolation de la foi chrétienne car Jésus a assumé notre condition humaine pour qu’elle s’ennoblisse et nous révèle la puissance de Dieu à travers notre faiblesse. C’est pourquoi nous ne sommes ni accablés ni portés au désespoir, nous ne sommes ni abandonnés ni terrassés car nous avons la foi (Jour 2 – 2 Co 4, 8).

Le mystère de la Rédemption continue à resplendir dans les situations où, par l’effet de la grâce de Dieu, l’esprit de l’homme nous fait percevoir l’image du Christ dans la fragilité de nos corps. C’est cette fragilité qui nous fait voir la mort du Christ vécue dans son propre corps ; mais à travers la miséricorde de Dieu, nous découvrons également l’image du Christ révélé. Trop souvent, le péché de la discrimination nous révèle une culture de mort, qui n’est rien d’autre que le désir d’éliminer la différence, c’est-à-dire l’autre. Les Églises ont pour mission de trouver ensemble comment affirmer l’image du Christ qui est en l’autre comme une source de richesse, un don précieux. La présence du Christ qui se manifeste en nos corps nous renouvelle pour qu’à travers nous apparaisse l’image de Dieu, dignité qui ne peut être effacée. Ce n’est que lorsque nous prenons conscience de ce trésor que chaque être humain porte en lui que nous pouvons accueillir les autres en voyant leur ressemblance avec Dieu (Jour 3 – 2 Co 4, 10).

Cela peut sembler contradictoire mais tant que la vie est en nous, nous devons apprendre à être livrés à la mort, à renoncer à soi-même afin que le Christ se manifeste en nous. En agissant ainsi, nous nous ouvrons à la vraie valeur de la vie – une existence qui a été confiée au Christ afin que sa vie soit manifestée dans notre corps. Tous les chrétiens sont appelés à témoigner que le péché ne nous domine plus. C’est ainsi que les Églises peuvent témoigner dans le monde de la dignité de la vie qui est vie nouvelle en Christ (Jour 4 – 2 Co 4, 11).

Dans les conditions précaires où pèlerins et immigrants se retrouvent, les Églises chrétiennes unies « dans un même esprit de foi » prêtent leurs voix aux étrangers et aux dépossédés. C’est parce que nous confessons la même foi que nous sommes capables de trouver les mots pour parler. Le thème du Cinquième jour (2 Co 4, 14) encourage les chrétiens à réfléchir sur la nécessité de parler courageusement des situations désespérées des sans abris, des réfugiés, des immigrants, des personnes vivant dans les rues, des populations en migration, des hommes, des femmes et des enfants qui se trouvent dans la détresse. Nous croyons en effet en la puissance renouvelante de Dieu en Jésus Christ. C’est pourquoi ensemble, nous parlons avec courage contre tout ce qui offense la dignité de la personne humaine.

L’Église a pour mission d’être un signe de la grâce de Dieu dans la société. Les valeurs de ce monde éphémère ne sont pas nécessairement celles du royaume des cieux. Jésus a confié à l’ensemble des chrétiens et des Églises la mission de vivre pleinement l’expérience du Royaume de Dieu comme d’une force nouvelle qui régénère la société humaine. La justification que nous avons reçue librement de la grâce de Dieu nous oblige à vivre en justifiés dans le monde (Jour 6 – 2 Co 4, 15).

Malgré les nombreuses difficultés et persécutions, nous devons persévérer. Saint Paul nous incite à rester forts car nous ne portons pas seulement en nous la mort mais aussi la vie du Christ. L’Église est appelée à manifester la victoire du Christ sur la mort en se montrant une communauté de courage. La persévérance de ceux qui cherchent l’unité des chrétiens est fondamentale pour tous ceux qui sont timorés ou tentés de renoncer à leur bataille car elle est la preuve de la force de la grâce de Dieu malgré les nombreuses difficultés. Jésus a prié pour l’unité de tous ceux qui portent son nom précisément afin que le monde croie. En dépit de tous les obstacles que no
us rencontrons sur le chemin de l’unité, face à l’adversité les Églises doivent agir ensemble avec courage et persévérance pour offrir à notre monde déchiré un exemple d’unité et être un signe de la puissance de la mort du Christ sur toutes les forces du péché et des ténèbres (Jour 7 – 2 Co 4, 16).

Le Jour 8, nous sommes appelés à réfléchir sur combien les souffrances que nous endurons nous préparent au « poids extraordinaire de gloire éternelle » (2 Co 4, 17). Ce n’est pas une vision utopique de la fin de tous les combats humains. Paul nous pousse en effet à réfléchir sur notre transformation par la grâce de la résurrection du Christ qui a lieu si nous sommes unis par la foi en ses souffrances. Nous les portons dans notre corps ainsi que sa résurrection. C’est pourquoi saint Paul nous exhorte à regarder au-delà de ce que nos yeux de mortels nous font voir, à regarder vers l’éternité que nous révèle la gloire du Christ. L’unité de tous les fidèles du Christ devient visible quand les chrétiens prennent vraiment à cœur leur tâche dans ce monde où ils ne sont que de passage. Pour chacun des huit jours est proposée une prière d’imploration de la grâce de Dieu pour l’unité de tous ceux qui croient dans le Christ. On ne soulignera jamais assez l’importance de cette prière car c’est en elle que tous les chrétiens, par la puissance de l’Esprit Saint, reconnaissent humblement que l’unité que Dieu désire pour son Église est elle-même un don. Prions alors sans trêve pour nous préparer à recevoir ce don et à le porter dans les vases d’argile de notre humaine fragilité.

INTRODUCTION AU THEME POUR 2003
«CE TRESOR, NOUS LE PORTONS DANS DES VASES D’ARGILE »
(2 CO 4,7)
PREPARATION DE LA
«PRIERE POUR L’UNITE DES CHRETIENS 2003»

Le projet initial du texte de cette année a été présenté par un groupe œcuménique formé de biblistes, théologiens, prêtres, pasteurs et laïcs argentins. Un grand merci à ce groupe local pour le thème qu’il a choisi et pour le travail consciencieux qu’il a réalisé au cours des dix mois qui ont servi à la préparation du projet. Le groupe était composé de personnes en lien avec la Comisión Ecuménica de Iglesias Cristianas de la Argentina (CEICA) [Commission œcuménique des Églises chrétiennes d’Argentine] et était ainsi constitué : Rév. Père Rafael Magul (orthodoxe), Maria Luisa Cárdenas (catholique), Rév. Père Fernando Gianetti (catholique), Rév. Carlos Halperin (anglican), Rév. Margarita Tourn (Église vaudoise) et Rév. Pablo Andiñach (méthodiste).

Un groupe international nommé par la Commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Églises et le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens de l’Église catholique a été chargé de donner au texte sa forme définitive. Cette équipe – à laquelle s’était joint un représentant du groupe argentin – s’est réunie près de Málaga (Espagne) au Centre œcuménique «Los Rubios» de la Iglesia Evangélica Española [Église espagnole réformée]. Elle remercie en particulier la directrice du Centre, Mme Pilar Agraz Aguilar, et l’ensemble du personnel pour leur accueil chaleureux et leur généreuse assistance

Les participants ont eu le privilège de pouvoir écouter le Rév. Père Carlos de Francisco Vega, représentant du Secrétariat pour les relations inter-confessionnelles de la Conférence épiscopale espagnole, qui les a entretenus du déroulement de la Semaine de Prière pour l’unité des chrétiens en Espagne. De son côté, Mme Agraz a fait une présentation sur les origines et le développement du Centre œcuménique «Los Rubios», en particulier sur le travail qu’il effectue avec les immigrés. Dans la journée du dimanche, l’ensemble du groupe a pris part aux offices célébrés à l’Église réformée de Los Rubios et à la paroisse catholique «Nuestra Señora de la Victoria» de Rincón de la Victoria. Il remercie vivement ces deux églises pour leur cordial accueil.

CELEBRATION ŒCUMENIQUE DE PRIERE

Introduction
Ce culte célèbre la lumière que Dieu, notre Père, fait resplendir dans le cœur des croyants et de leurs communautés en tant qu’elles sont issues de nombreuses cultures, peuples et nations disséminés sur la terre, en perpétuelle migration et nouveaux enracinements.

C’est la lumière de la foi que Jésus Christ nous fait connaître. Cette foi est «connaissance de la gloire de Dieu qui resplendit sur la face du Christ». Elle est le trésor que Paul évoque en 2 Co 4, 5-18. Chaque croyant et communauté de croyants la porte et la confesse dans la fragilité même de la condition terrestre et la richesse de ses dons.

Il est très important sur le plan œcuménique que nous puissions célébrer joyeusement le Christ ressuscité, mais il ne l’est pas moins de faire monter vers Dieu notre Père, en lui notre unique Médiateur, nos supplications pour tant d’hommes et de femmes, de jeunes et d’enfants des peuples traumatisés par l’émigration. Ce sera le sens de l’intercession qui, cette année, avec la confession du Christ Lumière de nos vies, est le moment fort de ce culte. Les communautés de croyants, elles aussi, ont connu et connaissent toujours de pénibles divisions, des épreuves et des joies, des attentes et des espérances qui leur font ressentir douloureusement les souffrances des peuples martyrisés par l’épreuve de la migration. C’est pourquoi notre prière d’intercession pour l’unité des Eglises et celle pour les communautés de migrants ne sera qu’une seule et même intercession.

Pour cette célébration bâtie sur l’initiative d’un groupe œcuménique d’Argentine, il est ainsi particulièrement recommandé :

§ De s’inviter mutuellement, au-delà du cercle des chrétiens qui se fréquentent habituellement dans les rencontres œcuméniques, à former une assemblée de prière une et diversifiée, spécialement avec les communautés chrétiennes de migrants qui vivent parmi nous en ville, dans nos quartiers et nos régions. En faisant une assemblée de prière avec eux, en la préparant ensemble, nous célébrons Jésus Christ mort et ressuscité, lumière née de la lumière, comme notre seul salut, dans la communion de la même foi et la diversité de ses expressions. Notre célébration honorera cette diversité.

§ D’utiliser le symbole de la lumière contenue en des vases d’argile ou, mieux encore, d’un seul vase d’argile qui, passant d’un groupe à un autre à la vue de tous au moment de l’intercession, permettra de saisir ce que représente le trésor précieux de l’unité d’un seul Seigneur, d’une seule foi, d’un seul baptême et d’une commune espérance en Christ solidaire des pauvres, des migrants, des blessés de la vie et de la désunion. Lors de l’ouverture, ce vase contenant la lumière soulignera déjà l’unité des chrétiens rassemblés pour proclamer leur foi au Christ lumière de leur vie et pour la croissance de leur communion.

Le signe de la paix scellera cette communion dans l’intercession. À cette unité ainsi signifiée correspond au terme de la célébration le renouvellement de l’envoi en mission par le Christ : il attend de tous ses disciples qu’ils témoignent de leur unité en s’engageant face aux difficultés concrètes de la migration.

§ De mettre en valeur autant le caractère dramatique des migrations et de leurs causes dues aux péchés que le caractère même de migrant qui est le nôtre, comme disciples du Christ sur cette terre. Sans condescendance ni fausse compassion, nous nous accueillerons mutuellement au cours de ce culte comme des frères et des sœurs dans la foi. Nous avons tant à partager de ce qui fait notre espérance dans l’épreuve et à nous émerveiller du trésor de la foi que Dieu nous donne : Où en serait notre marche œcuménique sans les échanges et les dialogues provoqués par les migrations contemporaines ? Nous nous laisserons accu
eillir par le Christ, migrant lui-même sur cette terre. En lui, notre itinéraire terrestre se change en pèlerinage fraternel vers la demeure du Père. Mais nous avons tant à l’imiter pour n’exclure personne de l’«agapé» que le Saint-Esprit dépose dans le cœur des baptisés ! Et c’est pourquoi nous avons à entendre et réentendre sans cesse son appel à devenir témoins de son Evangile en devenant les mendiants et les itinérants de la Bonne Nouvelle, que Ruth par exemple à sa manière préfigure.

Aussi est-il souhaitable de mettre en valeur le personnage de Ruth au cours de la liturgie de la Parole. Au début de celle-ci, le récit du retour de Ruth en Juda avec Noémi après son émigration en Moab au côté de son mari natif de Bethléem pourra introduire d’autres récits de migrations actuelles (ils sont aussi recommandés soit au moment de l’ouverture, soit avant chaque intercession). Les personnes présentes, migrantes elles-mêmes ou ayant à mieux comprendre la vie des migrants, pourront découvrir comment, dans la vie de Ruth comme dans leur propre vie, a jailli la confiance en Dieu et l’appel à imiter, dans l’esprit universaliste de la Révélation biblique, l’amour de prédilection de Dieu pour l’étranger et le pauvre.

L’Evangile peut être choisi parmi les références indiquées, mais le récit de l’envoi en mission (Mt 28, 16-20) est conseillé. En mettant en valeur la mission universelle en présence du Christ Seigneur, dans le cadre de cette célébration œcuménique plus particulièrement sensible aux migrants, cet Evangile offre l’occasion dans l’homélie de souligner le pouvoir qu’a la Bonne Nouvelle de renverser les barrières culturelles, sociales, psychologiques et religieuses. L’homélie devrait faire comprendre à qui nous sommes envoyés ensemble par le Christ et encourager les Eglises à entreprendre des activités communes auprès de «l’étranger parmi nous». Que serait l’œcuménisme doctrinal, spirituel et pratique, aujourd’hui, sans le fait des migrations des peuples de notre époque ? La marche vers l’unité en est stimulée.

Ne s’agit-il pas aussi, dans la fidélité à la double exigence de la mission et de l’œcuménisme, de discerner notre prochain dans les frères et les sœurs de différentes traditions avec lesquels nous avons à œuvrer en faveur du règne de Dieu. Nous sommes appelés à aimer des personnes différentes, qu’il s’agisse d’immigrés ou que la différence provienne d’une façon de confesser la foi chrétienne qui se fonde sur d’autres traditions et d’autres pratiques que les nôtres. L’unité de l’Eglise doit être au service de l’unité des peuples. Dans cette perspective, la liturgie d’envoi souligne le lien de l’engagement missionnaire et de l’engagement œcuménique.

Les six parties de ce culte peuvent être aussi prises comme des éléments de célébration que l’on peut déplacer. Les voici :

§ L’ouverture : célébration du Christ lumière.
§ La confession de nos péchés et la proclamation de la miséricorde du Seigneur.
§ La proclamation de la Parole de Dieu.
§ La proclamation de la foi.
§ L’intercession :
déplacement vers le chœur de l’église de représentants des peuples et des Eglises présentes pour le récit de leur migration, l’apport de leurs symboles, la transmission du vase d’argile contenant la lumière, leurs intercessions et celles des communautés chrétiennes présentes, leur récit d’origine, à elles aussi, de leur développement, implantation, voire de leur exclusion. Ces récits peuvent être écoutés aussi au début de la célébration comme forme d’accueil ou comme ouverture de la liturgie de la Parole.
§ L’envoi : procession de l’assemblée vers l’extérieur, signe de l’appel du Christ au témoignage, précédé de la bénédiction.

Il reste que l’hymne au Christ – «Phos hilaron» – est conseillé de préférence soit dans la première partie, l’ouverture, soit après avoir invoqué l’Esprit Saint illuminateur avant la proclamation de la foi (symbole de Nicée ou autre texte de profession de foi).

Il ne faut pas hésiter à colorer cette célébration d’expressions, de chants et de symboles propres aux peuples représentés. Pour prendre l’exemple de l’Argentine, il est possible de se donner le signe de la paix en espagnol, de voir les lecteurs ou d’autres intervenants revêtus du poncho, d’accompagner les chants à la guitare, etc.

Cette célébration aura été préparée par une équipe œcuménique. Ce travail aura été l’occasion de se rencontrer et de prier. Il serait dommage qu’elle ne soit qu’un entractes. Il devrait au contraire en ressortir un fort désir d’approfondir les relations entre chrétiens immigrants et chrétiens des communautés installées depuis plus longtemps dans chaque région.

DEROULEMENT DE LA CELEBRATION

O : officiant A : assemblée L : lecteur

1. Ouverture La célébration est recommandée en veillée.

Invitation à la prière
O : Lumière et paix en Jésus Christ notre Seigneur. A : Grâce soit rendue à Dieu.
O : Alléluia, Christ est ressuscité. A : Le Seigneur est vraiment ressuscité. Alléluia.

Un vase d’argile contenant la lumière d’une flamme est déposé sur l’autel/table de communion, ou devant tous, tandis qu’un lecteur proclame 2 Corinthiens 4, 5-6.

Quelques membres de l’assemblée s’avancent pour allumer une bougie à la flamme et transmettre à tous la lumière.

Cantique
Le cantique accompagne le geste de partage de la lumière. Sanctus d’Argentine, soit un chant sur le thème de la lumière du répertoire d’une communauté d’immigrants représentée, soit un autre chant connu de l’assemblée.

A : Sois notre lumière dans les ténèbres, Seigneur, et dans ta grande miséricorde, protège-nous de tous dangers tout au long de la marche de notre existence terrestre. Ravive en nous, en nos communautés, la lumière de la foi, que brille en nos cœurs la connaissance de ta gloire qui est sur la face du Christ, lui qui règne avec toi et le Saint-Esprit pour les siècles des siècles. Amen.

Hymne Phos hilaron (on peut choisir de placer cette hymne à un autre endroit comme il est dit dans l’introduction).

Lumière joyeuse de la sainte gloire du Père immortel, céleste, saint et bienheureux, ô Jésus Christ. Arrivés au déclin de ce jour, dans la lumière du soir nous célébrons notre Dieu, Père, Fils et saint Esprit. Tu es digne en tout temps d’être chanté par des voix saintes, ô Fils de Dieu, Source de vie, dont l’univers chante la gloire.

2. Proclamation de la miséricorde de Dieu et confession des péchés

O : Confessons nos péchés envers Dieu et envers l’humanité.
(Assemblée ou plusieurs lecteurs successivement )
A : Dieu très miséricordieux, nous confessons que nous avons péché contre toi en pensée, en paroles, par action et par omission :

Vois et pardonne nos péchés de division par orgueil, nos tors envers nos frères et nos sœurs d’autres croyances, d’autres cultures, d’autres races, que nous avons opprimées et mises à part. Pardonne notre inaction et notre aveuglement en présence des immigrants en détresse près de nous. Chrétiens de diverses confessions, avons-nous assez cherché les formes d’un témoignage commun « à cause de Jésus » pour lutter contre les souffrances et les injustices ressenties par nos frères et sœurs immigrés chez nous ? Pardonne notre superficialité et notre installation dans l’habitude, passant à côté des richesses de l’autre, les niant même, faute de rechercher avec lui un vrai partage de valeurs et de foi.

L : Nous ne t’avons pas aimé de tout notre cœur ; nous n’avons pas aimé notre prochain comme nous-mêmes. Nous le regrettons sincèrement, nous nous en repentons humblement. Pour l’amour de ton Fils Jésus Christ, aie pitié de nous et pardonne-nous, afin que
nous puissions prendre plaisir à ta volonté, marcher dans tes voies et mener une existence qui laisse transparaître ta miséricorde pour la gloire de ton nom. Amen.

O : Le Seigneur tout-puissant vous/nous fait miséricorde, il vous/nous pardonne tous vos/nos péchés par notre Seigneur Jésus Christ, il vous/nous fortifie en toute bonté et, par la puissance de l’Esprit Saint, il vous/nous garde en la vie éternelle. Amen.

3. Proclamation de la Parole de Dieu

Ancien Testament : Lv 25, 35-43 ou Rt 1, 1-18 (cf. : introduction à la célébration)
Lecture antiphonée : Ps 43
Nouveau Testament : 2 Cor 4, 5-18 (cf. : introduction à la célébration)
A : Acclamation ; Alléluia !
Lecture de l’Évangile : Mt 28, 16-20 (ou Mt 8, 5-13 ou Jn 4, 3-15 ou Mc 7, 1-9) En signe de l’unique Evangile du Christ destiné à être proclamé dans toutes les langues et reçu dans toutes les cultures, on peut en faire la lecture dans la langue d’une des communautés présentes à la célébration.
A : Acclamation ; Alléluia
Homélie (cf. : introduction à la célébration)

4. Proclamation de la foi

O : Notre Dieu, Toi qui par Jésus Christ, le Seigneur des mondes et de l’Eglise, nous appelle à former un seul corps et à exprimer ton amour dans la proclamation d’une même foi, nous te prions humblement :

L : Accorde-nous lumière et force dans la foi pour vaincre les ténèbres du mal qui portent atteinte à notre unité de foi.

Chant d’invocation du Saint-Esprit (au choix )
L : Répands ton amour en nos cœurs pour que nous puissions te connaître et discerner ta présence créatrice et réconciliatrice dans la vie des êtres qui nous entourent.

Chant d’invocation
L : Renouvelle en nous le don de ton Esprit saint, que par lui nous puissions proclamer maintenant ensemble que Jésus est Seigneur et que chaque cœur humain soit atteint de manière à ce que s’écroulent les barrières de divisions, que s’effacent les soupçons, que cessent les haines et soient guéries les blessures de la désunion, pour que nous puissions vivre dans la justice et la paix, par Jésus Christ notre Seigneur. Amen

Chant d’invocation
(On peut placer ici le Phos hilaron)
Symbole de Nicée-Constantinople (ou un autre texte de confession de foi).

5. Intercessions

Les représentants de communautés d’émigrés s’avancent et présentent leurs intercessions. Chaque intercession est précédée d’un bref récit sur l’expérience qu’ils ont vécue. L’espace est alors plongé dans l’obscurité, tandis que leurs voix s’élèvent pour demander davantage de compréhension à leur égard et exprimer leur foi et leur espérance en l’action de Dieu.

Avant d’exprimer son intention pour l’unité chrétienne, chaque Eglise peut aussi faire le récit de sa naissance et de son développement, voire de son exclusion (ex. : révocation de l’Edit de Nantes en France) et des étapes de sa vie sur le plan local ou national.

Le vase d’argile de grande taille contenant la flamme d’une bougie passera de main en main entre les intervenants en signe de foi et de solidarité avant d’être déposé sur l’autel/table de communion.

Tous peuvent prendre l’invocation chantée en espagnol «Ven Espiritu Santo Ven, Ven a iluminar» (Viens Esprit Saint, viens nous illuminer) ou choisir une autre invocation.

Nous proposons le trésor de notre foi dans la fragilité de nos témoignages personnels, de nos communautés et de nos réalisations œcuméniques. Que le Seigneur renouvelle en nous ses dons de lumière, de force et de communion.

C : Ven Espiritu Santo Ven, Ven a iluminar
En voyant la souffrance et le mal, nous sommes submergés par le désespoir, nous éprouvons notre faiblesse et jusqu’au sentiment d’inutilité de l’action pour la justice: Que le Seigneur nous donne de recevoir le témoignage des personnes et des communautés imigrées qui, pressées de toute part, ont espéré et agi dans la détresse.

C : Ven Espiritu Santo Ven, Ven a iluminar
Face aux exigences de la mission dans le monde et conscient de l’importance de l’Evangile qui nous est confié, nous pouvons être pris de vertige: Que le Seigneur nous donne l’assurance pour proclamer notre foi.

C : Ven Espiritu Santo Ven, Ven a iluminar
Le mouvement œcuménique tout comme l’émigration est partie prenante de ce que nous appelons aujourd’hui la « mondialisation » et le monde cherche comment vivre ce passage: Que le Seigneur, à travers le rapprochement de nos Eglises, inspire cette recherche.

C : Ven Espiritu Santo Ven, Ven a iluminar
Prière de Saint Jean Chrysostome
O : Dieu tout-puissant, tu nous as fait la grâce de ce moment où, d’un commun accord, nous avons pu te présenter ensemble nos supplications, et tu nous as promis en ton Fils bien-aimé que là où deux ou trois seraient assemblés en ton nom tu serais au milieu d’eux : accomplis maintenant, Seigneur, nos souhaits et nos requêtes de la façon qui sera pour nous la meilleure, en nous accordant en ce monde la connaissance de la vérité et, dans le monde à venir, la vie éternelle. Amen
Echange d’un signe de paix A : Notre-Père…
A : Cantique
Offrande
L’offrande peut avoir lieu pendant le cantique. Elle est un geste liturgique expressif de la communion dans la foi, la charité et la solidarité. Cette signification peut être rappelée au moment où on indique à qui elle est destinée.

6. Envoi et bénédiction (Nb 6, 24-26)

O : Que le Seigneur vous/nous bénisse et vous/nous garde.
A : Amen
O : Que le Seigneur fasse resplendir sa face sur vous/nous et vous/nous accorde sa grâce.
A : Amen
O : Que le Seigneur tourne sa face vers vous/nous et vous/nous donne sa paix.
A : Amen
O : Et que la bénédiction de Dieu tout-puissant, le Père, le Fils et le Saint-Esprit soit et demeure avec vous/nous pour toujours.
A : Amen
Proclamation de Mt 28, 18-20 et appel au témoignage commun au nom du Christ
O : Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez donc : de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, leur apprenant à garder tout ce que je vous ai prescrit. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps ».
Envoi
A : Cantique final
Chant argentin de bénédiction (La benedición de Dios de Lois Wilson dans Thuma Mina, Canada-Argentine, Basileia Verlag, Basel, Strube Verlag, München-Berlin, page 193), soit un chant d’une communauté de migrants présente, soit un autre chant connu de l’assemblée.

Pour signifier la marche de notre existence à la suite du Christ Lumière sur la route et notre volonté de répondre ensemble dans l’unité à l’envoi du Christ en mission, l’assemblée sort de l’église à la suite d’une personne portant en tête le vase d’argile contenant la lumière.

THEMES ET LECTURE DE CHAQUE JOUR

Jour 1
Ce trésor nous le portons dans des vases d’argile (2 Co 4,7)
Espérance Gn 15,1-7 – Ps 16 (15) Hb 9,8-12 – Lc 24,13-35

Jour 2
Pressés de toutes parts nous ne sommes pas écrasés (2 Co,4,8)
Foi Ex 5,6-17 – Ps 128 (127) Hb 11,13-27 – Mt 2,14-15

Jour 3
Afin que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifestée dans notre corps (2 Co 4,10)
A l’image du Christ Gn 1,26-27 – Ps 45 (44) 1 Tm 6,11-16 – Mt 5,14-15

Jour 4
Afin que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifestée dans notre existence mortelle (2 Co, 4-11) Dignité de la vie Esd 1,1-4 – Ps 50 (49) Rm 6,6-14 – Mc 9,33-37

Jour 5
J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé (2 Co 4,13)
Courage Jos 1,1-9 – Ps 113 (112) Ep 2,11-22 – Mc 7,24-30

Jour 6
… Afin qu’en s’accroissant la grâce fasse surabondance, par une communaut
é accrue… (2 Co 4, 15)
La justice de la grâce de Dieu De 10,17-22 – Ps 103 (102), 1-12 Rm 3,21-31 – Mt 5,1-12

Jour 7
C’est pourquoi nous ne perdons pas courage (2 Co 4,16)
Persévérance Ne 7,73-8,3, 9-10 – Ps 118 (117), 5-9, 19-24 Ac 7,54-8,5 – Mc 10,28-30

Jour 8
Un poids extraordinaire de gloire éternelle préparé pour nous (2 Co, 4-17)
Appelés à l’unité sur le chemin de la gloire Es 33,17-22 – Ps 42 (41) Ep 4,1-6 – Jn 17,20-26

TEXTES BIBLIQUES, REFLEXIONS ET PRIERES
POUR LES HUIT JOURS

Jour 1

Ce trésor nous le portons dans des vases d’argile (2 Co 4,7)
Espérance Gn 15,1-7

Ne crains pas Abraham, car ta récompense sera très forte Ps 16 (15)
Mon Seigneur c’est Toi mon bien rien au-dessus de toi Hb 9,8-12
Jésus Christ grand prêtre des biens à venir Lc 24,13-35
Et nous, nous espérions qu’il était celui qui allait délivrer Israël

Commentaire
Abraham met sa confiance dans la promesse de Dieu. Il quitte le confort de son existence pour se rendre vers la terre promise. Avec sa famille, il devient l’étranger, le migrant appelé à une intégration douloureuse et pénible mais certainement fructueuse et libératrice sur la terre de Canaan.

Les pèlerins d’Emmaüs sont quant à eux obligés de revenir dans leur ancienne demeure pour retrouver l’intuition initiale qui les avait entraînés à suivre Jésus, jusqu’au pied de la croix. En revisitant avec Jésus «Moïse, la loi et tous les prophètes», ils restaurent en leur cœur troublé la confiance et l’amour signe de la présence en eux du trésor divin, fondement de leur espérance. L’espérance, chaque chrétien la partage. Elle ne fait pas l’économie du combat pour la vie, mais elle l’éclaire d’une force sereine et confiante.

Quitter sa terre, partir vers l’autre, vers l’étranger peut permettre de s’ouvrir, de grandir avec l’autre pour offrir à Dieu ‘un cœur élargi’ capable de contenir le trésor que Dieu veut placer en chacun et chez tous. Ce cœur élargi, c’est le vase d’argile de notre humanité qui reste fait de poussière.

Il paraît faible et dérisoire en présence du trésor qui, lui, va grandissant.

Ensemble, les chrétiens doivent dévoiler ce trésor qui rayonne en gloire sur le visage du ressuscité. Ils rendent manifeste leur héritage commun quand ils se présentent en une communauté réconciliée.

Prière
Notre Père, Malgré notre faiblesse, tu as fait de nous des disciples de ton Fils, des témoins de l’espérance et des fidèles qui voudraient manifester sa victoire dans un monde sceptique et troublé.
Amen.

Jour 2

Pressés de toutes parts nous ne sommes pas écrasés (2 Co 4,8)
FOI Ex 5,6-17

Qu’on augmente le travail de ces gens, qu’ils n’aient aucun répit Ps 128 (127)
Tu te nourris du labeur de tes mains Hb 11,13-27
C’est à une patrie meilleure qu’ils aspirent Mt 2,14-15
Joseph se leva, prit avec lui l’enfant et sa mère et se retira en Egypte

Commentaire
Le siècle qui vient de finir aura été marqué par différentes formes d’oppressions politiques, sociales, culturelles et économiques. Par certains aspects, la migration participe à ces phénomènes qui perdurent encore aujourd’hui. Les migrants quittent leurs pays à la recherche d’une vie meilleure, loin des persécutions ou des famines. Ils cherchent des possibilités qui leur sont refusées chez eux, ou tentent de se mettre à l’abri de régimes politiques ou de systèmes économiques qui les chassent de leur lieu de résidence. Dans leur lieu d’arrivée, bien souvent ils subissent une exploitation semblable à celle des hébreux en Egypte.

L’immigrant est un être en détresse. Il lui a fallu abandonner son cadre familier, les siens pour affronter une vie dans des conditions culturelles et sociales différentes, avec tous les problèmes que cela implique. Son chemin croise des personnes égoïstes et des situations cruelles où l’on peut voir les marques du péché et les causes principales de l’émigration.

La migration peut être vécue par ailleurs comme un acte de foi. Rappelons-nous Abraham quittant le pays de ses ancêtres pour la terre promise ou Moïse entraînant son peuple loin de l’esclavage. Rappelons-nous également Jésus, Marie et Joseph, qui durent fuir en Egypte pour sauver leur vie fragile menacée par le pouvoir d’Hérode. Aujourd’hui comme hier, au milieu de tous les dangers, Dieu nous montre le chemin qui mène à la vie.

Persécutées, mais non découragées, des millions de personnes puisent dans leur foi en Dieu la force pour faire face aux nombreuses discriminations portant sur la race, la couleur de peau, le sexe, la culture, la langue ou le pouvoir d’achat.

L’émigration a souvent des conséquences sur le plan œcuménique. Elle amène des membres de différentes Églises à se rencontrer et à rechercher toujours à frais nouveaux l’unité. Nous sommes tous, d’une façon ou d’une autre, migrants sur cette terre. Nous sommes tous en pèlerinage vers la maison du Père. Les Églises, elles aussi, sont invitées à avancer dans l’unité en regardant ensemble le chemin que notre Seigneur leur a ouvert.

Prière
Dieu, notre Père, Ton Fils a connu l’exil jusqu’en Égypte. Accompagne la foule des migrants de notre époque. Permets que ton Esprit Saint touche tout cœur humain : Que s’écroulent ainsi les barrières qui nous séparent, Que disparaissent les soupçons, Que cessent les haines. Que ton Esprit souffle sur les Églises pour les vivifier au cours de leur pèlerinage vers l’unité. Qu’il nous aide à surmonter nos divisions, Qu’il nous donne d’avancer dans la justice et dans la paix Par Jésus le Christ, notre Seigneur, Amen.

Jour 3


Afin que la vie de Jésus soit, elle aussi, manifestée dans notre corps
(2 Co 4,10)
A l’image du Christ Gn 1, 26-27

A l’image de Dieu il le créa, homme et femme il les créa Ps 45 (44)
Dieu t’as donné l’onction 1 Tm 6,11-16
Garde le commandement en demeurant sans tache Mt 5,14-15
Vous êtes la lumière du monde

Commentaire
L ‘être humain porte en lui-même l’image et la ressemblance de Dieu. C’est le signe d’une dignité que rien, ni la faiblesse ni le péché, ni l’oppression ne peut effacer. Cette mystérieuse réalité constitue une permanente vocation à croître spirituellement pour atteindre jusqu’à la dimension du Christ.

Le Christ lui-même vit dans le chrétien, dans l’unité de son être, âme, esprit et corps. Le chrétien, homme et femme, dans les situations concrètes de l’histoire doit faire apparaître la vie du Christ qui est en lui. Il est appelé à combattre le bon combat de la foi en observant sans tache les exigences évangéliques jusqu’à la manifestation du Seigneur.

Ce témoignage implique l’être tout entier du croyant, donc également le corps. Des membres des différentes Églises, afin de rendre ce fidèle témoignage dans le passé et dans le présent, ont subi et subissent le martyre, acte suprême d’obéissance au Seigneur et de transparence de foi. Souvent les causes qui provoquent le martyre se retrouvent aux origines de l’exil.

Le chrétien est ainsi appelé à être transformé à la ressemblance du Christ de façon que soit dévoilée la vie même du Chris
t.

«Je suis la lumière du monde». «Vous êtes la lumière du monde». Cette lumière doit resplendir à travers les œuvres de justice, de charité, de miséricorde, de telle sorte qu’elle devient annonce de l’œuvre salvifique de Dieu. Les hommes et les femmes sont ainsi amenés à rendre gloire au Père qui veut que tous soient sauvés.

En tant qu’Église nous sommes mis en demeure de réviser les particularités culturelles qui font qu’une grande partie de la population ne peut être reconnue dans sa dignité humaine, surtout dans le cas des migrants. De fait, ces éléments qui divisent les personnes et les nations participent du même péché qui divise les Églises et empêche un vrai témoignage. Et cela d’autant plus qu’un vrai témoignage d’unité entre les croyants ne saurait être séparé d’une recherche destinée à dépasser en toute sincérité les barrières qui divisent la société.

Prière
Dieu d’amour Puissance créatrice de toute existence, Pousse-nous à discerner en nous et en chacun de nos frères et sœurs Ton image et ta ressemblance. Donne-nous la force nécessaire pour être conséquents a vec ton amour qui tout étreint. Dieu d’amour Nous t’en prions, Veille à ce que le témoignage que nous devons rendre Nous conduise à l’unité des Églises. Qu’il nous soit donné de nous manifester tous d’une seule voix en appelant tous les hommes et toutes les femmes à être responsables de la création et de leur prochain.
Amen.

Jour 4


Afin que la vie de Jésus soit, elle aussi,
manifestée dans notre existence mortelle
(2 Co 4,11)
Dignité de la vie Esd 1,1-4

Quiconque parmi vous fait partie de tout son peuple, que son Dieu soit avec lui Ps 50 (49)
Que les cieux proclament sa justice Rm 6,6-14
Morts au péché et vivants pour Dieu en Jésus Christ Mc 9,33-37
Si quelqu’un veut être le premier qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous

Commentaire
Nous vivons des passages difficiles dans presque tous les aspects de l’existence. Des hommes et des femmes se voient imposer des modes de vie dégradants. Pour beaucoup d’entre eux, l’existence est davantage subie que choisie et ils se trouvent plongés dans le désespoir et la terreur.

Mais le Christ nous invite à relever le défi de vivre d’une manière qui soit conforme aux exigences du royaume. Sa présence dans son peuple marque chacun. La force de sa résurrection nous délivre de toute séduction porteuse de mort. Si nous le savons parmi nous, ressuscité portant les traces du rejeté, du méprisé ou de l’exclu, nous pouvons comprendre l’importance du dernier d’entre nous. Si nous avions estimé que de simples pêcheurs étaient incapables d’enseigner autant que les docteurs de la loi, nous n’aurions jamais entendu le message des apôtres, ni celui d’un charpentier de Nazareth.

C’est pourquoi nous devons nous inciter mutuellement à mettre en question le modèle social quand il porte au mépris des petits, exclut et néglige les besoins matériels et spirituels des gens.

Dans cette lutte au cœur de nos sociétés, nous pouvons être tentés de renoncer, pensant que nous sommes isolés. Ne perdons pas courage car d’autres enfants de Dieu œuvrent en faveur de la dignité de la vie et manifestent ainsi la vie de Jésus dans notre existence mortelle.

L’Eglise est appelée à manifester cette lumière qui brille dans les ténèbres. L’enjeu de l’unité, face à un monde divisé, se révèle capital : notre vocation commune est de montrer ensemble la force de la résurrection afin que le monde croie. Au milieu des luttes de pouvoir et de la discorde, face à toutes les misères et à la guerre, nous ne fuyons pas les problèmes dans une même embarcation mais nous nous engageons guidés par le Christ pour que le monde change de rivage.

Prière
Seigneur notre Dieu, Nous voulons nous en remettre entièrement à Toi et ne faire confiance qu’à ton seul pouvoir. Pacifie nos corps et nos esprits, Entre dans nos cœurs, Aide-nous à apprécier dans chacune de nos tâches quotidiennes la force de résurrection que tu nous donnes. O Seigneur, Ouvre entre nous le chemin de l’unité, Conduis-nous par la main sur la voie de ton Église pour être des témoins de l’espérance. Car, dans le Christ, nous ne pouvons plus désespérer. Il est la victoire. Par sa mort et sa résurrection, il a vaincu la mort. O Dieu, notre espérance, Donne-nous l’Esprit de vérité, de courage et de force pour que nous avancions ensemble vers l’unité pleine et visible de l’Église par Jésus Christ notre Seigneur.
Amen.

Jour 5


J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé
(2 Co 4,13)
Courage Jos 1, 1-9

Sois fort et courageux ; ne tremble pas, ne te laisse pas abattre Ps 113 (112)
Il relève le faible de la poussière Ep 2,11-22
Vous n’êtes plus des étrangers, ni des émigrés Mc 7,24-30
A cause de cette parole, va

Commentaire
En un temps d’incertitude et de peur après la mort de Moïse, Josué parla courageusement au nom de Dieu et appela le peuple d’Israël à traverser le Jourdain pour occuper la terre que Dieu avait promise à ses ancêtres : une terre que ceux-là avaient quittée pour se mettre en quête de nourriture. Josué invita le peuple à être fort et courageux et à agir selon la loi de Dieu.

De nombreuses générations plus tard, des Cananéens habitaient encore dans une partie du pays et ce fut une cananéenne qui se rendit chez Jésus et l’implora courageusement de guérir sa fille. Lorsque Jésus lui répondit, plutôt brusquement, qu’il n’était pas bien de prendre le pain des enfants, elle répliqua que même les petits chiens sous la table mangent les miettes des enfants. Païenne et femme, son amour maternel la poussait à enfreindre avec courage et audace les barrières dressées par la culture, la tradition et le sexe. Jésus avait un plan d’action et il avait hâte de le réaliser. Il était convaincu qu’il devait d’abord s’adresser à la maison d’Israël. Malgré cela, il se sentit profondément touché par le courage et la réponse de cette femme et, à son tour, franchit les mêmes barrières, en disant : «A cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille».

Dans l’Epître aux Ephésiens, l’auteur rappelle aux païens convertis que dans le passé ils étaient «privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse». Mais maintenant, en Jésus Christ, ceux qui étaient loin ont été rendus proches. Le Seigneur a détruit le mur et l’hostilité qui séparaient les païens et les Juifs, en les réconciliant avec Dieu en un seul corps à travers la croix. Aujourd’hui les chrétiens sont poussés par la loi du Christ à aller au delà des barrières culturelles et raciales pour accueillir les réfugiés et les étrangers et répondre à leurs besoins. Nous pouvons apprendre beaucoup de la profonde foi chrétienne des immigrés qui ont traversé les frontières pour venir dans notre pays et qui ont également part au corps du Christ.

En tant qu’Église et en tant que chrétiens, chacun de nous doit relever le défi qui consiste à témoigner la vérité de l’Évangile avec courage. Nous devons vivre concrètement ce témoignage et montrer au monde l’unité que le Christ veut pour ses enfants, car les Églises divisées sont des Églises affaiblies dans leur mission. Être l’Église du Christ est un don qui comporte l’énorme responsabilité d’aider ceux qui ne croient pas à découvrir que l’amour de Dieu est la seule réponse à leurs besoins. Nous devrions demander à Dieu de nous guérir de notre manque d’unité et de nous aider à proclamer notre foi avec courage.

Prière
Dieu notre Père, tu as inspiré ton serviteur Josué pour qu’il parle avec courage en un temps de détresse ; tu as guidé ton peuple vers la terre promise. Ton Fils, Jésus Christ, a franchi les ba
rrières élevées entre les cultures, les classes sociales et entre hommes et femmes pour guérir et donner espoir à ceux qui en avaient besoin. Il est notre paix. Dans sa chair il a abattu les murs de séparation et il a créé en lui une nouvelle humanité. Nous prions dans la foi pour le corps du Christ, l’Église dans le monde d’aujourd’hui. Tu nous as confié la tâche de préparer ton royaume ici sur terre, aide-nous à l’accomplir dans l’unité et non dans la division. Fais que nous entendions ta voix, au lieu d’écouter seulement nos priorités. Encourage-nous à surmonter nos divisions et à vivre selon ta loi de charité. Donne-nous la force de réaffirmer notre engagement envers toi. Laisse-nous prendre part à ton amour. Conduis-nous auprès de ceux qui ont besoin de ta bénédiction, en particulier les réfugiés et les étrangers qui vivent parmi nous. Ensemble, nous qui sommes le corps du Christ, c’est en son nom que nous te le demandons.
Amen.

Jour 6


… Afin qu’en s’accroissant la grâce fasse surabondance,
par une communauté accrue…
(2 Co 4,15)
La Justice de la Grace de Dieu De 10,17-22

…qui rend justice à l’orphelin et à la veuve… Ps 103 (102),1-12
Le Seigneur est miséricordieux et bienveillant Rm 3,21-31
Ils sont gratuitement justifiés par sa grâce Mt 5,1-12
Heureux ceux qui ont faim et soif de justice

Commentaire
Le péché est la source de toute forme d’injustice dans le monde. En rejetant la justice de Dieu, nous dépossédons les êtres humains de leur dignité et de leurs droits fondamentaux. Nous mettons ainsi sur pieds des structures injustes et nous bafouons les droits de la personne. Nous croyons que Dieu nous a justifiés en Christ, par son amour profond envers nous. La justice de Dieu s’exprime à travers son effusion de grâce réconciliante. Par la mort et la résurrection du Christ, il nous a rendus dignes d’être ses enfants et nous a destinés à une communion éternelle avec lui.

En tant que chrétiens, nous sommes envoyés proclamer ensemble la justice de Dieu et la force de sa grâce. Notre tâche est celle de diffuser la justice de Dieu par notre témoignage. Nous sommes appelés à devenir des instruments du Royaume de Dieu, en tant qu’hommes et femmes justifiés qui vivent pour Dieu et cherchent à révéler à tous son amour et sa justice. Tout en ayant notre maison dans les cieux, nous voulons réaliser également une société plus juste et un renouvellement de la terre, en rendant plus visible ce que Dieu désire pour ses enfants.

L’expérience des réfugiés ne représente que l’un des nombreux visages de l’injustice de notre époque. Des sociétés économiquement injustes expulsent leurs membres en les réduisant à la faim et à la pauvreté, en leur refusant des conditions de vie humaines, et en les empêchant d’accéder à la santé et à l’éducation. D’autres doivent émigrer à cause de la guerre ou de l’impossibilité de pratiquer leur foi librement. Dans ce monde, nous devons crier à haute voix notre soif de justice, d’une justice longtemps attendue. Dieu s’identifie aux pauvres, aux faibles, aux malades, aux étrangers, aux enfants, aux personnes âgées, aux veuves. C’est pour cela que, dans les Béatitudes, nous sommes appelés à devenir les promoteurs d’une justice qui aille au-delà de la justice de cette terre. Pour accomplir cette tâche, il nous faut trouver des moyens d’éliminer les structures sources de discrimination, en les transformant en instruments de paix et de justice pour tous.

Notre unité et notre mission sont le signe de notre espérance. Notre communion dans le Christ est une expression visible de la nouvelle humanité. La vision spirituelle de la vie que nous avons en Christ est l’essence de toute justice et la base des droits de l’homme. Notre solidarité active avec les faibles rend visible la puissance de la justice de Dieu.

Prière
Seigneur, nous te remercions pour ta grâce qui fait de nous tes fils et tes filles dans le Christ. Tu nous appelles à promouvoir dans le monde ta justice pleine de grâce. Fais que nous travaillions, sans crainte, en faveur de la justice qui est le seul moyen de parvenir à une paix authentique et à une société plus humaine. Dieu aimant, renforce les liens qui nous unissent, et fais-nous vivre de telle manière que l’unité des fidèles se reflète dans les actions de chaque communauté chrétienne. Dieu tout-puissant, conduis-nous encore une fois à nous rapprocher les uns des autres, afin que ta volonté, et non la nôtre, soit réalisée. Par Jesus Christ, notre Seigneur.
Amen.

Jour 7


C’est pourquoi nous ne perdons pas courage
(2 Co 4, 16)
Persévérance Ne 7,73-8,3, 9-10

Ne soyez pas dans le deuil et ne pleurez pas Ps 118 (117),5-9, 19-24
Ouvrez-moi les portes de la justice Ac 7,54-8,5
Ceux qui avaient été dispersés… allèrent annoncer la bonne nouvelle de la Parole Mc 10,28-30 …au centuple maintenant, en ce temps-ci… avec des persécutions…

Commentaire
La vie nous réclame parfois son dû. Nous savons tous ce que veut dire souffrir ou lutter. La vie laisse en particulier ses cicatrices sur le corps des réfugiés, des personnes déplacées, des sans abris, sur le corps de tous ceux qui continuellement se heurtent à plus d’obstacles qu’ils ne trouvent de solutions. Les jours défilent les uns après les autres, chacun apportant son lot de difficultés : une femme doit soudain quitter son pays ; de jeunes enfants se retrouvent dans un pays étranger ; un homme doit renoncer au métier que son père lui avait enseigné car il ne lui est plus d’aucune utilité ; une famille est contrainte à abandonner sa langue maternelle pour une autre, à sacrifier ses coutumes pour d’autres qui lui sont étrangères. Ceux-là ont fuit la mort, la faim, l’exclusion. De nos jours, des milliers de personnes se mettent silencieusement en chemin vers des pays inconnus qui ne les accueillent pas toujours avec charité et compréhension.

Les premiers chrétiens eux aussi traversèrent des épreuves et durent lutter. La manière dont ils comprirent et firent face à cette situation illustre pour les futures générations chrétiennes les fondements de la persévérance et de la solidarité que nous offre la foi. Au moment critique où Etienne fut mis à mort et l’Église de Jérusalem gravement persécutée, ses membres dispersés trouvèrent la force intérieure de continuer à proclamer la Parole au lieu de se laisser paralyser par la peur. Paul, dans ses épîtres aux Corinthiens, encourage les chrétiens à ne pas perdre espoir malgré leur affliction et leur abattement, mais à interpréter ces expériences comme une manière de porter dans leur corps la mort de Jésus afin que la vie du Christ soit rendue visible. Cette relation claire existant entre leurs propres luttes et la mort puis la résurrection de Jésus reflète comment la puissance de la résurrection a changé leur compréhension de la souffrance et de la mort.

Aujourd’hui, nous nous demandons comment témoigner de la puissance de renouvellement de la résurrection face aux corps blessés des réfugiés et des pauvres, quand nous sommes confrontés à leurs profondes souffrances et à leurs vies martyrisées. Encore et encore, nous ouvrons les yeux et nous nous heurtons à une triste vérité : notre monde est davantage porté à la destruction qu’à la promotion de la vie. En même temps, nous savons qu’il est encore possible de percevoir l’action de Dieu parmi nous qui renouvelle et régénère, et d’en rendre témoignage. Les chrétiens qui agissent ensemble dans ces contextes privilégiés ont une chance particulière d’être porteurs de lumière et d’espérance, à travers même les actes les plus simples de gentillesse et d’hospitalité. Des voix s’élèvent et des mains se tendent en solidarité avec notre sœur en difficulté, notre frère découragé. Nous déco
uvrons que tout acte de pitié envers un peuple crucifié nous met en présence du Christ lui-même et sert à nous rappeler que la mission de tout chrétien est celle de Dieu. De plus, ceux qui souffrent nous révèlent souvent, en leurs corps fatigués, que la gratitude est encore possible, que l’espérance n’est pas morte, que tout n’est pas perdu si nous plaçons notre confiance en Celui qui fait toutes choses nouvelles. Parmi la souffrance et les blessures, l’Évangile nous est offert comme remède à ce qui est brisé.

Prière
Dieu tout puissant, nous sommes unis dans la certitude que tu accompagnes tous ceux qui souffrent et sont opprimés, nous sommes unis dans l’appel à être instruments d’espérance et de compassion envers tous ceux qui sont dans le besoin : Dirige nos mains vers les opprimés, les pauvres, les réfugiés. Lorsque nous avons tendance à oublier notre prochain en difficulté, ouvre de nouveau nos yeux et nos cœurs à leur peine. Insuffle foi et espérance en ceux qui se débattent, sont découragés et désespérés, ceux dont les vies sont meurtries par l’adversité. Conduis-les tendrement à ta découverte même au cœur de leur expérience la plus sombre.
Amen.

Jour 8


Un poids extraordinaire de gloire éternelle préparé pour nous
(2 Co 4,17)
Appeles a l’Unitè sur le chemin de la gloire Es 33,17-22

Le Seigneur est notre roi, c’est lui qui nous délivre Ps 42 (41)
Espère en Dieu ! Oui, je le célébrerai encore Ep 4,1-6
Un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême Jn 17,20-26
Qu’ils contemplent la gloire que tu m’as donnée…

Commentaire
A l’époque où Jérusalem était menacée d’invasion, le prophète Esaïe attendait le jour où commencerait le règne de Dieu et où Jérusalem serait «un domaine tranquille, tente qu’on ne démontera plus, dont les piquets ne seront plus jamais arrachés, dont les cordes ne seront plus enlevées». Les réfugiés en marche dans le monde d’aujourd’hui, en quête de liberté politique ou de stabilité économique, languissent après le jour où ils pourront finalement cesser de se déplacer et de vivre sous des tentes de fortune ou de se cacher dans des camions. Ils cherchent un endroit où s’établir enfin et vivre en sécurité, dans la paix et le bien-être.

L’Église se considère elle aussi en pèlerinage. Nous sommes un peuple de pèlerins, étrangers sur cette terre, voyageurs de la foi en route vers la Jérusalem céleste, aspirant à voir le visage de Dieu. Souvent, le peuple pèlerin de Dieu, dans l’attente de la venue de son Royaume sur la terre, éprouve le même désir de stabilité et de paix ressenti par les réfugiés.

Tandis que les chrétiens voient l’existence humaine soumise à l’insécurité inhérente à tout pèlerinage, ils reconnaissent à l’Église la vocation prophétique d’annoncer une vision de ce que Dieu prépare pour nous, un «poids extraordinaire de gloire éternelle» qui inscrit nos présentes luttes dans un plus vaste contexte d’espérance et de promesse. Cet avenir que Dieu façonne pour nous est caractérisé par l’unité dans laquelle la race humaine, par la grâce de l’Esprit Saint, n’est qu’un avec Jésus et le Père. D’ores et déjà, cette unité nous est offerte comme un don dans l’Esprit : «Il y a un seul Corps et un seul Esprit, de même que votre vocation vous a appelés à une seule espérance ; un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême ; un seul Dieu et Père de tous, qui règne sur tous, agit par tous, et demeure en tous». L’Église doit vivre aujourd’hui comme un signe de cette unité que nous concevons dans sa plénitude seulement comme la promesse de Dieu.

Au lieu de cela, nous nous sommes présentés aux hommes avec nos désaccords qui n’ont créé que confusion alors que nous sommes appelés à répandre la lumière. La tâche œcuménique qui nous est confiée est celle de redécouvrir et de rendre visible l’unité qui est toujours un don de l’Esprit Saint. Parfois cependant, les chrétiens semblent y renoncer. En tant que peuple pèlerin, nous devons conserver l’espérance et la certitude que nous serons un en Christ et que nous verrons la gloire que Dieu donna à son fils «avant la fondation du monde».

Prière
Seigneur, montre-nous ta miséricorde et par la puissance de ton Esprit, dissipe les divisions entre chrétiens afin que ton Église apparaisse plus distinctement comme un signe visible parmi toutes les nations.

Seigneur, accorde-nous un amour renouvelé, une vraie sagesse et un nouvel élan dans notre recherche de l’unité pour que le message éternel de ton Fils soit recueilli par tous comme la bonne nouvelle.

Seigneur, ranime notre foi et notre espérance, afin que nous avancions dans la joie vers ton royaume céleste, confiants en ta promesse de gloire éternelle.
Par Jésus Christ, notre Seigneur.
Amen.

SITUATION ŒCUMENIQUE EN ARGENTINE

L ‘Argentine est un pays jeune baigné par l’Océan atlantique et situé au sud du continent américain. Sa population descend principalement des immigrants européens et du Moyen-Orient qui, avec les fils des conquérants espagnols et des anciennes nations indigènes, peuplent ce pays. Au cours des récentes décennies, l’Argentine a accueilli également des immigrants sud-américains provenant de pays limitrophes ainsi que des asiatiques, pour la plupart originaires de Corée et de Taiwan. La langue officielle est l’espagnol et la religion comptant le plus de fidèles est le christianisme, bien que désormais se soient également bien implantées des communautés juives et islamiques.

L’Argentine est le produit culturel de ces diverses immigrations. Il n’est pas surprenant de trouver sur son territoire des catholiques, de protestants de différentes Églises et dénominations côtoyant des membres des Églises orthodoxes ou pré-calcédoniennes. Ils sont venus en immigrants, certains à la recherche d’une vie meilleure, d’autres fuyant les persécutions politiques ou l’intolérance religieuse de leur pays d’origine. En même temps que leurs origines diverses, ils ont apporté les croyances religieuses qui les caractérisent. Un certain nombre d’Églises protestantes se sont développées suite à l’activité missionnaire exercée au sein de la population locale. En Argentine, le visage du christianisme est à multiples facettes et potentialités.

L’Église catholique
L’Église catholique est arrivée avec les conquérants espagnols et a accompagné le processus de colonisation et d’implantation des européens en Amérique. Aujourd’hui, il s’agit de l’Église majoritaire du pays. Elle compte de très anciennes paroisses et un nombre important de services sociaux, édifices religieux et écoles disséminés sur l’ensemble du territoire. L’histoire de l’Argentine est inséparable du rôle que l’Église catholique y a joué, contribuant ainsi à son développement culturel ainsi qu’à celui de la pensée et de son destin politique. Nombre des principaux exposants qui ont marqué l’histoire de ce pays étaient des croyants catholiques pratiquants et sincères.

La présence de l’Église catholique se remarque en particulier à travers ses magnifiques édifices religieux tels que la Cathédrale de la Plata, l’une des plus imposantes du monde, ou encore la Basilique de Lujan, dédiée à la Vierge Marie. Cette basilique est devenue l’un des principaux lieux de pèlerinage du pays, des milliers de visiteurs s’y rendant chaque année. Mais il existe également des centaines de petites églises dans lesquelles les communautés locales célèbrent la messe et contribuent au développement social de leur quartier en mettant sur pieds des projets de solidarité, de charité et d’action communautaire. Des prêtres et religieuses de divers ordres religieux travaillent dans de nombreux centres offrant assistance aux pauvres et aux marginaux dans des domaines comme ceux de la s
anté et de l’éducation ; ils sont engagés par ailleurs dans la lutte pour le respect des droits de l’homme à la dignité et au bien-être.

Les Églises protestantes
Les premières Églises protestantes arrivèrent en Argentine au début du XIXe siècle quand l’indépendance conquise vis-à-vis de la domination espagnole fit s’ouvrir les frontières et donna le jour à un genre d’immigration différent et pluraliste. La première Église à s’établir fut l’Église anglicane dont les premières réunions régulières commencèrent en 1821, année où fut également inauguré un temple à Buenos Aires, le premier d’Amérique Latine. Les premiers membres de l’Église anglicane étaient des commerçants, des hommes d’affaires et des employés anglais. Puis arrivèrent dans les zones rurales des immigrés écossais presbytériens qui y établirent leurs églises. La mission méthodiste entreprit son activité à Buenos Aires en 1836. Déjà dans la moitié du XIXe siècle, les premières Églises protestantes développaient leur action à travers les services sociaux, les écoles et les programmes d’évangélisation s’adressant aux immigrés et à la population indigène.

A la fin du XIXe siècle, les immigrés réformés et luthériens apportèrent aussi leur foi en Argentine. On doit principalement l’installation des Églises réformée et luthérienne à la venue d’immigrés provenant des Pays-Bas et d’Allemagne. A cette même époque également arrivèrent des baptistes et des membres des Églises libres. Les vaudois provenant d’Italie se fixèrent dans les zones rurales et avec les méthodistes, ils créèrent un centre de formation théologique destiné aux responsables locaux. Quelques décennies plus tard, les Églises pentecôtistes entreprirent leur œuvre caractérisée par une forte évangélisation et une rapide expansion. On peut considérer qu’au début du XXe siècle, presque toutes les expressions du protestantisme étaient représentées en Argentine. Elles étaient en effet partie intégrante de la vie des communautés d’immigrés européens, s’enracinaientt auprès de la population locale et organisaient des missions auprès des quelques communautés indigènes ayant survécu à la conquête de leurs territoires. Aujourd’hui, on trouve encore jusque dans les plus petites villes de l’intérieur du pays au moins une église de tradition protestante.

Les Église orientales en Argentine
La première Église orientale à s’être localement organisée fut l’Église orthodoxe russe (présente dès 1888). Des fidèles orthodoxes de diverses nationalités avaient en effet demandé cette présence au sein de la mission diplomatique russe à Buenos Aires. Grâce au soutien des immigrés grecs, serbes, bulgares, syriens libanais et russes ainsi que de la famille impériale russe, l’église de la Sainte Trinité fut construite à Buenos Aires en 1901. Quelques années plus tard, en 1905, l’Église grecque orthodoxe obtint la nomination d’un prêtre au service de sa communauté. Cette Église prospéra dans différentes parties du pays et en 1928, la cathédrale de la Dormition fut édifiée. Le Patriarcat grec œcuménique fut établi en 1938 et depuis 1951, Buenos Aires est le siège de l’évêque dépendant de la juridiction des archidiocèses nord et sud-américains.

Parmi les Églises orthodoxes, celle dépendant du Patriarcat d’Antioche compte le plus grand nombre de fidèles. La plupart de ses membres proviennent de Syrie ou du Liban. Cette Église commença à s’implanter en Argentine dès 1921 et le diocèse fut érigé en 1949 bien que le siège épiscopal n’ait été bâti qu’en 1955. La cathédrale fut inaugurée vers la fin de l’année 1956 et la première messe célébrée à l’occasion de la fête de Noël de la même année.

L’Église arménienne apostolique se forma en Argentine à l’arrivée d’immigrés arméniens entre 1909 et 1911 alors qu’ils fuyaient les massacres d’Adana sous le régime turc. De 1915 à 1920 arrivèrent également des survivants du grand génocide. De 1925 à 1936, ce fut au tour des arméniens de Cilicie s’échappant de Turquie et enfin, entre 1947 et 1954, de nombreux arméniens émigrèrent en Argentine suite à la Seconde guerre mondiale.

En conséquence de la grande vague d’émigration du début du XXe siècle, l’Église syrienne orthodoxe d’Antioche s’établit avec l’arrivée de familles provenant d’Iraq, de Syrie et de Turquie, cette dernière traversant une période de forte intolérance religieuse. Cette Église a à sa tête un Patriarche vicaire et son siège se trouve dans la ville de La Plata. A l’intérieur du pays, divers lieux de culte et centre d’activités sociales accueillent les fidèles. Cette Église est en pleine communion avec la Iglesia catolica apostolica de Antioquia, avec laquelle elle a signé un accord d’unité de foi.

Les Églises orthodoxes ont contribué au développement d’organismes se consacrant à la culture et à l’éducation, à la mise en place de services d’assistance aux plus défavorisés, à la création de programmes radiophoniques et autres activités qui viennent enrichir la mosaïque de la culture argentine. Leurs membres sont pleinement engagés dans la vie sociale et politique du pays.

En marche vers l’unité
Entreprendre un dialogue pour l’unité en Argentine n’a pas été chose facile. Jusqu’aux années soixante, les relations œcuméniques concernaient principalement les Églises protestantes et évangéliques, les Églises catholique et orthodoxe à l’époque ne s’y trouvant pas encore engagées. Certes, les relations entre les différentes autorités ecclésiales avaient toujours été fraternelles mais on déplorait une certaine méfiance au niveau des communautés locales due au prosélytisme et à l’accroissement des Églises protestantes. Les Églises n’avaient entrepris aucun dialogue officiel. A cette époque, les Églises protestantes et évangéliques collaboraient dans des organisations telles que l’Alliance Biblique, la Fédération des Églises et les sections locales YMCA et YWCA. Elles célébraient aussi ensemble le Jour de la Réforme et la Journée mondiale de prière.

Après quelques années, le dialogue et l’amitié entre croyants de traditions diverses a donné des fruits. C’est grâce aux nouveaux courants nés du Deuxième Concile du Vatican et à l’ouverture manifestée par les Églises protestantes elles-mêmes et due à l’influence du mouvement œcuménique européen, qu’une ère nouvelle et fructueuse de rencontres et de collaboration commence à poindre. Les assemblées locales commencent à se réunir et le dialogue s’instaure entre ministres et prêtres tandis que des commissions bilatérales voient le jour. Dans certains cas se développe aussi une coopération dans le domaine des services sociaux, des organisations luttant pour le respect des droits de l’homme et la divulgation des Écritures. Les résultats positifs d’activités telles que le Séminaire pour la formation théologique, le Service inter-paroissiale pour l’assistance mutuelle et la rencontre de volontaires dans des organisations comme la Caritas, Caref, Ceas et bien d’autres encore sont absolument remarquables.

Plusieurs années de progrès œcuméniques ont porté à la création en 1988 de la Commission œcuménique des Églises chrétiennes d’Argentine (CEICA), un lieu de dialogue et de collaboration où orthodoxes, catholiques et protestants peuvent se rencontrer. Ses membres se réunissent régulièrement pour discuter de thèmes d’intérêt commun, échanger des informations sur leurs Églises respectives, débattre des progrès réalisés ou des difficultés rencontrées dans le travail œcuménique tant au niveau local que national. Ils organisent en outre des rencontres où ils prient ensemble pour l’unité de l’Église et pour surmonter les problèmes de notre époque. Évêques, ministres, prêtres et laïcs, qu’ils soient hommes ou femmes, prennent part à ces assemblées.

Au cours de son existen
ce encore brève, la CEICA a du faire front aux difficultés et défis intrinsèques à tout engagement œcuménique : trouver un mode harmonieux de faire cohabiter différentes traditions et manières de vivre l’engagement en tant que chrétien ; surmonter les incompréhensions ; prendre des décisions exprimant et satisfaisant le point de vue de chacun. Mais des progrès énormes ont été réalisés dans la connaissance et l’estime mutuelles, dans la découverte du patrimoine commun des diverses Églises, y compris le défi de la mission pastorale dans la société d’aujourd’hui. C’est cette commission qui chaque année est chargée d’organiser la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens.

QUELQUES DATES IMPORTANTES DANS L’HISTOIRE
DE LA «PRIERE POUR L’UNITE» ET DE LA «SEMAINE DE PRIERE»

1740 environ Écosse En Écosse, naissance d’un mouvement pentecôtiste avec des liens en Amérique du Nord, dont le message pour le renouveau de la foi appelle à prier pour toutes les Églises et avec elles.

1820 James Haldane Stewart Le Révérend James Haldane Stewart publie : «Conseils pour l’union générale des chrétiens, en vue d’une effusion de l’Esprit » (Hints for the outpouring of the Spirit).

1840 Ignatius Spencer Le Révérend Ignatius Spencer, un converti au catholicisme romain, suggère une « Union de prière pour l’unité ».

1867 Lambeth La première assemblée des évêques anglicans à Lambeth insiste sur la prière pour l’unité, dans l’introduction à ses résolutions.

1894 Léon XIII Le Pape Léon XIII encourage la pratique de l’Octave de la Prière pour l’unité dans le contexte de la Pentecôte.

1908 Paul Wattson Célébration de « L’Octave pour l’unité de l’Église » à l’initiative du Révérend Père Paul Wattson.

1926 Foi et Constitution Le Mouvement « Foi et Constitution » commence la publication de « Suggestions pour une Octave de prière pour l’unité des chrétiens ».

1935 Paul Couturier En France, l’abbé Paul Couturier se fait l’avocat de la « Semaine universelle de prière pour l’unité des chrétiens sur la base d’une prière conçue pour l’unité que veut le Christ, par les moyens qu’Il veut ».

1958 « Unité chrétienne » Le Centre « Unité chrétienne » de Lyon (France) commence à préparer le thème pour la Semaine de prière en collaboration avec la Commission « Foi et Constitution » du Conseil Œcuménique des Églises.

1964 Pope Paul VI et Athénagoras I A Jérusalem, le Pape Paul VI et le Patriarche Athénagoras Ier récitent ensemble la prière du Christ « que tous soient un » (Jn 17).

1964 Le Deuxième Concile du Vatican Le Décret sur l’œcuménisme du Deuxième Concile du Vatican souligne que la prière est l’âme du mouvement œcuménique, et encourage la pratique de la Semaine de Prière.

1966 Foi et Constitution et le Secrétariat pour l’unité La Commission « Foi et Constitution » et le Secrétariat pour l’unité des chrétiens (maintenant Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens) de l’Église catholique décident de préparer ensemble le texte pour la Semaine de Prière de chaque année.

1966 Pour la première fois, la « Prière pour l’unité » est célébrée sur la base des textes élaborés en collaboration entre « Foi et Constitution » et le Secrétariat pour l’unité des chrétiens.

1994 Texte préparé en collaboration avec l’YMCA et l’YWCA.

SEMAINE DE PRIERE POUR L’UNITE DES CHRETIENS

Thèmes 1968 – 2002

C’est en 1968 que débuta officiellement la collaboration entre la Commission Foi et Constitution du COE et le Conseil Pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens pour la préparation de ces textes.

1968 «Pour la louange de sa gloire» (Ep 1,14)

1969 «Appelés à la liberté» (Ga 5,13) (Réunion préparatoire à Rome, Italie)

1970 «Nous sommes les coopérateurs de Dieu» (1 Co 3,9) (Réunion préparatoire au Monastère de Niederaltaich, République Fédérale d’Allemagne)

1971 «… et la communion du Saint-Esprit» (2 Co 13,13) (Réunion préparatoire à Bari, Italie)

1972 «Je vous donne un commandement nouveau» (Jn 13,34) (Réunion préparatoire à Genève, Suisse)

1973 «Seigneur, apprends-nous à prier» (Lc 11,1) (Réunion préparatoire à l’Abbaye de Montserrat, Espagne)

1974 «Que tous confessent : Jésus Christ est Seigneur» (Ph 2,1-13)
(Réunion préparatoire à Genève, Suisse) (En avril 1974, une lettre fut adressée aux Églises-membres ainsi qu’à d’autres parties intéressées à la création de groupes locaux pouvant participer à la préparation du livret de la Semaine de Prière. Un groupe australien fut le premier à s’engager concrètement en préparant en 1975 le projet initial de livret pour la Semaine de Prière).

1975 «La volonté du Père : tout réunir sous un seul Chef, le Christ» (Ep 1,3-10) (Projet de texte élaboré par un groupe australien. Réunion préparatoire à Genève)

1976 «Appelés à devenir ce que nous sommes» (1 Jn 3,2) (Projet de texte élaboré par la Conférence des Églises des Caraïbes. Réunion préparatoire à Rome, Italie.)

1977 «L’espérance ne déçoit pas» (Rm 5,1-5) (Projet de texte élaboré au Liban, en pleine guerre civile. Réunion préparatoire à Genève.)

1978 «Vous n’êtes plus des étrangers» (Ep 2,13-22) (Projet de texte élaboré par un groupe œcuménique de Manchester, Angleterre.)

1979 «Soyez au service les uns des autres pour la gloire de Dieu» (1 P 4,7.11) (Projet de texte élaboré en Argentine. Réunion préparatoire à Genève.)

1980 «Que ton Règne vienne ! » (Mt 6,10) (Projet de texte élaboré par un groupe œcuménique de Berlin, République Démocratique d’Allemagne. Réunion préparatoire à Milan, Italie.)

1981 «Un seul Esprit – des dons divers – Un seul corps» (1 Co 12,3b-13) (Projet de texte élaboré par les Pères de Graymoor, USA. Réunion préparatoire à Genève.)

1982 «Que tous trouvent leur demeure en toi, Seigneur» (Ps 84) (Projet de texte élaboré au Kenya. Réunion préparatoire à Milan, Italie.)

1983 «Jésus Christ – Vie du monde» (1 Jn 1,1-4) (Projet de texte élaboré par un groupe œcuménique d’Irlande. Réunion préparatoire à Céligny [Bossey], Suisse.)

1984 «Appelés à l’unité par la Croix de notre Seigneur» (1 Co 2,2 et Col 1,20) (Réunion préparatoire à Venise, Italie.)

1985 «De la mort à la Vie avec le Christ» (Ep 2,4.7) (Projet de texte élaboré en Jamaïque. Réunion préparatoire à Grandchamp, Suisse.)

1986 «Vous serez mes témoins» (Ac 1,6.8) (Textes proposés en Yougoslavie [Slovénie]. Réunion préparatoire en Yougoslavie.)

1987 «Unis dans le Christ, une nouvelle création» (2 Co 5,17-6,4a) (Projet de texte élaboré en Angleterre. Réunion préparatoire à Taizé, France.)

1988 «L’Amour de Dieu bannit la crainte» (1 Jn 4,18) (Projet de texte élaboré en Italie. Réunion préparatoire à Pinerolo, Italie.)

1989 «Bâtir la communauté : un seul corps en Christ» (Rm 12,5-6a) (Projet de texte élaboré au Canada. Réunion préparatoire à Whaley Bridge, Angleterre.)

1990 «Que tous soient un… afin que le monde croie» (Jn 17) (Projet de texte élaboré en Espagne. Réunion préparatoire à Madrid, Espagne.)

1991 «Nations, louez toutes le Seigneur» (Ps 17 et Rm 15,5-13) (Projet de texte élaboré en Allemagne. Réunion préparatoire à Rotenburg an der Fulda, République Fédérale d’Allemagne.)

1992 «Je suis avec vous… allez donc» (Mt 28,16-20) (Projet de texte élaboré en Belgique. Réunion préparatoire à Bruges, Belgique.)

1993 «Porter le fruit de l’Esprit pour l’unité des chrétiens» (Ga 5,22-23) (Projet de texte élaboré au Zaïre. Réunion préparatoire près de Zurich, Suiss
e.)

1994 «La maison de Dieu : appelés à n’avoir ‘qu’un cœur et qu’une âme’» (Ac 4,32) (Projet de texte élaboré en Irlande. Réunion préparatoire à Dublin, Irlande.)

1995 « Koinônia : communion en Dieu et entre nous » (Jn 15,1-7) (Réunion préparatoire à Bristol, Angleterre.)

1996 «Voici, je me tiens à la porte et je frappe» (Ap 3,14-22) (Projet de texte élaboré au Portugal. Réunion préparatoire à Lisbonne, Portugal.)

1997 «Au nom du Christ… laissez-vous réconcilier avec Dieu» (2 Co 5,20) (Projet de texte élaboré en Scandinavie. Réunion préparatoire à Stockholm, Suède.)

1998 «L’Esprit aussi vient en aide à notre faiblesse» (Rm 8, 14-27) (Projet de texte élaboré en France. Réunion préparatoire à Paris, France.)

1999 «Ils seront ses peuples et lui sera le Dieu qui est avec eux» (Ap 21, 3) (Projet de texte élaboré en Malaisie. Réunion préparatoire au Monastère de Bose, Italie.)

2000 « Béni soit Dieu… qui nous a bénis en Christ» (Ep 1, 3-14) (Projet de texte élaboré par le Conseil des Églises du Moyen-Orient. Réunion préparatoire au Sanctuaire de La Verna, Italie.)

2001 «Je suis le chemin et la vérité et la vie» (Jean 14, 1-6) (Projet de texte élaboré en Roumanie. Réunion préparatoire à la Casa de Odihna, Roumanie.)

2002 « Car chez toi est la fontaine de la vie » (Ps 36 [35], 10) (Projet de texte élaboré par le Conseil des Conférences Épiscopales Européennes (CCEE) et la Conférence des Églises Européennes (CEC). Réunion préparatoire au Centre œcuménique d’Ottmaring (Augsbourg, République Fédérale d’Allemagne).

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ZENIT Staff

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