CITE DU VATICAN, Vendredi 24 mai 2002 (ZENIT.org) – « L’Europe tout entière, occidentale et orientale, attend l’engagement commun des catholiques et des orthodoxes en faveur de la paix et de la justice, des droits de l’homme et de la culture de la vie », affirmait Jean-Paul II lors de sa rencontre avec le patriarche Maxim à Sofia, ce matin.
Après sa visite au palais présidentiel, le pape Jean-Paul II s´est rendu ce matin vers 10 h 30, à la cathédrale patriarcale Saint-Alexandre Nevski pour la fête des saints Cyrille et Méthode. Le pape est arrivé au terme de la célébration de la Divine Liturgie présidée par le Métropolite Galaktion, en présence du patriarche orthodoxe de Bulgarie, Sa Sainteté Maxim, âgé de 87 ans, avant le début du « Moleben » en l´honneur des deux saints. Le pape a été accueilli par le métropolite Siméon, chargé des fidèles de l´Europe occidentale. Il s´est ensuite rendu au monument des deux saints, voisin de la cathédrale, où il a déposé une gerbe de fleurs.
A 11 h30, le pape s´est ensuite dirigé vers le palais patriarcal pour une rencontre avec le patriarche Maxim et le Saint Synode. Le pape a remis une relique de saint Dasius, martyr au temps de la persécution de l´empereur Dioclétien, en 303, en Pannonie. Pour les préserver les invasions, les reliques ont été conservées ensuite dans la vile d´Ancône, en Italie, sur l´Adriatique. Le Saint Synode avait souhaité le retour des reliques à l´occasion du 1700e anniversaire du martyre du saint. Jean-Paul II a aussi annoncé le don d´une église à la communauté orthodoxe bulgare à Rome, près de la fontaine de Trevi.
Jean-Paul II prenait appui sur « l’exemple d’unité offert au premier millénaire par les saints Frères Cyrille et Méthode »: un exemple, disait-il, qui peut inspirer ceux qui, « dans le monde politique, travaillent actuellement au processus d’unification européenne ».
« Dans sa recherche de son identité, en effet, le Continent européen ne peut pas ne pas revenir à ses racines chrétiennes, déclarait Jean-Paul II. L’Europe tout entière, occidentale et orientale, attend l’engagement commun des catholiques et des orthodoxes en faveur de la paix et de la justice, des droits de l’homme et de la culture de la vie ».
« L’exemple des saints Cyrille et Méthode, continuait le pape, revêt une valeur emblématique avant tout pour l’unité des chrétiens dans l’unique Église du Christ. Envoyés dans l’Est de l’Europe par le Patriarche de Constantinople pour porter la vraie foi aux peuples slaves dans leur langue, devant faire face aux obstacles mis par les diocèses occidentaux voisins qui considéraient comme de leur responsabilité propre de porter la Croix du Christ aux pays slaves, ils vinrent trouver le Pape afin de faire authentifier leur mission (Cf. Encyclique Slavorum apostoli, n. 5).
Rappelons que l´encyclique Slavorum apostoli est en date du 2 juillet 1985 (cf. le site du Vatican à l´adresse: vatican.va)
Le pape l´a écrite à l´occasion du XIe centenaire de l´oeuvre d´évangélisation des deux frères.
« Ils sont pour nous, insistait le pape, les champions et en même temps les patrons de l’effort œcuménique des Églises sœurs d’Orient et d’Occident pour retrouver, par le dialogue et la prière, l’unité visible dans la communion parfaite et totale, ‘l’unité qui […] n’est pas absorption, ni même fusion’. L’unité est la rencontre dans la vérité et dans l’amour que nous donne l’Esprit» (ibid., n. 27) ».
Jean-Paul II confiait que le 24 mai est en effet « profondément inscrit » dans son « cœur » et dans sa « mémoire ». « Les visites des Délégations bulgares que, depuis le début de mon ministère comme Évêque de Rome, j’ai eu la joie de recevoir au Vatican le 24 mai de chaque année, ont été pour moi d’agréables occasions de rencontres non seulement avec la noble Nation bulgare, mais aussi avec l’Église orthodoxe de Bulgarie et avec Votre Sainteté, en la personne des Évêques qui La représentaient ».
« L’éloignement qui s’est produit entre catholiques et orthodoxes n’a jamais étouffé en eux le désir de rétablir la pleine communion ecclésiale, afin que cette unité pour laquelle le Seigneur a prié le Père soit exprimée de manière plus évidente. Nous pouvons aujourd’hui rendre grâce à Dieu car les liens qui existent entre nous se sont fortement resserrés », constatait Jean-Paul II en citant le concile Vatican II: les Églises orthodoxes «ont de véritables sacrements, et avant tout, en vertu de la succession apostolique, le sacerdoce et l’Eucharistie» (Décret Unitatis redintegratio, n. 15). Le Concile reconnaissait, ajoutait le pape, qu’une «certaine diversité des mœurs et des coutumes […] ne s’oppose pas du tout à l’unité de l’Église, mais accroît même sa beauté et contribue, pour une part non négligeable, à l’accomplissement de sa mission» (ibid., n. 16).
De multiples contacts entre l’Église catholique et l’Église orthodoxe de Bulgarie ont effectivement débuté avec le Concile, rappelait le pape: des contacts qui « auront aussi une influence positive sur le dialogue théologique », et une « Commission mixte internationale ad hoc » a été mise en place.
Le pape expliquait ainsi le don d´une église à Rome: « C’est précisément dans l’intention de nourrir la connaissance réciproque, la charité mutuelle et la collaboration fraternelle que je suis heureux d’offrir à la communauté orthodoxe bulgare de Rome l’usage liturgique de l’église Santi Vincenzo e Anastasio a Fontana di Trevi ».
A propos de saint Dasius, le pape disait: « J’ai en outre été informé que le cinquième Concile de l’Église orthodoxe bulgare a rétabli en décembre dernier la Métropolie de Silistra, l’antique Dorostol. C’est de cette région que provenait le jeune soldat Dasius, dont on célèbre cette année le dix-septième centenaire du martyre. Accueillant volontiers le désir qui m’a été manifesté, c’est avec joie que j’ai apporté avec moi, grâce à la généreuse disponibilité de l’archidiocèse d’Ancône-Osimo, une relique insigne du saint, pour en faire don à cette Église ».
Enfin, le pape exprimait ses vifs remerciements pour l’accueil » qui lui a été réservé: « J’en suis profondément touché », disait-il. Ce soir, la presse bulgare titrait sur le « retournement » que la visite du pape aurait provoqué dans l´esprit du patriarche. Celui-ci avait marqué d´emblée ses dispositions en étant présent à la cérémonie de bienvenue, ce qui n´était pas prévu.
Le pape a ensuite déjeuné avec les évêques catholiques de Bulgarie. Dans l´après-midi, il a rencontré » les représentants de la communauté juive, à la nonciature apostolique, avant de rencontrer les représentants du monde de la culture, de la science et des arts au palais de la culture de Sofia.