CITE DU VATICAN, Jeudi 16 mai 2002 (ZENIT.org) – Jean-Paul II lance un appel pour la promotion d´instruments juridiques internationaux contre la traite des êtres humains.
« L´esclavage au XXIe s.: droits de l´homme et traite des êtres humains »: un péché collectif qui offense Dieu et la personne et remet en question les modèles et les styles de vie, c´est la question qu´affronte un congrès organisé à l´université pontificale grégorienne sous la houlette de l´ambassadeur des Etats-Unis près le Saint-Siège, M. Nicholson.
Le congrès rassemble quelque 70 intervenants issus de 35 pays différents.
« Une offense choquante à la dignité humaine et une grave violation des droits humains »: c´est ainsi que le pape définit la traite des êtres humains dans son message pour l´occasion, lu par Mgr Jean-Louis Tauran, son ministre des affaires étrangères.
La traite des êtres humains – en majorité femmes et enfants livrés à la prostitution – constitue après la drogue et le trafic des armes le troisième « commerce » le plus juteux pour la criminalité organisée: entre 5 et 7 millions de dollars par an.
Il est urgent, demande le pape, de « promouvoir des instruments juridiques efficaces pour mettre fin à cette traite inique (…), punir les responsables et assurer la réintégration des victimes ».
« L´exploitation sexuelle des femmes et des enfants, déplore Jean-Paul II, est un aspect particulièrement répugnant de ce commerce". Cette exploitation, dénonce le pape, manifeste « la croissante tendance à détacher la liberté de la loi morale et à réduire le riche mystère de la sexualité humaine à une pure question économique ».
La traite des personnes abusées, exploitées, mortifiée dans les « valeurs fondamentales » qui sont « enracinées » dans la « nature de l´être humain », constitue, avertit le pape, « une sérieuse menace pour la sécurité des Nations et une question de justice internationale qui ne peut être différée ».
Mgr Tauran, Secrétaire du Vatican pour les Relations avec les Etats, soulignait pour sa part que « les responsables des sociétés doivent avoir une véritable volonté politique pour combattre un tel mal ».
Nous sommes tous impliqués, insiste Mgr Tauran: « je dis toujours que ce n´est pas seulement un problème pénal, mais d´éducation morale aussi. La répression ne suffit pas. Il faut une formation de la conscience ».
Or l´immigration est souvent un véhicule de cette traite. « Le problème de l´immigration, explique Mgr Tauran, est un problème très compliqué, parce que d´un côté, il y a le devoir d´accueillir qui est dans le besoin, et d´autre part celui de préserver sa propre identité, ce qui est un équilibre très précaire, qui doit être maintenu grâce au dialogue et la loi nationale et internationale ».
Le congrès s´est appliqué à la description de l´ampleur du phénomène, identification des mesures à prendre, rôle des media, formation d´une conscience du problème, aides à offrir, responsabilité des gouvernements, rôle des organisations non gouvernementales, des communautés religieuses, pour lutter contre cette traite et pouvoir réintégrer les victimes dans la société.
Pour le P. Franco Imoda, recteur de la Grégorienne, « c´est un scandale et une provocation pour le monde entier, une situation qui défie qui croit, et une université comme la nôtre doit aussi affronter et répondre à ces problèmes ».