CITE DU VATICAN, Mardi 19 février 2002 (ZENIT.org) – A l´occasion de l´accueil de Mgr Ricard, archevêque de Bordeaux, président de la conférence épiscopale, hier dans la cathédrale Saint-André, le site Internet du diocèse de Bordeaux a fait peau neuve. On peut y naviguer à l´adresse: http://catholique-bordeaux.cef.fr.
Mgr Jean-Pierre Ricard, archevêque de Bordeaux et évêque de Bazas, a été accueilli le dimanche 17 février 2002 en la cathédrale Saint-André à Bordeaux à 15h30. Le président de la Conférence des évêques de France a prononcé l´homélie suivante http://www.cef.fr.
Bordeaux, témoigne de l´Evangile qui te fais vivre !
Cathédrale Saint André de Bordeaux – Dimanche 17 février 2002
Chers frères et sœurs en Christ, Je trouve particulièrement signifiant de commencer mon ministère épiscopal parmi vous un premier dimanche de Carême. Le Carême a bien sûr une dimension personnelle de préparation à Pâques, de conversion, de recentrage sur l’essentiel mais il a aussi une dimension communautaire et ecclésiale. C’est toute l’Eglise, c’est notre Eglise qui est à Bordeaux et en Gironde, qui est invitée à renouveler sa disponibilité au Seigneur. Entrant dans ce Carême, tournons-nous vers Dieu et, remettant notre vie entre ses mains, n’ayons pas peur de lui dire avec confiance : « Seigneur, qu’attends-tu de nous ? Qu’attends-tu de ton Eglise ? ». Si, au nom de la mission apostolique qui est la mienne et que je porte avec vous, j’avais à exprimer en quelques mots l’appel que le Seigneur nous adresse aujourd’hui, je dirais : « Eglise de Bordeaux, témoigne auprès de tous de l’Evangile qui te fait vivre ».
Eglise de Bordeaux, témoigne
Vous le savez, l’Eglise n’a pas sa raison d’être en elle-même. Elle ne saurait se réduire à être un club religieux uniquement préoccupé des besoins spirituels de ses propres membres. Elle n’existe que pour témoigner de l’Evangile. Le pape PAUL VI ne disait-il pas dans son exhortation sur l’Evangélisation dans le monde moderne : « Evangéliser est la grâce et la vocation propre de l’Eglise, son identité la plus profonde. Elle existe pour évangéliser » (n° 14) ? Le Seigneur fait de nous ses témoins, il a besoin de nous pour se rendre présent aux hommes et aux femmes de notre temps, pour leur communiquer la Bonne Nouvelle du Salut. En effet, le Christ ressuscité n’a pas d’autre visibilité dans le monde que ce que nous en manifestons. Le corps par lequel il se révèle aux hommes d’aujourd’hui, c’est ce corps ecclésial que, dans le souffle de l’Esprit, il s’est lui-même donné. Le Christ nous appelle, se livre entre nos mains, se donne à nous. A nous de l’accueillir, de nous unir à lui et de le servir. Ce service du Seigneur a été au cœur du ministère épiscopal de mes prédécesseurs, tout particulièrement de Mgr MAZIERS et du Cardinal EYT, que nous avons accompagné de notre prière, pour un dernier adieu, dans cette même cathédrale, en juin dernier. Ce souci du service du Seigneur a également été présent dans l’expérience que vous avez faite du dernier synode diocésain, dans les orientations et décisions qu’il a prises, dans le dynamisme qu’il a impulsé. C’est bien dans ce sillon tracé avec persévérance que je veux inscrire mon ministère épiscopal auprès de vous.
Eglise de Bordeaux, témoigne de l’Evangile
En arrivant à Bordeaux, certains m’ont posé la question : quel est votre programme ? J’ai répondu :l’Evangile. J’avais, en effet, dans l’esprit ces lignes du pape JEAN-PAUL II dans son exhortation sur l’Entrée dans le troisième millénaire : « Il ne s’agit pas d’inventer un « nouveau programme ». Le programme existe déjà : c’est celui de toujours, tiré de l’Evangile et de la Tradition vivante. Il est centré en dernière analyse, sur le Christ lui-même, qu’il faut connaître, aimer, imiter, pour vivre en lui la vie trinitaire et pour transformer avec lui l’histoire jusqu’à son achèvement dans la Jérusalem céleste. C’est un programme qui ne change pas avec la variation des temps et des cultures, même s’il tient compte du temps et de la culture pour un dialogue vrai et une communication efficace. Ce programme de toujours est notre programme pour le troisième millénaire. » (n°29). Oui, notre programme est bien d’annoncer l’Evangile. Cet Evangile qui est au cœur du ministère de Jésus, qui est au cœur du don qu’il fait de lui-même pour le salut des hommes, c’est la révélation de l’Alliance, de l’amitié, de l’amour que le Père veut nouer avec chacun d’entre nous. Cet Evangile est révélation de cet amour, mais il en est aussi la communication concrète. A travers la proclamation de la Parole, la célébration des sacrements et le témoignage fraternel, ce ne sont pas simplement des paroles qui sont dites ou des gestes qui sont faits, mais, par la force de l’Esprit, c’est bien la communication du salut de Dieu, comme puissance de transformation intérieure, de recréation de l’être, d’illumination spirituelle, de pacification et de courage qui nous est proposée. Je crois qu’il y a là une Bonne Nouvelle qui est attendue et mystérieusement espérée par nos contemporains, beaucoup plus qu’on ne croit. Je n’en veux pour signe que le témoignage des catéchumènes qui se préparent au baptême et dont on célèbre dans la plupart des diocèses aujourd’hui l’appel décisif. Chaque année, je suis bouleversé par l’expérience que ces adultes nous partagent. Ils nous révèlent tout ce que la rencontre avec le Christ, la prière, la lecture de l’Ecriture et les rencontres fraternelles ont bouleversé et éclairé dans leur vie. Ils nous disent avec force : « Laissez-vous, vous aussi, saisir par le Christ, vous ne le regretterez pas ! ».C’est ce service de l’Evangile qui a été comme le fil conducteur de mon ministère de prêtre et d’évêque. C’est pourquoi j’ai pris comme devise « A cause de l’Evangile ». Ce service de l’Evangile, je vous aiderai à le vivre.
A votre tour, par votre foi, votre engagement, votre tonus spirituel et apostolique, aidez-moi aussi à le vivre. Je n’oublie pas, en effet, cette phrase de Saint Augustin dans son Sermon sur les Pasteurs : « C’est avec de bonnes brebis qu’on fait de bons pasteurs! »
Eglise de Bordeaux, témoigne de l’Evangile qui te fait vivre
On ne peut témoigner en vérité de ce don de Dieu que si soi-même on en vit, que si on sent à travers nous que la puissance de Dieu est à l’œuvre, que son amour nous transforme, nous recrée, porte du fruit en nous. Je crois que nous ne pourrons relever les défis d’une annonce de l’Evangile dans les années qui viennent que si nous aidons vraiment à naître et à grandir des communautés chrétiennes vivantes et fraternelles. Des communautés vivantes qui s’enracinent dans la prière, qui se nourrissent davantage encore de la Parole de Dieu, qui redécouvrent l’importance de l’Eucharistie et soignent la beauté de la célébration liturgique. Des communautés fraternelles où se vit, dans le respect des vocations et des ministères de chacun, une véritable coresponsabilité dans la prise en charge de la vie ecclésiale. Au moment où le ministère des prêtres dans sa réalité la plus quotidienne est bouleversé, il est nécessaire d’ajuster les responsabilités respectives des prêtres, des diacres, des laïcs, des religieuses ou religieux engagés dans la pastorale. De plus, la force de notre témoignage dépendra aussi en grande partie de la qualité de notre communion, des liens de communication que nous pouvons nouer, à l’instar de la première communauté chrétienne. C’est une invitation qui est lancée à chaque communa
uté ecclésiale, à ne pas se replier sur elle-même mais à rester ouverte à une dimension plus large de l’Eglise. Notre Eglise diocésaine doit, elle aussi, rester en relation avec les autres Eglises, avec l’Eglise universelle dont la communion est servie par le ministère de Pierre, l’évêque de Rome, dont je salue, ce soir, respectueusement et fraternellement, son représentant en France, Mgr le Nonce apostolique. Seules des communautés vivantes et fraternelles pourront éveiller et soutenir ces vocations qui semblent en contradiction avec l’esprit du temps : l’engagement à vie dans le célibat pour le ministère presbytéral, l’engagement dans la vie consacrée ou la vie religieuse, l’engagement définitif dans le mariage chrétien.
Eglise de Bordeaux, témoigne auprès de tous
Cet Evangile, le Seigneur ne le réserve pas à quelques privilégiés. Le long des routes, sur les places publiques, en ville ou dans les bourgs, il l’offre à tous ceux qu’il croise. N’enfermons pas cette bonne nouvelle dans les murs de nos Eglises ou dans le cercle de nos relations familières. Offrons-la à tous. Offrons-la aux jeunes qui sont cette génération qui monte – et je souligne l’importance de la pastorale des jeunes- Offrons-la à tous ceux et celles que nous croisons, avec qui nous vivons dans notre vie de tous les jours, tout particulièrement à ceux que la Bible et la tradition de l’Eglise appelle les « pauvres ». En effet, ce qui me frappe dans l’Evangile, c’est que, si le Christ s’adresse à tous pour leur révéler l’amour du Père, il a une attention privilégiée pour ceux dont les difficultés de la vie semblent contredire un tel amour, ou tout au moins, brouillent sa perception. Je découvre de plus en plus dans ma propre vie que l’attention aux pauvres est un critère privilégié de notre fidélité à celui qui dit dans la synagogue de Nazareth, en reprenant un texte d’Isaïe : « L’Esprit du seigneur est sur moi parce qu’il m’a consacré par l’onction pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres. » (Lc 4, 18). Les pauvres aujourd’hui ont de multiples visages : pauvretés liées à la précarité sociale, au chômage, à l’immigration, à la spirale de l’exclusion, pauvretés de la maladie, des blessures affectives ou familiales, de la drogue, de la prostitution, pauvretés des prisonniers ou de tous ceux aussi qui sont enfermés dans un univers intérieur qui les fait souffrir et dont ils aspirent à être libérés. N’oublions pas que nous sommes les disciples et les témoins de celui qui est venu : « proclamer aux captifs la libération et aux aveugles le retour à la vue, renvoyer les opprimés en liberté, proclamer une année d’accueil par le Seigneur. » (Lc 4, 18-19).
Eglise de Bordeaux, cette mission peut te faire peur comme elle peut aussi impressionner en arrivant ton nouvel archevêque. Nous connaissons nos limites, nos faiblesses et nos fragilités. Et pourtant, le Seigneur nous dit : n’ayez pas peur. Je suis avec vous. C’est ma puissance qui se révèlera dans votre faiblesse. N’hésitez pas à prendre vos filets. Avancez en eau profonde. » Puissions-nous, ce soir, refaire nôtre, l’acte de foi de l’apôtre Pierre qui répondait justement au Seigneur : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais sur ta parole, je vais jeter les filets. » (Lc 5, 5). Alors, confiance et courage, Eglise de Bordeaux, va au large.