CITE DU VATICAN, Vendredi 15 février 2002 (ZENIT.org) – En ce début de Carême, l’Agence Fides publie une liste de 33 noms de prêtres et évêques de Chine enlevés par la police – sans aucune accusation, et qui ont disparu depuis lors – ou bien empêchés d’exercer leur ministère pastoral, en raison du contrôle de la police, ou de leur mise en résidence surveillée. Ils sont tous membres de l’Eglise clandestine et donc non reconnus officiellement par le gouvernement: ils ne rentrent pas dans les structures sous le contrôle de l’association Patriotique. Fides invite à prier pour eux tout particulièrement pendant le Carême.
D’après plusieurs observateurs contactés par Fides, toutes les personnes citées dans les listes suivantes ont été arrêtées parce qu’elles ne voulaient pas appartenir à l’Association Patriotique. La prison et des sessions continuelles de » rééducation » devraient les convaincre du contraire. Pour tous ; leur inscription dans l’Association Patriotique signifie accepter les principes qui gouvernent cette Association, dont l’adhésion à une Eglise indépendante et nationale. Pour ces personnes, le lien avec le Pape et avec l’Eglise universelle est un élément essentiel de la liberté religieuse.
En Chine, la liberté religieuse est garantie par la Constitution, du moins en théorie. Dans la pratique, et pour vivre, les communautés doivent se faire enregistrer officiellement et se soumettre aux contrôles sur le personnel, sur les activités, sur l’économie, selon des critères établis par des Règlements spéciaux. La Chine, même si elle a souscrit aux protocoles de l’ONU sur les droits civils et politiques, ne les a pas ratifiés dans son propre système de lois, en laissant la place aux abus et aux déséquilibres.
Les arrestations de catholiques et la » rééducation » sont fréquentes, même lorsque la Chine est entrée dans l’OMC, » pour prévenir des désordres sociaux « . A ce sujet, il faut dire que les membres des communautés catholiques souterraines (ou clandestines) – et parmi eux il y a des Evêques âgés de 70 à 80 ans – n’ont jamais été entachés par des violences ou des comportements antisociaux. Au contraire, dans de nombreuses régions de la Chine, ils donnent un grand témoignage de charité, notamment par des orphelinats, des écoles, des dispensaires.
Dans un discours donné au mois de décembre dernier, le Président Jiang Zemin a souligné la valeur sociale des religions (moralité, engagement pour le progrès de la société etc…). Mais il n’a fait aucune ouverture sur la valeur des religions en soi, et n’a pas enlevé la réserve sur la suprématie que le Parti doit avoir sur les religions. Et, même si ces deux dernières années il y a eu en Chine des voix pour l’instauration de rapports diplomatiques avec le Saint-Siège, les dirigeants n’ont jamais renoncé à l’idée que la liberté religieuse ne pouvait être qu’une semi-liberté contrôlée. Un document secret du Parti, en date du 16 août 1999, déclare : » dans la perspective de rapports diplomatiques possibles avec le Vatican, nous devons accroître le contrôle sur les communautés, et renforcer l’Association Patriotique « . Ce qui se passe pour l’Eglise souterraine en Chine reflète fidèlement les perspectives tracées dans ce document. Et pourtant, une pleine liberté religieuse est plus qu’utile à la modernisation de la société. Le Pape Jean Paul II a toujours parlé de la » liberté religieuse » comme du coeur de toute liberté. L’histoire elle-même démontre que, dans des Pays comme le Japon, Hongkong, la Corée du Sud, la liberté religieuse a influencé fortement la modernisation de la société et son développement.
La communauté internationale, et en particulier les Etats-Unis et l’Union Européenne, continue à regarder la Chine avec sympathie, en raison de son marché énorme et de son appui dans la lutte contre le terrorisme. Dans ce cadre, les droits de l’homme et les droits religieux deviennent la dernière des préoccupations. Bien plus, la guerre contre le terrorisme semble être l’occasion pour » nettoyer la maison » de tous les groupes qui sont hors de son contrôle (Ouïgours, Tibétains, Démocrates, Falun Gong, sectes protestantes, Catholiques souterrains). Mme Mary Robinson, Directrice de la Commission de l’ONU pour les Droits de l’Homme a déjà mis en garde le gouvernement chinois contre l’utilisation de la lutte contre le terrorisme comme moyen pour étouffer l’opposition intérieur non violente.
La liste suivant comprend 33 noms ; on ne connaît pas même le nom de 20 autres. Nous proposons que, durant le Carême, les communautés chrétiennes et les religieux et religieuses cloîtrés prient chaque jour pour la liberté religieuse de l’Eglise en Chine, pour que le Saint-Esprit ouvre le coeur des gouvernants chinois et leur permette de donner toute sa valeur à la liberté religieuse qui est un des éléments fondamentaux pour le développement humain et technique de ce grand Pays. Ceci doit être fait précisément dans l’esprit du Pape Jean Paul II dans son Message au peuple Chinois pour l’anniversaire de la Mission du Père Matthieu Ricci à Pékin : » L’Eglise Catholique a le vif désir d’offrir une fois encore, un service humble et désintéressé, pour le bien des Catholiques chinois et pour le bien de tous les habitants du Pays « .
Evêques arrêtés
Mgr Jacques Su Zhimin (Diocèse di Baoding , Hébéï) arrêté et disparu depuis 1996. Il a 70 ans.
Mgr François An Shuxin ( Diocèse di Baoding, Hébéï), arrêté et disparu depuis 1997. Il a 52 ans.
Mgr Li Hongye (Diocèse di Luoyang, Hénan); arrêté en 2001. Il a 81 ans.
Mgr Han Dingxian (Diocèse di Yongnian/Handan, Hébéï), arrêté en décembre 1999. Il a 64 ans. Dans le passé, il a été en prison pendant près de 20 ans.
Mgr Cosme Shi Enxiang (Diocèse di Yixian, Hébéï), arrêté il 13 avril 2001. Il a 81 ans. Mgr Shi a été consacré Evêque en 1982. Il a passé 30 ans en prison. Il fut arrêté la dernière fois en décembre 1990, puis relâché en 1993.
Evêques empêchés d’exercer leur ministère
Plusieurs Evêques non officiels sont arrêtés périodiquement, puis rendus à leur Eglise Ils restent sous une surveillance étroite et on les empêche d’exercer leur ministère. Ce sont :
Mgr Barthélémy Yu Chengti, 72 ans, Evêque di Hanzhong (Shaanxi), depuis décembre 2001 il est en résidence surveillée et ses prêtres ont l’interdiction de le rencontrer.
Mgr Joseph Fan Zhongliang (Diocèse de Shanghaï). Il a 83 ans.
Mgr Han Jingtao (Diocèse di Jilin). Il a 80 ans.
Mgr Jules Jia Zhiguo (Diocèse di Zhengding, Hébéï), 66 ans.
Mgr Jean Yang Shudao (Diocèse di Fuzhou, Fujian). Il a 82 ans. L’Archevêque Yang A passé 30 ans en prison. Il a été arrêté en 1955, parce qu’il avait refusé d’entrer dans l’Association Patriotique. Relâché après 26 ans, en 1981, il est arrêté à nouveau en 1988 pour une détention de 3 ans. Par la suite, il a été soumis régulièrement à des arrestations et à des contrôles.
Mgr Thomas Zeng Jingmu (Diocèse di Yujiang, Jiangxi), 81 ans.
Mgr Xie Shiguang (Diocèse di Mindong, Fujian), arrêté en octobre 1999. Il a 84 ans. Pour son arrestation, d’après la police, il avait été » invité à avoir une conversation » avec des représentants du gouvernement, et il avait été conduit dans une ville inconnue. Mgr Xie avait toujours refusé la demande du gouvernement d’enregistrer officiellement l’Eglise souterraine de Mindong. L’Evêque avait été remis rapidement en liberté, mais il était tenu sous contrôle.
Mgr Jacques Lin Xili (Diocèse di Wenzhou, Zhejiang), arrêté depuis septembre 1999 et libéré au début de 2002. Il a 82 ans.
Prêtres arrêtés
HÉBÉÏ
C’est la région qui compte la plus grande concentra
tion de catholiques (un million environ. L’Eglise clandestine y est très répandue. C’est pourquoi, elle est parmi les Eglises qui sont le plus la cible des contrôles exercés par la police.
L’Abbé Cui Xingang, détenu dans le Comté de Qingyuan.
L’abbé Guo Yibao, appelé à se présenter à la police de Xushui, il est dans la prison de Xushui depuis la fêtes de Pâques 2000,
L’Abbé Li Jianbo di Mancheng, arrêté le 19 avril 2001 dans la ville de (Mongolie Intérieure). Il a 35 ans.
L’Abbé Lu Genyou (o Genjun : il est le Vicaire général non officiel du Diocèse di Baoding). Arrêté peu de temps avant la fête de Pâques il 31 mars 2001. Il 13 avril 2001 le gouvernement de Baoding (Hébéï) l’a condamné à a 3 ans de travaux forcés » rééducation par le travail » dans la prison de Gaoyang. Le document de condamnation – dont une copie est parvenue à l’étranger – on explique les raisons de sa condamnation :
Il a reçu un enseignement théologique ;
Il a été ordonné prêtre sans la reconnaissance de l’Association Patriotique du Hébéï
Il a refusé de s’inscrire à l’Association Patriotique ;
Il a mené des actions d’évangélisation, il a célébré des messes et a prêché en dehors des endroits permis.
5. L’Abbé Wang Zhenhe, de Anjiazhuang, arrêté le 14 avril 1999. Détenu dans la prison de Xushui.
6. L’Abbé Yin Zhengjun, arrêté le 27 janvier 2001, dans le village de Beihezhuang (Comté de Qingyuan). En avril de la même année, il a été condamné à 3 ans de rééducation par les travaux forcés. Il se trouve dans la prison de Baoding.
7. L’Abbé Zhang Chunguang, arrêté à la veille de la fête de Pentecôte 2001, par la police du Comté de Chongli. Depuis lors, il est en prison à Xushui, avec L’Abbé Guo Yibao.
MONGOLIE INTERIEURE
Entre le 6 et le 13 janvier 2002, deux prêtres de l’Eglise souterraine ont été arrêtés :
L’Abbé Wang Zeyi, 31 ans;
L’Abbé Zhang Sulai, 50 ans
ZHEJIANG
Le 23 novembre 1999, l’Abbé Jiang Sunian a été arrêté et, depuis le 23 décembre de la même année, on ne sait pas où il est détenu. Avec l’abbé Jiang, le nombre des prêtres arrêtés par la police à Wenzhou s’élève à 6.
SHANDONG
L’Abbé Jean Gao Kexian, 74 ans, du Diocèse de Yantai a été enlevé depuis octobre. Le Diocèse de Yantai, a été confié aux Franciscains jusqu’en 1949, et comptait alors plus de 12.000 fidèles. Actuellement, ils sont plus de 30.000.
FUJIAN
L’Abbé Feng Yunxiang, arrêté le Vendredi Saint, 13 avril 2001 à Fuan.
Prêtres récemment libérés mais empêchés d’exercer leur ministère
HEBEÏ
L’Abbé Hu Tongxian: arrêté et frappé brutalement à Noël 1998. Condamné à 3 ans de rééducation par les travaux forcés, détenu à Gaoyang. A la fin de sa détention, le 14 avril 2001, il a été remis en liberté, mais il ne peut exercer aucun ministère pastoral.
L’Abbé Ji Zengwei, arrêté en 2000, dans le village de Beihezhuang (Comté de Qingyuan) pendant la cérémonie du Mercredi des Cendres. Mis en résidence forcée dans le Comté de Anxin. Le 5 février 2001, il a obtenu une liberté qui n’est pas complète : il passe des semaines en résidence surveillée et des semaines où il jouit de plus de liberté.
L’Abbé Xie Guolin de Xuguozhuang (Comté di Gaoyang). Arrêté chez lui le 4 novembre 1999. Détenu en résidence forcée dans la prison di Gaoyang. Libéré le 22 janvier 2001, parce qu’il était malade.
L’Abbé Zhang Weizhu (Diocèse de Xianxian, Hébéï). Il a 43 ans. C’est un pasteur très actif, et il a fondé deux Ordres religieux.
JIANGXI
Le 10 juillet 2001, la police chinoise a arrêté dans la région du Jiangxi, dans le sud-est de la Chine, 16 prêtres de l’Eglise catholique clandestine, qui est persécutée pour sa fidélité au Pape. En pleine nuit, les policiers ont enlevé chez lui l’Abbé Liao Haiqing, du Diocèse di Yujiang ; ils ont fait aussi irruption durant une réunion d’étude où se trouvaient 15 prêtres du même district, et ils les ont arrêtés. L’Abbé Liao Haiqing, 72 ans, a déjà passé 17an en prison dans les années 1950 et entre 1980 et 1990. L’Abbé Liao est arrêté de temps à autre, puis remis en liberté.
La plus grande partie des personnes arrêtées au mois de juillet 2001 a déjà sa feuille de libération. Mais l’Association Patriotique insiste pour chacun d’entre eux signe un document d’adhésion à l’Association Patriotique. Cette demande est rejetée par les jeunes prêtres qui restent ainsi en détention.
SHAANXI
Trois prêtres, L’Abbé Du Baozang, l’Abbé Zan Jianzhou, l’Abb Zan Shengrang (Diocèse de Hanzhong), ont été arrêtés le 2 novembre 2001 placés sous » rééducation « , pour les contraindre à s’inscrire à l’Association Patriotique. Les prêtres ont refusé. Libérés 7 décembre 2001, il leur a été interdit de rentrer dans leurs paroisses, et ont été mis en exil dans des régions éloignées de la province On leur a interdit de prendre contact avec leur Evêque, Mgr Barthélémy Yu Chengti.
(Mis à jour en date du 12/2/2002 – Sources : Agence Fides)