CITE DU VATICAN, Vendredi 8 février 2002 (ZENIT.org) – Les piliers de la paix sont la justice et le pardon, insiste Jean-Paul II qui recevait ce matin en audience le nouvel ambassadeur des Philippines près le Saint-Siège, M. Francisco Acevedo Alba, qui lui présentait ses lettres de créance.
Les Philippines est le seul pays d´Asie dont la population soit en majorité catholique (80 %) mais les îles du pays sont menacées par la montée de mouvements séparatistes musulmans qui procèdent à des enlèvements. Actuellement, le missionnaire italien Giuseppe Pietrantoni est aux mains du groupe Abu Sayyaf. On se souvient que le voyage de Jean-Paul II à Manille, à l´occasion des JMJ de 1995, a soulevé un grand enthousiasme: le pape a présidé la messe la plus « nombreuse » de l´histoire de l´Eglise, avec plus de 4 millions de fidèles présents.
« Laissez-moi répéter ici ce que j´ai proposé dans le message de cette année pour la Journée mondiale de la Paix. Les piliers de la paix dans votre pays, comme partout ailleurs, sont la Justice, et le pardon: la justice qui assure le plein respect des droits et des responsabilités, et une équitable distribution des bénéfices et des fardeaux; et le pardon qui guérit et reconstruit à la base les relations humaines troublées. Nous ne pouvons certainement pas penser que la justice et le pardon viendront comme le résultat de la violence et du conflit; ce sont des vertus morales qui engagent notre responsabilité personnelle et collective à choisir ce qui conduit au bien commun et évite tout ce qui nie ou pervertit la vérité de notre être ».
A propos du bien commun, le pape précise en effet: « Tous les hommes et toutes les femmes raisonnables reconnaissent le bien commun comme l´objectif de tout bon gouvernement. Mais ce bien est un bien humain, qui concerne le bien-être des gens de dans toute la complexité de leurs vies personnelles et interpersonnelles ».
A propos de la notion de progrès dans le cadre de la mondialisation, Jean-Paul II rappelle, en citant son document pour l´Eglise en Asie, la nécessité de « combiner le développement et la solidarité ». « Le vrai progrès, explique Jean-Paul II, ne peut que prendre en compte les besoins et les traditions culturels et spirituels des gens. Dans ce sens les politiques et les programmes marchent ou ratent dans la mesure où elles favorisent ou non le développement humain intégral. Ainsi, la globalisation croissante de l´économie qui nivelle la culture des différences n´est pas nécessairement et dans tous les cas une solution aux besoins réels. En fait, elle peut aggraver les déséquilibres déjà évidents dans les relations entre ceux qui bénéficient de la capacité croissance de ce monde à produire des richesses et ceux qui sont laissés en marge du progrès. Le grand défi moral qui se propose aux nations et à la communauté internationale est de combiner le développement et la solidarité – un authentique partage des bénéfices – de façon à surmonter à la fois le sous-développement qui déshumanise et le « sur-devéloppement » qui considère les gens comme de simples unités économiques dans un système de consommateurs (cf. Ecclesia in Asia, 32). Ainsi, le développement n´est jamais une simple question technique ou économique; c´est fondamentalement une question humaine et morale. Il requiert un sens moral élevé de la part de ceux qui servent le bien commun ».
Une visite qui survient au lendemain de l´accord atteint entre l´Eglise catholique et le gouvernement de la présidente Gloria Macapagal Arroyo pour promouvoir la méthode naturelle de planification des naissances « de façon à équilibrer, compléter et diversifier » les programmes actuels du gouvernement. Selon l´archevêque de Manille, le cardinal Jaime Sin, le programme conjoint deviendra un « modèle pour le monde entier ».