Ps 18: Invitation à découvrir la parole divine présente dans la création

Hymne au Dieu créateur

Share this Entry

CITE DU VATICAN, Mercredi 6 février 2002 (ZENIT.org) – L´Hymne au Dieu créateur , le Ps 18 a fait l´objet d´un commentaire liturgique et exégétique par Jean-Paul II le mercredi 30 janvier: voici la traduction du texte intégral en italien publié le 5 février par L´Osservatore Romano en français. Tout le psaume, explique le pape, est une « invitation à découvrir la parole divine présente dans la création ».

– Allocution de Jean-Paul II –

1. Le soleil, qui brille progressivement dans le ciel, la splendeur de sa lumière, la chaleur bénéfique de ses rayons, ont conquis l´humanité dès ses origines. Les êtres humains ont manifesté de nombreuses façons leur gratitude pour cette source de vie et de bien-être, avec un enthousiasme qui s´élève souvent jusqu´aux sommets de la véritable poésie. Le splendide Psaume 18, dont la première partie a été proclamée, n´est pas seulement une prière sous forme d´hymne d´une extraordinaire intensité; mais il est également un chant poétique élevé au soleil et à son rayonnement sur la face de la terre. En cela, le Psalmiste rejoint la longue série de poètes de l´antique Proche Orient, qui exaltent l´astre du jour qui brille dans les cieux et qui, dans leurs régions, fait longuement sentir sa chaleur ardente. Il suffit de penser au célèbre hymne d´Aton, composé par le pharaon Akhénaton au XIV siècle av. J.-C. et consacré au disque solaire considéré comme une divinité.

Mais pour l´homme de la Bible, il y a une différence radicale par rapport à ces hymnes solaires: le soleil n´est pas un dieu, mais une créature au service de l´unique Dieu et créateur. Il suffit de repenser aux paroles de la Genèse: « Dieu dit: « Qu´il y ait des luminaires au firmament du ciel pour séparer le jour et la nuit; qu´ils servent de signes, tant pour les fêtes que pour les jours et les années… Dieu fit les deux luminaires majeurs: le grand luminaire comme puissance du jour et le petit luminaire comme puissance de la nuit… et Dieu vit que cela était bon » (Gn 1, 14.16.18).

2. Avant de parcourir les versets du Psaume choisis par la Liturgie, regardons-le dans son ensemble. Le Psaume 18 est semblable à un dyptique. Dans la première partie (vv. 2-7) – celle qui est à présent devenue notre prière – nous trouvons une hymne au Créateur, dont la grandeur mystérieuse se manifeste dans le soleil et dans la lune. Dans la deuxième partie du Psaume (vv. 8-15), nous rencontrons en revanche une hymne sapientielle à la Torah, c´est-à-dire à la Loi de Dieu.

Les deux parties sont traversées par un fil conducteur commun: Dieu éclaire l´univers par la luminosité du soleil et il illumine l´humanité par la splendeur de sa Parole contenue dans la Révélation biblique. Il s´agit presque d´un double soleil: le premier est une épiphanie cosmique du Créateur, le deuxième est une manifestation historique et gratuite de Dieu Sauveur. Ce n´est pas pour rien que la Torah, la Parole divine, est décrite avec des caractéristiques « solaires »: « Le commandement de Yahvé est limpide, lumière des yeux » (v. 9).

3. Mais tournons-nous à présent vers la première partie du Psaume. Celle-ci s´ouvre par une admirable personnification des cieux, qui apparaissent à l´Auteur saint comme des témoins éloquents de l´oeuvre créatrice de Dieu (vv. 2-5). En effet, ils « racontent », « annoncent », les merveilles de l´oeuvre divine (cf. v. 2). Le jour et la nuit sont eux aussi représentés comme des messagers qui transmettent la grande nouvelle de la création. Il s´agit d´un témoignage silencieux, qui se fait toutefois entendre avec force, comme une voix qui parcourt tout le cosmos.

En utilisant le regard intérieur de l´âme, lorsque l´intuition religieuse n´est pas distraite par la superficialité, l´homme et la femme peuvent découvrir que le monde n´est pas muet, mais parle du Créateur. Comme le dit l´ancien sage, « la grandeur et la beauté des créatures font, par analogie, contempler leur Auteur » (Sg 13, 5). Saint Paul rappelle lui aussi aux Romains que « ce qu´il [Dieu] a d´invisible depuis la création du monde se laisse voir à l´intelligence à travers ses oeuvres » (Rm 1, 20).

4. L´hymne laisse ensuite la place au soleil. Le globe lumineux est dépeint par le poète inspiré comme un héros guerrier qui sort de la chambre nuptiale où il a passé la nuit, c´est-à-dire qu´il sort du sein des ténèbres et qu´il commence sa course inlassable dans le ciel (vv. 6-7). Il est semblable à un athlète qui ne s´arrête pas et qui ne connaît pas la fatigue, alors que toute notre planète est enveloppée par sa chaleur irrésistible.

Le soleil est donc comparé à un époux, à un héros, à un champion qui, par ordre divin, doit accomplir chaque jour un travail, une conquête et une course dans les espaces intersidéraux. Le Psalmiste indique à présent le soleil flamboyant en plein ciel, alors que toute la terre est enveloppée de sa chaleur, l´air est immobile, aucun lieu de l´horizon ne peut échapper à sa lumière.

5. L´image solaire du Psaume est reprise par la liturgie pascale chrétienne pour décrire l´exode triomphant du Christ des ténèbres du sépulcre et son entrée dans la plénitude de la vie nouvelle de la résurrection. La liturgie byzantine chante dans les Matines du Samedi saint: « Comme le soleil se lève après la nuit tout radieux dans sa luminosité retrouvée, Toi aussi, ô Verbe, tu resplendiras d´une nouvelle clarté quand, après la mort, tu quitteras ton lit nuptial ». Une Ode (la première) des Matines de Pâques relie la révélation cosmique avec l´événement pascal du Christ: « Que le Ciel se réjouisse et que la terre exulte aussi avec lui, car l´univers tout entier, visible et invisible, prend part à cette fête: le Christ notre joie éternelle est ressuscité ». Une autre Ode (la troisième) ajoute: « Aujourd´hui l´univers tout entier, ciel, terre et abîme, est comblé de lumière et toute la création chante désormais la résurrection du Christ notre force et notre allégresse ». Une autre (la quatrième), conclut enfin: « Le Christ notre Pâques s´est levé de la tombe comme un soleil de justice en faisant rayonner sur nous tous la splendeur de sa charité ».

La liturgie romaine n´est pas explicite comme la liturgie orientale en comparant le Christ au soleil. Toutefois, elle décrit les répercussions cosmiques de sa résurrection, lorqu´elle ouvre son chant de Laudes au matin de Pâques avec son hymne célèbre: « Aurora lucis rutilat, caelum resultat laudibus, mundus exultans iubilat, gemens infernus ululat » – « L´aurore éblouit de lumière, le ciel exulte de chants, le monde se réjouit en dansant, l´enfer gémit dans les hurlements ».

6. L´interprétation chrétienne du Psaume n´efface cependant pas son message de base, qui est une invitation à découvrir la parole divine présente dans la création. Certes, comme on le dira dans la deuxième partie du Psaume, il existe une autre Parole plus élevée, plus précieuse que la lumière elle-même, celle de la Révélation biblique.

Toutefois, pour ceux qui ont des oreilles attentives et dont les yeux ne sont pas voilés, la création constitue comme une première révélation, qui possède un langage éloquent: elle est comme un autre livre sacré dont les lettres sont constituées par la multitude de créatures présentes dans l´univers. Saint Jean Chrysostome affirme: « Le silence des cieux est une voix plus retentissante que celle d´une trompette: cette voix crie à nos yeux et non à nos oreilles la grandeur de celui qui les a faits » (PG 49, 105). Et saint Athanase affirme: « Le firmament, à travers sa magnificence, sa beauté, son ordre, est un prédicateur prestigieux de Celui qui l´a fait, et dont l´éloquence remplit l´univers » (PG 27, 124).

© L´Osservatore Romano

Share this Entry

ZENIT Staff

FAIRE UN DON

Si cet article vous a plu, vous pouvez soutenir ZENIT grâce à un don ponctuel