Pour promouvoir la paix, la nécessité d´être à la fois "enracinés" et "ouverts"

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Entretien avec Jean Vanier

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CITE DU VATICAN, Mercredi 6 février 2002 (ZENIT.org) – Jean Vanier, fondateur de l´Arche et de « Foi et lumière », a participé, le 5 février, à la présentation du message du pape Jean-Paul II pour le carême 2002: « Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement ». Nous avons recueilli quelques propos de Jean Vanier sur des sujets d´actualité: Porto Alegre, l´arrêt Perruche, Jean-Paul II. Pour promouvoir la paix, Jean Vanier insiste sur la nécessité d´être à la fois « enracinés » dans une foi, une culture, et « ouverts » à d´autres fois, à d´autres cultures.

– Le rassemblement de Porto Alegre cherche une autre façon de vivre la mondialisation, quel regard portez-vous sur cette manifestation?

– Notre façon de faire est de vivre avec les gens. D´autres luttent au niveau des structures. Il n´y a pas de doute que la mondialisation est une nouvelle forme de la colonisation par l´argent. Les Américains n´ont pas encore vu ce danger. Beaucoup de jeunes sont en colère. Ils voient la corruption, l´hypocrisie, la lutte pour le pouvoir, sans sens de la justice ni de la vérité. C´est ce qu´il y a de beau à Porto Alegre. Les jeunes sont beaux. Mais ils vont au chaos. Il sont blessés par l´hypocrisie de la société. Ils voient le mal au niveau structurel. Mais il y a eu autrefois aux Etats-Unis des mouvements pour la paix: ils se combattaient! Pour désarmer l´agressivité, il faut l´accueil de la différence, pour pouvoir donner des réponses réalistes. Nous devons nous rassembler et travailler ensemble aux droits de l´être humain. Ce sont les droits de l´homme qu´il faut promouvoir, pas le « consensus ». Il faut affirmer que chaque personne est un trésor, quel que soit son handicap, alors que nous voulons éliminer les faibles… Or, nous sommes de plus en plus gouvernés par la publicité. Le grand danger c´est de créer une culture du désir. Or si nous voulons la paix, il faut le dialogue, la compréhension. L´une des difficultés nées de la chute du communisme, c´est que l´on veut désigner l´Islam comme le danger. Nous avons quelque chose à découvrir sur notre propre humanité: que signifie être un être humain? Et cela se fera en redécouvrant le sens de l´appartenance. Car nous avons besoin d´être à la fois enracinés et ouverts. Enracinés dans une culture, une foi, l´amour, la sagesse, mais en même temps ouverts à ceux qui ont d´autres cultures, d´autres fois. Enracinés et ouverts. C´est ce que nous a montré la Journée de prière du 24 janvier à Assise.

– Comment percevez-vous le débat suscité en France autour de l´arrêt Perruche?

– C´est très complexe. Ce qui est sûr, c´est que la décision de la Cour de Cassation a été motivée par la pitié et par la compassion pour la mère de l´enfant. Dans ce sens, ce n´est pas une décision prise de « l´intérieur du droit ». Parce que si c´est un préjudice de vivre, alors, mourir, c´est quoi? Le but des parents, c´était d´assurer à leur enfant une rente à vie. C´est cela qui a touché les juges. Mais la décision a produit quelque chose au niveau du droit qui n´est pas du droit. Au lieu de pouvoir en appeler à la solidarité nationale. Comment sortir de cette confusion? Il y a eu une perversion du droit par désir de compassion. On a déplacé le problème qui est un problème de solidarité nationale.

– Est-ce que vous pensez que le pape Jean-Paul II, maintenant qu´il est âgé et porte le poids des souffrances physiques, dit quelque chose de nouveau au monde?

– Il n´a jamais été aussi beau. C´est une bénédiction d´avoir quelqu´un de fragile. Lors de son voyage en Israël certains ont dit avoir été frappés par sa paix incroyable. Par le fait qu´il n´est pas venu en triomphant, apportant de fortes solutions, mais en homme de foi qui assumait sa fragilité. Le Saint-Père est un signe incroyable pour notre monde. Il a un coeur incroyable. Celui des enfants. Un message incroyable nous est donné à travers lui: « Ma grâce te suffit ».

– Selon vous, quelle est la parole de Jean-Paul II dont le monde a le plus besoin actuellement?

– « N´ayez pas peur! » Parce que beaucoup de gens ont peur, ont peur d´être eux-mêmes. Ils ont du mal à trouver la confiance en soi, à croire que Dieu existe en nous et que nous avons un accès direct à Dieu. Aujourd´hui, beaucoup de choses étouffent la créativité, l´initiative, par exemple la télévision. Le plus grand danger de la télévision, ce n´est pas la violence mais la grande passivité qu´elle produit. Elle prend toute la personne, étouffe la conscience, la personnalité, l´initiative, la créativité. La société cherche à étouffer l´initiative et la créativité des gens.

De Jean-Paul II, il faut aussi retenir son travail oecuménique et interreligieux, en particulier avec les Juifs et avec les Musulmans. A Casablanca, il a eu le courage de dire aux jeunes musulmans « Soyez fidèles »! Il est super…

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ZENIT Staff

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