CITE DU VATICAN, Vendredi 21 décembre 2001 () – Le pape Jean-Paul II exprime le vœu de pouvoir rendre visite au « au cher peuple bulgare », dans le cadre de ce que le pape appelle son « pèlerinage… en faveur de la paix et du dialogue entre tous ». Jean-Paul II exprimait aussi ses vœux pour la « liberté de culte » des catholiques bulgares.
Jean-Paul II a en effet reçu ce matin au Vatican le nouvel ambassadeur de Bulgarie près le Saint-Siège, qui lui présentait ses lettres de créance. Le nouvel ambassadeur, M. Vladimir Nikolaev Gradev, était encore récemment secrétaire de la conférence des évêques catholiques de Bulgarie. Le texte intégral se trouve ci-dessous (« documents »), dans l´original en français.
Le pape évoquait le pèlerinage bulgare annuel au tombeau de saint Cyrille, qui se trouve en la basilique romaine Saint-Clément. « Chaque année au mois de mai, rappelait le pape, une délégation de votre pays rend visite à l’Évêque de Rome, à l’occasion de la fête des saints Cyrille et Méthode, exprimant ainsi son attachement à ces deux hautes figures spirituelles mais aussi son désir de développer, à leur exemple, des liens de fraternité et de paix ».
A son tour, le pape exprimait le vœu de pouvoir se rendre en Bulgarie, en pèlerin de paix et de dialogue, dans un pays en majorité orthodoxe et sorti il y a dix ans de l´oppression communiste. « Je souhaite vivement pouvoir à mon tour rendre cette visite au cher peuple bulgare, en venant prochainement dans votre pays, afin d’y rencontrer les Autorités civiles, de m’entretenir avec les responsables religieux, notamment ceux de l’Église catholique et ceux de l’Église orthodoxe, et d’y exprimer aux fidèles catholiques ma sollicitude pastorale. Je continuerai ainsi, après mon pèlerinage aux sources de la foi, mon pèlerinage aux origines des communautés chrétiennes et en faveur de la paix et du dialogue entre tous ».
Le pape rappelait le rôle des deux frères apôtres des slaves et patrons de l´Europe: « Comme vous l’avez fait remarquer, même si les relations diplomatiques entre la Bulgarie et le Saint-Siège ont été récemment réinstaurées, en revanche les liens entre l’Église catholique et le peuple bulgare remontent au premier millénaire de notre ère, à l’époque de la conversion de l’Europe orientale à la foi chrétienne, sous l’impulsion décisive des deux frères Cyrille et Méthode. En traduisant la Bible dans la langue locale, en adaptant la liturgie byzantine et le droit, ils ont vraiment semé la Bonne Nouvelle dans la terre slave et ils ont fait naître une culture originale nourrie de la tradition chrétienne, qui est reconnue aujourd’hui par tous les peuples slaves comme une matrice de leur identité. À une époque où l’Europe connaissait de profondes divisions, dues aux rivalités politiques des deux empires byzantin et carolingien, et où l’Église elle-même connaissait la désunion, ils ont travaillé en ardents serviteurs de l’unité dans l’Église mais aussi en faveur de l’Europe dont ils sont devenus, avec saint Benoît, les patrons célestes ».
Jean-Paul II soulignait, à l´exemple des deux saints frères, le rôle de la Bulgarie dans l´Europe qui se construit: « Leur exemple nous indique la route à suivre aujourd’hui, celle du dialogue entre les cultures et entre les peuples, qui s’attache à respecter chacun dans son identité et ses richesses propres, mais aussi à l’ouvrir, au-delà de tout nationalisme étroit, à la connaissance et à la reconnaissance de l’autre. C’est là un chemin de paix exemplaire, qui impose de renoncer aux moyens de puissance et à toute volonté de domination, pour travailler ensemble au bien commun. C’est aussi un chemin de vérité, qui demande souvent de reconnaître les fautes commises dans le passé les uns contre les autres. C’est encore un chemin de justice, qui demande de réparer les torts et les dommages faits à autrui et de veiller au respect des droits et des devoirs de chacun ».
Le pape disait l´importance, dans ce sens, de la prochaine rencontre d´Assise: « Le monde d’aujourd’hui, tenté de nouveau par les affrontements et par la violence aveugle du terrorisme, a grand besoin d’entendre la voix d’hommes de dialogue et d’artisans de paix, et je souhaite ardemment que ce soit le cas le 24 janvier prochain, quand se réuniront à Assise, pour une journée de prière en faveur de la paix, les responsables religieux du monde entier. Je me réjouis également de savoir que votre nation, dont la situation originale de pont entre l’Europe orientale et l’Europe du sud l’établit en quelque sorte comme une terre de rencontre et de tolérance, se fait un devoir de travailler, dans le concert des nations et particulièrement sur le continent européen, en faveur de la paix et de la coopération entre les peuples ».
Enfin, le pape évoquait aussi deux grandes figures de l´Eglise catholique en Bulgarie, le nonce Roncalli (1881-1963), futur Jean XXIII, et le bienheureux évêque passionniste, victime des geôles staliniennes, Eugène Bossilkov (1900-1952). « Vous avez souhaité, Monsieur l’Ambassadeur, rendre hommage à l’action apostolique de deux apôtres du siècle dernier : Monseigneur Angelo Roncalli, qui fut Visiteur apostolique puis Délégué apostolique à Sofia pendant de longues années avant de devenir mon vénéré prédécesseur le bienheureux Pape Jean XXIII, et Monseigneur Eugène Bossilkov, évêque et martyr de la foi, lui aussi bienheureux. Je vous en remercie vivement. En eux, votre nation reconnaît de vrais serviteurs de l’Évangile pour le peuple bulgare, et vous honorez l’action de l’Église dans deux dimensions essentielles de sa mission, à savoir l’exercice de la charité et la défense de la liberté religieuse. Permettez-moi de vous assurer de la volonté ferme et constante de l’Église catholique de toujours travailler, à l’exemple de ces deux témoins, pour le bien des peuples, en leur communiquant son unique richesse, celle de la Parole de Dieu qui veut féconder et nourrir les cultures ».
Jean-Paul II insistait sur l´importance de la liberté religieuse de l´Eglise catholique en Bulgarie ne disant: « Je souhaite que la nouvelle loi sur la liberté religieuse permette à l’Église catholique, tout comme aux autres religions reconnues, d’exercer librement et sans restrictions sa mission spirituelle dans votre pays, selon des droits et des devoirs garantis par la loi. Dans cet esprit, j’espère que les différents services administratifs concernés continueront à favoriser toutes les démarches permettant aux fidèles de bénéficier des moyens nécessaires à l’exercice de la liberté de culte ».