CITE DU VATICAN, Jeudi 6 décembre 2001 (ZENIT.org) – Chaque foyer de conflit réclame des « solutions négociées », réaffirme le pape qui prend position sur des sujets d´actualité, du terrorisme à la monnaie unique, des jeunes au rôle de l´Eglise, devant dix ambassadeurs venant de trois continents.
Jean-Paul II a adressé un message commun, en plus des messages pour chaque Nation, aux dix nouveaux ambassadeurs près le Saint-Siège qui ont présenté leurs lettres de créance ce matin, en la Salle Clémentine du Vatican. Ce sont les ambassadeurs du Bangladesh, de Djibouti, de Finlande, d´Erythrée, de Géorgie, du Lesotho, du Rwanda, de l´Ile Maurice, et du Mali.
Afrique, Asie, Europe, ces trois continents étaient présents dans les préoccupations du pape, et en particulier l´engagement spirituel et missionnaire de l´Eglise dans les différents contextes nationaux, et dans le contexte international inauguré le 11 septembre dernier.
« Nous vivons aujourd´hui dans un monde marqué par la peur », constate Jean-Paul II. Une peur qui touche en particulier les plus jeunes, préoccupés par les drames que le monde des adultes leur présente. En dépit des difficultés, chaque foyer de tension, affirme le pape, réclame des « solutions négociées ».
Le pape exprimait sa conviction que la plus grande partie des violence qui assaillent le monde ont leur cause première dans l´injustice, la pauvreté et l´ignorance.
Pour ce qui concerne l´Europe, le pape recevait aussi le nouveau représentant de la Suisse près le Saint-Siège et le nouvel ambassadeur de Finlande, qui fête aujourd´hui ses 84 ans d´indépendance de la Russie.
Le pape évoquait la contribution du gouvernement d´Helsinki aux efforts d´intégration européenne et en particulier à la veille de l´introduction de la monnaie unique (cf. Discours ci-dessous).
Le pape voit dans la construction de l´Union européenne un exemple utile pour de nombreux pays du monde encore encore affligés par des conflits. « Le projet européen, rappelle le pape, n’est pas né par hasard. Il a une histoire et une âme, forgées par des siècles de tradition culturelle, morale et religieuse, où la foi chrétienne tient une place importante que nul ne peut nier. Et si, aujourd’hui, les États européens vivent selon le principe de la légitime autonomie des réalités terrestres, ils ne peuvent ni ne doivent oublier la tradition qui les soutient. L’homme européen a le goût de la liberté et le sens de la personne, il connaît les droits de l’homme et la dignité fondamentale de chacun, il aspire à la paix. Tout cela, il le doit en grande partie à cette riche histoire. L’Europe est appelée à maintenir vivant cet héritage, en donnant une nouvelle vigueur aux institutions qui sont à la base de sa vie sociale, comme le mariage et la famille. Elle ne peut non plus proclamer les droits imprescriptibles de la personne et, en même temps, laisser attenter à l’existence humaine, que ce soit à ses débuts ou à sa fin, ou à travers des manipulations qui sont contraires au respect dû à tout être humain. Puisse-t-elle au contraire promouvoir en tous domaines une véritable culture de la vie ! »
Pour ce qui concerne l´Erythrée, qui a retrouvé en l´an 2000 une certaine stabilité, après le conflit sanglant avec l´Ethiopie, le pape rappelle que les pays en voie de développement « ne peuvent pas être simplement considérés comme des sources de matières premières », mais qu´ils constituent « d´authentiques partenaires dans la construction d´un ordre international plus juste ».
Au Rwanda, marqué par le génocide, le pape souhaitait que le pays puisse « sortir du cauchemar du passé », grâce à une oeuvre de reconstruction qui soit secondée aussi de l´extérieur. Le pape recommandait de préserver les jeunes de l´analphabétisme, de la paresse, des drogues et de leur enseigner le respect de tout être humain, au-delà de l´ethnie de l´option idéologique.
Pour ce qui est de l´Ile Maurice, qui fête le dixième anniversaire de son indépendance, le pape soulignait la richesse du pluralisme ethnique, religieuse et culturelle de l´archipel. Il recommandait que les religions soient unies et refusent d´être manipulées en vue de fomenter des divisions.
Le Lesotho, soulignait le pape, a besoin des initiatives internationales pour soutenir les familles, et promouvoir l´éducation des jeunes, première espérance du continent africain.
Le Mali, rappelait le pape, a accueilli en l´an 2000 la rencontre de l´Organisation pour l´Unité africaine (OUA) qui a débouché sur l´engagement des participants à réduire les armes légères. Du point de vue interne, le pape soulignait l´importance de « l´Etat de droit »: « Alors que votre pays s’est résolument engagé dans le processus d’édification d’une société démocratique, je forme le vœu que l’établissement et l’organisation d’un état de droit permette à chacun de jouir de ses prérogatives de citoyen, librement et dans le respect d’un pluralisme légitime, tout en concourant au bien commun, ce qui suppose en particulier le respect des valeurs et des traditions religieuses propres à chacun, respect qui contribue à l’unité nationale et au maintien de la paix et de la concorde entre tous les membres de la société ».
Pour ce qui est de la petite République de Djibouti, « terre d´échanges et de rencontres », le pape recommandait la contribution de sa diplomatie pour la solution de la guerre civile chez son voisin la Somalie.
Dans son discours à l´ambassadeur du Bangladesh, le pape insistait sur l´importance du « dialogue » entre chrétiens et musulmans, un dialogue fait non seulement de « paroles » mais aussi de « services ». Le pape rappelait la valeur de la personne humaine, créée à l´image de Dieu et la valeur sacrée et inviolable de la vie humaine.
Le pape a évoqué sa visite de 1999 dans l´ex-République soviétique de Géorgie, pays en majorité orthodoxe. Le pape rappelait le point de vue du Saint-Siège sur les réalités internationales, fondée sur une vision globale de la personne humaine et de sa dignité, naguère piétinées par les « mensonges destructeurs » des totalitarismes du XXe siècle, et aujourd´hui menacées par de nouvelles formes de matérialisme non moins dangereuses.
Pour répondre à ce nouveau défi, le pape encourage la Géorgie à puiser dans les ressources de sa foi profonde vécue clandestinement pendant les longues années de l´oppression communiste.