CITE DU VATICAN, Mercredi 5 décembre 2001 (ZENIT.org) – « Promouvoir la confiance des citoyens dans l’avenir de l’Europe », c´est ce que recommandent les évêques européens à la veille du Conseil européen de Laeken, en Belgique, indique un communiqué de la Commission des Episcopats de la Communauté européenne (COMECE).
La COMECE est présidée par Mgr Josef Homeyer, évêque de Hildesheim (Allemagne). Les vice-présidents de la COMECE sont Mgr Adrianus van Luyn, évêque de Rotterdam (Pays-Bas) et Mgr Attilio Nicora, de la Conférence épiscopale italienne. Le sommet de Laeken est prévu les 14 et 15 décembre 2001.
« Nous encourageons tous les citoyens à s’intéresser au travail de la Convention. Nous encourageons particulièrement, les Conférences épiscopales et les organisations catholiques locales à promouvoir la réflexion et le débat sur l’avenir de l’Union européenne, et les membres de la communauté catholique à trouver des moyens pour être impliqués dans le travail de la Convention. Saisissons cette opportunité unique de contribuer à façonner notre avenir commun », insistent les évêques.
Ce défi touche « chacun de nous », déclarent les évêques: « L’intégration européenne nous touche et nous défie tous, et l’avenir de l’Union européenne devrait concerner chaque acteur de la société européenne. En tant que Commission des Episcopats de la Communauté européenne, nous avons invité toutes les Conférences épiscopales des Etats membres et des pays candidats à réfléchir sur l’avenir de l’Union européenne et si possible à entamer un dialogue avec leurs gouvernements nationaux respectifs. Cette déclaration reflète leurs discussions et échanges. La COMECE continuera à suivre de très près le processus de réforme de l’Union européenne dès maintenant et jusqu’en 2004, et le cas échéant, contribuera au travail de la Convention sur des questions spécifiques ».
Les évêques rappellent les étapes passées de la construction européenne: « Au cours des 50 dernières années, l’Union européenne a évolué : elle est passée d’une communauté du charbon et de l’acier au marché commun ; du marché commun au marché unique (qui sera complétée, sous peu, avec l’étape finale de l’introduction d’une monnaie unique) et du marché unique à l’Union dans laquelle nous vivons aujourd’hui, et qui possède des responsabilités dans des domaines allant de la justice et des affaires intérieures à la politique étrangère et de sécurité, en passant par la politique sociale, la recherche, l’éducation et les médias. Pour chaque étape de cette évolution, une réforme des Traités fondateurs de l’UE a été nécessaire. Cette réforme s’est faite au moyen d’une Conférence inter-gouvernementale ».
Pour l´avenir, les évêques expliquent: « Lorsque les chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne se rencontreront à Laeken, près de Bruxelles, les 14-15 décembre 2001, ils feront une déclaration dans laquelle ils établiront l’agenda et le programme du processus qui aboutira à la prochaine Conférence inter-gouvernementale en 2004 ».
Les évêques soulignent les enjeux du prochain sommet: « La Déclaration de Laeken, ajoutent les évêques, sera le point de départ d’un processus qui devrait apporter des réponses, d’ici 2004, à un certain nombre de questions fondamentales :
— Que devrait faire l’Union européenne ?
— Comment devrait-elle être organisée pour remplir son rôle de la manière la plus efficace et la plus responsable?
— Quels sont les principes et les valeurs sur lesquels l’Union devrait être fondée ? «
Ils précisent: « Nos chefs d’Etat et de gouvernements devraient établir une Convention, constituée de délégués des parlements européen et nationaux, de la Commission européenne et des gouvernements des Etats membres et des pays candidats à l’adhésion, pour émettre des propositions pour la réforme fondamentale de l’UE ».
C´est dans ce contexte que les évêques rappellent ´la valeur et les valeurs de l’UE ». « L’intégration européenne, rappellent-ils, est plus qu’une simple option économique et politique ; elle est synonyme de paix durable – à la fois de paix intérieure résultant des nouvelles formes de coopération politique et sociale, et de paix extérieure grâce à la contribution de l’UE en matière de développement mondial et de résolution de conflits. Les événements dramatiques récents ont montré l’importance d’une Europe unie, capable de parler d’une seule voix sur la scène mondiale et de contribuer au bien commun mondial en s’inspirant de son expérience en matière de résolution de problèmes par le dialogue, la coopération, la solidarité et la promotion des droits de l’homme, plutôt que par l’usage de la force ».
Les évêques soulignent le rôle de l´Eglise dans ce processus de construction, et en particulier des principes de son enseignement social: « L’Eglise catholique a accompagné et soutenu le processus d’intégration européenne depuis le commencement, car l’objectif de l’Union européenne « est, en premier lieu, de servir le bien commun de tous afin de garantir la justice et l’harmonie », selon les paroles prononcées par le pape Jean-Paul II. Les valeurs et les principes qui ont guidé le processus d’intégration, telles que la dignité de la personne humaine, la solidarité et la subsidiarité, sont reconnues et encouragées par l’enseignement social de l’Eglise ».
Pourtant, l´Europe est encore « incomprise », constate les évêques, qui voient un remède dans l´adoption de la « convention ». » L’établissement d’une Convention offre une possibilité unique de « rapprocher l’Europe de ses citoyens » en les impliquant plus directement dans l’élaboration de son avenir, estiment les évêques catholiques. Si les citoyens de l’UE doivent sentir que leurs intérêts sont en jeu, ils doivent avoir confiance : confiance dans les valeurs et les objectifs de l’intégration européenne, confiance dans les procédures des institutions européennes, ainsi que dans les personnes responsables de l’exécution de ces objectifs. Le travail de la Convention devra donc être guidé par les mêmes principes que ceux qui guident le processus d’intégration européenne: la centralité de la personne humaine, la solidarité, la subsidiarité et la transparence ».
A propos de la solidarité, les évêques soulignent la perspective de l´élargissement futur de l´Union: « L’avenir de l’Union européenne sera un jour partagé par tous les peuples d’Europe. Il est donc essentiel que nous exprimions notre solidarité envers ces Etats qui sont actuellement en pleine négociation pour devenir membres de l’Union européenne, en les invitant à participer au travail de la Convention ».
Pour ce qui est de la subsidiarité: « Respecter le principe de subsidiarité est une condition préalable à la participation effective des citoyens européens dans le processus démocratique européen, car il assure l’équilibre et la cohérence entre les institutions européennes, qui promeuvent le bien commun européen, et les gouvernements nationaux et locaux. C’est pour cette raison que la participation des parlementaires nationaux dans la Convention est très importante ; et leur participation pourrait être renforcée en engageant, par exemple, les Assemblées régionales et les auditions publiques locales au cours du processus de consultation. Pour réussir, la Convention doit engager les citoyens de l’Union européenne au niveau local ».
A propos de l´exigence de transparence, les évêques observent: « Les divers groupes, institutions et organisations appartenant à la société civile peuvent également contribuer en offrant leurs analyses particulières des défis auxquels l’Union doit faire face, en donnant la parole à des secteu
rs de la société qui ne sont, sans cela, pas représentés dans la Convention et en favorisant un débat public plus large. Afin de tirer le maximum de profit de cette contribution, le rôle de la société civile dans le travail de la Convention – et les critères pour l’inclusion d’organisations – doit être clairement défini ».
Les évêques soulignent l´importance contribution des communautés chrétiennes car elles « représentent et sauvegardent des aspects fondamentaux de la fondation spirituelle et religieuse de l’Europe ». « Elles s’engagent aussi, précisent les évêques, à servir la société – entre autre dans les domaines de l’éducation, la culture et le travail social – et elles jouent un rôle important dans la promotion du respect mutuel, de la participation, de la citoyenneté, du dialogue et de la réconciliation entre les peuples d’Europe. Le futur élargissement de l’Union européenne, à travers lequel l’Est et l’Ouest de l’Europe seront réunis, donne à ce rôle une dimension encore plus cruciale ».
Les évêques insistent sur « l´autonomie et la transparence » du travail. « Le défi – comme pour la réforme de l’UE – n’est pas simplement de rendre ce processus démocratiquement responsable, mais de le rendre visiblement démocratique ».