ROME, Mardi 16 octobre 2001 (ZENIT.org) – Les données biographiques de 2.000 catholiques morts en Chine au cours du XXe siècle en témoins de la foi ont été transmises au Saint-Siège via l’Eglise catholique de Taiwan, indique la revue des Missions étrangères de Paris, « Eglises d´Asie » (EDA), dans son édition du 16 octobre 2001 (cf. eglasie.org).
EDA rappelle que les 120 martyrs de Chine canonisés le 1er octobre 2000 à Rome ont vécu entre le XVIIe et le XXe siècles. Ils ont été béatifiés entre 1900 et 1946. Ils ne peuvent pas être – à l’exception de trois d’entre eux – considérés comme des victimes des communistes chinois (EDA a publié des dossiers sur ce sujet).
Or, en réponse à l’appel du pape Jean-Paul II lancé lors du Jubilé de l’an 2000 pour honorer les « nouveaux martyrs », les données biographiques de 2.000 catholiques morts pour leur foi en Chine au cours du siècle dernier ont été récemment envoyées au Saint-Siège, indique EDA. Ces informations ont été transmises à Rome par la « Commission pour la canonisation des saints et martyrs de Chine », commission rattachée à la Conférence des évêques catholiques de Taiwan et présidée par Mgr Joseph Wang Yu-jung, évêque de Taichung (Taiwan). Selon Mgr Wang, des catholiques de Taiwan et de Chine populaire ainsi que des membres de différentes congrégations religieuses se sont chargés du travail de compilation et de vérification des informations au sujet des Chinois et des missionnaires étrangers, clergé et laïcs confondus, morts en « martyrs » tout au long du XXe siècle.
La liste envoyée au Saint-Siège comprend, entre autres, les noms et les biographies de plusieurs centaines de catholiques de Shanghai, prêtres, religieuses, séminaristes et laïcs confondus. Arrêtés le 8 septembre 1955 dans cette ville en même temps que leur évêque, Mgr Gong Pinmei, une quarantaine de prêtres, plusieurs dizaines de religieuses et un millier de fidèles furent victimes de la campagne pour l’« élimination des contre-révolutionnaires ». Selon le P. Matthew Chu Li-teh, jésuite de Taipei, contrairement aux informations concernant les religieux, informations relativement abondantes, les données relatives aux martyrs laïcs ont été plus difficiles à rassembler. En effet, ou bien les documents ont été détruits, ou bien ils se trouvent dans les archives de la Chine communiste et sont actuellement inaccessibles.
A l’évidence, il s’agit là d’« une question sensible », ainsi que l’a exprimé Mgr Wang, une majorité de ces 2.000 catholiques étant morts après 1949, après la prise du pouvoir par les communistes en Chine continentale. Selon lui, c’est la Commission du Saint-Siège pour les Nouveaux martyrs qui a demandé à l’Eglise de Taiwan de se charger du travail de compilation des données relatives à ces martyrs. L’Eglise de Taiwan a repris là un rôle qu’elle avait déjà tenu lors de la préparation de la canonisation des 120 martyrs de Chine, canonisation qui a pris place le 1er octobre 2000 à Rome. On se souvient, rappelle EDA, que ces canonisations avaient soulevé l’ire des autorités de Chine populaire qui avaient, entre autres choses, reproché à Rome d’avoir fait appel à l’Eglise catholique à Taiwan comme intermédiaire. Selon les observateurs, le Vatican pouvait difficilement faire autrement que de recourir à l’Eglise de Taiwan étant donné le difficile contexte ecclésial prévalant en Chine populaire où une Eglise « officielle » coexiste avec une Eglise « clandestine ». Le Vatican a toujours pris garde de ne reconnaître ni l’une ni l’autre des deux Conférences épiscopales de l’Eglise en Chine.
Pour ces nouveaux martyrs, l’Eglise de Taiwan en général et Mgr Wang en particulier ont donc tenu un rôle central. Dans un texte publié en préface de la biographie récemment publiée à Taiwan de l’archevêque franciscain d’origine allemande Rudolphus Jarre, archevêque du diocèse de Jinan, mort en détention en 1952, Mgr Wang écrivait qu’il était de son devoir de « mettre à jour le martyrologe de l’Eglise universelle ». Citant la lettre apostolique Tertio Millenio Adveniente, il ajoutait que l’Eglise devait se montrer « attentive à la sainteté de ceux qui, à notre époque, ont pleinement vécu la vérité du Christ ».