CITE DU VATICAN, Dimanche 14 octobre 2001 (ZENIT.org) – « L´évêque est appelé, comme tous les autres hommes, à être heureux »: c´est la première chose que le cardinal Danneels a voulu rappeler à l´assemblée synodale.
La première phase du synode sur le ministère de l´évêque – celle des exposés des membres du synode en assemblée générale – s´est achevée vendredi avec la synthèse présentée par le cardinal archevêque de Buenos Aires, Jorge Mario Bergoglio, « relateur » général adjoint (le cardinal Egan, « relateur », étant retenu à New-York), ce que l´on appelle la « Relatio post disceptationem ». La seconde phase du synode prévoit des travaux en groupes linguistiques pour aboutir aux « propositions finales » à présenter au pape, et au « message » du synode. Le cardinal Godfried Danneels a confié son point de vue au micro de Radio Vatican.
RV – Quelles réflexions avez-vous voulu partager avec les membres de l´assemblée synodale?
Card. G.D. – La première chose que j´ai faite et que je fais encore c´est un peu d´humour poli, parce qu´autrement, il serait impossible aux pères du synode de résister au sommeil durant les longues heures de travail! Il est donc nécessaire de temps en temps de se détendre un peu. Au plan concret, j´ai avant tout voulu préciser que l´évêque est appelé, comme tous les autres hommes, à être heureux. Et le bonheur de l´évêque dépend de certaines conditions humaines: la plus importante est sa relation avec Dieu, parce que sa vie de prière est très difficile. L´évêque a en effet un agenda vraiment impossible. Je pense que si le Christ revenait sur terre, je me présenterais à lui comme un paralytique, non pas pour être guéri des jambes, mais de l´agenda: ce serait un vrai miracle! Il est donc nécessaire que l´évêque ait une vie spirituelle très approfondie.
RV – Quelle idée vous êtes-vous faite des modalités de fonctionnement du synode?
Card. G.D. – Je pense que quelque chose doit changer, dans le sens où les discussions devraient examiner certains points, pas tous. On ne peut pas tout aborder ensemble. J´estime qu´une transformation du synode lente, progressive, mais sûre est nécessaire. Peut-être pourrait-on intercaler, à mi-chemin, un synode plus bref, avec un nombre de participants plus restreint, et limité à un ou deux thèmes. Une autre hypothèse serait de donner les nombreuses interventions des pères du synode – 250 , de 8 minutes chacune – par écrit au cours des deux premiers jours de travaux, et commencer ensuite la discussion sur un point indiqué par la présidence ou par le « relateur » général.
RV – Au centre de ce synode, il y a vous, les évêques, votre identité, vos tâches. Sur quels aspects vous êtes-vous davantage arrêté?
Card. G.D. – Sur la grande difficulté pour un évêque de communiquer à son peuple le Magistère. C´est pourquoi j´ai demandé qu´avant la publication d´un document, on tienne compte, d´une certaine façon, qu´il existe un double « art »: celui de définir la doctrine et celui de la communiquer. Ce dernier, selon moi, ne peut pas être complètement délégué aux évêques, en laissant à Rome la seule tâche de définir et de déterminer la doctrine. Et enfin, j´ai aussi fait cette considération que peut-être demande-t-on trop aux évêques. L´évêque doit être tout: père, ami, « liturge », exorciste, catéchiste, « œcuméniste »… tout cela n´est pas possible. Il faut par conséquent diminuer ces exigences, parce qu´aucun pasteur ne peut faire tout cela tout seul. Le Christ est l´évêque authentique. Nous, nous le sommes par analogie. Et c´est pour nous source d´une grande consolation. Mais l´évêque ne peut être tout. Ces jours-ci, j´ai noté plus de 50 définitions de ce que comporte le fait d´être évêque: c´est un dictionnaire! Cherchons donc à être simples!