CITE DU VATICAN, Dimanche 29 avril 2001 (ZENIT.org) – « L’effort manifesté pour accueillir au sein des écoles catholiques des jeunes appartenant à d’autres traditions religieuses doit être poursuivi, sans que cela atténue pour autant le caractère propre et la spécificité catholique des établissements »: le pape rappelle cette exigence dans un message adressé aux participants du congrès international promu par le Comité européen pour l´Ecole catholique qu´il recevait, samedi 28 avril, au Palais apostolique.
Il explique en effet: « Les écoles catholiques doivent enfin relever un autre défi, qui concerne le dialogue constructif dans la société multiculturelle de notre temps. « L’éducation a une fonction particulière dans la construction d’un monde plus solidaire et plus pacifique. Elle peut contribuer à l’affirmation d’un humanisme intégral, ouvert à la dimension éthique et religieuse, qui sait donner toute l’importance qu’il faut à la connaissance et à l’estime des cultures et des valeurs spirituelles des diverses civilisations » (Message pour la Journée mondiale de la Paix, 8 décembre 2000, n. 20) ».
Voici le texte intégral du message de Jean-Paul II, dans son original en français, diffusé par la Salle de presse du Saint-Siège.
Discours du pape
Monseigneur,
Chers amis,
1. Je vous souhaite une cordiale bienvenue à l’occasion du Congrès international des Écoles catholiques d’Europe, organisé par le Comité européen pour l’Éducation catholique. M’unissant à vous dans une fervente prière, je souhaite que votre rencontre soit à l’origine de nouvelles prises de conscience du rôle et de la mission spécifiques de l’école catholique dans l’espace historique et culturel européen. Prenant appui sur la richesse de vos traditions pédagogiques, vous êtes invités à chercher avec audace des réponses appropriées aux défis posés par les nouveaux modes de pensée et de comportement des jeunes d’aujourd’hui, afin que l’école catholique soit un lieu d’éducation intégrale, avec un projet éducatif clair qui a son fondement dans le Christ. Le thème de votre Congrès « La mission d’éduquer: témoigner d’un trésor caché » place au centre du projet éducatif de l’école catholique l’exigence fondamentale de tout éducateur chrétien: non seulement transmettre la vérité par des mots, mais en témoigner explicitement par sa propre existence.
Tout en assurant un enseignement scolaire de qualité, l’école catholique propose une vision chrétienne de l’homme et du monde qui offre aux jeunes la possibilité d’un dialogue fécond entre la foi et la raison. De même, il est de son devoir de transmettre des valeurs à assimiler et des vérités à découvrir, « dans la conscience que toutes les valeurs humaines trouvent leur réalisation plénière et par conséquent leur unité dans le Christ » (Congr. pour l’Éducation catholique, Lettre circulaire, 28 décembre 1997, n. 9).
2. Les bouleversements culturels, la mondialisation des échanges, la relativisation des valeurs morales et la préoccupante désintégration du lien familial, engendrent chez de nombreux jeunes une vive inquiétude, qui rejaillit inévitablement sur leurs manières de vivre, d’apprendre et d’envisager leur avenir. Un tel contexte invite les écoles catholiques européennes à proposer un véritable projet éducatif qui permettra aux jeunes non seulement d’acquérir une maturité humaine, morale et spirituelle, mais aussi de s’engager efficacement dans la transformation de la société, avec le souci de travailler à la venue du Règne de Dieu. Ils seront alors en mesure de diffuser dans les cultures et les sociétés européennes, ainsi que dans les pays en voie de développement où l’école catholique peut apporter son concours, le trésor caché de l’Évangile, pour édifier la civilisation de l’amour, de la fraternité, de la solidarité et de la paix.
3. Pour relever les nombreux défis auxquels elles doivent faire face, les communautés éducatives ont à mettre l’accent sur la formation des enseignants, religieux et laïcs, afin qu’ils acquièrent une conscience toujours plus vive de leur mission d’éducateurs, alliant compétence professionnelle et choix librement assumé de témoigner de façon cohérente des valeurs spirituelles et morales, inspirées par le message évangélique de « liberté et de charité » (Gravissimum educationis, n. 8). Conscient de la noblesse mais aussi des difficultés d’enseigner et d’éduquer aujourd’hui, j’encourage dans sa mission tout le personnel engagé dans le système éducatif catholique, pour qu’il nourrisse l’espérance des jeunes, avec l’ambition de « proposer simultanément l’acquisition d’un savoir aussi large et profond que possible, l’éducation exigeante et persévérante de la véritable liberté humaine, et l’entraînement des enfants et des adolescents qui lui sont confiés vers l’idéal concret le plus élevé qui soit: Jésus Christ et son message évangélique » (Discours au Conseil de l’Union mondiale des enseignants catholiques, 1983).
L’expérience acquise par les communautés éducatives des écoles catholiques en Europe, dans une « fidélité créatrice » au charisme vécu et transmis par les fondateurs et fondatrices des familles religieuses engagées dans le monde de l’éducation, est irremplaçable. Elle permet d’affiner sans cesse le lien qui unit les intuitions pédagogiques et spirituelles proposées, et leur pertinence pour le développement intégral des jeunes qui en bénéficient. Comment ne pas insister également sur les collaborations étroites qui doivent relier l’école et la famille, en particulier en ces temps où le tissu familial est fragilisé? Quelle que soit la structure scolaire, les parents demeurent les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants. Il appartient aux communautés éducatives de stimuler la collaboration, pour que les parents prennent une conscience renouvelée de leur rôle éducatif propre et qu’ils soient assistés dans leur tâche primordiale, mais aussi pour que le projet éducatif et pastoral de l’école catholique soit adapté aux légitimes aspirations des familles.
4. Les écoles catholiques doivent enfin relever un autre défi, qui concerne le dialogue constructif dans la société multiculturelle de notre temps. « L’éducation a une fonction particulière dans la construction d’un monde plus solidaire et plus pacifique. Elle peut contribuer à l’affirmation d’un humanisme intégral, ouvert à la dimension éthique et religieuse, qui sait donner toute l’importance qu’il faut à la connaissance et à l’estime des cultures et des valeurs spirituelles des diverses civilisations » (Message pour la Journée mondiale de la Paix, 8 décembre 2000, n. 20). Ainsi, l’effort manifesté pour accueillir au sein des écoles catholiques des jeunes appartenant à d’autres traditions religieuses doit être poursuivi, sans que cela atténue pour autant le caractère propre et la spécificité catholique des établissements. Tout en permettant l’acquisition de compétences dans le même espace éducatif, cet accueil structure le lien social, favorise une connaissance mutuelle dans une confrontation sereine et permet d’envisager ensemble l’avenir. Ce moyen concret de dépasser la peur de l’autre constitue certainement un pas décisif vers la paix dans la société.
5. Les écoles catholiques en Europe sont aussi appelées à être des communautés dynamiques de foi et d’évangélisation, en relation étroite avec la pastorale diocésaine. En étant au service du dialogue entre l’Église et la communauté des hommes, en s’engageant à promouvoir l’homme dans son intégrité, elles rappellent au peuple de Dieu le centre de sa mission: permettre à tout homme de donner un sens à sa vie en faisant jaillir le trésor caché qui lui est propre, e
t inviter ainsi l’humanité à entrer dans le projet de Dieu manifesté en Jésus Christ.
Confiant la fécondité de votre Congrès à l’intercession de la Vierge Marie, je vous invite à vous laisser instruire par le Christ, accueillant de lui, qui est « le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6), la force et le goût pour accomplir votre mission exaltante et délicate. À vous tous, organisateurs et participants à ce Congrès, ainsi qu’à vos familles, à tout le personnel de l’enseignement catholique et aux jeunes qu’il accompagne, j’accorde bien volontiers la Bénédiction apostolique.