« Soyez des témoins de la miséricorde, des apôtres de miséricorde » disait Jean-Paul II, rappelle le cardinal Schönborn qui insiste sur l’unité des groupes se référant à la spiritualité de la miséricorde à l’occasion du Jubilé.
Le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, président des Congrès apostoliques mondiaux de la miséricorde, a en effet participé, au Vatican, ce lundi 18 janvier, à la présentation du Congrès européen de la miséricorde qui aura lieu du 31 mars au 3 avril à Rome.
Il souligne qu’à l’origine des congrès, il y a les paroles de saint Jean-Paul II à l’inauguration du nouveau sanctuaire de la miséricorde à Lagiewniki (Cracovie).
« Les écoles de dévotion parfois ne se mettent pas d’accord très facilement, c’est très humain, c’est le danger qu’un groupe fasse sien » la spiritualité de la miséricorde, fait observer l’archevêque.
Mais justement, le congrès doit « montrer que le thème de la miséricorde n’est pas propre à tel ou tel groupe ou telle inspiration dévotionnelle », mais que c’est « un thème très important » pour toute l’Eglise et aussi « pour le dialogue interreligieux ».
La miséricorde en actes et la peine de mort
Il rappelle que la spiritualité a pour vocation de déboucher sur des « actes de miséricorde ». C’est pourquoi, dès le début, les congrès de la miséricorde ont intégré le qualificatif « apostolique »: « l’apostolat de la miséricorde » implique qu’il ne s’agit pas seulement de « dévotion », mais de « charité », de « la miséricorde en actes », d’où « l’importance des témoignages ».
Ils sont « nombreux » et ils « montrent que la miséricorde ce n’est pas seulement prier le chapelet de la miséricorde, mais le noyau, c’est la miséricorde en actes, dans tant de domaines ».
L’archevêque mentionne un condamné à mort du Texas qui sera exécuté demain, mardi 19 janvier, et « attend depuis 12 ans : une chose épouvantable ». Il s’appelle Richard, et le pape François en a été informé.
Il salue « l’apostolat de la miséricorde que font des chrétiens au Texas pour suivre ce condamné à mort et sa famille » : c’est « un témoignage de la proximité de Jésus pour cet homme » qui « fait la douce expérience de la miséricorde du Cœur de Jésus ».
La miséricorde en politique
Le cardinal Schönborn rappelle aussi ce que disait Jean-Paul II face à « l’inondation du mal au XXe siècle » : « Seule la miséricorde peut mettre un frein, une limite à l’inondation du mal. »
Au cours de l’échange avec la presse, le président de la Conférence épiscopale autrichienne fait aussi observer la « grande actualité » de « la miséricorde en politique », et il signale, en Europe notamment, « le défi des réfugiés » pour les politiciens.
Il rappelle que « Robert Schuman a vécu le drame de la division de l’Europe, étant des deux cultures, allemande et française », et qu’il les a « unies dans sa vie, avec de Gasperi, Adenauer », favorisant ainsi « la grande intégration européenne » et un « projet de paix » qui est un projet « de miséricorde ».
Il fait observer que l’Europe vit « un moment critique » et que l’Eglise peut contribuer à « garder l’Europe unie » en agissant « à de nombreux niveaux », notamment « les politiciens qui ont la foi ».
Il ajoute que « le souvenir de Robert Schuman est bienvenu en ce moment » : « On ne peut oublier que l’Europe a été en sang et en larmes pendant des siècles, du fait des guerres entre chrétiens. »
Aujourd’hui, « devant le défi des immigrants et des réfugiés », il y a le « danger que chacun se retire dans ses limites, que reviennent barrières, murs » : « Le rideau de fer existe de nouveau. »
Mais le cardinal Schönborn affirme en même temps que « la charité, la miséricorde peut vaincre les peurs, les nouveaux nationalismes qui semblaient dépassés », car on assiste bel et bien à « une vague de nouveaux nationalismes ».
« Les évêques européens eux-mêmes, ajoute-t-il, doivent avoir la capacité de trouver une parole commune. Mais nous ne sommes pas arrivés à cela, la CCEE n’a pas encore eu de parole commune sur les défis ou une analyse des causes. »
Or, pour l’archevêque autrichien, « ce drame européen et du Proche-Orient et de l’Afrique appelle des œuvres de miséricorde » et « une bonne politique, c’est une œuvre de miséricorde, la lutte contre la corruption, c’est une œuvre de miséricorde, ceux qui luttent contre elle au risque de leur vie, c’est une œuvre de miséricorde : on en a besoin à tous les niveaux ».
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De l’unité des mouvements inspirés par la spiritualité de la miséricorde
Le Congrès européen de la miséricorde, par le card. Schönborn