ROME, Jeudi 4 mars 2010 (ZENIT.org) - La défense des droits humains peut contribuer à résoudre la crise financière actuelle, fait observer le Saint-Siège à l'ONU, qui invite à surmonter « la dichotomie obsolète » entre les sphères économique, sociale et écologique.
Mgr Silvano M. Tomasi, représentant permanent du Saint-Siège aux Nations Unies et auprès d'autres organisations internationales à Genève, est en effet intervenu lors de la 13e session du Conseil des droits humains, le 3 mars.« La délégation du Saint-Siège veut réaffirmer sa conviction que la perspective des droits humains offre une contribution positive pour une solution de la crise financière actuelle », a déclaré Mgr Tomasi.
Et d'expliquer : « Bien que certains signes de reprise semblent visibles, la crise continue d'aggraver la situation de millions de personnes dans leur accès aux besoins fondamentaux de la vie », et a également « compromis les plans de retraite » de beaucoup.
Une occasion unique
En somme, il faut une « nouvelle régulation » et un « système mondial de gouvernance » de façon à assurer pour tous un développement « durable et global ».
Mgr Tomasi y voit une « occasion unique » de s'attaquer aux « racines de la crise » par la mise en œuvre des droits humains au niveau « économique, civil et politique ».
Le représentant du Saint-Siège fait état du Rapport des Nations Unies sur les conséquences négatives de la crise financière : scandale de la faim, inégalités grandissantes dans le monde, des millions de chômeurs, des millions de nouveaux pauvres, échec des institutions, manque de protection sociale pour des personnes vulnérables, innombrables.
Citant l'encyclique sociale de Benoît XVI, Caritas in Veritate, il souligne que ces déséquilibres surviennent lorsque « l'agir économique, à qui il reviendrait seulement de produire de la richesse, est séparé de l'agir politique, à qui il reviendrait de rechercher la justice au moyen de la redistribution » (n. 36) ».
Priorité aux changements sur le terrain
« L'équité et la justice sont des critères essentiels pour gérer l'économie mondiale », insiste Mgr Tomasi. Or, ajoute-t-il, il est possible de jouir des droits humains « lorsque les Etats traduisent les principes dans des lois et font des changements sur le terrain une réalité ».
Car, insiste Mgr Tomasi, l'Etat constitue « le premier acteur » de la mise en œuvre des droits humains, et il ne doit pas manquer pour autant de « collaborer avec les autres intervenants de la société civile et avec la communauté internationale », dans ce monde « globalisé » et « interdépendant ».
Mgr Tomasi rappelle que « l'objectif commun est la protection de la dignité humaine qui relie toute la famille humaine », une unité « enracinée dans ces 4 principes fondamentaux : caractère central de la personne humaine, solidarité, subsidiarité, et bien commun ».
Le représentant du Saint-Siège exhorte à donner la priorité au changement « sur le terrain » et à la « mise en œuvre concrète » des droits humains.
Il indique une piste, toujours à partir de Caritas in Veritate : il faut surmonter « la dichotomie obsolète » entre les sphères économique, sociale et écologique, en faisant respecter les principes « d'honnêteté, de justice, de solidarité », « de réciprocité et de don » (n. 25).
La personne humaine, premier capital à sauvegarder
Il met en garde contre des remèdes à la crise qui ne considèreraient que la « réforme du système financier » ou des « modèles économiques », sans prendre en compte les besoins des personnes.
Au contraire, il faut leur garantir « l'accès aux ressources pour améliorer leurs conditions de vie » et leur permettre de « mettre leurs talents au service de leur communauté locale et du bien commun universel ».
Tel a toujours été « le but de l'enseignement social de l'Eglise » catholique, avec un « souci particulier des membres les plus vulnérables de la société », a souligné Mgr Tomasi.
Ainsi, souligne le représentant du Saint-Siège, pour « donner la priorité aux êtres humains et créer un ordre qui les soutienne dans leur voyage sur la terre », il convient de « modifier les règles qui gouvernement le système financier », en vue de « changements concrets », de changements de « vieilles habitudes d'avidité qui ont conduit à la crise actuelle », et pour promouvoir un « développement intégral effectif et la mise en œuvre des droits humains », puisque « l'homme, la personne, dans son intégrité, est le premier capital à sauvegarder et à valoriser » (Caritas in Veritate n. 25).
Anita S. Bourdin