Antonio Gaspari
Traduction d’Anne Kurian

ROME, mardi 21 août 2012 (ZENIT.org) – « Nous avons été attaqués et tués mais l’espérance demeure », affirme le président de la Conférence épiscopale du Nigeria.

Mgr Ignatius Kaikama, archevêque de Jos, a invité à soutenir la paix et la cohabitation dans son pays en refusant la colère et la haine, au cours de la rencontre de Rimini, en Italie, du 19 au 24 août 2012.

Les attaques du mouvement extrémiste Boko Haram, perpétrées notamment contre les chrétiens, menacent de provoquer une guerre civile au Nigeria. Plus de 800 personnes ont déjà été tuées depuis janvier 2012. Des violences ont à nouveau sévi dans le nord-est du pays, dans la nuit du 19 au 20 août 2012.

Mgr Ignatius Kaikama en a appelé à la communauté internationale, demandant d’aider le Nigeria à sortir de la violence.

« Les attaques ont mis à rude épreuve la foi de beaucoup, parce qu’il n’est pas facile de parler d’amour et de pardon dans ces conditions », a-t-il confié : les attaques répétées sur des églises, engendrent une colère « difficile à calmer ».

Le 11 mars 2012, Boko Haram a attaqué l’église de Saint Finbar et a tué 15 personnes.

« Quand je suis arrivé sur place tout était détruit. Les jeunes étaient en colère et tristes et ils me demandaient de faire quelque chose, certains m’accusaient d’être trop ami avec les musulmans et voulaient prendre les armes. Je me suis retourné et je me suis agenouillé devant les images sacrées. Soudain les jeunes ont fait silence. Je leur ai dit de retourner chez eux et de ne pas laisser prévaloir la colère et la haine dans leur âme », a raconté l’archevêque.

« Même si je suis seul et je suis soumis à des attaques, la grâce du Seigneur est toujours avec moi », a-t-il affirmé.

« Nous avons été attaqués et tués mais l’espérance demeure », a ajouté Mgr Kaikama.

Rencontré par Zenit, le président de la Conférence épiscopale du Nigeria a expliqué que les chrétiens sont répartis sur tout le territoire du Nigeria, au Nord et au Sud. Même si ce sont des zones du pays où il existe une volonté d’établir la Charia, de chasser ou de convertir de force les chrétiens, cependant dans la majeure partie des cas, parmi les habitants, il n’est pas difficile d’instaurer de bonnes relations entre chrétiens et musulmans, a-t-il affirmé.

Mgr Kaikama a d’ailleurs fondé un centre de formation dans son diocèse, à Jos, où chrétiens et musulmans étudient ensemble. Ce centre participe à la paix et au dialogue (cf. Zenit du 4 avril 2012).

L’actuel président du Nigeria étant un chrétien, Mgr Kaikama pense que les attaques des fondamentalistes sont soutenues par des forces politiques qui veulent abattre le gouvernement et créer la confusion. Il n’existe a pas de preuve suffisante pour affirmer que le mouvement Boko Haram soit soutenu par des forces extérieures au pays.

Pour l’archevêque, l’unique solution est de renforcer le dialogue et la paix.

Afin de favoriser la paix et l’amitié, l’archevêque nigérian partage des repas avec les musulmans. Récemment, il a été invite à la Mosquée de Jos pour fêter la fin du Ramadan.

Mgr Kaikama a également indiqué que l’Eglise catholique dédie beaucoup de temps pour aider la population, en fournissant notamment de l’éducation, des services de santé, de l’eau potable.

Le président de la Conférence épiscopale du Nigeria a conclu en demandant de prier pour que soit mis fin à la violence et que le Nigeria reste uni.