(ZENIT News / Jérusalem, 3 décembre 2025) – Un véhicule blanc familier, autrefois associé aux visites papales, s’apprête à jouer un rôle bien différent dans l’une des régions les plus fragiles du monde. Après des mois de retards et d’incertitude croissante, l’ancienne papamobile utilisée par le pape François à Bethléem en 2014 a finalement été autorisée à entrer à Gaza, où elle servira de dispensaire mobile pour les communautés n’ayant que peu ou pas accès aux soins médicaux.
Caritas Jérusalem, qui a reçu le véhicule en cadeau du pape François et l’a ensuite transformé en dispensaire entièrement équipé, a annoncé que l’autorisation tant attendue est arrivée fin novembre. Cette nouvelle met un terme à un processus long et complexe, marqué par la fermeture des frontières, les restrictions militaires et le chaos engendré par la guerre à Gaza. Pendant des mois, même de hauts responsables de Caritas se sont demandé si le véhicule parviendrait un jour à destination.
Son nouveau nom, le Véhicule de l’Espoir, est plus que symbolique. Le matin du 29 novembre, devant la basilique de la Nativité à Bethléem, la communauté Caritas locale a béni et inauguré l’ancienne papamobile reconvertie. Ce moment, empreint de prières, de messages de solidarité et des crépitements des flashs, a marqué ce que l’organisation a qualifié de « matinée historique ». Le dispensaire mobile, ont-ils déclaré, incarne la compassion, la créativité et la détermination commune du réseau Caritas à venir en aide aux personnes dans le besoin, quels que soient les obstacles.
Conçu initialement pour les processions papales, ce véhicule a été réaménagé avec du matériel médical, allant des outils de diagnostic de base aux fournitures de soins primaires. Sa mission est simple mais ambitieuse : venir en aide aux familles vivant dans des zones isolées ou mal desservies, en leur apportant des soins médicaux là où les dispensaires sont rares, endommagés ou inaccessibles.
La transformation de la papamobile en instrument humanitaire a commencé peu après le pèlerinage du pape François en Terre sainte en 2014. Au lieu de stocker ou d’exposer le véhicule, le Vatican a choisi une solution plus surprenante : en faire don à la Caritas, partant du principe qu’un symbole d’action pastorale pourrait devenir un outil concret pour les efforts de secours.
Ce qui a suivi fut un mélange de détermination et de défis logistiques. Début 2025, l’équipe de la Caritas craignait que le projet n’échoue complètement. Les procédures aux frontières s’étaient considérablement durcies, l’aide humanitaire se heurtait à des goulets d’étranglement imprévisibles et la guerre rendait le passage des points de contrôle quasi impossible. « La situation était alors extrêmement chaotique », se souvient Harout Bedrossian, attaché de presse de Caritas Jérusalem. Même les livraisons de fournitures médicales étaient soumises à un contrôle militaire strict, ne laissant que peu de place aux véhicules humanitaires, et encore moins à un véhicule aussi inhabituel qu’un ancien transport papal.
Cependant, la persévérance a porté ses fruits. L’autorisation qui vient d’être accordée ouvre une porte étroite, mais essentielle vers de nouvelles perspectives. Une fois à Gaza, le Véhicule de l’Espoir commencera à desservir les communautés qui souffrent d’une pénurie prolongée de médicaments, de personnel et de dispensaires fonctionnels. Pour de nombreuses familles, ce véhicule atypique pourrait devenir leur seul accès aux soins de santé de base.
La nouvelle vie de la papamobile est une histoire de réadaptation : non seulement mécanique, mais aussi de sens. Un véhicule conçu pour les cérémonies est désormais prêt à sillonner le paysage fragmenté de Gaza, transportant non pas des dignitaires mais des médecins, non pas des foules mais des patients dans le besoin. Et dans cette transformation, la présence de l’Église dans la région prend une nouvelle forme : plus discrète, plus concrète et profondément humaine.
