Première publication le 23 décembre 2025 par l’AED
À Bila Tserkva, en Ukraine, les catholiques vivent sous la menace constante des bombardements et des pénuries. Malgré la guerre et les difficultés du quotidien, la foi reste leur refuge, et l’espoir de sentir la présence de Dieu à Noël demeure intact.
Dans une ville ukrainienne, des catholiques vivent sous la menace constante des missiles et doivent même payer pour prier dans une église qui leur a été confisquée par les Soviétiques à l’époque. Pourtant, la foi persévère à Bila Tserkva.
Le père Lucas Perozzi est missionnaire en Ukraine depuis 22 ans. Originaire du Brésil, il a récemment été muté de Kiev à la petite ville de Bila Tserkva, située à environ 100 km de la capitale. Habitué aux sirènes d’alerte aérienne dans la grande ville, sa première nuit dans sa nouvelle affectation restera gravée dans sa mémoire.
« Le premier jour, il y a eu une attaque de missiles, une attaque majeure. Et la grande différence avec Kiev, c’est que dans la capitale, ils étaient le plus souvent interceptés, tandis que Bila Tserkva ne dispose pas des mêmes systèmes de défense aérienne, donc tous ont atteint leurs cibles. Un immeuble de quatre étages s’est effondré, deux personnes ont été tuées et huit autres blessées, et plusieurs autres maisons ont été endommagées », explique-t-il.
Comme dans d’autres régions d’Ukraine, la guerre est dans tous les esprits et la mort est une compagne permanente. « Chaque jour, nous apprenons la mort de soldats tombés au combat, et chaque jour il y a des funérailles à proximité. Nous faisons face à la mort quotidiennement », confie le père Lucas.
Nous célébrons la messe à la lueur des bougies
Alors que les températures chutent rapidement en Ukraine, les frappes aériennes visent souvent les infrastructures énergétiques. « Nous avons des coupures de courant tous les jours. Parfois, nous célébrons la messe à la lueur des bougies ou à l’aide d’une lampe torche alimentée par batterie lorsqu’elle est chargée. L’électricité est coupée à 4 heures du matin et n’est rétablie qu’aux alentours de 17 heures », raconte-t-il à l’Aide à l’Église en Détresse (AED).
« Parfois nous avons de l’électricité, parfois non ; parfois de l’eau, puis plus rien ; parfois de la nourriture, et d’autres fois nous avons faim », admet le prêtre. « Les prix augmentent et les gens ne savent plus quoi faire. C’est un miracle que les gens parviennent encore à vivre, surtout les réfugiés de l’est qui habitent désormais ici ; je ne sais même pas comment ils survivent. »
Le père Lucas est au service de la petite communauté catholique de Bila Tserkva. Celle-ci se rassemble dans une belle église catholique qui a été confisquée à l’époque de l’Union soviétique et qui n’a jamais été restituée. « Aujourd’hui, nous devons payer un loyer pour prier dans l’église qui nous a été volée. Et chaque année, nous devons renouveler un accord avec le ministère de la Culture », explique-t-il.
Le précédent curé avait commencé, avec l’aide de l’AED, la construction d’un nouveau bâtiment pour servir la communauté, mais celui-ci n’est pas encore achevé. « Il comprendra des chapelles, des salles pour la pastorale des jeunes ainsi qu’un centre de rééducation pour les anciens combattants », précise le prêtre.
Au milieu de toutes ces préoccupations et difficultés, alors que Noël approche, le père Lucas reconnaît que lui et sa communauté n’ont qu’un seul souhait. « Nous espérons que Dieu sera présent durant ces fêtes, qu’il se rendra présent à nous, même si la guerre ne s’arrête pas. Et même lorsque la guerre prendra fin, les problèmes demeureront : il y aura des difficultés économiques et l’anarchie qui suivent les conflits. Mais ce que je souhaite avant tout, c’est que Dieu apparaisse dans la vie de chaque personne vers laquelle j’ai été envoyé. Je prie pour eux chaque jour, pour mes paroissiens, afin que Dieu naisse en chacun d’eux, car notre vie ici est très fragile. »
Paulo Aido
