Ce mercredi 10 décembre 2025, alors qu’il s’apprêtait à s’envoler pour l’Espagne via la Colombie, le cardinal Baltazar Porras Cardozo a été arrêté par la police à l’aéroport international de Maiquetía, dans le nord du Venezuela.
L’archevêque émérite de Caracas devait se rendre à Tolède pour participer à un événement ecclésial. Mais le gouvernement de son pays lui a interdit au dernier moment de quitter le territoire et lui a confisqué son passeport, lui indiquant qu’il ne pouvait voyager en raison d’une « violation des réglementations de voyage ».
Cet incident intervient dans un contexte de tensions grandissantes entre l’Église catholique et le régime socialiste de Nicolás Maduro. Le cardinal a confié avoir subi un traitement humiliant, notamment la fouille de ses effets personnels et de ses vêtements, effectuée par des chiens renifleurs de drogue.
« C’est douloureux car cela viole nos droits de citoyens » a déclaré le cardinal Porras. « Le message réaffirmé par le pape Léon XIV, “Nous sommes prêts à rechercher une solution et une paix durable et juste”, est la tâche qui nous incombe à tous, et en particulier à ceux d’entre nous qui ont la responsabilité morale d’éclairer le chemin de tous nos frères et sœurs. »
Une tension grandissante depuis octobre
Allocution à Rome du cardinal Porras, 17 octobre 2025 © X.com / @monitoreamos
À 81 ans, le cardinal Balthazar Porras est une personnalité majeure de l’Église catholique au Venezuela. Il est un ardent défenseur des droits de l’homme et s’oppose fermement au régime dictatorial de son pays, traversé par une profonde crise économique. Créé cardinal par le pape François en 2016, il a d’abord été archevêque de Mérida avant d’être nommé archevêque de Caracas.
Ces dernières semaines, l’Église catholique a été la cible de nombreux abus de la part du gouvernement de Maduro. Les tensions se sont accrues en octobre au moment des canonisations de deux vénézuéliens, María Carmen Rendiles Martínez et José Gregorio Hernandez Cisneros. Quelques jours avant, les évêques vénézuéliens avaient publié une lettre pastorale, dans laquelle ils appelaient à la fin des persécutions et à la libération de plus de 800 prisonniers politiques du pays.
Le 17 octobre dernier, le cardinal Porras déclarait à Rome que la situation au Venezuela était « moralement inacceptable« , et que le pays souffrait de « la croissance de la pauvreté, la militarisation comme forme de gouvernement incitant à la violence, la corruption, le manque d’autonomie des pouvoirs publics et le mépris de la volonté du peuple ».
Enfin, une grande messe d’action de grâce était prévue à Caracas après les canonisations. Cette messe devait regrouper 50 000 participants, mais elle a dû être annulée pour des raisons officielles de sécurité et de manque de place.
