Vous allez aimer "La joie de l'Evangile" !

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Décapante exhortation apostolique, chapitre deux

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Vous aimez les homélies quotidiennes du pape François ? Vous allez aimer « La joie de l’Evangile » ! Même sève, même efficacité, même surprise, même fraîcheur, même finesse d’observation : correction fraternelle et examen de conscience garantis. Et la joie de la rencontre, décapante avec le Sauveur du monde, Jésus. Qui donne la force de dire « non » à un certain nombre de « diktats » actuels, pour mieux servir ce monde. Pour mieux sortir de soi, aller au-devant des besoins des plus exposés aux violences. Mais pas seulement : le pape débusque en même temps, à l’intérieur, les attitudes stériles des chrétiens pessimistes ou des baptisés qui se jalousent : « Qui voulons-nous évangéliser avec de tels comportements ? » Ce sera peut-être le premier document d’un pape que vous lirez. Et relirez. 

Car c’est un événement que la publication, ce mardi 26 novembre, de la première exhortation apostolique du pape François intitulée « Evangelii Gaudium », sur l’annonce de l’Evangile dans le monde actuel.  Une vraie « exhortation » adressée à chaque chrétien, et vraiment « apostolique ».

Le pape a remis symboliquement le document à des représentants de tous les états de vie dans l’Eglise, au terme de la messe de dimanche, 24 novembre, place Saint-Pierre, en la solennité du Christ Roi de l’Univers, qui clôturait l’Année de la foi. Un brûlot.

La joie « douce et réconfortante » d’annoncer le Christ

Dès l’introduction, le pape annonce la joie : « joie qui se renouvelle et se communique », « douce et réconfortante joie d’évangéliser », « éternelle nouveauté ». L’enjeu c’est « la nouvelle évangélisation pour la transmission de la foi ».

Mais le pape ne propose pas des recettes, il propose un changement de vie, pas demain, aujourd’hui ! C’est dit clairement d’emblée : « J’invite chaque chrétien, en quelque lieu et situation où il se trouve, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ ou, au moins, à prendre la décision de se laisser rencontrer par lui, de le chercher chaque jour sans cesse. Il n’y a pas de motif pour lequel quelqu’un puisse penser que cette invitation n’est pas pour lui. »

Il s’agit de rompre avec une existence de « personnes vexées, mécontentes, sans vie », pour choisir une « vie digne et pleine », une vie « dans l’Esprit qui jaillit du cœur du Christ ressuscité ».

Le texte se compose de cinq chapitres, d’une introduction et d’une conclusion : 170 pages petit format. Les titres de ces chapitres : la « transformation » missionnaire – avec pour mot clef « sortir ! – (ch. 1), la crise de l’engagement communautaire (ch. 2) – avec des « non » bien clairs -, l’annonce de l’Evangile – par tout le peuple de Dieu, ensemble – (ch. 3), la « dimension sociale » de l’évangélisation (ch. 4), et l’évangélisation avec l’Esprit Saint – pas sans lui ! – et Marie (ch. 5).

Un texte qui dit un certain nombre de « non », condition de la liberté de répondre oui à l’appel du Christ et du frère. Le chapitre 2 est caractéristique : il faut préparer le terrain, miné, pour pouvoir entrer dans la dynamique de la joie de l’Evangile et de l’évangélisation. Un vrai déminage par le pape François.

Non à la guerre entre nous

Face aux défis du monde actuel, notamment des « cultures urbaines », le pape invite à dire avec lui « Non à une économie de l’exclusion », « Non à la nouvelle idolâtrie de l’argent », « Non à l’argent qui gouverne au lieu de servir », « Non à la disparité sociale qui engendre la violence ».

Il débusque les « « tentations des agents pastoraux » : « Oui au défi d’une spiritualité missionnaire. Non à l’acédie égoïste. Non au pessimisme stérile. Oui aux relations nouvelles engendrées par Jésus Christ. Non à la mondanité spirituelle. Non à la guerre entre nous ».

Voici seulement quelques phrases clefs : « La plus grande menace » c’est « le triste pragmatisme de la vie quotidienne de l’Église, dans lequel apparemment tout arrive normalement, alors qu’en réalité, la foi s’affaiblit » (83). Il appelle à  la « révolution de la tendresse » (88), mais pour cela il faut dire non à la « spiritualité du bien-être » qui refuse « les engagements fraternels » (90), vaincre « la mondanité spirituelle » qui « consiste à rechercher, au lieu de la gloire du Seigneur, la gloire humaine » (93).

Le pape épingle, dans les rangs de l’Eglise catholique des attitudes stériles :  ceux qui « se sentent supérieurs aux autres », « inébranlablement fidèles à un certain style catholique propre au passé » mais qui, « au lieu d’évangéliser, analysent et classifient les autres ». Ou ceux qui manifestent « un soin ostentatoire de la liturgie, de la doctrine ou du prestige de l’Église, mais sans que la réelle insertion de l’Évangile dans le Peuple de Dieu les préoccupe » (95).

Il démasque « une terrible corruption sous l’apparence du bien » et prie : « Que Dieu nous libère d’une Église mondaine sous des drapés spirituels et pastoraux ! » (97). 

Si les évêques de France, lors de leur assemblée de novembre à Lourdes rappelaient l’urgence de susciter « l’estime mutuelle », entre catholiques de différents charismes et sensibilités spirituelles et pastorales, voilà, en termes « franciscains » – entendez à la manière « du pape François » -, la même exhortation, énergique, à refuser l’envie et la jalousie : « A l’intérieur du Peuple de Dieu et dans les diverses communautés, que de guerres ! » (98).  Et voilà le point : « Qui voulons-nous évangéliser avec de tels comportements ? » (100).

Pas un seul modèle culturel

A l’intérieur toujours, le pape dégage le terrain de l’évangélisation en demandant plus de responsabilité des laïcs, maintenus « en marge des décisions » par « un cléricalisme excessif » (102). Plus de responsabilité pour le génie des femmes :  « il faut encore élargir les espaces pour une présence féminine plus incisive dans l’Église », en particulier « dans les divers lieux où sont prises des décisions importantes » (103). Voilà pour qui évacue la question d’un revers de manche : « les revendications des droits légitimes des femmes … ne peuvent être éludées superficiellement » (104).

Voilà pour le chapitre 2. Les autres ne vont pas vous décevoir. La première exhortation apostolique du pape François introduit un ton nouveau, celui de François.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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