Donne - Chiesa - Mondo @ L’Osservatore Romano, juin 2020

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“Une Eglise au cerveau maternel“, par Marta Rodriguez

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« L’histoire de femmes qui ont un cerveau de mère »

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“Une Eglise au cerveau maternel“: Marta Rodriguez, responsable de la section ‘Femme’ du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie signe cet éditorial pour l’édition de juin 2020 du supplément de L’Osservatore Romano en italien intitulé “Donne – Chiesa – Mondo”.
Elle annonce: “Dans ce numéro, nous racontons des histoires de femmes qui ont un cerveau de mère.”
Voici notre traduction de cet éditorial.
AB

Une Eglise au cerveau maternel

La maternité provoque une explosion neuronale et dote le cerveau de nouvelles capacités. Il semble que mère nature prépare biologiquement les mères à réagir à l’urgence et à protéger la vie. Par exemple, une souris mère est davantage capable d’affronter le danger, de gérer le stress et de trouver la sortie d’un labyrinthe qu’une souris vierge.

Ce qui est intéressant, c’est que ces traits se développent également chez les femelles d’autres espèces qui adoptent des petits qu’elles n’ont pas mis au monde. Prendre soin est une activité qui génère des changements neurologiques. Dans le monde des êtres humains, naître femme ne veut pas dire être mère. On devient mère par une transformation de l’identité féminine qui, écrit Giulia Paola Di Nicola dans Le langage de la mère (Nouvelle Cité), passe « de l’être pour soi à l’être pour l’autre ». Ce « décentrage » n’est plus l’adaptation régulée par l’instinct : il est transformation qui engage la liberté, un véritable travail. Et il ne se produit pas toujours. Il y a des femmes qui ont des enfants et qui n’ont peut-être pas un « cerveau maternel » et des femmes mères qui n’ont pas d’enfants biologiques. Le cerveau maternel est créatif pour trouver les voies afin de prendre soin, il redouble de force, il sait risquer et se sacrifier. Il réagit avec créativité face à l’urgence.

Dans ce numéro, nous racontons l’histoire de femmes qui ont un cerveau de mère. Des femmes courageuses et résilientes, capables d’être en première ligne dans des contextes de guerre, d’épidémie, de faim, de pauvreté, de traite… dans toutes les périphéries existentielles, défiant les schémas préconçus, donnant la vie tout en donnant leur vie. Ces femmes incarnent le visage de l’Eglise Mère, appelée à développer un « cerveau maternel », à devenir une « mère au cœur ouvert » (Evangelii gaudium, 46), orientée vers les pauvres et les personnes marginales (ibidem, 48).

Une Eglise Mère est une Eglise « en sortie » qui ne se replie pas sur ses sécurités et qui dépasse toute tentation de rigidité auto-défensive (ibid., 45), de se renfermer dans un nœud d’obsessions, de procédures ou de structures (ibid., 49). Une Eglise Mère est « décentrée » : elle sait sortir dans la rue sans se regarder, sans peur d’avoir un accident, d’être blessée ou sale ; et elle n’est pas tranquille tant qu’un seul de ses enfants se trouve privé d’un horizon de vie. Les femmes de ce numéro réveillent le cerveau maternel de l’Eglise et, par leur exemple et leur parole, proposent à tous – hommes et femmes, quelle que soit leur foi – de l’adopter et de se l’approprier. L’urgence est une bonne occasion de sortir de soi et de rencontrer l’autre.

© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat

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Hélène Ginabat

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