Copyright - Brunor, "La lumière fatiguée", p. 15

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Indices pensables: une découverte qui libère… des fausses croyances!      

Anniversaire d’un Prix Nobel de chimie!

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Il y a 10 ans, en novembre 2009, était décerné le Prix Nobel de chimie à trois chercheurs dont les travaux allaient constituer un sérieux indice dans la grande enquête sur l’origine de la vie sur Terre.
Un indice « pensable » pour avancer dans une des plus grandes énigmes pour la science comme disait le professeur Jacques Monod dans Le hasard et la nécessité (1970) : « Mais le problème majeur, c’est l’origine du code génétique et du mécanisme de sa traduction. En fait, ce n’est pas de problème qu’il faudrait parler, mais plutôt d’une véritable énigme. »
On peut se demander qui va songer à célébrer cet anniversaire, car on n’a guère expliqué au grand public quels étaient les enjeux considérables des travaux de recherche de ces trois chimistes que le prestigieux Prix Nobel a couronnés il y a dix ans.
De quoi s’agit-il ? Lors de conférences sur foi et raison, devant des publics adultes, lycéens ou étudiants , j’expliquai  comment Pasteur avait apporté une nouveauté considérable en  démontrant que la vie ne pouvait pas surgir de la matière inerte. Cette antique croyance un peu magique, qu’on appelait « la génération spontanée » était en réalité une fausse croyance.
Sa réfutation entraînait dans sa chute une vieille philosophie qui régnait depuis les philosophes grecs (Empédocle puis Démocrite)  et formulée ainsi :
« La vie est une propriété de la matière, elle est éternelle et se manifeste dès que les conditions sont favorables. »
Grâce à ses expériences, Pasteur venait, en 1861, de réfuter cette croyance qui, non seulement était fausse, mais qui retardait toute recherche d’une véritable explication de l’apparition de la vie, puisqu’on supposait avoir résolu le problème avec cette philosophie qui affirmait que si la vie se manifestait quelque part, c’est qu’elle existait déjà, bien cachée dans les atomes ! (1)
Darwin lui-même écrivait à son ami Joseph Hooker en 1871 :
« La vie est apparue dans un petit étang chaud, dans lequel il y avait un riche bouillon de produits chimiques organiques, à partir desquels s’est formé le premier organisme primitif à la suite d’une longue période d’incubation durant les temps géologiques ».
Dans cette lettre, Darwin affirmait encore sa croyance en la génération spontanée, dix ans après la réfutation par Pasteur, comme s’il ne s’était rien passé ! Malgré cette réfutation magistrale démontrée lors d’un concours organisé en 1861 par l’Académie de Sciences de Paris, qui opposait Pasteur au Dr Pouchet, Darwin continuait de se fonder sur une philosophie désormais obsolète. Il s’inscrivait dans la lignée des philosophes matérialistes ou panthéistes puisque cette matière inerte (caillou, rocher, sable) était capable, selon lui, d’engendrer de la vie qui, comme disaient les grecs « se manifeste dès que les conditions sont favorables. »
Rien de scientifique dans cette génération spontanée, mais l’expression d’une représentation du monde en lien avec un choix philosophique.
En expliquant ces aspects historiques dans des lycées, je réalisai que bon nombre de jeunes croyaient encore, eux aussi, de façon plus ou moins floue, à la génération spontanée : cette faculté de la matière inerte à « faire émerger de la vie ». Comme si, rien n’avait évolué depuis Darwin qui pensait vraiment que l’apparition de la vie sur notre planète ne dépendait que de la rencontre d’une matière A et d’une matière B remplissant les conditions favorables pour que la vie puisse « émerger ». Si Darwin avait raison, il suffirait d’avoir de la patience et d’attendre, car tôt ou tard, en se donnant des milliards d’années, les matières A et B finiraient par se rencontrer « dans un petit étang chaud. »
Dans cette logique, Darwin croyait aussi que les chercheurs n’allaient pas tarder à trouver LA passerelle entre la matière inerte et les organismes vivants. En effet, si la philosophie de la génération spontanée était vraie, les savants allaient trouver les mécanismes qui font passer le caillou inerte à l’état de moisissures, puis de champignon et pourquoi pas, de la fougère, car « la vie ne peut être qu’une propriété de la matière », puisqu’ il n’y a aucun dieu, aucune intelligence organisatrice à l’œuvre pour créer ce monde, selon ces philosophes grecs qui ne pouvaient pas être soupçonnés de se tromper !
Mais depuis 150 ans, la recherche scientifique a progressé et nous savons désormais avec certitude que ce ne sont pas des matières A et B qui se sont rencontrées dans les océans pour faire surgir la vie.
Mais alors… Qu’est-ce que c’est ? C’est ce qu’a cherché à comprendre le professeur Claude Tresmontant (2), en qualité de philosophe des sciences, il a interrogé les biologistes et les chimistes de son époque jusqu’à sa disparition en 1997.
Aujourd’hui, le commencement de la vie est une énigme encore plus grande qu’au temps du conflit sur évolution-création (3) car nos connaissances sur la complexité vivant ont augmenté et les discours simplistes ou magiques ne peuvent plus avoir cours. Ainsi, depuis le temps de Darwin et Pasteur nous avons désormais des informations précieuses dont il faut tenir compte et qui ne sont pas très connues du grand public.
Pour commencer, les chercheurs savent que pour que la vie puisse exister quelque part, cinq conditions « nécessaires » sont exigées :  une bonne température, une bonne pression, de l’oxygène, de l’eau à l’état liquide et de la lumière (4).
En général, les élèves de terminale ont bien compris ces cinq conditions nécessaires, mais le problème, c’est qu’ils croient tellement aux pouvoirs de « l’évolution » qu’ils répondent en majorité : oui, du moment que ces conditions sont réunies, la vie apparaitra assurément, il suffit d’attendre des millions d’années. Elle « émergera ».
Ils manifestent leur surprise quand on leur partage cette information (vérifiable) : pour que la vie apparaisse, il manque quelque chose : il manque que soit inventé et mis en place… un langage. Surprise de l’auditoire : un langage ?
Oui ! Un véritable langage avec son alphabet,  son vocabulaire, sa grammaire. Et ce langage, je paris que vous le connaissez. Nouvelle surprise de l’auditoire : qu’est-ce que c’est que ce langage ?
Parfois un jeune se risque à répondre : est-ce que c’est l’ADN ?
Félicitations ! Car comme vous le savez, l’ADN est un véritable langage avec son alphabet de quatre lettres : quatre molécules ACGT (5) qui jouent le rôle de lettres pour écrire des mots puis des phrases, son vocabulaire fait de 61 mots composés systématiquement de trois lettres, sans oublier les  trois signes de ponctuation « stop ! Fin du message »… Nous avons là un sujet qui concerne aussi bien les scientifiques que les littéraires.
Car ce langage de l’ADN permet d’écrire des messages génétiques qui décrivent la couleur de mes yeux, de ma peau, de mes cheveux, ma physionomie, mon groupe sanguin, il précise si je suis masculin ou féminin, et si j’appartiens à l’espèce humaine ou à celle des hamsters. En outre, il contient les archives des messages de mes deux parents, grands-parents, et de toute la lignée qui a conduit jusqu’à moi en passant par les instructions pour construire le vertébré que je suis, dont la lignée remonte à environ 400 millions d’années) , le mammifère que je suis , dont la ligné remonte à cent vingt-cinq millions d’années. Le grand primate (environ 60 millions d’années) dont je descends, ou plutôt dont je monte, car le message génétique qui est comme un plan d’architecte ou un livre contenant des instructions de montage, ce livre a été augmenté de nombreux chapitres depuis mes lointains ancêtres vertébrés.
Bref. Si le langage de l’ADN n’avait pas été conçu, inventé et mis en place, il n’y aurait pas de vie. C’est une certitude acquise. On peut supposer que l’invention et la mise en place d’un tel langage demande une certaine somme d’intelligence, pour ne pas dire : de génie. C’est pourquoi des chercheurs se demandent où est l’intelligence qui a conçu un tel codage. Est-elle dans les cailloux, le sable, les vents, les météorites, l’atmosphère qui régnait sur notre planète il y a près de 4 milliards d’années, quand la vie est apparue sur Terre ?
La suite … demain, jeudi 5 décembre!
NOTES
(1) Thèse des stoïciens de Zénon et Lucrèce .
(2) Claude Tresmontant fut l’un des plus grands métaphysiciens, philosophes, exégètes, théologiens du XXe siècle. En décloisonnant les grands champs de la pensée humaine (sciences, métaphysique, philosophie, linguistique, exégèse, théologie), il a fait des découvertes décisives. Ces découvertes se situent dans la lignée d’Aristote, Thomas d’Aquin, Bergson, Blondel et Teilhard de Chardin, mais toujours de façon très originale et parfaitement libre.
(3) … dont nous reparlerons plus tard…
(4) La question de la lumière fait l’objet de nouvelles recherches, car les chercheurs  se demandent si la lumière est nécessaire…
(5) Les quatre molécules : Adénine, Guanine, Cytosine, Thymine (ACGT) qui jouent le rôle de lettres pour écrire le vocabulaire de l’ADN.
 
 

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