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Synode sur l’Amazonie : vers un synode historique pour toute l’Église

Réflexions du cardinal Cláudio Hummes

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Dans une interview à la revue jésuite La Civiltà Cattolica, le cardinal brésilien Cláudio Hummes, rapporteur général du Synode sur l’Amazonie, évoque les défis de cet événement qui se tiendra au Vatican du 6 au 27 octobre 2019.

Unité et diversité

« L’unité de l’Église est essentielle », affirme d’emblée le cardinal Hummes, mais elle doit être comprise comme « une unité qui accueille la diversité, selon le modèle de la Trinité ». Le Synode sur l’Amazonie « met concrètement l’accent sur la diversité au sein de cette grande unité ». Cette « diversité latino-américaine » doit donc « être acceptée sans hésitation et avec une grande ouverture par l’Église en Europe et dans le monde entier ».

Le pape François, rappelle-t-il, « a affirmé qu’une unique culture ne peut pas épuiser la richesse de l’Évangile ». C’est pourquoi « l’Église d’Amérique latine peut apporter une nouvelle lumière à l’Église européenne et au monde, de même que l’Église d’Europe doit nous donner des lumières anciennes, très importantes ».

« L’Église y trouvera un enrichissement », poursuit le président du « Réseau ecclésial pan-amazonien » (REPAM). « Si nous parlons entre nous et arrivons à trouver des chemins nouveaux pour l’Église en Amazonie, cela profitera à toute l’Église. Mais toujours à partir de la réflexion spécifique sur l’Amazonie. »

Tendre vers une Église indigène

Pour l’archevêque émérite de São Paulo, il ne suffit pas de considérer les indigènes comme « l’objet de la pastorale » ; ils doivent être « les protagonistes de leur propre expérience de foi ». « Ils ont déjà leur propre expérience de Dieu, comme d’autres peuples anciens du monde, et en particulier ceux de l’Ancien Testament. Tous ont eu une histoire dans laquelle Dieu était présent, une expérience de la divinité, de la transcendance et une spiritualité conséquente ». « Dans la mesure où ils accueillent Jésus-Christ, ils doivent pouvoir exprimer leur foi à travers leur culture, leur identité, leur histoire et leur spiritualité ».

« Ces peuples millénaires proviennent d’une racine différente de celle de l’Europe, d’une autre souche historique, tout comme les Africains, les peuples de l’Inde et les Chinois. Par conséquent, c’est à l’intérieur de leur histoire, de leur identité et de leur spiritualité, à partir de leur relation avec la transcendance que nous devons créer une Église au visage indigène ».

Mais, souligne le cardinal, « l’Église indigène ne se fait pas par décret. Le Synode doit préparer le terrain pour que l’on puisse provoquer avec suffisamment de liberté un processus qui reconnaisse la dignité propre à chaque chrétien et chaque enfant de Dieu. Voilà la grandeur de ce Synode. Le pape sait à quel point il peut être historique pour toute l’Église. Mais la voie à suivre nous exhorte à ne pas reproduire et répéter ce qui existe déjà ».

Une écologie intégrale

« Le concept d’écologie intégrale éclaire tout le travail que nous devons faire en Amazonie pour être unis sur le chemin du Synode », précise le rapporteur général du futur Synode, qui voit dans le paradigme technocratique une menace car « il n’accepte pas une écologie intégrale et ne reconnaît pas que nous sommes les enfants de cette terre. C’est vécu comme si l’homme était arrivé ici et avait trouvé un trésor à exploiter dans tous les sens possibles ».

« La technologie donne à l’homme contemporain cette capacité d’accumuler toujours plus de biens matériels », conclut le cardinal Hummes. « Les peuples indigènes, au contraire, n’accumulent pas de biens mais des relations sociales, avec les personnes et avec l’ensemble ; ils n’amassent pas de biens matériels. Ils nous enseignent que les relations humaines, les relations communautaires sont beaucoup plus importantes ».

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Hélène Ginabat

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