Le synode pour l’Amazonie est sa troisième et dernière semaine: les participants préparent le document final, qui sera voté samedi, 26 octobre 2019, a rappelé Paolo Ruffini, préfet du Dicastère pour la communication du Saint-Siège, lors du point presse quotidien de ce mercredi 23 octobre.
Les amendements permettent d’affiner le discernement proposé par la synthèse provisoire, établie à partir des interventions en salle et les rapports des groupes de travail.
Le travail de la commission, des experts, est « d’aller plus profond dans l’écoute », pour un « chemin partagé », a expliqué le p. Giacomo Costa SJ qui a rappelé en même temps que le but du synode n’est pas de « produire un texte que beaucoup critiquent et peu lisent », en fin de compte.
Synodalité universelle
Le thème de la synodalité est revenu dans les échanges avec la presse internationale, et à ce propos Paolo Ruffini a souligné que le pape François y a consacré en quelque sorte sa catéchèse du mercredi. Il disait notamment aux francophones: « La résolution des conflits passe par le dialogue, l’écoute attentive et patiente, le discernement à la lumière de l’Esprit Saint qui œuvre dans les cœurs pour l’unité, le bien et la vérité. »
Pour le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Bombay, en Inde, le processus synodal « veut dire aussi que l’on doit parfois marcher moins vite pour attendre les autres ».
Pour le cardinal indien, la participation au synode sur l’Amazonie a été l’occasion d’une prise de conscience de l’universalité des défis que rencontre l’Eglise: « L’Amazonie est aussi en Inde, l’ouverture du synode est universelle ». Il a fait trois constats au cours du synode, valables aussi en Inde:
1- le constat d’une grande violence contre la nature, détruite, appauvrie
2-le constat de la grande injustice vis-à-vis des populations indigènes, chassés de leurs terres
3-le constat que les indigènes veulent préserver leur culture.
Synodalité, la marche des femmes
La synodalité implique aussi la participation des femmes, à la « marche » mais aussi aux décisions ont fait valoir des intervenants.
Pour soeur Roselei Bertoldo, I.C.M. « on fait un chemin en synode », un « chemin des femmes » par la « parole »: « on commence à construire un espace ». Cela se voit sur le terrain: » la femme va dans les coins les plus reculés », elle est « présence de soin, de vie », dans un travail « à faire ensemble avec des hommes ».
Le cardinal Gracias, un membre du Conseil des cardinaux, le droit canon « consent des rôles à la femme » et il faut en profiter : le pape veut une décentralisation et je crois que nous évêques nous devons utiliser toutes ces possibilités » du droit canon.
Mgr Zenildo Luiz Pereira da Silva, C.SS.R., du Brésil, les communautés « sont principalement caractérisées par une sensibilité féminine qui donne une façon d’agir efficace ».
Mgr Centellas Guzmán, de Potosi, en Bolivie, explique qu’il a nommé une femme « vicaire pastorale » qui « n’impose pas ses idées »: « elle reçoit pour consulter: c’est son approche, très différente de celle d’un homme, c’est complémentaire, la façon de concevoir la vie, d’approcher les problèmes ».
Il ajoute que le conseil de paroisse doit être plus « synodal »: « marcher ensemble et décider ensemble si l’on ne veut pas boiter, donc reconnaître à la femme aussi un pouvoir de décision: la vision d’un homme et d’une femme sont différents ».
Mgr Centellas Guzmán, a loué le « rôle actif, effectif de la femme dans la vie de l’Eglise » tout en reconnaissant: « nos structures ont été conçues de façon à ce que seulement certains aient un pouvoir décisionnel, il faut changer cela ».
L’engagement du “Cri pour la vie”
Soeur Roselei Bertoldo, I.C.M. est engagée dans la lutte contre la traite des personnes, l’exploitation du travail des enfants, les abus sexuels : elle espère obtenir une « sensibilisation » pour que les personnes aient « le courage de dénoncer les abus »: c’est cela aussi l’évangélisation.
Il s’agit de travailler pour que « le corps des petites filles et des femmes ne devienne une « marchandise » sous prétexte d’un travail, d’études, de meilleures conditions de vie », comme le veut l’association « Cri pour la vie » (« Un Grito Por La Vida »).
L’inculturation et le respect de la création
Mgr Zenildo Luiz Pereira da Silva C.SS.R. a insisté aussi sur la formation des séminaristes et des prêtres, à adapter aux cultures « pour qu’ils soient capables de rejoindre la culture de ces populations de l’Amazonie ».
Il souligne que les populations amazoniennes « ont appris à vivre au coeur de cette région sans la détruire »: « Nous devons apprendre cette façon de vivre, plus contemplative, non pas en « patron » de l’environnement, devons retrouver le « respect ». »
Le cardinal Gracias a redit que « l’inculturation » vient de « l’Incarnation » de Dieu. Il a noté que la réflexion sur l’inculturation s’est souvent concentrée sur l’inculturation de la liturgie,. Il reconnaît: « nous avons commis des erreurs », mais il ajoute: « l’inculturation en Amazonie doit avoir une « formation » par exemple fondé sur « la connaissance des cultures »… et des horaires, etc ».
Mgr Gilberto Alfredo Vizcarra Mori, Jésuite qui a vécu en Afrique, notamment au Tchad, au Sahel, vicaire apostolique de Jaén, au Pérou, a fait l’expérience de vivre dans la forêt et a compris « l’harmonie de vie » des populations de l’Amazonie. On peut apprendre d’elles comment préserver la création, au lieu de se comporter en « patron » de la nature.
Point presse du 23 oct. 2019 @synode pour l'Amazonie, capture Vatican YouTube
Synode pour l'Amazonie: la "synodalité" vécue
Et la « marche » des femmes