2e Congrégation générale du Synode des évêques sur les jeunes 4 oct. © Vatican Media

2e Congrégation générale du Synode des évêques sur les jeunes 4 oct. © Vatican Media

Synode: pour "des communautés fraternelles, joyeuses et rayonnantes"

Troisième rapport du 1er groupe francophone

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« Nous devons favoriser l’insertion des jeunes dans des communautés fraternelles, joyeuses et rayonnantes », insiste le premier groupe de travail francophone au synode sur « les jeunes, la foi et le discernement des vocations » (3-28 octobre 2018).
Les travaux de groupes sont achevés. Mardi prochain, 23 octobre, un projet de document final sera présenté aux pères du synode pour amendements.
Ce groupe insiste également sur la famille, l’implication des jeunes dans la mission, l’engagement pur la justice, l’éducation (spirituelle, évangélique, à la doctrine sociale).
Ce groupe recommande aussi de « rendre le document final plus concret ».
Cette troisième série de rapports des groupes (sur la troisième partie de l’ « Instrument de travail » du synode, est publiée ce samedi 20 octobre 2018 par le Saint-Siège.
AB
Modérateur: Mgr David MACAIRE, O.P.
Rapporteur: Mgr Laurent PERCEROU

«CHOISIR»
Le n° 137 qui ouvre la troisième partie de l’Instrumentum laboris nous rappelle son ambition: «Il s’agit de déterminer les moyens les plus indiqués pour permettre à l’Eglise de remplir sa mission auprès des jeunes: les aider à rencontrer le Seigneur, à faire l’expérience qu’Il les aime et à répondre à son appel à la joie de l’amour.» Cet appel à la joie de l’amour, si nous avons bien compris l’Instrumentum laboris, n’est rien d’autre que l’appel à la sainteté que l’Eglise veut adresser aux jeunes par ce Synode: «vous donc, soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait.» (Matthieu 5, 48)
Ces deux derniers jours, nous avons découvert la sainteté en actes: des témoignages émouvants nous ont relaté la détermination de jeunes, en de nombreux pays, à rester fidèles au Christ et à prendre au sérieux son Evangile: «Si quelqu’un veut marcher derrière moi, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive.» (Matthieu 16, 24) Certains, dans la persécution, refusent de renier leur foi et vont jusqu’au don de leur vie. D’autres ne supportent plus la corruption, les atteintes aux droits de l’homme et à la création, et s’engagent, concrètement, pour que les choses changent et que le Royaume se construise.
Ces témoignages nous encouragent: Quand les jeunes rencontrent le Seigneur, font l’expérience de son amour pour eux et répondent à son appel, alors ils sont prêts à mettre à son service leur désir de vérité et de justice qui les caractérise. Nous sommes ici au cœur de ce Synode et de cette troisième partie: que faire concrètement pour que les jeunes se mettent en route à la suite du Christ?
1. Cela a déjà été signalé dans bon nombre de prises de paroles et des jeunes en ont témoigné récemment: la famille est le point de départ du chemin qui conduit à la rencontre du Christ. La pastorale des jeunes ne peut donc être pensée indépendamment de la pastorale familiale. Selon les pays, les familles rencontrent toutes des difficultés. Elles ne sont pas de même nature et sont souvent les conséquences du contexte social et politique mais nous estimons qu’il y a là un défi important pour la croissance humaine et spirituelle des enfants et des jeunes. Il aurait d’ailleurs été intéressant que soient invités au Synode des familles (parents et enfants) et des jeunes couples qui auraient pu témoigner de la manière dont ils cherchaient à vivre leur sacrement de mariage et l’éducation de leurs enfants.
2. Nous devons favoriser l’insertion des jeunes dans des communautés fraternelles, joyeuses et rayonnantes dans lesquelles ils rencontrent des témoins du Christ, capables de leur faire confiance. Dans ces communautés (communautés de base, paroisses, mouvements, etc.), il s’agit de les intégrer en leur confiant de vraies responsabilités, au sein d’équipes diversifiées. Ils y feront parfois l’expérience de l’échec mais celui-ci, lorsqu’il est accompagné, est toujours source de progrès. Les jeunes ont de nombreux talents qui sont indispensables pour les communautés: ils maitrisent le numérique et sont capables d’en faire le lieu d’une nouvelle inculturation de la Parole de Dieu, ils ont les mots pour rejoindre leurs pairs et leur annoncer le Christ. Ils ont le goût des défis et l’énergie pour conduire des projets.
3. Les jeunes doivent pouvoir être partenaires de la mission d’une Eglise qui est leur famille et dans laquelle ils sont attendus, espérés même, pour participer à sa vie et à sa mission! Une «Eglise-famille»dans laquelle, également, leurs ainés sont capables de les orienter sur leur chemin de vie, en témoignant de leur propre itinéraire humain et spirituel, en relisant avec eux, à la lumière de la foi, leur itinéraire, et en les invitant à placer en Dieu leur confiance. A ce propos l’histoire de la pirogue qui nous a été racontée est très intéressante: les plus jeunes pagaient parce qu’ils ont la force et l’ancien guide la navigation parce qu’il a la sagesse. Sur le terrain, cette Eglise-communion dans laquelle les jeunes veulent être partie prenante, et où chaque membre apporte ses dons et ses talents pour l’annonce du Règne de Dieu, rencontre bien des résistances. C’est sans doute un des points sur lequel nous autres, les pasteurs, aurons à nous engager. L’un d’entre nous disait: «Il s’agit de mettre en œuvre le concile Vatican II, en redonnant aux laïcs, tout particulièrement aux jeunes, leurs places dans l’Eglise. Si nous leur donnons toute leur place, alors nous retrouverons la nôtre.»
4. L’engagement pour la justice: Nous avons beaucoup parlé depuis le début de ce Synode d’une «option préférentielle pour les pauvres et les jeunes.» Pourquoi mettre dans une même option préférentielle «pauvres et jeunes»? Il serait intéressant d’y réfléchir en regardant comment il engage toute l’Eglise à se mobiliser pour la justice: de nombreux jeunes sont en effet des pauvres, parce qu’ils sont souvent les premières victimes de l’injustice. Mais également, ce binôme établit les jeunes aux avants postes de l’engagement social aux côtés des pauvres. Alors, ils sont appelés à y entrainer toute l’Eglise avec eux, et cela n’est pas sans conséquence pour la pastorale des jeunes.
5. La rencontre du Christ ne peut pas faire l’économie d’une éducation intégrale des jeunes.
Il a déjà été évoqué dans des précédents rapports, la nécessité de faire entrer les jeunes dans l’intelligence de la foi par la découverte et l’approfondissement du kérygme et de la Parole de Dieu. Nous voudrions ici insister sur trois autres points:
a) La dimension spirituelle: la vie d’un jeune de 16 à 30 ans n’est pas linéaire. Elle est marquée par des réussites, des échecs, et des étapes décisives et heureuses comme la réussite à un examen, un premier emploi, la fondation d’un couple et d’une famille… Il est important de permettre aux jeunes de vivre spirituellement tous ces moments, c’est-à-dire de discerner dans l’Esprit Saint le chemin que Dieu leur ouvre. Aussi, il est nécessaire qu’ils trouvent des accompagnateurs compétents pour les y aider et qu’ils disposent des ressources spirituelles nécessaires.
b) Les exigences évangéliques: La rencontre du Christ et le désir de se mettre à sa suite invitent à partager son mode de vie : pauvreté, chasteté et obéissance à la volonté du Père, et ce quel que soit notre état de vie. Cela touche au rapport aux biens matériels, à ce qui guide nos choix de vie, aux relations humaines… Il n’est pas évident pour des jeunes, même passionnés par le Christ et son Evangile, d’entrer dans un tel style de vie alors que nos sociétés inviteraient plutôt à faire l’inverse. Comment aider les jeunes à découvrir la beauté d’une vie donnée dans le dessaisissement de soi-même et l’ouverture à Dieu et aux frères?
c) La formation à la Doctrine Sociale de l’Eglise: la vocation des baptisés est d’être, au cœur du monde, comme le «levain dans la pâte» (Matthieu 13, 33). Nous avons entendu le désir des jeunes de s’engager dans les structures politiques, économiques et sociales pour faire reculer la corruption, les injustices et préserver «notre Maison Commune». La Doctrine Sociale (présentée aux jeunes dans le «DOCAT») et la récente encyclique «Laudato Si» constituent un trésor mais restent largement méconnues, elles sont à promouvoir.
Pour conclure, nous ferons trois remarques:
1. La troisième partie énumère, un peu comme un catalogue, des orientations, des moyens pour accompagner les jeunes. Afin de mieux organiser ce chapitre et de l’inscrire dans une perspective ecclésiologique, ces orientations et moyens pourraient être classés selon les trois grandes missions de l’Eglise: le témoignage de foi (kerygma-martyria), la célébration de la foi (liturgia), le service des frères (diakonia).
2. Afin de rendre le document final plus concret, il semble nécessaire que soit repris quelques propositions pratiques comme, par exemple, l’idée d’une plate-forme d’échanges de programmes produits par les médias catholiques.
3. La dimension digitale.
[Texte original : Français]

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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