Quand j'ai vu les images du typhon, j'ai décidé de venir

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Messe au pays de Yolanda, pour consoler les rescapés

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« Quand j’ai vu les images du typhon, j’ai décidé de venir », a confié, en espagnol, le pape François lors de la messe qu’il a célébrée ce samedi 17 janvier à Tacloban, sur l’île de Leyte, à 650 km au sud-est de Manille, après une heure et quart d’avion, au pays du typhon Yolanda/Haiyan. Il a invité à la confiance que le Christ « ne déçoit pas », que « l’amour et la tendresse » de Marie ne déçoivent pas.

Le voyage du pape aux Philippines a pour thème: « Miséricorde et compassion ». Ce thème prenait là toute sa signification: le « super typhon » qui a frappé le Pacifique entre le 3 et le 11 novembre 2013 (au-dessus des Philippines le 8 novembre) a été le plus terrible de l’histoire, avec des vents à 315km/h. Il a fait quelque 6 200 morts, plus de 1 700 disparus et plus de 28 600 blessés.

Le pape a célébré sous le vent et la pluie. Lui-même ses collaborateurs, le cardinal Luis Antonio Tagle, archevêque de Manille, Mgr John Du, évêque de Palo, étaient revêtu d’un imperméable jaune transparent et l’esplanade de l’aéroport international de Tacloban ressemblait à un champ  immense fleuri de centaines de milliers de boutons d’or, les pieds dans l’eau et la boue. Tous des survivants de 2013. Au loin, les arbres pliaient sous les rafales.

C’est là que j’ai décidé de venir

Et après la messe, malgré la tempête, le pape n’a pas renoncé à sillonner l’esplanade immense pour passer au milieu des fidèles sur une Kia papale blanche dont l’auvent ne suffisait pas à le protéger complètement.

Du fait du mauvais temps aussi, le grand autel préparé n’a pas été utilisé: le pape a célébré sur un petit autel latéral. Et la messe a été écourtée: commencée à 2h30, elle s’est achevée vers 3h30.

Et puis, au moment de l’homélie, le pape a préféré laisser le texte préparé en anglais et il a parlé à l’assemblée d’abondance du coeur, en espagnol, avec une traduction consécutive. Des paroles que nous avons tenté de saisir au vol.

« Le Christ, a dit notamment le pape, ne déçoit pas, il est Seigneur. » « Il a voulu être « comme nous, excepté le péché », et « il marche toujours devant nous »: « quand nous passons pas la Croix, il passe devant nous. »

Le pae a évoqué le « super typhon » dévastateur: « Aujourd’hui nous sommes tous réunis quatorze mois après le passage du typhon Yolanda » et « nous n’allons pas nous affaiblir dans la foi », parce que « Jésus est passé devant nous dans sa passion, il a assumé notre peine. »

Le pape a ajouté en « confidence »: « quand j’ai vu depuis Rome cette catastrophe, j’ai compris que je devais venir ici: c’est alors que j’ai décidé de venir, pour être avec vous ». 

Un Seigneur capable de pleurer avec nous

« Un peu tard, mais je suis ici pour vous dire que Jésus est Seigneur, que Jésus ne déçoit pas. Vous allez me dire: « Père, il m’a déçu, parce que j’ai perdu ma maison, ma famille ». C’est vrai, je respecte vos sentiments, mais Jésus là, il est cloué sur la croix, et de là il ne nous déçoit pas. Il a été consacré Seigneur (…). Il est passé par toutes les calamités dont nous faisons l’expérience. Jésus est Seigneur depuis la croix, il est là pour vous. Il est capable de comprendre comme on l’a entendu dans la première lecture: en tout il est semblable à nous. »

« Nous avons un Seigneur qui est capable de pleurer avec nous, a continué le pape, suscitant une grande émotion dans l’assemblée. Il est capable de nous accompagner dans les moments les plus difficiles de la vie. »

Puis le pape a avoué que devant le désastre les paroles lui manquaient: « Tant parmi vous ont tout perdu, je ne sais que vous dire. Lui, il sait quoi vous dire. Tant parmi vous ont tout perdu: je vous accompagne de mon silence. Tant parmi vous se sont demandé, en regardant vers le Christ: « Pourquoi, Seigneur? » Et à chacun le Seigneur répond, dans votre coeur, depuis son coeur. Je n’ai pas d’autre parole à vous dire. Regardons vers le Christ, il est le Seigneur il nous comprend parce qu’il est passé par toutes les épreuves dont vous avez fait l’expérience. »

Puis le pape s’est tourné vers la statue de la Vierge à l’Enfant en disant: « Et auprès de la croix il y avait sa mère. Nous sommes comme le petit enfant (…). Quand nous ne comprenons pas, que nous voulons nous rebeller, il ne nous vient que de lui prendre la main et lui dire: « Maman ». Comme un enfant qui a peur dit: « maman! » Parce que c’est la seule parole que nous puissions dire dans les moments sombres. »

Il a invité à se recueillir: « Faisons ensemble un moment de silence, regardons vers le Seigneur. Il peut nous comprendre parce qu’il est passé par toute chose. Et regardons vers elle: dites à votre mère ce que vous ressentez dans votre coeur. Nous ne sommes pas seuls, nous avons une mère. Et un grand frère, Jésus. Nous ne sommes pas seuls. Et nous avons aussi de nombreux frères qui, au moment de la catastrophe, sont venus nous aider et nous nous sommes sentis plus frères parce que nous nous sommes aidés les uns les autres. »

Merci de ne pas nous avoir laissés orphelins

« C’est la seule chose que je voulais vous dire et pardonnez moi si je n’ai pas d’autres mots. Mais sachez que Jésus ne vous déçoit pas. Et l’amour et la tendresse de notre mère ne déçoit pas », a conclu le pape. 

Après la communion, le pape François a improvisé une prière d’action de grâce, toujours en espagnol, traduit par son interprète: « Nous venons de célébrer la passion, la mort et la résurrection de Jésus. Il nous précéde et il nous accompagne à chaque fois que nous nous réunissons pour prier et le célébrer. »

Le pape François a laissé déborder son action de grâce: « Merci Seigneur d’être avec nous aujourd’hui. Merci Seigneur de partager nos douleurs. Merci Seigneur de nous donner de l’espérance. Merci Seigneur pour ta grande miséricorde. Merci Seigneur parce que tu a voulu être comme l’un de nous. Merci Seigneur parce que tu es toujours proche de nous, même dans les moments de la croix. Merci Seigneur de nous donner de l’espérance. Seigneur, que l’espérance ne nous soit jamais enlevée. Merci Seigneur parce que dans les moments des plus grandes ténèbres, sur la croix, tu t’es souvenu de nous et tu nous a laissé une mère, ta mère. Merci Seigneur de ne pas nous avoir laissés orphelins. »

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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