« Je… demande au Saint-Esprit, qu’il aide à rétablir la confiance dans l’Église, que ceux qui ne veulent pas entendre l’Esprit Saint et ceux qui veulent continuer à couvrir, qu’ils s’en aillent de l’Église, pour céder la place à d’autres qui veulent une nouvelle Église, une Église renouvelée et une Église absolument exempte d’abus sexuels. »
C’est ce qu’a dit une victime d’abus sexuel, un homme de l’Amérique du Sud, dans une vidéo préenregistrée et diffusée ce jeudi matin 21 février 2019, tout de suite après la prière d’ouverture de la rencontre sur « La protection des mineurs dans l’Église » (21-24 février) dans la nouvelle salle du Synode, au Vatican. Au total, cinq témoignages préenregistrés provenant des différents continents ont été entendus par les évêques au début de la première journée de rencontre.
Une victime a demandé les évêques de procéder avec les cas des abus comme s’ils voient « un cancer » : « Vous devez traiter tout le cancer, a-t-il dit, ne pas enlever la tumeur, vous devez faire la chimiothérapie, vous devez faire la radiothérapie, vous devez faire des traitements. »
« Ce n’est pas facile d’écouter les témoignages, a dit le cardinal Luis Antonio G. Tagle, archevêque de Manille. J’ai entendu tant de témoignages, mais je ne pourrai jamais dire : « Je m’y suis habitué », non, jamais. Les témoignages ouvrent aussi mes plaies. Tant de fois nous n’affrontons pas nos blessures, mais à ce moment les témoignages sont des prophéties au niveau personnel, au niveau de la foi. Pour moi, c’est un moment difficile, mais c’est un moment de grâce, de renouveau. »
Voici le texte du premier témoignage.
MD
Premier témoignage
Tout d’abord, je voudrais remercier la Commission de m’avoir permis de m’adresser à vous aujourd’hui, ainsi que le Saint-Père pour tout le soutien et l’assistance qu’il nous a donnés ces derniers moments. Ils me demandent de parler de la douleur suite aux abus sexuels. Tout le monde sait que l’abus sexuel laisse une conséquence énorme pour toutes les personnes. Je crois donc qu’il ne vaut pas la peine de continuer à en parler parce que les conséquences sont évidentes, à tous égards, et demeurent pour le reste de leur vie.
Je voudrais plutôt parler de moi-même comme catholique, de ce qui m’est arrivé et de ce que je voudrais dire aux évêques. Pour un catholique, la chose la plus difficile est de pouvoir parler d’abus sexuels, mais une fois que l’on prend courage à aller raconter – dans notre cas, je parle de moi – la première chose que j’ai pensé était : je vais tout raconter à la Sainte Mère Église, où ils vont m’écouter et me respecter. La première chose qu’ils ont faite était de me traiter de menteur, de me tourner le dos et dire que moi et d’autres étions des ennemis de l’Église. Il s’agit d’un modèle qui non seulement s’est produit au Chili, mais s’est passé dans le monde entier, et cela doit cesser.
Je sais qu’ils sont là parlant de mettre un terme à ce phénomène et comment l’empêcher de se produire à nouveau et comment réparer tous ces dommages. D’abord, le pardon faux, le pardon forcé, ne fonctionne pas. Les victimes ont besoin d’être considérées, respectées, soignées et réparées. Vous devez guérir les victimes, vous devez être avec elles, vous devez les croire, vous devez les accompagner. Vous êtes les docteurs des âmes et pourtant, à de rares exceptions près, vous vous êtes convertis, dans certains cas, en meurtriers des âmes, en assassins de la foi. Quelle terrible contradiction. Je me demande ce que Jésus pense, ce que Marie pense, quand elle voit ses propres pasteurs, être ceux qui trahissent les brebis. Je vous demande, s’il vous plaît, de coopérer avec la justice, de prendre particulièrement soin des victimes, que ce qui se passe au Chili, c’est-à-dire ce que fait le Pape au Chili, se répète comme un modèle dans d’autres pays du monde.
Nous voyons chaque jour la pointe de l’iceberg, quand l’Eglise a voulu dire que c’est fini, les cas continuent à émerger, pourquoi ? Parce que vous procédez comme quand vous voyez un cancer, vous devez traiter tout le cancer, ne pas enlever la tumeur, vous devez faire la chimiothérapie, vous devez faire la radiothérapie, vous devez faire des traitements. Ce n’est pas enlever la tumeur et c’est fini. Je vous demande d’entendre ce que le Saint-Père veut faire, de ne pas accepter de la tête et faire autre chose après, tout ce que je demande, c’est que, et je le demande au Saint-Esprit, qu’il aide à rétablir la confiance dans l’Église, que ceux qui ne veulent pas entendre l’Esprit Saint et ceux qui veulent continuer à couvrir, qu’ils s’en aillent de l’Église, pour céder la place à d’autres qui veulent une nouvelle Église, une Église renouvelée et une Église absolument exempte d’abus sexuels.
Je confie tout cela à la Vierge, au Seigneur pour que tout cela devienne une réalité. Mais nous ne pouvons pas continuer ce crime, de couvrir ce fléau d’abus sexuels dans l’Eglise. J’espère que le Seigneur et Marie vous éclaireront, et qu’une fois pour toutes, nous collaborerons avec la justice, et nous extirperons ce cancer de l’Eglise, parce qu’ »il » veut en finir avec l’Eglise. Et c’est ce que veut le démon. Je vous remercie.
Protection des mineurs 21/2/2019 © Vatican Media
Protection des mineurs/témoignages: "Ils m'ont traité de menteur" 1/5
« Rétablir la confiance dans l’Eglise »