Pour promouvoir la paix, une « mentalité préventive », par le card. Martino

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Et une « écologie humaine internationale »

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ROME, Jeudi 9 mars 2006 (ZENIT.org) – Pour promouvoir la paix, il faut développer une « mentalité préventive », préconise le cardinal Martino, et une « écologie humaine internationale ». Ce concept, disait-il, « peut fournir une clef de lecture des phénomènes du conflit et de la guerre ».

Le cardinal Renato Raffaele Martino a en effet ouvert ce matin un colloque de trois jours organisé au Centre culturel Saint-Louis de France, par ce même centre, par le conseil pontifical Justice et Paix (dont le cardinal Martino est le président), et par le Centre international Jacques Maritain. Le thème : « Les chemins de la paix ».

Les nouvelles exigences de la paix
« La paix devra toujours plus être recherchée avec une mentalité préparée pour prévenir les conflits plutôt qu’avec des interventions a posteriori », expliquait le cardinal Martino.

« Le contexte mondialisé change les caractéristiques sociologiques de la paix, mais il n’en altère pas la dimension anthropologique et éthique, expliquait le cardinal. Il existe donc la nécessité d’élargir l’interprétation du monde d’aujourd’hui dans ses principales dynamiques, et d’apporter un supplément de courage prophétique, afin de pouvoir annoncer et préparer la paix dans le nouveau contexte mondial également. Parallèlement, il est aussi besoin de la capacité de retrouver le sens plein de la paix. Nous pouvons alors nous demander quelles sont les nouvelles exigences de la paix et donc aussi quels sont les chemins à parcourir pour la construire et la réaliser mieux que nous n’avons pu le faire jusqu’à maintenant ».

La « paix préventive »
Le cardinal Martino faisait observer qu’une fois qu’une guerre est déclarée, la complexité est telle que l’arrêter reste très difficile : « Il est plausible de considérer, tout d’abord, que la paix devra toujours plus être recherchée avec une mentalité préparée pour prévenir les conflits plutôt qu’avec des interventions a posteriori. Les causes de la guerre se multiplient et s’emmêlent. Les motifs liés à des intérêts économiques s’ajoutent aux conflits ethniques ou religieux : l’héritage de rancoeurs ancestrales se mêle à des situations politiques d’incertitude ou de despotisme ; les souffrances sociales alimentent des revendications qui s’expriment dans des formes violentes s’enchevêtrant souvent avec la lutte pour survivre ou bien avec les tensions provoquées par la possession de ressources naturelles. La guerre, et donc aussi la paix, se trouvent caractérisées par l’incertitude, tout comme d’autres importants phénomènes sociaux de notre époque. Que la guerre soit une « aventure sans retour », comme l’avait déclaré Jean-Paul II, est hélas vrai aussi du point de vue des nouveautés sociologiques : une fois qu’elle a éclaté, il devient très difficile de démêler l’écheveau de ses causes dans le but d’intervenir ex post et de rétablir la paix ».

La politique et les organismes internationaux
C’est pourquoi il recommandait « l’intensification » du rôle de la politique et des instruments internationaux : « Il sera toujours plus nécessaire, dans le futur, de prévenir les conflits plutôt que d’y remédier ensuite. On ne peut donc pas ne pas être d’accord avec ceux qui affirment que la complexité du monde globalisé ne demande pas moins de politique, mais bien une intensification de son rôle, justement pour gérer l’incertitude, accrue, et ce dans un dialogue plus ouvert et une concertation plus responsable. C’est dans ce contexte que se situe l’exigence, rappelée à maintes reprises par le Saint-Siège, de renforcer et de réorganiser les organismes internationaux ».

Une écologie « humaine »
Dans ce sens aussi le cardinal Martino recommandait de « cultiver une « écologie humaine » internationale ».

Il expliquait en effet : « La guerre est aujourd’hui un phénomène global et, pour répondre de façon active, cette donnée doit toujours plus mettre en relief le fait que la paix aussi est un phénomène global. Je crois que cette globalité doit être comprise surtout dans le sens intensif : si l’écologie politique, et jusqu’à l’écologie naturelle, font défaut, cela est dû au fait que manque aussi « l’écologie humaine » (cf. Centesimus annus, 38). Que signifie cette expression ? Elle signifie que non seulement l’environnement naturel, mais aussi celui humain – famille, société, économie et politique – exigent que soient respectés son écologie propre, son fonctionnement physiologique au centre duquel soit réellement placée la dignité de la personne ».

Les différentes écologies
Le cardinal Martino analysait ainsi les rapports entre les différentes « écologies » : « Or, ce qui est nouveau et typique dans la société mondialisée, c’est que tendent à disparaître les limites entre l’écologie naturelle (c’est-à-dire le respect responsable de l’environnement), l’écologie sociale (la justice et la promotion des personnes et des groupes), l’écologie politique (les rapports entre les Etats et les organismes politiques) et l’écologie humaine (un milieu moral dans lequel soit respectée la dignité de la personne). Les frontières tendent à disparaître dans le sens où les rapports entre ces milieux sont toujours plus étroits et complexes. Ce phénomène est particulièrement évident dans le cas de la guerre ».

Le président de Justice et Paix donnait cet exemple : « Les luttes pour échapper à la pauvreté et accaparer les ressources naturelles engendrent des conflits ; à leur tour, les conflits entraînent la destruction des ressources naturelles et engendrent la pauvreté. Les luttes pour s’octroyer les droits d’exploitation de l’écosystème (je pense ici à la bio-ingénierie végétale et animale qui aurait tendance à apposer son propre copyright sur la biodiversité) engendrent des profits et le bien-être pour certains, mais elles peuvent aussi conduire des classes et des peuples à la pauvreté ».

La dignité humaine
Le cardinal insistait sur la nécessité du respect de la dignité humaine. « Je crois, affirmait le cardinal Martino, que le concept d’écologie humaine peut fournir une clef de lecture des phénomènes du conflit et de la guerre, et donc, en positif, de la paix, capable de nous aider à affronter les nouveaux défis mondiaux. Elle permet de saisir la connexion qui existe dans l’homme entre les différents milieux de l’écologie et la nécessité d’un engagement cohérent et orienté car – comme dans un système de vases communicants – tout agit sur tout. La construction de la paix se fait avant tout par l’engagement pour une écologie humaine totale et pour un respect de la dignité de l’homme dans tous les domaines ».

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ZENIT Staff

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