Déplorant le phénomène du gaspillage alimentaire, « qui pèse de plus en plus sur notre conscience », le pape François invite à lutter contre la faim dans le monde en introduisant « un style de vie qui donne à la nourriture l’importance qu’elle mérite » et qui « consiste à bien valoriser ce que nous donne la Terre notre mère ».
Le pape François a adressé, ce 18 novembre 2019, un Message au directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), M. David M. Beasly, à l’occasion de l’ouverture de la seconde session ordinaire du Conseil exécutif du PAM qui se conclura le 21 novembre.
Le pape a invité à reconnaître et contenir les « mécanismes de superficialité, de négligence et d’égoïsme qui sous-tendent la culture du gaspillage ». Sinon, a-t-il averti, « il sera difficile d’honorer les engagements de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et de réaliser les objectifs de développement durable de l’Agenda 2030 des Nations Unies ».
HG
Message du pape François
A l’occasion de l’ouverture de la deuxième session ordinaire du Programme alimentaire mondial, j’ai le plaisir de saluer M. David M. Beasley, Directeur exécutif, et l’Ambassadeur Hisham Mohamed Badr, Président en exercice du Conseil exécutif, ainsi que tous les membres et participants.
Au début de cette nouvelle session, vous cherchez à formuler des initiatives concrètes visant à rendre plus efficace la lutte contre la faim dans le monde. Parmi vos nombreux projets figure la promotion de mesures décisives pour éliminer le gaspillage alimentaire, phénomène qui pèse de plus en plus sur notre conscience.
Dans de nombreux endroits, nos frères et sœurs n’ont pas accès à une nourriture suffisante et saine, tandis que dans d’autres, la nourriture est jetée et gaspillée. C’est ce que mon prédécesseur saint Jean Paul II appelait le paradoxe de l’abondance, qui continue d’être un obstacle à la résolution du problème de l’alimentation de l’humanité (cf. Discours d’ouverture de la Conférence internationale sur la nutrition, le 5 décembre 1992).
Ce paradoxe implique des mécanismes de superficialité, de négligence et d’égoïsme qui sous-tendent la culture du gaspillage. Si nous ne reconnaissons pas cette dynamique et ne cherchons pas à la contenir, il sera difficile d’honorer les engagements de l’Accord de Paris sur les changements climatiques et de réaliser les objectifs de développement durable de l’Agenda 2030 des Nations Unies. La réalisation de cet objectif relève de la responsabilité non seulement des organisations internationales et des gouvernements, mais de tous. Les familles, les écoles et les moyens de communication ont une tâche importante d’éducation et de sensibilisation à cet égard. Personne ne peut être considéré exempt de la nécessité de combattre cette culture qui opprime tant de personnes, en particulier les pauvres et les personnes vulnérables de la société.
Le Programme alimentaire mondial contribue à cette cause avec le récent lancement de sa campagne mondiale Stop the Waste (Arrêtons le gaspillage) soulignant le fait que le gaspillage alimentaire nuit à la vie de nombreuses personnes et empêche le progrès des peuples. Si nous voulons construire un avenir où personne n’est laissé pour compte, nous devons créer un présent qui rejette radicalement le gaspillage de nourriture. Ensemble, sans perdre de temps, en mettant en commun nos ressources et nos idées, nous pouvons introduire un style de vie qui donne à la nourriture l’importance qu’elle mérite. Ce nouveau mode de vie consiste à bien valoriser ce que nous donne la Terre notre mère et aura un impact sur l’humanité dans son ensemble.
Je vous assure, en outre, que l’Église catholique s’emploie à promouvoir la solidarité entre tous les peuples et souhaite coopérer avec le Programme alimentaire mondial en réaffirmant que tous les êtres humains ont droit à une alimentation saine et durable.
Je voudrais que cette campagne contribue à aider tous ceux qui, de nos jours, souffrent des effets de la pauvreté et à démontrer que chaque fois que la personne humaine est placée au centre des décisions politiques et économiques, la paix et la stabilité se consolident entre les nations, alors même que la compréhension mutuelle, fondement du progrès humain authentique, augmente partout.
Puissent votre engagement et votre dévouement éveiller chez tous les hommes de bonne volonté le désir de construire un monde nouveau et meilleur sous le signe de la fraternité, de la justice et de la paix. Que Dieu bénisse tous ceux qui suivent ce chemin.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat