Mgr Auza a rendu encore une fois hommage aux « milliers de femmes catholiques » qui « travaillent dans le monde entier pour assurer la promotion de la dignité des femmes et des filles ». « C’est un élément important, quoique méconnu », a-t-il poursuivi, « de la construction et du maintien de sociétés pacifiques ». Dans les situations de conflit et de tension, a-t-il souligné, « les femmes ne sont pas seulement des victimes » ; elles ont « un rôle essentiel et irremplaçable en tant que protagonistes dans la promotion de la paix et de la réconciliation au niveau local ».
Mgr Bernardito Auza, nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège aux Nations Unies, a délivré un discours lors du débat public du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité, à New York, le 4 novembre 2019. Le discours a été prononcé par Mgr David Charters.
Mgr Auza a invité le Conseil de sécurité à « veiller à ce que des politiques et des programmes soient fondés et mis en œuvre à tous les niveaux pour favoriser l’intégration des femmes dans les processus de paix et obtenir des résultats plus profonds et durables pour le bien de tous ». En effet, a-t-il souligné, si « une plus grande place est accordée à leur contribution unique à la recherche de la paix et de la réconciliation », il reste cependant « encore beaucoup à faire pour accroître la représentation des femmes dans ce domaine »
Voici notre traduction du discours de Mgr Auza prononcé en anglais.
HG
Discours de Mgr Bernardito Auza
Madame la Présidente,
Ma délégation tient à remercier la présidence du Royaume-Uni d’avoir convoqué de nouveau le débat public d’aujourd’hui sur les femmes, la paix et la sécurité.
L’année prochaine marquera le vingtième anniversaire de la Résolution 1325 du Conseil de sécurité sur les femmes, la paix et la sécurité. Des progrès ont été réalisés au cours des années qui se sont écoulées depuis son adoption. Les voix des femmes sont de plus en plus entendues et, dans de nombreux endroits, une plus grande place est accordée à leur contribution unique à la recherche de la paix et de la réconciliation. Toutefois, il reste encore beaucoup à faire pour accroître la représentation des femmes dans ce domaine important. Le pape François a récemment commenté « les grandes différences qui marquent encore la condition de la femme dans le monde, et qui découlent principalement de facteurs socioculturels ». (1)
Dans les situations de conflit, les femmes, qui sont rarement la cause ou les auteurs de la violence, sont souvent les premières victimes. Elles subissent de plein fouet les effets négatifs des conflits, tels que les déplacements forcés et le manque de biens de base et de services essentiels, tels que l’eau potable et un assainissement adéquat. Cela a un effet néfaste sur leur santé et leur bien-être ainsi que sur ceux qui leur sont confiés. Elles se retrouvent aussi souvent exclues des conversations et des programmes qui cherchent à trouver des solutions pour servir la cause d’une paix durable.
Madame la Présidente,
Nous connaissons l’impact des conflits armés sur les femmes et les filles. Malheureusement, notre attention est trop souvent attirée sur le problème de la violence sexuelle utilisée comme arme de guerre. Cela doit être fermement condamné en tout temps et en tout lieu. Des efforts plus efficaces doivent être faits pour que de tels crimes odieux ne soient pas commis. Les auteurs doivent être traduits en justice. L’impunité généralisée de ces actes, comme c’est encore le cas dans les situations de conflit, doit être combattue si l’on veut que ces crimes diminuent.
Toutefois, dans les situations de conflit et de tension dans le monde, nous ne devons jamais oublier que les femmes ne sont pas seulement des victimes. Les femmes ont également un rôle essentiel et irremplaçable en tant que protagonistes dans la promotion de la paix et de la réconciliation au niveau local, en particulier au sein de la famille et de la communauté locale. Leur sens féminin unique du pouls des situations difficiles les rend capables d’exprimer les préoccupations et les aspirations de ces communautés d’une manière qui complète et améliore les contributions des hommes. Il est important que leur génie et leur expertise irremplaçables soient mis à profit dans la prise de décisions aux niveaux national, régional et international. Exclure la pleine participation des femmes à toutes les étapes et à tous les aspects des processus de paix serait manquer aux engagements pris depuis l’adoption de la Résolution 1325. A cet égard, le Saint-Siège prend note de la décision de rendre les opérations de maintien de la paix des Nations Unies plus sensibles aux besoins fondamentaux des femmes et des filles, à la fois pour assurer la protection de celles qui se trouvent dans des situations de conflit et pour faciliter la présence de femmes en uniforme dans les missions de maintien de la paix. Comme l’affirmait récemment le pape François, « si nous prenons à cœur l’importance de l’avenir [et] si nous rêvons d’une paix future, nous devons donner une place aux femmes ». (2)
Cela fait quarante ans que Mère Teresa de Calcutta a reçu le prix Nobel de la paix. Elle était connue pour son travail désintéressé et pour son engagement inlassable envers les plus pauvres parmi les pauvres, les abandonnés, les enfants à naître, les mourants et ceux que la société laisse derrière elle. Chaque jour, de manière souvent très cachée et humble, des milliers de femmes catholiques travaillent dans le monde entier pour assurer la promotion de la dignité des femmes et des filles ; c’est un élément important, quoique méconnu, de la construction et du maintien de sociétés pacifiques.
Le travail des femmes dans ces instituts religieux répond également aux besoins et aux défis de l’horreur de la traite des êtres humains et des autres abus que subissent les femmes, les hommes, les garçons et les filles. Au milieu de situations très complexes et tragiques, le réseau international de sœurs catholiques « Talitha Kum », depuis sa fondation il y a 10 ans, a aidé plus de 15 000 victimes et en a touché quelque 200 000 autres par ses actions de sensibilisation et de prévention. (3) Ces femmes de paix et de solidarité, à l’intérieur comme à l’extérieur des situations de conflit, courent pour aider ceux qui souffrent des conséquences des guerres et du sous-développement et donner à toute la communauté internationale un exemple de lutte contre les causes profondes des conflits et des inégalités.
Madame la Présidente,
Dans l’exercice de sa responsabilité cruciale de promouvoir et de maintenir la paix et la sécurité internationales, le Conseil de sécurité doit veiller à ce que le programme d’action en faveur des femmes, de la paix et de la sécurité ne se limite pas à des engagements verbaux. Il doit plutôt veiller à ce que des politiques et des programmes soient fondés et mis en œuvre à tous les niveaux pour favoriser l’intégration des femmes dans les processus de paix et obtenir des résultats plus profonds et durables pour le bien de tous.
Je vous remercie de votre aimable attention.
- Pape François, Discours aux participants à la première Assemblée générale de « Talitha Kum », le Réseau international de vie consacrée contre la traite des êtres humains, Vatican, 26 septembre 2019.
- Pape François, Discours aux membres du Comité juif américain, 8 mars 2019.
- Pape François, Discours aux participants à la première Assemblée générale de « Talitha Kum », note 1 supra.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat