Outre la situation humanitaire en Syrie, « marquée par des souffrances sans précédent », Mgr Auza dénonce, à l’ONU « la plus grande catastrophe humanitaire au monde » qui sévit actuellement au Yémen.
Mgr Bernardito Auza, nonce apostolique et observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies, à New York, est intervenu lors du débat public du Conseil de sécurité sur la situation au Moyen-Orient, y compris la question palestinienne, le 26 avril 2018.
« La situation au Moyen-Orient reste un sujet de grave préoccupation pour la paix et la sécurité internationales », menacées par « les effets conjugués de différends anciens et non résolus », a déclaré Mgr Auza.
Quant au conflit israélo-palestinien, la délégation du Saint-Siège a rappelé « l’obligation de toutes les nations de respecter le statu quo historique de la ville sainte » et réitéré « son ferme soutien à la solution des deux États ».
Reprenant les paroles récentes du pape François, il a exhorté le Conseil de sécurité des Nations Unies et « tous ceux qui ont une responsabilité politique » à faire prévaloir la justice et la paix.
Voici notre traduction de l’intervention de Mgr Auza prononcée en anglais.
HG
Intervention de Mgr Bernardito Auza
Monsieur le Président,
Le Saint-Siège remercie la présidence péruvienne d’avoir convoqué ce débat trimestriel sur le Moyen-Orient, y compris la question palestinienne.
La situation au Moyen-Orient reste un sujet de grave préoccupation pour la paix et la sécurité internationales. Des questions allant du conflit israélo-palestinien aux crises en Syrie et au Yémen ont dominé une grande partie de nos discussions au Conseil de sécurité ces dernières années. Les effets conjugués de différends anciens et non résolus menacent de déstabiliser toute la région, avec des conséquences énormes pour la paix et la sécurité internationales: les défis de la gouvernance; l’explosion démographique de la jeunesse et les taux élevés de chômage; l’effondrement des institutions de l’État; la violation des droits de l’homme et du droit international humanitaire; les conflits sectaires; les rivalités géopolitiques; la menace du terrorisme et de l’extrémisme violent; la prolifération des armes de destruction massive, y compris l’utilisation d’armes chimiques; un afflux massif de réfugiés et de migrants; et les crises humanitaires.
Monsieur le Président,
La situation humanitaire en Syrie reste marquée par des souffrances sans précédent, la destruction et le mépris de la vie humaine. Comme le disait le pape François la semaine dernière, « il n’y a pas de bonne guerre ou de mauvaise guerre ». Il a appelé les dirigeants politiques et militaires à « choisir un autre chemin, celui des négociations, qui est le seul qui puisse apporter la paix et non la mort et la destruction ». [1]
La vie de millions de Yéménites a été dévastée par ce que le Secrétaire général a qualifié à juste titre de « guerre stupide ». Les événements au Yémen ont été qualifiés de la plus grande catastrophe humanitaire au monde et sont entièrement d’origine humaine. La communauté internationale doit accorder une plus grande attention à ce conflit, où les civils paient un prix énorme dans une guerre insensée qui a été éclipsée par d’autres conflits dans la région.
En ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, le Saint-Siège se joint à la grande majorité des délégations ici présentes pour réitérer son ferme soutien à la solution des deux États, seul moyen viable de réaliser les aspirations de coexistence pacifique entre Israéliens et Palestiniens. Tout Israélien et tout Palestinien a le droit de vivre dans la paix et la sécurité. Ce qu’il faut maintenant, c’est un engagement renouvelé en faveur de négociations en vue d’une solution prévoyant deux États. Pour avoir les meilleures chances de succès, les pourparlers de paix doivent avoir lieu dans un climat exempt de violence. La violence en cours souligne simplement à quel point une résolution juste et durable est en retard.
En ce qui concerne Jérusalem, le Saint-Siège voudrait rappeler une fois de plus l’obligation de toutes les nations de respecter le statu quo historique de la ville sainte, conformément aux résolutions pertinentes de l’ONU. Seul un statut internationalement garanti peut préserver le caractère unique de Jérusalem.
Monsieur le Président,
Cette sombre image de la région conduit ma délégation à renouveler l’appel du pape François qui, tout en considérant la responsabilité du Conseil de sécurité des Nations Unies de rechercher une réponse unifiée et efficace pour une paix durable en Syrie et dans d’autres régions du monde, a encouragé « tous ceux qui ont une responsabilité politique afin que la justice et la paix puissent prévaloir ». [2] À cet égard, le Conseil de sécurité demeure un acteur clé pour faire en sorte que tous ces efforts soient guidés par le droit international applicable. L’ampleur et la portée des défis auxquels nous sommes confrontés devraient galvaniser tous ceux qui attachent de l’importance à la paix et aux droits de l’homme, afin que ceux qui sont le plus touchés par les conflits et l’insécurité ne soient pas laissés pour compte.
Merci, Monsieur le Président.
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NOTES
- Pape François, Discours après le Regina Coeli, Place Saint-Pierre Rome, 8 avril 2018.
- Pape François, Discours après le Regina Coeli, Place Saint-Pierre Rome, 15 April 2018.
© Traduction de Zenit, Hélène Ginabat