Moyen Orient : Un synode pour favoriser la communion entre les catholiques

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Présentation du document préparatoire du synode

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ROME, Mardi 19 janvier 2010 (ZENIT.org) – La différence des rites et des langues, des situations géographiques, sociales et politiques, des cultures mêmes, rend difficile la communication et la communion entre les catholiques du Moyen Orient : le synode convoqué par Benoît XVI pour octobre prochain aura pour premier objectif de favoriser une plus grande « communion » entre ces communautés dispersées et minoritaires, et ceci de façon à « offrir un témoignage de vie chrétienne authentique, joyeuse et attirante ».

Ce sera aussi l’occasion de demander ensemble une plus grande liberté religieuse : la liberté de culte ne suffit pas, a fait observer Mgr Eterovic. Il indique aussi la nécessité de la formation comme facteur de communion.

Présentation du document

Le secrétaire général du synode des évêques, Mgr Nikola Eterovic, a présenté ce matin à la presse, au Vatican, le document préparatoire aux travaux du synode, les « Lineamenta ». Mgr Eterovic était accompagné de Mgr Fortunato Frezza qui a offert une réflexion sur la Terre Sainte et le synode.

Rappelons que ce synode se tiendra à Rome, pour la première fois, du 10 au 24 octobre 2010, sur le thème : « L’Eglise catholique au Moyen-Orient : communion et témoignage. ‘La multitude des croyants n’avait qu’un cœur et qu’une âme’ (Ac 4, 32) ».

« Le thème du synode, avait expliqué Mgr Eterovic en septembre dernier déjà, a été personnellement choisi par Benoît XVI après avoir écouté les suggestions recueillies par le secrétariat général qui a consulté les évêques. L’indication du pape est de réfléchir avant tout sur la communion et le témoignage que l’Eglise est appelée à donner dans ce contexte du Moyen Orient ».

Structure et avenir du document

Ce cap est donc maintenu par les Lineamenta, élaborés à partir des observations des pasteurs catholiques de la région et publiés ce matin par le Saint-Siège en arabe, en français, en anglais et en italien (cf. section « documents »). Les Lineamenta constituent le premier document de travail de l’assemblée synodale : les réponses aux questions que pose le document serviront à élaborer ensuite « l’Instrument de travail » du synode. La méthode de travail synodal est en effet fondée sur un aller-retour précis et répété entre le secrétariat général du synode à Rome et les évêques sur le terrain.

En français, le fascicule contient l’avant-propos de Mgr Eterovic (2 pages) et le document lui-même (27 pages). Le document se présente sous la forme d’une introduction (But du synode, Réflexion guidée par l’Ecriture sainte) et d’une conclusion (Quel avenir ?, Une espérance), et de trois chapitres principaux :

I – L’Eglise catholique au Moyen Orient – 8 pages : situation, défis, réponses des chrétiens,

II – La communion ecclésiale – 3 pages : dans l’Eglise et entre les Eglises, dans la hiérarchie et avec les fidèles,

III – Le témoignage chrétien – 11 pages : dans l’Eglise, rapports avec le judaïsme, avec les musulmans, dans la société.

Chaque partie du document s’achève sur une série de questions, en tout 32 questions auxquelles sont appelés à répondre non seulement les évêques de la région mais aussi des institutions ou des catholiques d’autres régions, parce que, a souligné Mgr Eterovic, la Terre Sainte concerne tous les catholiques, pas seulement ceux qui y vivent : il a rendu grâce pour cette permanence des chrétiens en 2000 ans, en dépit des soubresauts de l’histoire et des persécutions.

Favoriser la communion

Mgr Eterovic a également confirmé que le pape Benoît XVI remettrait aux patriarches et évêques du Moyen Orient l’ « Instrumentum laboris » de ce synode – le document de travail, qui sera préparé à partir des réponses aux questions des Lineamenta – lors de sa visite à Chypre, du 4 au 6 juin. Le pape l’avait annoncé lors de la clôture du synode africain, le 25 octobre 2009.

Un facteur positif pour « raviver » la communion est par ailleurs le fait que le synode rassemblera « tous » les évêques de la région (ce qui n’est pas possible par exemple lors des synodes continentaux), ainsi que, c’est la règle synodale, des évêques d’autres continents et des représentants de la curie romaine, notamment de la congrégation romaine pour les Eglises orientales catholiques, soit autour de 150 personnes, a précisé Mgr Eterovic. Il a ajouté que ce nombre, inférieur de 100 personnes environ par rapport aux autres synodes permettra que cette assemblée spéciale du synode se déroule en deux semaines au lieu de trois.

A propos du thème central de l’assemblée, la communion, Mgr Eterovic a précisé ce matin : « En soulignant la nature théologique de la communion, qui a son fondement dans le mystère de la très sainte Trinité, le document entre dans la question de la communion à l’intérieur de l’Eglise catholique, c’est-à-dire entre les différentes Eglises orientales catholiques qui devraient devenir toujours davantage une richesse pour tous les chrétiens du Moyen Orient, et même pour toute l’Eglise catholique ». Il signale deux « signes principaux de communion » : l’eucharistie et « la communion avec l’évêque de Rome, Successeur de saint Pierre apôtre et Chef visible de toute l’Eglise ».

Il a relevé que déjà sur le terrain des catholiques de tel ou tel rite fréquentent une autre église que la leur, en raison de la proximité.

Nécessité de la formation

Il a souligné comme favorisant la communion, la nécessité de la « formation » pour que les catholiques puissent « vivre plus fidèlement leur foi dans la vie publique et privée » et « continuer à apporter leur précieuse contribution à l’édification d’une société démocratique, respectueuse des droits et des devoirs de tous ses membres ».

Le témoignage chrétien est d’ailleurs le chapitre le plus long qui comprend à la fois le dialogue avec les autres Eglises et communautés chrétiennes, le dialogue avec le judaïsme et avec les musulmans, le rôle des chrétiens dans la société et les rapports Eglise-Etat.

La liberté de conscience et de religion

Le document s’appuie sur les paroles de Benoît XVI au cours de son voyage en Terre Sainte et distingue les plans politique et religieux de façon à « ne pas instrumentaliser la Bible à des fins politiques ni la politique à des fins religieuses ». Il souligne que du fait du « manque de distinction entre religion et politique, en pratique, les chrétiens sont souvent en position de non-citoyenneté », même dans des pays dont la constitution en théorie garantit l’égalité entre les citoyens.

Mgr Eterovic a rappelé que la liberté de religion ne se réduit pas à la « liberté de culte ». Il a cité notamment l’article 18 de la déclaration des Droits de l’homme sur la liberté de conscience et de religion, faisant observer que cela implique aussi la liberté de changer de Credo. Or des musulmans , a-t-il donné comme exemple, acceptent des chrétiens d’origine, mais ils n’acceptent pas que des musulmans embrassent la foi chrétienne. Il ne s’agit pas à proprement parler de « persécution » lorsque il n’y a pas de « politique d’Etat » visant à la persécution, mais il faut favoriser le respect des droits de l’homme dans ce domaine aussi, a-t-il ajouté dans l’échange avec la presse.

La paix et la réconciliation

Le document, a souligné Mgr Eterovic condamne la violence, d’où qu’elle vienne et propose « le dialogue comme le meilleur moyen de résoudre les problèmes ».

Mgr Eterovic a insisté avec le document sur le « pardon réciproque » et la réconciliation, notamment en citant le Message de Jean-Paul II pour la Journée mondiale de la Paix de 2002 : « pas de paix sa
ns justice, pas de justice sans pardon ». Il a souligné que le dialogue permettra de « marginaliser els extrémismes politiques et religieux », en vue du renouveau de la société au Moyen Orient.

L’objectif de Benoît XVI

Benoît XVI a annoncé le synode pour le Moyen Orient le samedi 19 septembre 2009, à Castel Gandolfo, dans un discours aux patriarches et aux archevêques majeurs orientaux. Il avait alors indiqué deux directions : le développement de la synodalité et le désir des Orientaux de rencontrer plus souvent l’évêque de Rome.

« J’estime de mon devoir de développer la synodalité, tant pratiquée dans l’ecclésiologie orientale et tant appréciée par le Concile Vatican II », avait expliqué Benoît XVI. Il avait également mentionné le souhait de ces responsables orientaux d’avoir « des rencontres plus fréquentes avec l’Evêque de Rome, en vue de renforcer la communion des Eglises orientales avec le siège de Pierre ».

Anita S. Bourdin

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ZENIT Staff

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