Mgr Brian Farrell : L’unité des chrétiens est essentielle pour que le monde croie (2)

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Entretien avec le secrétaire du Conseil pour la Promotion de l’unité des chrétiens

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ROME, Jeudi 9 mars 2006 (ZENIT.org) – Si l’on veut éviter un conflit entre l’Orient et l’Occident et répondre aux désirs les plus profonds du monde, il faut « que les chrétiens travaillent et parlent d’une seule voix », a affirmé le secrétaire du Conseil pontifical pour la Promotion de l’Unité des Chrétiens.

Cet entretien accordé à Zenit a été recueilli par « Cooperatores Veritatis », lors de la visite de Mgr Brian Farrell, L.C. à Porto Alegre, au Brésil, à l’occasion de la IX Assemblée du Conseil oecuménique des Eglises (COE) qui a eu lieu du 14 au 23 février. Nous publions ci-dessous la deuxième et dernière partie de cet entretien.

Q : Comment les catholiques du Brésil, où il existe de nombreuses petites sectes évangéliques, doivent-ils comprendre et vivre l’œcuménisme ?

Mgr B. Farrell : Tout d’abord, dans l’oecuménisme s’applique le principe selon lequel une personne doit témoigner de sa foi. Les catholiques doivent donc aborder le dialogue avec la foi de l’Eglise, en cherchant à comprendre qui est le frère séparé, quelle est la base de sa foi, quels sont les points en commun, les différences et, en cherchant à trouver, dans le dialogue, les raisons pour parvenir à une convergence sur ces différences.

Le catholique qui aborde l’oecuménisme doit par conséquent être une personne de foi, de connaissances, de grande spiritualité, car l’œcuménisme n’est pas une question d’accords, de discussions et de questions traitées par des experts. L’oecuménisme est la vie de l’Eglise qui cherche la volonté du Christ dans tous les autres frères unis à nous à travers le Baptême.

Q : Dans son homélie pour la clôture de la Semaine de Prière pour l’Unité des Chrétiens, le 25 janvier dernier, le pape affirmait que « à la base de l’engagement oecuménique il y a la conversion du cœur ». Comment définiriez-vous un coeur ouvert à l’unité ?

Mgr B. Farrell : Cela signifie que nous ne serons jamais unis si nous ne sommes pas en Jésus Christ ; et parvenir à vivre en Jésus Christ et de Jésus Christ, est une question de conversion. Ceci, dans l’oecuménisme, a une application très concrète dans les situations réelles dans lesquelles, au cours de l’histoire, certains ont été persécutés par d’autres, certains ont souffert à cause d’autres et le souvenir des choses passées, douloureuses, difficiles, demeure, même après des siècles. La conversion dans l’oecuménisme est très liée à la purification de la mémoire : il faut reconsidérer ces événements du passé, qui ont provoqué tant de souffrance et de division, à la lumière du Christ. Le Christ réconcilie tous en un. A travers le Christ, en nous rapprochant du Christ, en vivant du Christ, nous aurons la sagesse et la force, je ne dis pas pour oublier le passé, mais pour le voir à la lumière de Dieu, et ainsi découvrir que, malgré tout ce qui s’est passé, malgré les difficultés, nous sommes et nous serons toujours davantage, des frères et sœurs en Jésus Christ.

Q : A propos du Conseil oecuménique des Eglises le cardinal Kasper a affirmé: « nous ne sommes pas des membres mais de bons associés ». Comment se déroule le travail ensemble ? Pourquoi le dialogue de l’Eglise catholique avec les autres confessions est-il bilatéral et non multilatéral ?

Mgr B. Farrell : Avec une confession concrète, par exemple avec les orthodoxes, il est bilatéral. Notre dialogue avec les anglicans est bilatéral. Le Conseil oecuménique des Eglises est comme un forum mondial dans lequel de nombreuses Eglises protestantes et orthodoxes se rencontrent. Nous ne sommes pas membres pour de nombreuses raisons très sérieuses et au fond, nous ne pouvons pas être membre parce que nous sommes une Eglise unique, universelle. Les membres du Conseil sont des Eglises nationales ou des groupes d’Eglises régionales. Nous ne nous insérons pas dans ce contexte mais nous apprécions beaucoup le Conseil œcuménique des Eglises comme une merveilleuse possibilité de réunir de nombreux chrétiens et travailler avec eux, collaborer avec eux, chercher tous ensemble l’unité, et tout en cherchant l’unité travailler afin de répondre de manière chrétienne à tant de problèmes et de difficultés présents dans le monde entier.

Q: Existe-t-il un consensus sur la signification de l’oecuménisme de la part de ceux qui participent au dialogue oecuménique? Quels sont les obstacles principaux à affronter ?

Mgr B. Farrell : Il existe deux aspects dans cette Assemblée générale. En premier lieu il s’agit d’une rencontre de personnes venant du monde entier, très différentes les unes des autres, qui appartiennent à des Eglises également très différentes. Elles sont cependant animées par une seule chose : la recherche de l’unité. Dans cette assemblée on voit la foi, l’aspiration à l’unité, le désir de travailler pour l’unité. Nous sommes également conscients des raisons profondes pour lesquelles nous sommes divisés. Chaque Eglise a son auto-conscience. Naturellement l’Eglise catholique, comme une Eglise qui a deux mille ans et une très forte tradition, a une forte auto-conscience et sait exactement en quoi elle croit et ce qu’elle pense sur l’œcuménisme. Pour nous, la finalité de l’œcuménisme est l’unité pleine et visible de tous les disciples, de tous les fidèles du Christ. D’autres communautés ont quelques fois une auto-conscience différente et peuvent ainsi avoir un objectif diffèrent de leur travail oecuménique. C’est de cela dont il s’agit dans le dialogue multilatéral au Conseil oecuménique des Eglises ; on cherche également à mieux définir la finalité du travail œcuménique.

Q : Au cours de l’Assemblée ont eu lieu quelques tentatives en vue de la reconnaissance réciproque du Baptême et de fixer une date commune pour fêter Pâque ; des préoccupations soulignées par le cardinal Walter Kasper ?

Mgr B. Farrell : Ces préoccupations ont été soulevées par de nombreuses personnes. Ces problèmes ne datent pas d’aujourd’hui, et n’émanent pas de cette seule Assemblée. Ce sont des questions que l’on traite depuis des années. De nombreuses études et dialogues tentent d’éclairer les conséquences du Baptême commun entre chrétiens. Nous sommes tous incorporés au Christ à travers le Baptême, que nous appartenions à une Eglise ou à une autre. Cela a un sens profond, et il faut découvrir ce que cela signifie. Pour ce qui concerne la question de Pâque, l’Eglise catholique s’est déclarée prête à changer le mode de fixer le jour, pour se mettre d’accord avec les Eglises orthodoxes et orthodoxes orientales sur la date, si l’on peut trouver une solution commune. Nous sommes disponibles. C’est un problème très compliqué ; il y a eu des discussions sur la date de Pâque au IIIème siècle de l’Eglise et il y en a encore aujourd’hui. C’est un point sur lequel nous discuterons et auquel nous tenterons de trouver une solution. Ce serait un témoignage magnifique pour le monde que les chrétiens célèbrent ensemble, le même jour, la résurrection du Christ, le cœur de notre foi.

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ZENIT Staff

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