Lutte contre les maladies infectieuses modernes : congrès pastoral au Vatican

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Et une action proposée à tous pour Noël

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ROME, Mardi 21 novembre 2006 (ZENIT.org) – « Notre tâche n’est pas de présenter un congrès médical spécialisé dans les maladies infectieuses, mais un congrès pastoral qui, même s’il implique des connaissances médicales, aille au-delà et tente de communiquer l’esprit chrétien à ces connaissances » : le cardinal mexicain Javier Lozano Barragan, a conclu en ces termes sa présentation du 21ème congrès du conseil pontifical pour la pastorale de la Santé donT il est le président. Il a annoncé une opération de Noël de la fondation du « Bon Samaritain » gérée par son dicastère, pour financer les médicaments de malades du sida.

Le congrès aura lieu au Vatican les 23-25 novembre. Il a pour titre : « Les aspects pastoraux des soins des maladies infectieuses ». Il rassemblera, a indiqué le cardinal Lozano Barragan, 536 participants des cinq continents. Cela correspond d’ailleurs, soulignait-il, à la diffusion des infections qui ne « connaissent pas de frontières », avec en particulier « les migrations », le commerce et le « tourisme » : « le monde est globalisé aussi de ce point de vue ! ».

L’action de l’Eglise, mandat du Christ
Le cardinal Lozano Barragan rappelait le commandement du Christ à ses disciples : « Guérissez les malades » comme source de l’engagement de l’Eglise sur ce front, et tout au long de son histoire : « Aujourd’hui encore, précisait-il, les personnes frappées par le virus Ebola, la SARS, le sida, ou la grippe aviaire et se trouvant dans une situation de faiblesse et quel que soit le danger que représente leur maladie – sont soignées, assistées, et accompagnées, spirituellement, pastoralement et médicalement dans des centres appartenant à des diocèses, des ordres religieux ou des congrégations ».

C’est aussi la raison pur laquelle cette 21e édition consacrera une conférence, a précisé le secrétaire du dicastère organisateur, Mgr José L. Redrado, au « témoignage des saints qui se sont consacrés aux soins des maladies infectieuses », et souvent même au prix de la vie.

Il a souligné qu’en cela l’Eglise s’était toujours trouvée à « l’avant-garde ». Il citait une étude ayant impliqué 146 structures médicales catholiques : 64 % d’entre elles traitent de ces maladies infectieuses, 59 % ont des programmes spécifiques contre la tuberculose, 45 % contre le sida, 40 % contre la malaria. En outre, elles travaillent parallèlement à la prévention par l’éducation, et par des campagnes de sensibilisations.

Il s’agit ainsi, soulignait le cardinal Lozano Barragan « d’éclairer par l’Évangile le monde de la santé et de la maladie afin de rendre un témoignage digne de foi à la Résurrection du Seigneur, en donnant réponse aux questions fondamentales de l’existence humaine et en expliquant le sens chrétien de la souffrance et de la santé selon l’Enseignement du Magistère de l’Église ».

Les défis de la malaria et du sida
A propos de la malaria, le Dr Nicola Petrosillo, directeur de la IIe division de l’Institut national italien pour les maladies infectieuses « L. Spallanzani », de Rome, a précisé qu’elle affecte quelque 300 millions de personnes dans le monde, dont plus d’un million d’enfants, et provoque 100 000 morts par an. Le congrès sera l’occasion disait-il d’examiner si parfois les remèdes « ne sont pas pires que la maladie », comme la question se pose pour l’emploi du DDT contre les moustiques.

Pour ce qui est du sida, on compte une diminution des malades en Europe occidentale avec environ 720 000 malades, mais 5 millions et demi en Afrique du Sud et 5 millions et demi en Inde ! Le Dr Petrosillo soulignait la nécessité de travailler aussi sur la restauration du système immunitaire pour éviter notamment que le malade du sida ne soit emporté par une « maladie opportuniste ». Cela pose une question de nutrition. En Europe occidentale, on compte 5 décès pour 10 000 malades, mais en Afrique sub-saharienne 7 morts pour 1000 malades. En tout, un rythme de décès de 6, 7 personnes par minute, dans le monde.

Le cardinal Lozano Barragan soulignait la nécessité de campagnes d’information pour favoriser la « conscience » des voies de contamination, citant le très grand nombre de cas en Estonie, par exemple, ou le refus jusqu’à il y a un peu plus d’un an, d’un gouvernement africain d’utiliser les médicaments anti-rétroviraux préconisant comme remèdes la betterave, le citron et les douches…

Les malades, les familles et le personnel de santé
« La finalité de notre réflexion sera, expliquait encore le cardinal Lozano Barragan, de faire connaître le Magistère ecclésial sur les aspects spirituels et moraux de ces maladies et de manifester la sollicitude de l’Église pour les malades eux-mêmes ».

En même temps, ajoutait-il, « nous voulons aider les personnels de santé, les aumôniers d’hôpitaux, les médecins, les personnels infirmiers, les administrateurs des structures de santé, les bénévoles ainsi que tous ceux qui se dédient à la pastorale de la santé à travers le monde, à mieux comprendre l’aspect spirituel et moral des maladies infectieuses et à prêter une meilleure attention aussi bien aux malades qu’à ceux qui les assistent ».

Le congrès s’articulera en trois parties
« En parlant de la réalité des maladies infectieuses, nous la focaliserons d’abord du point de vue historique pour en considérer ensuite les principales en ce moment », à savoir tuberculose, malaria, sida…, en examinant aussi les « causes », « soit au niveau personnel (comportement humain, style de vie, alimentation, affaiblissement du système immunitaire, démographie, contacts internationaux, migrations …), soit au niveau technologique (changements technologiques, industriels, mutation et résistance des bactéries ), soit au niveau politique (suspension des mesures de santé publique, affaiblissement du système sanitaire, évènements belliqueux, terrorisme), soit, enfin, au niveau écologique (changements climatiques, dégâts causés à l’environnement, pollution de l’air et du réseau hydraulique) ».

Puis viendra le moment des questions: « Que faut-il penser des maladies infectieuses du point de vue chrétien ? Dans les différentes réponses que nous essaierons de donner, nous aurons recours à la Révélation, aux Pères et à l’Histoire de l’Église ainsi qu’à la réflexion théologique sur le thème « Foi, Charité et maladies infectieuses ». »

Dialogue et collaboration interreligieuse
Comme à l’accoutumée ce congrès aura une dimension de dialogue interreligieux avec la participation du grand rabbin de Rome, le Prof. Abramo Alberto Piattelli, qui enseigne le judaïsme post-biblique à l’université pontificale du Latran, d’un exposé sur l’Islam, l’Hindouisme et le Bouddhisme.

Le cardinal Lozano Barragan a précisé à ce sujet à Zenit que ce dialogue porte tout d’abord un fruit de « joie, compréhension, ouverture », avec un moment important, celui de la rencontre avec le pape qui salue les représentants des autres religions présents et leur exprime combien il apprécie leur contribution. Ensuite, précisait le cardinal mexicain, on voit les fruits au niveau de la « collaboration » sur le terrain, et il citait pour exemple sa visite dans un hôpital bouddhiste et la collaboration à l’intérieur d’un hôpital catholique avec des Bouddhistes. Le soins des malades y gagne, faisait observer le cardinal, en « efficacité ».

Le monde, rappelait-il, compte environ 1,2 milliard de catholiques et plus de 6 milliards d’hommes et de femmes qui ne sont pas catholiques. C’est une occasion de « collaborer » pour lutter ensemble contre les maladies avec des représentants d’autres religions. Le dialogue permet de « connaître leur point de vue » et « l’enrichissement » s’avère « réciproque », en
vue d’une « action pastorale plus ample ».

Des actions concrètes
« Enfin, ajoutait le cardinal Lozano Barragán, s’agissant des actions concrètes à poser, la question à laquelle nous essaierons de répondre est la suivante: qu’est-ce que nous devons faire? Les réponses seront envisagées des différents points de vue: du point de vue psychologique et culturel: l’éducation, la catéchèse, l’éducation à la foi, les moyens de communication sociale, la stigmatisation; du point de vue biomédical: recherche, médecine, prévention, soins, assistance; du point de vue politique et social: politique sanitaire nationale et internationale, migrations, ressources économiques, scientifiques et technologiques, politique nutritionnelle, hygiène sociale; du point de vue de la personne: la personne malade, sa famille, les professionnels de la santé, la paroisse, le diocèse, les ordres religieux, les associations, les bénévoles, la vie liturgique et la prière ».

Répondant à la question d’une journaliste des Etats-Unis, le cardinal disait ne pas s’expliquer comment une grande nation occidentale pouvait pénaliser les hôpitaux lorsqu’ils offraient des soins gratuitement à des personnes sans ressources. Aux Etats-Unis, 40 millions de personnes resteraient sans couverture sociale, indiquait-il. Dans ce domaine, il soulignait la nécessité du dialogue avec les autorités sanitaires, et le travail fait par la fondation du « Bon Samaritain » voulue par Jean-Paul II en priorité pour venir au secours des malades démunis et des malades du sida.

Par ailleurs, le cardinal Lozano Barragan, refusant toute conception de la maladie comme « fléau » renvoyant à une culpabilité du malade : « Ce qui nous est demandé, c’est de guérir, d’exercer la miséricorde, avec efficacité et sans lamentation ».

Opération de Noël
Pour Noël, le cardinal Lozano Barragan annonçait une action de la fondation du « Bon Samaritain » qui propose « une lumière au pied du sapin » moyennant une contribution de 5 ou 10 euros pour les médicaments anti-rétroviraux qui permettront de « prolonger des vies ». Dans une prison de haute sécurité du Pérou par exemple, la fondation du « Bon Samaritain » fournit non seulement les médicaments pour les malades du sida, mais du lait pour améliorer leur alimentation et faciliter la prise des médicaments.

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ZENIT Staff

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