Dans L’Osservatore Romano du 22 décembre 2019, l’ambassadeur d’Israël auprès du Saint-Siège Oren David signe une tribune intitulée « Lumière qui disperse les ténèbres », à l’occasion de la fête juive de Hanoucca qui coïncide avec Noël : « deux fêtes de la lumière qui apportent joie et bonheur au début de l’hiver », souligne-t-il.
Il rappelle que « cette sympathique coïncidence se situe à la fin d’une année très importante et particulière parce que nous avons célébré les 25 ans de l’établissement des relations entre Israël et le Saint-Siège par un concert de musique sacrée juive à la Grande Synagogue de Rome et par l’émission commune d’un timbre qui représente l’église de Saint Pierre et la synagogue, l’une et l’autre à Capharnaüm, comme symbole de la relation particulière qui existe entre le judaïsme et le christianisme ».
Oren David retrace l’histoire de la fête de Hanoucca qui rappelle « la victoire des Macchabées sur leurs dominateurs gréco-syriens, remportée au IIe siècle a.C. et les célébrations de purification et de reconsécration du Temple à Jérusalem, qu’ils avaient profané après le refus des Hébreux d’accueillir dans leurs rites et prières les divinités païennes ».
Après la libération du Temple, il était en effet nécessaire de le reconsacrer en allumant le Candélabre qui ne devait jamais être éteint, explique-t-il encore : « le peu d’huile qui restait pouvait brûler pendant une seule journée et, pour en préparer d’autre, il fallait huit jours. En dépit du risque que la flamme s’éteigne, il fut décidé de ne pas attendre et de reconsacrer immédiatement le Temple et c’est là que s’accomplit le miracle : l’huile brûla tout le temps nécessaire pour en préparer d’autre ».
Ainsi en souvenir, rapporte l’ambassadeur, pendant les jours de la fête, »dans leurs maisons, les familles juives du monde entier allument chaque jour une nouvelle bougie en utilisant un candélabre spécial à neuf branches appelé hanoukkia. Le premier soir, on allume le shamash, la bougie utilisée pour allumer toutes les autres, et la première bougie, accompagnant le rite par une bénédiction. Le deuxième soir, on allume le shamash et deux bougies etc. jusqu’à ce que, la dernière nuit, tout le candélabre resplendisse d’une lumière qui ne doit pas être utilisée pour éclairer un lieu ; ce sont des lumières sacrées de remerciement ».
« La tradition veut qu’on allume les lumières près de la fenêtre pour qu’elles puissent être vues, pour en bénéficier et pour rappeler non seulement le caractère sacré de la vie mais aussi l’importance des idéaux pour lesquels on vit », poursuit Oren David, qui assure : « Le triomphe des Macchabées sur les Gréco-Syriens est un événement historique fondamental parce qu’il a assuré la survie du monothéisme juif et, en conséquence, de tous les monothéismes. Sans cette victoire, le monde aurait été très différent. »
Rappelant les paroles des papes récents sur le lien profond entre les deux religions et sur le fait qu’un chrétien « ne peut être antisémite », Oren David souligne qu’Hanoucca « revêt une signification encore plus forte et importante » : « nous souhaitons, en cette période de fête, que ses lumières et celles de Noël puissent aider à disperser les ténèbres et à nous guider vers un avenir de connaissance réciproque, de relations, de paix et d’amitié entre juifs et catholiques et entre tous les membres de la communauté humaine ».
Avec une traduction d’Hélène Ginabat