Sainte Françoise-Xavière Cabrini @ Domaine public

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"L'obéissance peut conduire à la prophétie"

Une leçon de sainte Francesca Cabrini

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« L’obéissance peut conduire à la prophétie », c’est l’une des leçons que donne la vie de sainte Francesca Cabrini, fondatrice des Sœurs Missionnaires du Sacré-Cœur (1850 –1917) et « patronne des migrants », selon les paroles du pape François, affirme l’historienne Lucetta Scaraffia, auteur du livre sur la sainte « Entre terre et ciel » («Tra terra e cielo»).
« En acceptant l’obéissance », explique l’historienne dans un article paru dans L’Osservatore Romano en italien du 19 décembre 2018. « Francesca découvre une mission nouvelle et passionnante » et « sa vision devient alors prophétique : « elle comprend que l’avenir de l’Église est de lutter contre la sécularisation en étant proche des plus faibles, des victimes ». « Francesca comprend, poursuit Lucetta Scaraffia, que la condition des migrants anticipe celle de l’homme moderne … et propose à tous un modèle qui sait à la fois être en phase avec son temps et lié à la tradition religieuse. »
Voici notre traduction de l’italien de l’article de Lucetta Scaraffia.
MD
Les fruits de l’obéissance
Lucetta Scarafia
Nous sommes souvent revenus, dans l’Osservatore Romano, sur la figure de Francesca Cabrini, la sainte des migrants, aujourd’hui extraordinairement d’actualité. Cette femme, une enseignante lombarde issue d’une famille paysanne, en répondant à l’appel de Dieu sans réserve, avec sincérité et courage, est parvenue à saisir les signes des temps comme peu d’autres.
En méditant sur sa vie, nous avons toujours quelque chose à apprendre, par exemple sur comment l’obéissance peut conduire à la prophétie.
Francesca avait en effet des rêves et des projets, qu’elle commençait à réaliser avec ténacité. De l’éducation des jeunes Lombardes, jusqu’à son grand rêve, qu’elle cultivait depuis son enfance : sur les traces de François Xavier, un saint dont elle avait choisi de porter le nom dans sa vie religieuse, aller en Chine pour évangéliser les jeunes Chinoises et les sauver d’une mort injuste.
Sa congrégation, bien qu’encore circonscrite en Lombardie, nourrissait la perspective d’une mission à elle seule. C’était le premier institut missionnaire féminin fondé sans l’appui d’un ordre masculin. Des idées claires, une perspective nouvelle et courageuse, donc, et la force et la ténacité pour les réaliser. Mais Francesca est capable de renoncer à son rêve quand, des hiérarchies ecclésiastiques, de ses supérieurs, lui arrive la proposition d’aller vers l’occident, vers les Amériques, pour porter assistance aux vagues de migrants italiens arrivés sur ces territoires sans protection, qui risquaient de perdre leur foi religieuse, et donc le cœur de leur identité.
Ainsi, en renonçant à ses projets – bien que cultivés depuis des années – et en acceptant l’obéissance, Francesca découvre une mission nouvelle et passionnante, et comprend qu’il ne s’agit pas seulement d’évangéliser ceux qui n’ont jamais entendu parler de Jésus, mais aussi les êtres humains qui, submergés par les convulsions d’un monde en mutation, risquent de perdre leur foi.
Sa vision devient alors prophétique : elle comprend que l’avenir de l’Église est de lutter contre la sécularisation en étant proche des plus faibles, des victimes de processus qu’ils ne comprennent pas et ne maîtrisent pas, pour les aider concrètement, mais les aider aussi à ne pas se perdre en perdant leurs racines religieuses. Francesca comprend que la condition des migrants anticipe celle de l’homme moderne, arraché à ses racines par la rapidité des changements, souvent incompréhensibles pour la plupart, dans lesquels celui-ci se trouve entraîné, et propose à tous un modèle qui sait à la fois être en phase avec son temps et lié à la tradition religieuse.
Personne comme elle n’a été capable d’admirer le progrès technologique, les nouveautés sociales, la fin des barrières entre les classes et les groupes religieux, et dans ce nouveau monde n’a su comme elle se déplacer avec enthousiasme et sagacité, mais sans renoncer à allumer pour tous –  les vainqueurs des nouvelles batailles, mais aussi les perdants qui languissent en prison souvent injustement ou souffrent seuls dans les hôpitaux – la lumière de la foi, la chaleur de l’amour de Dieu.
Traduction de Zenit

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Marina Droujinina

Journalisme (Moscou & Bruxelles). Théologie (Bruxelles, IET).

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