Les priorités des Religieuses de l'Assomption

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Entretien avec Soeur Martine Tapsoba (1/3)

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Propos recueillis par Anita Bourdin

ROME, jeudi 23 août 2012 (ZENIT.org) – Sœur Martine Tapsoba, du Burkina Faso, a été élue supérieure générale de la congrégation des Religieuses de l’Assomption, une responsabilité qu’elle assume au seuil de l’Année de la foi et qui met en lumière un charisme très  original pour le IIIe millénaire (cf. Zenit du 24 juillet 2012).

Le chapitre général des Religieuses de l’Assomption qui s’est tenu cet été dans leur maison de Paris a en effet élu, le 17 juillet 2012, comme Supérieure générale de la Congrégation, sœur Martine Tapsoba pour un mandat de six ans.

Leur charisme original allie contemplation et apostolat, vie fraternelle et témoignage dans le monde dans un grand équilibre et dans un grand respect de la personnalité de chaque religieuse.

Sr Martine est la dixième supérieure générale, succédant à sainte Marie-Eugénie de Jésus (1817 – 1898), c’est la première issue d’une communauté africaine, après des supérieures issues d’Europe et d’Amérique (du Nord et du Sud).

Nous publions la première partie d’un entretien de sœur Martine Tapsoba avec Zenit, dans lequel elle expose notamment les priorités de sa congrégation et sa contribution à la nouvelle évangélisation avec son charisme particulier, « à travers l’éducation de toute la personne ».

Zenit – Sr Martine, vous êtes élue au seuil de l’année de la foi qui remet le credo au centre de la prière chrétienne: voyez-vous déjà quelles seront les priorités des religieuses de l’Assomption?

Sœur Martine Tapsoba – Notre Congrégation a été fondée sur la foi et le zèle qui ont caractérisé notre Fondatrice, sainte Marie Eugénie. Sa foi a été le socle de toute sa vie et de la mission apostolique de la Congrégation. C’est dans le même esprit que nous avons cheminé en Chapitre Général et que nous sommes arrivées à voter les cinq orientations qui vont nous mobiliser pendant les six années à venir :

                *Notre identité contemplative comme une manière d’être dans le monde : un appel à l’approfondir, à la vivre avec plus de plénitude pour revigorer nos vies et les offrir.

                *L’écologie et la migration comme une manière d’aimer notre temps : un appel à considérer  l’urgence de ces deux thèmes très liés qui concernent toute l’humanité et qui interrogent plus particulièrement la mission d’éducation qui nous est confiée par l’Eglise.

                *La communion commune une manière d’être, d’être en relation et d’agir : un appel à vivre une mondialisation plus humanisée en tirant profit des moyens fabuleux qui sont à notre disposition aujourd’hui

                *Le leadership évangélique et sapientiel comme notre manière de favoriser la vie : un appel à vivre, en communauté et dans la mission, un leadership au service de la vie, de la croissance et de l’épanouissement des personnes. 

                *La dimension économique de nos vies comme chemin vers une plus grande responsabilité et solidarité : cet appel résonne particulièrement dans les situations de crise économique et financière que vit notre monde, il nous invite au réalisme et  à la responsabilité.

L’année de la foi coïncide avec le 50e anniversaire de Vatican II: quels changements les plus importants Vatican II a apportés à votre congrégation?

La Congrégation était en Chapitre, à Rome, au moment de la dernière étape du Concile Vatican II. Les textes sortis de ce Chapitre exprimaient déjà quelque chose de ce nouveau souffle de l’Esprit dans l’Église. Très marquée dès les débuts par son amour de l’Eglise, l’Assomption a accueilli le Concile dans la certitude d’un nouveau commencement dans la vie de l’Eglise, mais aussi dans la vie de foi des croyants. Un nouvel élan apostolique nous a été donné : nous avons alors élargi la tente de notre mission d’éducation pour l’accorder à celle de la mission universelle de l’Eglise. C’est ainsi que nous avons tenu compte des besoins des évêques qui nous ont sollicitées pour participer à l’enracinement de la vie de l’Eglise dans leurs diocèses, tout en restant fidèles à notre mission d’éducation qui se vivait principalement à travers les écoles. Par exemple, dans un pays où nous avions été appelées pour une école, on nous a finalement confié un dispensaire ! Nous essayons de soigner comme des éducatrices, vivant de notre charisme fondateur. Après le Concile, l’ouverture missionnaire a été splendide. Peu à peu, les Eglises locales en ont cueilli les fruits.

Dans la mouvance du renouveau de la vie religieuse, en 1970, nous avons élaboré une nouvelle Règle de Vie centrée sur le Christ, la passion pour son Règne et sur le don de la fraternité. Vécue « ad experimentum » pendant une dizaine d’année, elle a été retravaillée en vue de son approbation par l’Église, en 1982. De réels changements ont ainsi eu lieu dans nos vies, tout cela dans la fidélité à notre grâce fondatrice : nous avons accueilli le défi de vivre notre être contemplatif et apostolique au cœur d’un monde en continuelle évolution, un monde à aimer pour pouvoir le servir. Appel à habiter pleinement dans ce monde qui est notre “maison” alors que nous sommes en même temps habitants de la maison de Dieu. Ce double mouvement s’enracine profondément dans le mystère de l’Incarnation.

Vous êtes enracinées dans la contemplation et pourtant apostoliques et au cœur du monde: comment envisagez-vous une évangélisation « nouvelle »  dans son « ardeur », ses  » méthodes » et son « langage », comme le dit Jean-Paul II?

L’Evangélisation est toujours nouvelle, comme l’Evangile l’est aussi. Nous voulons entrer, nous y sommes, dans une nouvelle évangélisation “à notre manière”, c’est à dire, selon notre charisme: à travers l’éducation de toute la personne (intelligence, cœur, volonté) pour qu’elle puisse penser, sentir, aimer et agir selon les critères de l’Evangile. En étant elle-même transformée par ces valeurs, elle pourra travailler à la transformation sociale dans les contextes, les situations changeantes, là où se jouent le présent et l’avenir de la communauté humaine, surtout dans les lieux de pauvreté. Nous mettons une nouvelle ardeur pour trouver les moyens adaptés. Les langages et les méthodes sont toujours à chercher en fonction des cultures. Nous le ferons toujours comme éducatrices et nous sentons que plus que jamais cette vocation est actuelle : c’est une urgence comme le Pape nous l’a dit le jour de la canonisation de Sainte Marie Eugénie de Jésus.

Pour dire la vérité, la réalité de la nouvelle évangélisation n’est pas si nouvelle pour nous. C’est ce que nous vivons depuis toujours, à notre petite mesure. Les Chapitres Généraux des Congrégations religieuses sont justement des moments où se vivent de manière régulière – tous les cinq ou six ans –  une relecture de nos vies et une recherche commune, en vue de nous situer dans le monde et de trouver de nouvelles réponses, ajustées aux temps que nous vivons. Je me réjouis de cette belle initiative du Pape qui convoque un synode sur la nouvelle évangélisation : cela va pousser toute l’Eglise à entrer dans la nouveauté de l’Esprit, toujours à l’œuvre.

A suivre, demain, 24 août 2012

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ZENIT Staff

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