« Seigneur, ne permets pas que nous soyons sourds au cri de tous ceux qui, aujourd’hui, continuent d’élever leur voix jusqu’au ciel » : c’est la prière du pape François au mémorial du génocide Lituanie, à Vilnius, ce dimanche 23 septembre 2018, après avoir évoqué le « Vendredi Saint de la douleur et de l’amertume » vécu par le peuple lituanien.
Le pape avait passé la matinée et le début de l’après-midi dans l’ancienne capitale Kaunas, pour la messe, l’angélus et une rencontre avec le clergé et les consacrés.
Après ses visites au mémorial de la Shoah, au ghetto de Vilnius, et au Musée des Occupations, le pape François s’est rendu au monument dédié aux victimes des Occupations, à côté de la place Lukiškės, où environ 4 000 personnes étaient rassemblées.
La présidente lituanienne Dalia Grybauskaitė, le président du parlement Viktoras Pranckietis et les dirigeants du parlement lituanien étaient également présents.
La prière du pape avait des accents de Vendredi Saint. Le pape a évoqué à plusieurs reprise le « Cri » du Christ lui-même : « Dans ton cri, Seigneur, trouve écho le cri de l’innocent qui s’unit à ta voix et monte vers le ciel. C’est le Vendredi Saint de la douleur et de l’amertume, de la désolation et de l’impuissance, de la cruauté et du non-sens qu’a vécu ce peuple lituanien devant l’ambition effrénée qui endurcit et aveugle le cœur. »
Mais c’est un cri qui libère : « Que dans ton cri et dans la vie de nos pères qui ont tant souffert, nous puissions trouver le courage de nous engager avec détermination dans le présent et dans l’avenir; que ce cri soit un stimulant pour ne pas nous accommoder aux modes du moment, aux slogans simplistes, et à chaque tentative de réduire et d’enlever à toute personne la dignité dont tu l’as revêtue. »
Après avoir lu sa prière, le pape François a béni tous ceux qui étaient réunis, puis il s’est à nouveau recueilli en silence devant le mémorial.
Il est ensuite reparti pour la nonciature où il a rencontré les jésuites de Lituanie.
Au moment de son départ, la chorale «Aidija» a chanté le célèbre hymne à la Nation «Chère Lituanie », accompagné du plus grand carillon des États baltes, situé dans l’église voisine des Saints Philippe et Jacques de Vilnius.
AB
Prière du pape François
«Dieu, mon Dieu pourquoi m’as-tu abandonné?» (Mt 27, 47)
Ton cri, Seigneur, ne cesse de résonner, et retentit entre ces murs qui rappellent les souffrances vécues par tant de fils de ce peuple. Lituaniens et personnes provenant de différentes nations ont souffert dans leur chair le délire de la toute-puissance de ceux qui prétendaient tout contrôler.
Dans ton cri, Seigneur, trouve écho le cri de l’innocent qui s’unit à ta voix et monte vers le ciel. C’est le Vendredi Saint de la douleur et de l’amertume, de la désolation et de l’impuissance, de la cruauté et du non-sens qu’a vécu ce peuple lituanien devant l’ambition effrénée qui endurcit et aveugle le cœur.
En ce lieu de la mémoire, nous t’implorons Seigneur, que ton cri nous maintienne éveillés.
Que ton cri, Seigneur, nous libère de la maladie spirituelle par laquelle, comme peuple, nous sommes toujours tentés: oublier nos pères, tout ce qu’ils ont vécu et souffert.
Que dans ton cri et dans la vie de nos pères qui ont tant souffert, nous puissions trouver le courage de nous engager avec détermination dans le présent et dans l’avenir; que ce cri soit un stimulant pour ne pas nous accommoder aux modes du moment, aux slogans simplistes, et à chaque tentative de réduire et d’enlever à toute personne la dignité dont tu l’as revêtue.
Seigneur, que la Lituanie soit un phare d’espérance. Qu’elle soit terre de la mémoire active qui renouvelle ses engagements contre toute injustice. Qu’elle encourage des efforts créatifs dans la défense des droits de toutes les personnes, spécialement de celles qui sont le plus sans défense et vulnérables. Et qu’elle soit maîtresse dans la réconciliation et l’harmonisation des diversités.
Seigneur, ne permets pas que nous soyons sourds au cri de tous ceux qui, aujourd’hui, continuent d’élever leur voix jusqu’au ciel.
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