Les familles sans père

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Croissance du nombre d’enfants nés par fécondation in vitro de donneurs anonymes

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ROME, Dimanche 14 janvier 2007 (ZENIT.org) – La période de Noël est une période que l’on vit habituellement en famille, or le nombre d’enfants qui ne connaissent pas leurs parents se multiplie. Dans certains pays le don de sperme par fécondation in vitro est anonyme, et les enfants se voient nier la possibilité de connaître l’identité de leur père.

Le cas de Katrina Clark est un exemple éloquent de la souffrance d’une telle situation. Le Washington Post du 17 décembre relate l’histoire de cette étudiante de l’Université de Gallaudet qui, à l’âge de 18 ans, n’avait toujours pas découvert la moitié de ses origines.

Katrina a été conçue avec le sperme d’un donneur anonyme après que sa mère eût décidé, à l’âge de 32 ans, craignant de ne plus pouvoir construire une famille autrement, d’avoir recours à l’insémination artificielle avec donneur. Comme l’explique l’étudiante, le débat sur la FIV se concentre généralement sur les adultes, suscitant des sentiments de sympathie à l’égard de ceux qui désirent avoir des enfants. Or il s’avère que bon nombre d’enfants nés par fécondation in vitro développent ensuite des problèmes émotifs.

Katrina déplore « l’attitude hypocrite des parents et des médecins qui pensent que les racines biologiques ne seront guères importantes pour les ‘produits’ issus des banques de spermes, alors que c’est justement le désir de bâtir une relation biologique qui conduit les clients à s’adresser à ces banques ». Après plusieurs recherches, l’étudiante a pu connaître l’identité de son père biologique, mais tant d’autres enfants nés par FIV n’ont pas eu cette chance-là.

Cet anonymat réservé aux donneurs suscite d’autres problèmes que le Daily Telegraph (journal australien) a passés en revue dans un article du 27 septembre dernier. L’article en question décrit la situation aux Etats-Unis, racontant l’histoire de Justin Senk, du Colorado, qui a découvert à l’âge de 15 ans qu’elle avait été conçue par insémination artificielle avec donneur.

Après une série de recherches, Justin a découvert qu’elle avait quatre frères et sœurs vivant dans un rayon de 25 kilomètres autour de chez elle. Son père, dont elle ignore encore l’identité, avait fait don de son sperme, donnant naissance à cinq enfants de trois femmes différentes dans la même clinique. Le même cas s’est vérifié en Virginie, où 11 femmes ont eu des enfants conçus par insémination avec un seul donneur.

Pour en revenir à l’Australie, le Daily Telegraph calcule que seuls 30% environ des enfants conçus par insémination avec donneur arrive à connaître l’identité de leur père.

Le 11 août dernier l’Associated Press a signalé la présence sur internet d’un site le Donor Sibling Registry, ouvert aux Etats-Unis pour aider les enfants de donneurs anonymes à identifier leurs vrais parents.

Risque santé

Ce site Internet a par exemple aidé Michelle Jorgenson à découvrir que le sperme utilisé pour elle, et qui avait donné naissance à sa fille Cheyenne, avait produit six autres enfants, dont deux atteints d’autisme, et deux autres de déficiences sensorielles.

Le site a été lancé par Wendy Kramer dans le but d’aider son fils Ryan, conçu avec le sperme d’un donneur, à retrouver ses propres frères. D’après l’Associated Press, ce site est devenu un point de référence également pour ceux qui sont en quête d’informations concernant de graves pathologies médicales.
« Certaines personnes recherchent sur notre site leurs propres frères ou sœurs car leurs enfants ont des problèmes de santé. Et il arrive souvent, même en cas d’urgence, que les banques de spermes ne facilitent pas les contacts, ce qui est extrêmement frustrant », affirme Wendy Kramer.

Il y a quelques mois le New York Times a évoqué le cas d’un donneur de sperme ayant transmis de graves maladies génétiques à cinq enfants de quatre couples différents. L’article publié le 19 mai dernier, observe qu’il est impossible de connaître le nombre exact d’enfants nés de ce même échantillon de sperme.

Ces enfants, tous du Michigan, sont privés de neutrophiles, un type de globules blancs. Ce qui veut dire qu’ils sont hautement vulnérables aux infections et qu’ils courent le risque de contracter une leucémie. Et ces enfants ont à leur tour une probabilité sur deux de transmettre le gène défectueux à leurs propres enfants.

Les papas ne servent à rien ?

Ne pas connaître l’identité de son propre père biologique constitue déjà un problème en soi pour l’enfant. La plupart de ceux qui cherchent à savoir qui sont leurs vrais pères grandissent pourtant dans une famille où la figure paternelle est présente, même s’il ne s’agit pas de leur père biologique. Mais la pression pour que les femmes célibataires puissent un jour avoir accès à la fécondation in vitro, est forte.

Un récent rapport, en Grande Bretagne, recommande l’ouverture législative d’un projet en ce sens. Après avoir mené une enquête sur le sujet, une commission nommée par le gouvernement a émis plusieurs recommandations relatives aux normes réglementaires régissant les cliniques en matière de reproduction, selon une information rapportée par la BBC le 14 décembre dernier. Le parlement devra maintenant discuter de ces propositions.

Une des recommandations prévoit d’exonérer les cliniques de l’obligation de réclamer la présence du père pour prendre la décision de se soumettre à la fécondation in vitro. Si cette recommandation devait être adoptée, les centres de fertilité ne pourront plus nier ce type de traitement aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires.

Une autre recommandation consiste à reconnaître légalement le statut de « parents » aux deux conjoints de couples homosexuels. Joséphine Quintavalle, auteur de Comment on Reproductive Ethics, a critiqué l’éventualité d’éliminer cette condition requise de la présence du père « qui pourrait avoir des répercussions inquiétantes sur le rôle de l’homme », a-t-elle dit à la BBC. « Nous n’avons plus qu’à espérer que le Parlement sera raisonnable et qu’il repoussera cette proposition absurde qui bafoue les droits d’un fils à avoir un père ».

Quoi qu’il en soit, même si les cliniques sont tenues à évaluer si oui ou non un traitement par fécondation in vitro peut être effectué en l’absence du père, il n’existe aucune véritable interdiction concernant les femmes célibataires. Ces dernières années, le nombre de femmes célibataires ayant eu recours à la fécondation in vitro s’est multiplié, selon le Telegraph de Londres du 8 octobre.

En 2005, 156 femmes lesbiennes ont eu recours à l’insémination artificielle avec donneur, contre 36 cas en l’an 2000. Le nombre total de femmes célibataires ayant eu recours aux techniques de fécondation in vitro est passé de 215 à 536 pendant la même période.

Le 10 juillet, un article du journal Scotsman s’est penché sur la question relative à la nécessité des enfants nés par fécondation in vitro d’avoir un père, mettant en évidence plusieurs réflexions critiques. « Permettre aux femmes célibataires et aux couples de lesbiennes de se soumettre à la fécondation in vitro signifie permettre délibérément de donner la vie à des enfants qui seront privés du père dont ils ont besoin et, dans le cas des couples de lesbiennes, de les exposer au risque de se retrouver confinés dans un état permanent de privation paternelle », constate Norman Wells, directeur de l’organisation Family Education.

Aucune limite< br>
Autre source d’inquiétude : la parution en Grande-Bretagne d’une déclaration selon laquelle les femmes âgées entre 50 et 60 ans ne devraient pas être exclues des traitements in vitro en raison de leur âge. Cette proposition a été faite par Lord Richard Harries dans le cadre d’un entretien publié le 14 octobre par le Times de Londres.

Lord Richard Harries, évêque anglican d’Oxford aujourd’hui au repos, dirige provisoirement la Human Fertilization and Embryology Authority.

Actuellement le Service sanitaire national de Grande Bretagne ne finance pas les traitements de fécondation in vitro pour les femmes de plus de 40 ans. Toutefois, selon Lord Richard Harries, l’âge avancé ne constitue pas une raison suffisante pour justifier l’exclusion de certains patients.

Il y a quelques mois le médecin italien Severino Antinori a aidé une femme de 62 ans à avoir un enfant, selon le Times du 8 juillet. Patricia Rashbrook a battu tous les records, et elle est devenue la femme la plus âgée de Grande-Bretagne à avoir donné naissance à un enfant.

Plus de 20 enfants par an naissent de femmes âgées de plus de 50 ans, selon le Guardian du 8 mai. En 2002, 96 femmes de plus de 50 ans ont eu recours à la fécondation in vitro dans les cliniques de fertilité en Grande-Bretagne. 25% d’entre elles sont tombées enceintes grâce aux techniques de fécondation in vitro.

Ce mode de reproduction n’est pas éthique. « Les techniques qui provoquent une dissociation des parentés … sont gravement déshonnêtes », affirme le Catéchisme de l’Eglise catholique au n. 2376. « Ces techniques … lèsent le droit de l’enfant à naître d’un père et d’une mère connus de lui et liés entre eux par le mariage ».

L’enfant est un don, explique le n. 2378, et « ne peut être considéré comme un objet de propriété, ce à quoi conduirait la reconnaissance d’un prétendu ‘droit à l’enfant’. Des préceptes de plus en plus bafoués, avec de lourdes conséquences pour un nombre croissant d’enfants.

Du père John Flynn

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ZENIT Staff

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