Les banques de cellules souches du cordon ombilical : une réalité actuelle

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Entretien avec les professeurs Leone et Mancuso, de Rome

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ROME, Lundi 11 juillet 2005 (ZENIT.org) – Depuis quelques années à la Polyclinique « Gemelli » de Rome, est en service la banque de cellules souches du cordon ombilical. L’activité de cette banque est coordonnée par le professeur Giuseppe Leone, Directeur de l’Institut d’hématologie de l’Université catholique de Rome, et le professeur Salvatore Mancuso, Directeur du département pour la protection de la santé de la femme et de la vie à naître.

Cette banque a aussi obtenu un label qui constitue la garantie du respect des données qualitatives nationales et internationales à toutes les étapes du processus de production. Ainsi, si un patient, dans n’importe quel centre de greffes d’organes dans le monde résulte génétiquement compatible avec une des unités de sang du cordon conservé dans une banque nationale, il pourrait recevoir une unité de ce sang conservé dans le but d’une greffe.

La Cordon Blood Bank, l’une des premières banques de sang du cordon ombilical, avec celle de New York et de Düsseldorf, a été fondée à Milan en 1993. Les banques de sang du cordon actuellement en service en Italie sont au nombre de 15 et oeuvrent selon des critères scientifiques nationaux et internationaux.

Un réseau international qui permet de trouver le donateur grâce à de riches archives informatiques reliées aux registres des donateurs de moelles ou de sang du placenta du monde entier, le GRACE (Groupe pour la conservation et le développement des cellules hématopoïétiques) a été créé en 1995.

Au niveau des donateurs, l’Adisco (Association des donateurs italiens de sang du cordon ombilical) est en revanche très active en Italie. Sur son propre site Internet elle permet aussi de consulter une sorte de carte des centres affiliés à ce type de service (www.adisco.it).

Selon les données mises à jour en 2001, l’Italie serait parmi les premières nations effectuant des greffes de cellules souches : 173 (181 en France).

Pour en savoir plus, Zenit a demandé au professeur Leone et au professeur Mancuso, de présenter l’état actuel de l’application clinique des cellules souches adultes.

Zenit : Professeur Leone, quand a commencé l’engagement de la Polyclinique « Gemelli » de Rome dans cet aspect de la recherche ?

Pr. Leone : L’engagement officieux a commencé il y a de nombreuses années… je dirais qu’il y a six ou sept ans nous avons commencé avec le prof. Mancuso à faire des recherches sur le sang du cordon. Notre collaboration s’est déplacée ensuite sur la pratique clinique dans le sens où la recherche est née de la volonté de mettre sur pied une banque de cordon afin que ce sang puisse être utile. Ce centre pour la sélection et la conservation du sang du cordon est né grâce ensuite à la subvention de la Banque de Rome. Naturellement notre activité de recherche se poursuit.

Zenit : Que peut-on répondre à ceux qui disent en revanche que les cellules souches d’embryons sont la véritable réponse aux soins de maladies comme la leucémie ou du sang en général ?

Pr. Leone : Avant tout parlons d’un point de vue clinique : les cellules qui dérivent de l’embryon n’ont jamais été utilisées et certainement n’ont jamais fait la preuve d’une quelconque activité thérapeutique. En revanche, les cellules souches de l’adulte comme celles du cordon, ont fait la preuve de leur validité dans la greffe de moelle osseuse, par exemple en thalassémique, chez les enfants atteints de leucémie. A l’heure actuelle aucun patient n’a jamais été soigné avec les cellules souches embryonnaires. Ceci doit être clair !

Ainsi quand on dit « vous nous avez ộté une possibilité de soins », il faudrait peut-être dire tout au plus « vous nous ôtez l’espérance ». Mais si nous voulons l’espérance, nous pouvons étudier les embryons d’animaux. Aucune loi et pas même l’Eglise nous interdisent d’étudier l’embryon animal. Quand nous aurons étudié l’embryon animal, nous pourrons nous avancer, nous comprendrons davantage. Je ne vois pas pour quel motif nous devons utiliser en ce moment, les embryons humains. Cela dit, et au-delà de toute question éthique, on étudie avant tout l’animal.

Zenit : Professeur Mancuso, selon vous les femmes italiennes sont-elles informées de la possibilité de pouvoir faire don du cordon ombilical ?

Pr. Mancuso : Elles le sont de plus en plus aujourd’hui. Quand elles viennent d’accoucher dans nos unités de soins elles demandent de pouvoir donner le sang du cordon ombilical dans un esprit d’altruisme et de solidarité humaine. Mais tous les cordons ombilicaux ne peuvent être recueillis et conservés en vue du don parce qu’il est nécessaire d’avoir un minimum d’informations sur l’histoire familiale des époux.

Il faut que la grossesse arrive à son terme, car il existe toute une série de contre-indications. Nous pouvons ainsi accepter en don près de 30 à 35 % des cordons ombilicaux des accouchements effectués dans notre service. Mais une grande partie du sang du cordon qui est recueilli sert à la recherche.

Il y a actuellement beaucoup d’enthousiasme dans la recherche, non seulement dans notre unité, mais également en hématologie, en cardiologie, en neurologie parce que les cellules souches adultes de cordon ombilical ont un extraordinaire champ d’application et sont en réalité des cellules réparatrices. Ce sont ces cellules que chacun de nous possède et qui dans le cordon ombilical possèdent des caractéristiques également d’un point de vue immunitaire qui les rendent encore plus versatiles et plastiques. Ce sont des cellules d’une très grande capacité réparatrice.

Zenit : Mais combien de temps ces cellules peuvent-elles être conservées ?

Pr. Mancuso : Je serais tenter de dire qu’elles peuvent être conservées à l’infini. Aujourd’hui il existe des cellules conservées depuis près de trente ans, qui pour la plupart ont gardé leur capacité d’utilisation. Dans plusieurs centres de recherches, la communauté scientifique s’attache actuellement à trouver le moyen de les maintenir in vitro le plus longtemps possible et à les multiplier in vitro parce que la quantité de souches que l’on peut recueillir dans un cordon n’est pas très élevée.

Zenit : Professeur Leone, quelles applications cliniques concrètes ont donné à ce jour ces cellules ?

Pr. Leone : Les applications touchent les patients atteints de leucémie aiguë notamment, les patients atteints de thalassémie, de lymphomes, les patients atteints d’immunodéficience congénitale. Voilà quelles sont les maladies qui tirent actuellement un bénéfice de la greffe de cellules souches du cordon. Naturellement la recherche tente d’aller au-delà. Le sang du cordon peut donner des espoirs pour des pathologies qui ne trouvent actuellement pas de remèdes. Aujourd’hui il existe un espoir pour la cardiopathie.

Zenit : Quand vous dites « de ces applications on tire des bénéfices », qu’est-ce que vous entendez exactement par là professeur Leone ?

Pr. Leone : Dans le cas de la leucémie aiguë un certain nombre de patients guérissent, dans le cas de thalassémie, encore plus. Dans le cas d’immunodéficience on atteint les 70-80%. En ce qui concerne les leucémies, nous tournons autour de 35-40%. Nous parlons ici de guérisons.

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ZENIT Staff

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