Mgr Francesco Follo, 17 déc. 2018 © Mgr Francesco Follo

Mgr Francesco Follo, 17 déc. 2018 © Mgr Francesco Follo

Lectures de dimanche : la Vie donne la vie

« La tombe n’est pas la dernière étape de notre vie »

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« La Vie donne la vie » : c’est le titre de la méditation de Mgr Francesco Follo sur les lectures de dimanche prochain, 29 mars 2020 (Vème Dimanche de Carême – Année A – Ez 37, 12-14; Ps 129; Rm 8,8-11; Jn 11,1-45).

« En cette période dramatique où le coronavirus provoque beaucoup trop de morts », l’observateur permanent du Saint-Siège à l’Unesco à Paris rappelle que « la mort n’est pas la fin de tout » : « La tombe n’est pas la dernière étape de notre vie. C’est la porte, toujours douloureuse et tragique, qui nous fait entrer dans la vie avec Dieu. Pour le chrétien la mort c’est la dernière porte à franchir pour rencontrer le Dieu de la Vie. Ce n’est pas la mort qui a le dernier mot. C’est Dieu qui l’a. »

           

1)  La vérité de la mort et la voix du cœur.

En cette période dramatique où le coronavirus provoque beaucoup trop de morts nous sommes mis face à la mort comme fait qui bouleverse nos vies. Cette mort, qu’instinctivement tout être redoute, est véritablement effroyable, puisqu’elle prouve aux yeux du mourant la parfaite inutilité de sa vie, tout de même que l’absurdité sans appel du bien qu’il a cru faire et des souffrances qu’il a endurées : « Alors la mort devient un gouffre… », certainement. Mais l’évangile de ce dimanche nous dit des paroles d’espérance. La mort n’est pas la fin de tout. C’est le moment dramatique qui transforme notre vie. La tombe n’est pas la dernière étape de notre vie. C’est la porte, toujours douloureuse et tragique, qui nous fait entrer dans la vie avec Dieu. Pour le chrétien la mort c’est la dernière porte à franchir pour rencontrer le Dieu de la Vie.

Ce n’est pas la mort qui a le dernier mot. C’est Dieu qui l’a, car il est un Dieu d’amour qui donne la vie. Ceux qui connaissent cet amour vivent déjà la vie éternelle. La foi nous apprend que la vie ne se termine pas par la mort biologique, mais se transforme en vie éternelle grâce à l’amour de Dieu partagé quotidiennement : l’amour qui sait donner vie jusqu’au bout. Et Dieu est amour infini, fond sans fond, début de tout et fin sans fin. L’amour humain s’oppose à la mort et veut la vie. L’amour de Dieu donne cette vie maintenant et pour l’éternité. La réalité de la mort ne peut s’exprimer dans toute sa vérité qu’avec le langage de l’amour. En effet, l’amour résiste à la mort et désire la vie, comme Maria et Marthe l’expriment, en parlant au Christ de Lazare, leur frère décédé il y a quelques jours. La vérité sur la mort ne peut être exprimée que dans une perspective de vie, d’un désir de vie, c’est-à-dire de la permanence dans la communion amoureuse d’une personne, de la personne du Christ. La vérité sur la mort s’exprime dans la liturgie d’aujourd’hui en relation avec la voix du cœur humain des deux sœurs et le cœur humain – divin du Christ, Seigneur de la vie et de la mort.

En effet, le récit évangélique d’aujourd’hui montre Jésus comme un vrai homme et un vrai Dieu. L’évangéliste Jean insiste sur l’amitié du Christ avec Lazare et avec ses sœurs Marthe et Marie. L’apôtre bien-aimé souligne que « Jésus les aimait beaucoup » (Jn 11,5), et pour cela il a voulu réaliser le grand miracle : « Notre ami Lazare s’est endormi, mais je vais le réveiller » (Jn 11,11). ) – ainsi il a parlé à ses disciples, en exprimant avec la métaphore du sommeil le point de vue de Dieu sur la mort physique. Dieu la voit précisément comme un sommeil d’où il peut nous réveiller. Jésus a montré un pouvoir absolu sur la mort : on le voit quand il redonne vie au jeune fils de la veuve de Nain (cf. Lc 7, 11-17) et à la fillette de douze ans (cf. Mc 5,35-43). Juste à son sujet, Jésus a dit : « Elle n’est pas morte, mais elle dort » (Mc 5, 39), en attirant sur lui la dérision des personnes présentes. Mais c’est vraiment comme ça : la mort du corps est un sommeil d’où Dieu peut nous réveiller à tout moment.

Le fait d’être le Roi de la vie n’a pas empêché Jésus de ressentir une compassion sincère pour la douleur du détachement. En voyant Marthe et Marie pleurer et tous ceux qui étaient venus les consoler, Jésus aussi « en son esprit, fut saisi d’émotion, il fut bouleversé » et finalement « se mit à pleurer » (Jn 11, 33.35). Le cœur du Christ est divin-humain : en Lui Dieu et l’Homme se sont rencontrés parfaitement, sans séparation et sans confusion. Il est l’image, encore plus, il est l’incarnation du Dieu qui est amour, miséricorde, tendresse paternelle et maternelle, du Dieu qui est Vie. Il déclara donc solennellement à Marthe : « Je suis la résurrection et la vie; celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra; celui qui vit et croit en moi, ne mourra pas pour toujours. »  Et il ajouta : « Crois-tu cela ? » (Jn 11,25-26). Une question que Jésus pose à chacun de nous aussi. Une question qui nous dépasse certainement, dépasse notre capacité de comprendre, et nous demande de nous confier à lui, comme il s’est confié au Père. La réponse de Marthe est exemplaire : « Oui, Seigneur, je le crois : tu es le Christ, le Fils de Dieu, tu es celui qui vient dans le monde. »  (Jn 11, 27).

Nous aussi, nous croyons, malgré nos doutes et nos obscurités ; nous croyons dans le Christ, parce qu’il a des paroles de vie éternelle. Nous demandons à Jésus d’augmenter notre foi en lui, qui nous donne une espérance sûre de vie au-delà de la vie, de vie authentique et pleine dans son royaume de lumière et de paix.

 

2) L’amour plus fort que la mort.

Le passage de l’Evangile, proposé aujourd’hui par la Liturgie de la Messe, nous invite à contempler le miracle de la résurrection de Lazare[1] comme anticipation et prophétie de la résurrection de Jésus qui aura lieu à Jérusalem le jour de Pâques. Le fait de Lazare ressuscité est aussi un « signe »  que la vie, quand elle est vécue en amitié avec le Christ, n’est pas vaincue par la mort. Celui qui aime ne meurt pas, car il se donne et vit dans l’autre. Et puis, qui est aimé par le Christ ne meurt pas, « il dort » et il est réveillé par le Christ.

L’amour pour Lazare « arrache » un autre miracle à Jésus. Si dans le Cantique des cantiques on dit que « l’amour est fort comme la mort » (8,6), par ce geste Jésus montre que l’amour est plus fort que la mort, « réveille » l’ami du sommeil mortel.

Tant d’aspects sont à souligner dans cet épisode.

Je trouve utile de commencer par le lieu: la maison de Lazare, Marthe et Marie à Béthanie[2]. Jésus s’y rend parce que ces trois personnes sont un « lieu  » d’amitié et donc leur demeure un « lieu » de partage et pas seulement de repos ou de refuge. Un lieu de vie qui l’emporte sur la mort, qui va au-delà de la mort, qui est une vraie relation d’amitié, de communion profonde.

Et puis il est important de relever la superposition de deux faits: Jésus laisse mourir Lazare comme Jésus a été laissé mourir sur la croix par le Père. Humainement cela est scandaleux. Jésus aime Lazare (l’Evangile le souligne souvent), or il le laisse mourir: pourquoi ? Et Dieu le Père  aime son Fils, qu’il indique comme étant son bien Aimé, or il le laisse mourir sur la croix. Pourquoi ? Comment croire que le dernier mot ne revient pas à la mort, mais au Dieu amour qui donne la vie et ne s’interrompt pas avec la fin de la vie biologique ? En demandant que le Christ augmente notre foi et en contemplant le Christ dans sa vie, sa mort et sa résurrection.

Chacun comprend qu’il s’agit ici du mystère de l’existence de l’homme : une promesse de vie qui paraît ensuite démentie, une promesse de salut de la part de Dieu qui parait ensuite se contredire Un mystère inquiétant, que l’on ne doit en aucune façon atténuer. Jésus aussi a pleuré face à la mort de son ami, tout comme il s’est senti perdu face à l’imminence de la Croix. La mort, comme la Croix, reste quelque chose d’incompréhensible: Dieu dit que nous devons nous aimer et puis il nous laisse mourir, on dirait vraiment un abandon.

3) Les pleurs de Dieu et la « résurrection » de Marthe et Marie.

Jésus pleure, montrant qu’il aime profondément Lazare. Mais voilà la question: « Lui qui a ouvert les yeux de l’aveugle, ne pouvait-il pas empêcher Lazare de mourir ? ». C’était la question des personnes présentes à l’époque et c’est aussi la nôtre aujourd’hui.

Mais cette même question s’impose face à la mort de Jésus en croix. Si Jésus est le Fils de Dieu, aimé de Dieu, pourquoi est-il abandonné à la croix ? Si Dieu est avec lui, les choses ne devraient-elles pas se passer autrement ? Pourtant Dieu aussi a pleuré sur le Christ et il pleure sur nous: «  La Messe  sont les pleurs de Dieu » (Saint Pio de Pietrelcina) et « Dieu aussi pleure: ses pleurs sont comme ceux d’un père qui aime ses enfants » Pape François à la messe du 5 février 2014).

Il n’est pas facile de voir dans la Croix une épiphanie de l’amour, mais le Carême et la Semaine Sainte qui approche nous sont donnés pour contempler cette manifestation de charité en apprenant à « aimer la souffrance, car elle nous révèle l’œuvre de son amour » (San Pio da Pietrelcina) et à faire nôtre la prière du psaume « En toi est la source de vie ; par ta lumière nous voyons la lumière ». (Ps 36).

Le mystère de l’existence de l’homme, aimé de Dieu mais néanmoins abandonné à la mort, se reflète et s’amplifie dans le mystère de la Croix de Jésus. Mais il se résout aussi. Car il y a voir et voir,  et concernant la Croix, comme l’existence de l’homme, il y a deux lectures possibles. Il y a le regard privé de foi de celui qui s’arrête au scandale, et voit dans la mort de l’homme, comme dans la Croix du Christ le signe d’un échec. Et il y a le regard qui s’ouvre à la foi et surmonte le scandale, et voit que dans la Croix de Jésus brille la résurrection, comme dans la mort de l’homme. Et ceci est vraiment pour les chrétiens une conclusion évidente: si on veut trouver dans l’histoire et dans la vie un sens, il faut savoir voir dans la Croix du Christ la gloire de Dieu. Impossible de faire autrement.

La résurrection de Lazare, signe d’un destin plus général qui implique tous ceux qui sont convoqués autour de cette table. Jésus appelle Lazare à sortir de la tombe. Mais Lazare ressuscité est le signe de ce qui arrive aussi à ses sœurs Marthe et Marie. Marthe, en effet, reconnaît en leur ami le Seigneur de la Vie.

Je crois correct de dire que la résurrection c’est croire en Jésus, car celui qui vit et croit en lui ne mourra jamais (cf. Jn 11,26), la « profession de foi » de Marthe est aussi la résurrection de ses deux sœurs.

Les Vierges consacrées nous donnent l’exemple d’une « vie qui renaît »  parce qu’elles vivent leur vocation comme un chemin de résurrection, l’amitié sponsale avec le Christ comme une relation personnelle dans l’amour, fondée sur la dévotion complète au Christ, nous, et sur la reconnaissance radicale de ce qu’Il est. Dans ce témoignage d’amour, ces femmes nous montrent l’importance de la contemplation comme étant la capacité de savoir voir transparaitre le Seigneur  des événements de notre existence quotidienne et de cette de l’humanité entière. En cela elles appliquent tout ce que la Congrégation pour la Vie consacrée et les Sociétés de Vie apostolique écrivait: « La vie consacrée, dont des formes toujours nouvelles se succèdent et s’affirment sans cesse, est déjà en elle-même une expression éloquente de sa présence, comme une sorte d’Évangile qui se déroule au cours des siècles. Elle apparaît en effet comme le «prolongement dans l’histoire d’une présence spéciale du Seigneur ressuscité».8 Les personnes consacrées doivent puiser un élan renouvelé à cette certitude, en en faisant la force inspiratrice de leur cheminement.La société d’aujourd’hui attend de voir en elles le reflet concret de la façon d’agir de Jésus, de son amour pour chaque personne, sans distinction ou adjectifs qualifiants. Elle veut faire l’expérience qu’il est possible de dire avec l’Apôtre Paul «Ma vie présente dans la chair, je la vis dans la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et s’est livré pour moi » (Ga 2, 20). (Instruction Repartir du Christ : un engagement renouvelé de la vie consacrée au troisième millénaire, 19 mai 2002, n. 2).

 

 

Lecture Patristique

St. Augustin d’Hippone

Homélie 49

 

La résurrection de Lazare.

C’est bien plus de créer les hommes que de les ressusciter. Cependant il a daigné créer et ressusciter; créer tous les hommes et en ressusciter quelques-uns. s’il avait voulu, il aurait ressuscité tous les morts ; mais il s’est réservé de le faire à la fin du monde.

  1. De tous les miracles opérés par Notre-Seigneur Jésus-Christ, le plus célèbre est la résurrection de Lazare. Mais si nous en remarquons bien l’auteur, nous devrons bien plus nous en réjouir que nous en étonner. C’est celui qui a créé l’homme qui a ressuscité un homme ; car il est le Fils unique du Père, et par lui, vous le savez, toutes choses ont été faites. Si donc c’est par lui qu’ont été faites toutes choses, y a-t-il rien d’étonnant à ce qu’un homme ait été ressuscité par lui, quand tant d’hommes naissent chaque jour par l’effet de sa puissance? C’est bien plus de créer les hommes que de les ressusciter. Cependant il a daigné créer et ressusciter; créer tous les hommes et en ressusciter quelques-uns. Car le Seigneur Jésus a fait beaucoup de choses ; mais toutes n’ont pas été écrites ; l’Evangéliste Jean lui-même nous atteste que le Seigneur Jésus a fait et dit beaucoup de choses qui n’ont pas été écrites (cf. Jn 20, 30); on choisit de préférence, pour les écrire, les choses qui paraissaient suffire au salut des croyants. Tu as entendu que le Seigneur Jésus a ressuscité un mort : il te suffit de savoir que, s’il avait voulu, il aurait ressuscité tous les morts ; mais il s’est réservé de le faire à la fin du monde. Car pour lui qui, comme vous l’avez appris, a par un grand miracle fait sortir vivant du tombeau un mort qui y était renfermé depuis quatre jours, « l’heure viendra », comme il dit lui-même, « où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix et sortiront ». Il a ressuscité un mort déjà tombé en putréfaction ; mais cependant ce cadavre infect avait encore la forme de corps humain ; mais au dernier jour, c’est avec des cendres que d’un seul mot il reconstituera des corps. Il fallait néanmoins qu’en attendant il fît quelques miracles qui nous fussent donnés comme des marques de sa puissance, afin que nous croyions en lui, et que nous nous préparions à cette résurrection, qui sera pour la vie et non pour la condamnation. Car voici ce qu’il dit : « L’heure viendra où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix et ceux qui auront bien fait sortiront pour la résurrection de la vie; ceux qui auront mal fait, pour la résurrection du jugement »(Jn 5, 28-29).
  2. Nous lisons dans l’Evangile que trois morts ont été ressuscités par le Seigneur, et ce n’est assurément pas sans raison; car les œuvres du Seigneur ne sont pas seulement des actions, elles sont aussi des signes. Si donc elles sont des signes, outre qu’elles ont un côté admirable, elles nous indiquent certainement aussi quelque chose de caché à nos yeux. Mais trouver ce que signifient ces actions offre parfois plus de difficulté que de les lire ou de les entendre. Nous écoutions avec admiration, comme en présence d’un grand miracle étalé à nos regards, lorsqu’on nous lisait dans l’Évangile de quelle manière Lazare a été ressuscité. Si nous y réfléchissons, par une opération bien plus admirable de Jésus-Christ, tout homme qui croit ressuscite: et si nous reportons notre attention sur tous ceux qui meurent, et si nous pensons au genre de mort le plus lamentable, celui qui pèche se fait mourir. La mort du corps, tout homme la craint, et la mort de l’âme, bien peu la redoutent. Pour la mort du corps, qui, sans aucun doute, doit arriver un jour, tous cherchent à l’empêcher de venir : c’est là tout leur travail. Il travaille à ne pas mourir, l’homme qui doit mourir, et l’homme qui doit vivre éternellement, ne travaille pas à ne point pécher, et lorsqu’il travaille à ne pas mourir, il s’occupe inutilement : car ce qu’il fait ne peut servir qu’à différer l’heure de la mort et non à l’éloigner tout à fait. Si, au contraire, il voulait ne pas pécher, il n’aurait pas tant de peine et il vivrait éternellement. Oh ! si nous pouvions exciter les hommes et nous exciter nous-mêmes avec eux à aimer la vie permanente autant qu’ils aiment cette vie fugitive ! Que ne fait pas l’homme tombé en danger de mort? En voyant le glaive suspendu sur leur tête, plusieurs ont livré ce qu’ils avaient en réserve pour assurer leur vie. Quel est celui qui n’aurait pas tout donné pour n’être pas frappé? Et après cet abandon peut-être a-t-il été frappé. Quel est celui qui, pour vivre, ne consentirait pas à l’instant à perdre ce qui le faisait vivre, préférant une vie de mendiant à une prompte mort? Quel est celui à qui l’on adit: Embarque-toi, si tu neveux pas mourir, et qui a hésité ? Quel est celui à qui l’on a dit : Travaille, si tu ne veux pas mourir, et qui a été paresseux? Ils sont bien légers les ordres que Dieu nous donne pour nous faire obtenir une vie éternelle, et nous négligeons de lui obéir ! Dieu ne te dit pas : Sacrifie tout ce que tu as, pour vivre pendant un temps bien court, et accablé de soucis; mais il dit: Donne aux pauvres une partie de ce que tu as, si tu veux vivre toujours et à l’abri de toute peine. Ils sont notre condamnation, les amateurs de cette vie temporelle qu’ils n’ont ni quand ils veulent, ni aussi longtemps qu’ils le veulent, et nous ne nous condamnons pas nous-mêmes, nous qui nous montrons si paresseux, si lâches à ne quérir la vie éternelle, que nous aurons si nous le voulons, et que nous ne perdions jamais quand nous l’aurons. Et cette mort que nous craignons tant, nous la subirons malgré nous.
  3. Si donc le Seigneur par sa grâce et sa miséricorde infinie ressuscite nos âmes pour nous garantir de la mort éternelle, nous devons bien le comprendre, ces trois morts qu’il ressuscita dans leurs corps signifient quelque chose, et ils figurent la résurrection des âmes qui se fait par la foi. Il a ressuscité la fille du chef de la synagogue lorsqu’elle était encore étendue dans sa demeure (Mc5, 41-4); il a ressuscité le jeune fils de la veuve qu’on portait déjà hors de la ville (Lc 7, 14-15) ; il a ressuscité Lazare enseveli depuis quatre jours. Que chacun examine l’état de son âme: si elle pèche, elle meurt; le péché, c’est la mort de l’âme. Mais quelquefois on pèche en pensée. Ce qui est mal t’a causé du plaisir. Tu as consenti, tu as péché. Ce péché t’a donné le coup de la mort ; mais la mort est à l’intérieur, parce que la mauvaise pensée ne s’est pas réduite en acte. Voulant montrer qu’il ressusciterait cette âme, le Seigneur ressuscita cette jeune fille qui n’avait pas encore été portée dehors, mais qui gisait sans vie dans sa demeure, indiquant par là un péché caché. Toutefois, si tu ne t’es pas borné à consentir à la mauvaise pensée, mais qu’en outre tu aies fait le mal, tu as transporté le mort en dehors des portes; tu es dehors, et tu es emporté mort. Cependant le Seigneur ressuscita aussi ce mort et le rendit à sa mère qui était veuve. Si tu as péché, fais pénitence; et le Seigneur te ressuscitera et te rendra à l’Église, ta mère. Le troisième mort est Lazare. Il y a un genre de mort bien cruel : on l’appelle la mauvaise habitude; car autre chose est de pécher, autre chose est de contracter l’habitude du péché. Celui qui pèche et qui se corrige aussitôt, revient bien vite à la vie; comme il n’est pas encore enlacé par l’habitude, il n’est pas encore enseveli. Mais celui qui a l’habitude de pécher est enseveli, et l’on dit de lui avec raison : Il sent mauvais. Car il commence à avoir une mauvaise réputation, qui se répand autour de lui comme une odeur insupportable. Tels sont tous ceux qui s’accoutument aux crimes, qui sont perdus de mœurs. Tu lui dis : N’agis pas ainsi ; est-ce qu’il t’entend, celui que la terre étouffe, que la corruption  déjà gagné et qui est écrasé sous le poids de l’habitude? Et cependant, même ce dernier, Jésus-Christ est assez puissant pour le ressusciter. Nous avons connu, nous avons vu, et nous voyons tous les jours des hommes qui, renonçant à une habitude criminelle, vivent ensuite beaucoup mieux que ceux qui les reprenaient. De tels hommes peut-être te faisaient horreur. Vois la sœur même de Lazare (si toutefois c’est elle qui couvrit de parfums les pieds du Seigneur, et les essuya avec ses cheveux après les avoir arrosés de ses larmes), cette sœur de Lazare fut plus avantageusement ressuscitée que son frère. Elle fut délivrée du poids énorme de ses habitudes criminelles. C’était en effet une pécheresse célèbre, et d’elle il a été dit : « Beaucoup de péchés lui sont remis, parce qu’elle a aimé beaucoup (Lc 7, 47) ». Nous en voyons beaucoup, nous en avons connu beaucoup qui ont été ainsi ressuscités ; que personne ne désespère, ruais que personne ne se laisse aller à la présomption. Si le désespoir est un mal, la présomption en est aussi un. Evite le désespoir et ne choisis point ce qui pourrait te donner de la présomption.
  4. Le Seigneur ressuscita donc Lazare ; vous avez entendu en quel état il était, c’est-à-dire ce que signifie sa résurrection. Continuons donc à lire ; et comme dans ce récit beaucoup de choses sont très claires, nous ne donnerons point l’explication de chaque passage, afin de pouvoir traiter plus au long ce qu’il est nécessaire d’expliquer. « Or, il y avait un malade nommé Lazare, de Béthanie, dans la demeure de Marie et de Marthe, ses sœurs ». Vous vous souvenez que, dans la dernière lecture, le Seigneur s’échappa des mains de ceux qui voulaient le lapider, et qu’il se retira au-delà du Jourdain, au lieu où Jean baptisait (Jn 10, 39-40). Pendant que le Seigneur était là, Lazare était malade à Béthanie, bourg rapproché de Jérusalem.
  5. « Or, Marie était celle qui oignit le Seigneur de parfum et qui essuya ses pieds avec ses cheveux, et son frère Lazare était malade. Ses sœurs envoyèrent donc vers Jésus, disant». Nous avons déjà compris où elles envoyèrent; c’était là où se trouvait le Seigneur, car il était absent, et il se trouvait au-delà du Jourdain. Elles envoyèrent vers le Seigneur, lui annonçant que leur frère était malade, afin qu’il vînt, s’il le voulait bien, et qu’il le délivrât de sa maladie. Mais le Christ différa de le guérir, afin de pouvoir le ressusciter. Que lui firent donc dire les sœurs de Lazare ? « Seigneur, celui que vous a aimez est malade » ; elles ne lui dirent pas : Venez. Comme il aimait Lazare, il suffisait de lui annoncer qu’il était malade. Elles n’osèrent pas lui dire : Venez et guérissez-le ; elles n’osèrent pas lui dire: Commandez du lieu où vous êtes, et il sera fait ici comme vous l’ordonnerez. Mais pourquoi n’osèrent-elles pas le faire, puisque ce fut précisément là le motif pour lequel la foi du centurion mérita des éloges ? Le centurion dit en effet : « Je ne suis pas digne que vous entriez sous mon toit, mais seulement dites une  parole et mon serviteur sera guéri (Mt 8, 8-10) ». Elles ne lui dirent rien de pareil, mais seulement ceci : « Seigneur, celui que vous aimez est malade ». Il suffit que vous le sachiez, car ceux que vous aimez vous ne les abandonnez pas. Mais, dira quelqu’un, comment Lazare peut-il figurer le pécheur, puisque le Seigneur l’aimait si tendrement? Que celui-là écoute le Seigneur, car il nous dit : « Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs (Mt 9, 13) ». Si Dieu n’avait pas aimé les pécheurs, il ne serait pas descendu du haut du ciel sur la terre.
  6. « Or, Jésus entendant cela, leur dit : Cette maladie ne va point à la mort, mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié ». Cette glorification du Fils ne l’a pas grandi ; c’est à nous qu’elle a profité. Il dit donc : « Cette maladie ne va pas à la mort », parce que la mort même de Lazare n’allait point à la mort, mais bien plutôt au miracle qu’il devait faire pour amener les hommes à croire en Jésus-Christ, et à éviter la mort éternelle. Remarquez comme Notre-Seigneur affirme indirectement qu’il est Dieu, à cause de quelques-uns qui disent que le Fils n’est pas Dieu. Il y a, en effet, des hérétiques qui nient que le Fils de Dieu soit Dieu. Qu’ils écoutent donc : « Cette maladie », dit Jésus, « ne va point à la mort, mais elle est pour la gloire de Dieu ». Pour quelle gloire? Pour la gloire de quel Dieu? Ecoute ce qui suit : « Afin que soit glorifié le Fils de Dieu ». « Cette maladie ne va donc point à la mort », dit-il, « mais elle est pour la gloire de Dieu, afin que le Fils de Dieu soit glorifié par elle ». Par quoi ? Par cette maladie.
  7. « Or, Jésus aimait Marthe, et sa sœur Marie et Lazare ». Lazare était malade, et ses sœurs étaient tristes; mais tous étaient ses amis. Ils étaient aimés de Celui qui sauvait les malades, je dis plus, de Celui qui ressuscitait les morts et consolait les affligés. « Ayant appris qu’il était malade, il resta deux « jours dans le même lieu n. On apporta donc la nouvelle à Jésus; mais il resta là, et il s’écoula quatre jours complets. Et ce ne fut pas sans raison; car peut-être, et même certainement, ce nombre de jours indique quelque mystère. « Et après cela, il dit à ses disciples « Allons de nouveau en Judée ». Il s’y était presque vu lapider, et il semblait ne s’être éloigné que pour n’être pas lapidé. Il s’était éloigné comme homme; mais, en revenant, il oublia, en quelque sorte, sa faiblesse et montra sa puissance. « Allons en Judée », dit-il.
  8. Quand il eut dit cela, voyez comme ses disciples furent effrayés. « Ses disciples lui  disent : Maître, tout à l’heure les Juifs cherchaient à vous lapider, et vous y allez de nouveau? Jésus répondit: N’y a-t-il pas douze heures au jour? » Que signifie cette réponse? Ces disciples lui ont dit: « Tout à l’heure les Juifs voulaient vous lapider », et « de nouveau vous y allez? » Est-ce pour qu’ils vous lapident? Et le Seigneur leur répond : « N’y a-t-il pas douze heures au jour? Si quelqu’un marche pendant le jour, il ne chancelle point, parce qu’il voit la lumière de ce monde ; mais s’il marche pendant la nuit, il chancelle, parce que la lumière n’est point en lui ». Le Seigneur a parlé du jour; mais dans notre intelligence règne encore une sorte de nuit. Invoquons le jour, pour qu’il chasse la nuit et qu’il éclaire notre cœur des feux de sa lumière. Qu’a voulu dire le Seigneur? D’après ce qu’il me semble, et autant que me permettent de juger l’élévation et la profondeur de ce discours, il a voulu leur reprocher leur doute et leur infidélité. Ils voulaient conseiller au Seigneur de ne pas mourir, lui qui n’était venu que pour mourir et les empêcher de mourir eux-mêmes. C’est ainsi que, dans un autre passage, saint Pierre qui aimait Notre-Seigneur, mais ne comprenait pas encore pleinement pourquoi il était venu, témoigna la crainte qu’il avait de le voir mourir; par là il déplut à la vie, c’est-à-dire au Seigneur lui-même. En effet, comme. Notre-Seigneur apprenait à ses disciples ce qu’il aurait à souffrir de la part des Juifs à Jérusalem, Pierre, au milieu de tous les autres, lui dit : « A Dieu ne plaise, Seigneur; épargnez-vous, cela ne vous arrivera pas ». Et aussitôt Notre-Seigneur lui répondit: « Retire-toi de moi, Satan, car tu goûtes non point les choses qui sont de Dieu, mais celles qui sont des hommes ». Peu auparavant il avait confessé le Fils de Dieu et n1érité des louanges ; il avait entendu Jésus lui adresser ces paroles : «Tu es heureux, Simon fils de Jona ; car ce n’est pas la chair et le sang qui te l’ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux (Mt 16, 16-23) ». A celui auquel il avait dit : « Tu es heureux », il dit: « Retire- toi, Satan »: parce que, s’il était heureux, ce n’était pas en lui-même qu’il trouvait le principe de son bonheur; quelle en était donc la cause ? « Parce que ce n’est pas la chair et le « sang qui te l’ont révélé, mais mon Père qui est dans les cieux ». Voilà ce qui te rend heureux; cela ne vient pas de toi, mais de moi. Non que je sois le Père, mais parce que tout ce que le Père possède est à moi (Jn 16, 15). Mais si Pierre est heureux par le fait du Seigneur lui-même, qui est-ce qui fait de lui un Satan? Le Seigneur nous l’apprend ici même. Il a indiqué la raison de la béatitude de Pierre, en disant: « Ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé ceci, mais mon Père qui est dans les cieux » ; voilà la cause de ta béatitude. Mais si j’ai dit : « Retire-toi de moi, Satan », écoutes-en la raison : « C’est que tu goûtes, non pas les choses qui sont de Dieu, mais les choses qui sont de l’homme ». Que personne donc ne se flatte; de son propre fonds, l’homme est un satan ; c’est Dieu seul qui le rend heureux. Qu’est-ce à dire: De son propre fonds, sinon de son péché? Ote le péché, que te reste-t-il en propre? Ce qui me fait juste, dira quelqu’un, vient de mon propre fonds. Mais « qu’as-tu que tu ne l’aies reçu (1Cor 4, 7) ? » Comme donc des hommes s’adressaient à Dieu, des disciples à leur Maître, des serviteurs à leur Seigneur, des malades à leur Médecin, pour lui donner un conseil, il les reprit et leur dit : « N’y a-t-il pas douze heures au jour? Si quelqu’un marche dans le jour, il ne bronche point ». Suivez-moi, si vous voulez ne pas broncher ; ne cherchez pas à me donner des conseils, car vous devez en recevoir de moi. Que signifient donc ces mots : « N’y a-t-il pas douze heures au jour? » Le voici : pour montrer qu’il était lui-même le jour, il choisit douze disciples. Si je suis le jour, leur dit-il, et si vous êtes les heures, les heures doivent-elles donner des conseils au jour? Ce sont les heures qui suivent le jour, et non le jour qui suit les heures. Mais si les disciples étaient les heures, quel rôle Judas remplissait-il au milieu d’eux? Etait-il du nombre des douze heures? S’il était une heure, il éclairait; et s’il éclairait, comment livrait-il le jour à la mort? Mais en prononçant cette parole, le Seigneur avait en vue non Judas, mais son successeur. Judas étant déchu, Matthias lui succéda, et le nombre douze demeura intact (1 Ac. 1, 26). Ce n’est donc pas sans raison que le Seigneur choisit douze disciples: c’est parce qu’il est le jour spirituel. Que les heures suivent donc le jour; qu’elles l’annoncent, qu’elles reçoivent sa lumière, et que par la prédication des heures le monde croie au jour. C’est ce que Jésus leur dit d’un seul mot : Suivez-moi, si vous ne voulez point broncher.
  9. Après cela il leur dit : «Lazare, notre ami, dort; mais je vais pour le réveiller ». Il disait vrai : Lazare était mort pour ses sœurs; pour le Seigneur, il dormait. Il était mort pour les hommes qui ne pouvaient le ressusciter. Mais le Seigneur le fit sortir du sépulcre plus facilement que tu ne fais sortir de son lit un homme endormi. C’est donc eu égard à sa puissance qu’il a dit que Lazare dormait. Du reste, dans les Ecritures, les morts sont souvent appelés ceux qui dorment; ainsi les dénomme l’Apôtre : « Or, nous ne voulons pas, mes frères, que vous ignoriez ce qui a regarde ceux qui dorment, afin que vous ne a soyez point attristés, comme les autres qui n’ont point l’espérance (1Th 4, 12) ». L’Apôtre lui-même les appelle ceux qui dorment, parce qu’il annonce qu’ils doivent ressusciter. Donc tous les morts dorment, qu’ils soient bons ou mauvais. Mais il y a de la différence dans l’état de ceux qui dorment du sommeil quotidien et qui s’éveillent tous les jours, selon ce que chacun d’eux voit en songe: les uns ont des songes joyeux, d’autres en ont de si effrayants qu’ils s’éveillent et craignent de se rendormir, de peur de retomber dans les mêmes songes. C’est ainsi que chaque homme s’endort avec sa cause, et se réveille avec elle; et il importe de savoir à quelle espèce de garde on est soumis jusqu’à ce moment où l’on paraît devant le juge. Car il y a différentes sortes de garde, selon que le demandent les différentes causes. Les uns sont confiés à un licteur: c’est là un traitement humain, doux et digne d’un citoyen. D’autres sont livrés aux geôliers; d’autres sont envoyés en prison; et dans la prison même tous ne sont pas traités de la même façon; ceux dont les causes sont plus graves sont enfermés dans des cachots plus profonds. Ainsi donc, comme il y a différentes prisons pour ceux qui paraissent en justice, il y a de même différentes prisons pour les morts et différents mérites en ceux qui ressuscitent. Le pauvre est reçu, et le riche aussi; mais le premier est reçu dans le sein d’Abraham, et le second en un lieu où il a soif et où il ne trouve pas même une goutte d’eau pour se rafraîchir (Lc, 16, 22-24).
  10. Toutes les âmes ont donc, et je saisis cette occasion de l’enseigner à votre charité, toutes les âmes ont donc, lorsqu’elles sortent de ce monde, des demeures différentes. Les bonnes sont reçues dans la joie, les méchantes dans les tourments. Mais quand la résurrection sera faite, la joie des bons sera plus grande, et plus graves aussi seront les tourments des méchants, parce qu’ils seront torturés avec leur corps. Les saints patriarches, les Prophètes, les Apôtres, les martyrs, les bons chrétiens ont tous été reçus dans le séjour de la paix, mais tous ne recevront qu’à la fin des temps ce que Dieu a promis. Car il a promis la résurrection même de la chair, la destruction de la mort, le partage de la vie éternelle avec les anges. C’est là ce que tous recevront également, car pour le repos qui est accordé immédiatement après la mort, chacun, s’il en est digne, le reçoit aussitôt qu’il est mort. Les patriarches l’ont reçu les premiers; voyez depuis quand ils reposent. Après eux l’ont reçu les Prophètes, plus récemment les Apôtres, beaucoup plus tard encore les saints martyrs; et chaque jour les bons chrétiens le reçoivent. Et ainsi les uns y sont déjà depuis longtemps ;d’autres, depuis moins de temps; d’autres, depuis quelques années seulement; d’autres n’y sont pas encore. Mais quand ils s’éveilleront de ce sommeil, tous ensemble recevront ce qui a été promis.
  11. « Lazare, notre ami, dort; mais je vais pour le tirer du sommeil. Les disciples lui a dirent donc ». Comme ils comprenaient, ils répondirent : « Seigneur, s’il dort, il sera sauvé ». Ordinairement, en effet, le sommeil des malades est un indice de guérison. « Or, Jésus avait parlé de sa mort; mais ils pensèrent qu’il parlait du sommeil ordinaire. Alors Jésus leur dit clairement ». En effet, cette parole : « Il dort », ne manquait pas d’être obscure; il leur dit donc clairement : « Lazare est mort, et je me réjouis à cause de vous de ce que je n’étais pas là, afin que vous croyiez ». Et je sais qu’il est mort, et cependant je n’y étais pas. On avait annoncé qu’il était malade, mais non pas qu’il était mort. Mais pouvait-il y avoir rien de caché pour Celui qui avait créé Lazare, et entre les mains duquel était passée l’âme du mourant? C’est pourquoi il dit : « Je me réjouis à cause de vous de ce que je n’étais pas là, afin que vous croyiez ». Afin que dès lors ils fussent dans l’admiration de ce que le Sauveur avait pu dire qu’il était mort sans l’avoir ni vu ni entendu. C’est ici le cas de nous rappeler que, par ces miracles, le Christ consolidait la foi de ses disciples qui déjà avaient cru en lui; non en ce sens que la foi, qui n’était pas encore en eux, commençât à y exister; mais en ce sens que cette foi qui s’y trouvait déjà s’augmentât encore. Jésus s’est néanmoins servi d’un mot qui semble dire qu’ils commençaient seulement à croire. Il ne dit pas, en effet: « Je me réjouis à cause de vous », pour que votre foi soit augmentée ou affermie; mais : « Pour que vous croyiez ». Ce qu’il faut entendre ainsi : Pour que vous croyiez d’une foi plus large et plus ferme.
  12. « Mais allons à lui. Thomas, appelé a Didyme, dit à ses condisciples: Allons, nous  aussi, et mourons avec lui. Jésus vint donc et le trouva déposé depuis quatre jours dans a le tombeau ». Sur ces quatre jours, on peut dire bien des choses : les Ecritures obscures par elles-mêmes fournissant, selon la différence des intelligences, des sens différents. Disons, nous aussi, ce que nous semble signifier, ce mort de quatre jours. Comme dans l’aveugle dont nous vous parlions dernièrement, nous reconnaissions en quelque sorte le genre humain; dans ce mort nous pouvons bien aussi retrouver un grand nombre d’hommes, car une même chose peut être représentée de différentes manières. L’homme, quand il naît, naît déjà avec la mort, puisque d’Adam il hérite le péché; ce qui fait dire à l’Apôtre : « Par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la a mort; et ainsi elle a passé dans tous les a hommes, par celui en qui tous ont péché (Rom 5, 12)». Voilà le premier jour de mort; c’est l’héritage auquel lui donne droit son origine. Ensuite l’homme grandit, il approche de l’âge de raison, où il peut se faire une idée de la loi naturelle que tous portent écrite dans leur cœur. « Ce que tu ne veux pas qu’on te fasse, ne le fais pas aux autres ». Est-ce là une chose que nous apprenions dans les livres? Ne la lisons-nous pas en quelque sorte dans la nature? Voudrais-tu être volé? Non, certes, tu ne le veux pas; car voici la loi écrite dans ton cœur : Ce que tu ne veux pas endurer, ne le fais pas toi-même. Et cependant cette loi-là, les hommes la transgressent. Voilà le second jour de mort. Dieu a donné aussi une loi par son serviteur Moïse ; il y est dit : « Tu ne  tueras point; tu ne commettras point le péché de la chair; tu ne porteras point de faux témoignage; honore ton père et ta mère; tu ne convoiteras point le bien de ton prochain ; tu ne convoiteras point l’épouse de ton prochain (Ex 20, 12-17) ». Voilà la loi écrite; elle aussi, on la méprise. C’est le troisième jour de mort. Que reste-t-il? Vient l’Evangile. Le royaume des cieux est annoncé ; Jésus-Christ est prêché partout; il menace de l’enfer, il promet la vie éternelle : tout cela est méprisé. Les hommes transgressent l’Evangile. Voilà le quatrième jour de mort. C’est bien vrai que déjà il est en putréfaction. Mais à de telles gens faut-il refuser toute miséricorde? A Dieu ne plaise ! Le Seigneur n’a pas dédaigné devenir pour ressusciter même ces sortes de morts.
  13. « Or, beaucoup d’entre les Juifs étaient venus vers Marthe et Marie, pour les consoler de la mort de leur frère. Quand Marthe a apprit que Jésus venait, elle alla au-devant a de lui, mais Marie resta assise à la maison. « Marthe dit donc à Jésus : Seigneur, si vous a aviez été ici, mon frère ne serait pas mort; mais je sais maintenant que tout ce que vous demanderez à Dieu, Dieu vous l’accordera ». Elle ne dit pas: mais maintenant je vous prie de ressusciter mon frère, car que savait-elle, s’il était avantageux pour son frère de ressusciter ? Elle dit seulement : Je sais que vous le pouvez, et que si vous le voulez vous le ferez ; mais le ferez-vous, c’est à vous d’en juger ; ce serait présomption à moi de le décider. « Mais ce que je sais, c’est que tout ce que vous demanderez à Dieu, Dieu vous l’accordera ».
  14. « Jésus lui dit: Ton frère ressuscitera ». Réponse peu claire, car il ne dit pas : Je vais ressusciter ton frère, mais : « Ton frère ressuscitera ». « Aussi Marthe lui dit : Je sais qu’il ressuscitera à la résurrection du dernier jour ». De cette résurrection, j’en suis certaine ; d’une résurrection immédiate, je ne sais rien. « Jésus lui dit : Je suis la résurrection ». Tu dis : « Mon frère ressuscitera au dernier jour ». C’est vrai, mais celui par qui il ressuscitera alors, peut bien le ressusciter dès maintenant, parce que, dit-il, « Je suis la résurrection et la vie ». Ecoutez, mes frères, écoutez ce que dit Notre-Seigneur. Certes, toute l’attente des Juifs réunis était de voir revivre Lazare, ce mort de quatre jours. Ecoutons et ressuscitons, nous aussi. Qu’ils sont nombreux dans cette assemblée ceux qu’écrase le poids des mauvaises habitudes ! Peut-être en est-il parmi ceux qui m’écoutent, auxquels on pourrait dire : « Ne vous laissez point enivrer par le vin, d’où naît la luxure (Eph 5, 18) ». Et ils disent : Nous ne pouvons pas. Peut-être, parmi ceux qui m’écoutent y a-t-il des personnes impures, souillées de débauches et de corruption, auxquelles je dis : Ne faites point ces choses, si vous voulez ne point périr; et elles répondent: Nous ne pouvons pas nous tirer de cette habitude. O Dieu, ressuscitez-les. « Je suis » , dit-il, « la résurrection et la vie ». Il est la résurrection, parce qu’il est la vie.
  15. « Celui qui croit en moi, quand même il serait mort, vivra, et quiconque vit et croit  en moi, ne mourra jamais ». Qu’est-ce à dire? « Celui qui croit en moi, quand même il serait mort », comme Lazare, « il vivra » ; parce que le Christ n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants. Déjà, au sujet des patriarches morts depuis longtemps,

c’est-à-dire, d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, il avait fait aux Juifs la même réponse: « Je suis le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac, le Dieu de Jacob. Or, Dieu n’est pas le Dieu des morts, mais le Dieu des vivants ; car tous vivent pour lui (Mt 22, 32) ». Crois donc, et quand tu serais mort, tu vivras; mais si tu ne crois pas, quoique tu sois vivant, tu es réellement mort. Prouvons que si tu ne crois pas, quoique tu sois vivant, tu es réellement mort. Quelqu’un différait de suivre le Seigneur et s’excusait en disant : « Je vais d’abord ensevelir mon père ». « Laisse a, dit le Seigneur, « laisse « les morts ensevelir leurs morts ; pour « toi, viens et suis-moi (Mt 8, 21-22) ». Il y avait donc un mort à ensevelir, il y avait aussi des morts qui devaient ensevelir ce mort : l’un était mort dans son corps, les autres dans leur âme. D’où vient la mort dans l’âme ? De ce que la foi n’y est plus. D’où vient la mort dans le corps ? De ce que l’âme n’y est plus. Donc, l’âme de ton âme, c’est la foi. « Celui qui croit en moi », dit le Seigneur, « quand il serait mort » dans son corps, « vivra » dans son âme, jusqu’à ce que le corps lui-même ressuscite pour ne plus mourir ; c’est-à-dire : « Celui qui croit en moi », quoiqu’il meure, « vivra » ; et « quiconque vit » dans son corps « et croit en moi », bien qu’il doive mourir pour un temps à cause de la mort du corps, « ne mourra pas pour l’éternité », à cause de la vie de l’esprit et de  l’immortalité que donnera la résurrection. C’est là ce que veut dire Jésus : « Et quiconque vit et croit en moi, ne mourra pas pour l’éternité. Crois-tu cela ? Elle lui répondit : Oui, Seigneur, j’ai cru que vous êtes le Christ Fils de Dieu, qui êtes venu dans le monde ». En croyant cela, j’ai cru que vous êtes la résurrection, j’ai cru que vous êtes la vie ; j’ai cru que celui qui croit en vous, bien qu’il meure, vivra, et que celui qui vit et croit -en vous ne mourra pas pour l’éternité.

  1. « Et quand elle eut dit cela, elle s’en alla, et appela Marie, sa soeur, en silence, disant : Le Maître est ici et il t’appelle ». Il faut remarquer comment l’Evangile, pour indiquer une parole dite à voix basse, se sert du mot « silence ». Comment, en effet, a-t-elle gardé le silence, puisqu’elle a dit : « Le « Maître est ici, et il t’appelle ? » Il faut aussi remarquer que l’Evangéliste ne dit ni où, ni quand, ni comment le Seigneur appela Marie ; mais il nous le fait comprendre par les paroles de Marthe, afin d’abréger son récit.
  2. « Dès que Marie eut entendu, elle se leva aussitôt et vint vers lui. Car Jésus n’était pas encore arrivé dans le bourg, mais il se tenait au lieu même où Marthe s’était présentée à lui. Les Juifs donc qui étaient avec Marie. dans la maison, et la consolaient, quand ils virent qu’elle s’était levée a si promptement et qu’elle était sortie, la suivirent en disant : Elle va au tombeau pour y pleurer ». Pourquoi l’Evangéliste a-t-il voulu nous raconter tout cela ? C’est pour nous faire voir par quelle occasion ils se trouvèrent présents en grand nombre, quand Lazare fut ressuscité. Les Juifs pensant qu’elle ne se précipitait au dehors que pour chercher dans les larmes un soulagement à sa. douleur, la suivirent, et cela se faisait pour qu’un miracle aussi grand que la résurrection d’un mort de quatre jours eût un grand nombre de témoins.
  3. « Mais quand Marie fut venue où était Jésus, en le voyant elle tomba à ses pieds et lui dit : Seigneur, si vous aviez été ici, mon frère ne serait pas mort. Jésus donc, voyant qu’elle pleurait et que les Juifs qui étaient avec elle pleuraient aussi, frémit en son esprit et se troubla lui-même, et il dit : Où l’avez-vous déposé ? » Je ne sais ce qu’il a voulu nous apprendre en frémissant dans son esprit, et en se troublant lui-même. Car d’où aurait pu venir son trouble, sinon de lui-même ? C’est pourquoi, mes frères, remarquez d’abord sa puissance, et cherchez ensuite ce qu’il a voulu signifier. Tu te troubles même quand tu ne le veux pas : Jésus-Christ s’est troublé parce qu’il l’a voulu. Jésus a eu faim, c’est vrai; mais c’est qu’il l’a voulu. Jésus a dormi, c’est vrai ; mais c’est qu’il l’a voulu. Jésus a été triste, c’est vrai ; mais c’est qu’il l’a voulu. Jésus est mort, c’est vrai ; mais c’est qu’il l’a voulu. Il était en son pouvoir d’éprouver ces affections ou de ne les pas éprouver. Le Verbe a pris une âme et un corps, s’appropriant ainsi la nature de l’homme tout entier, dans l’unité d’une seule personne. Car l’âme de l’Apôtre a été éclairée par le Verbe ; l’âme de Pierre a été éclairée par le Verbe ; l’âme de Paul, les âmes des autres Apôtres et des saints Prophètes ont été éclairées par le Verbe; mais d’aucune il n’a été dit : « Le Verbe s’est fait chair (Jn 1, 11) » ; d’aucune il n’a été dit : « Mon Père et moi nous sommes un (Jn 10, 30) ». L’âme et le corps de Jésus-Christ ne forment avec le Verbe de Dieu qu’une seule personne, un seul Christ ; et par là, comme en lui réside la souveraine puissance, il dispose de la partie faible selon sa volonté ; c’est pourquoi : « Il se troubla lui-même ».
  4. Je vous ai montré la puissance du Christ, examinons ce qu’il a voulu nous faire entendre. Ce ne peut être qu’un grand coupable celui que représentent ces quatre jours de mort et de, sépulture. Pourquoi donc Jésus. Christ se trouble-t-il lui-même, sinon pour te montrer comme tu dois être troublé lorsque tu es chargé et accablé d’une si grande masse de péchés ? Tu t’es examiné, tu t’es reconnu coupable et tu as dit en toi-même : J’ai fait cela, et Dieu m’a épargné ; j’ai commis telle faute, et Dieu a différé de me punir ; j’ai entendu l’Evangile, et je l’ai méprisé ; j’ai reçu le baptême, et je suis retombé dans les mêmes fautes : que faire, où aller ? Comment m’échapper ? Quand tu parles ainsi, déjà Jésus-Christ frémit en toi, car ta foi frémit, et dans la voix du frémissement, apparaît l’espérance de la résurrection. Si la foi est en nous, Jésus-Christ s’y trouve et frémit : si la foi est en nous, Jésus-Christ est en nous. L’Apôtre dit-il autre chose : « Jésus-Christ par la foi habite en nos cœurs (Eph 3, 17)?» Donc ta foi en Jésus-Christ, c’est Jésus-Christ dans ton cœur. De là vient qu’il dormait dans la barque, et ses disciples craignant de périr, victimes du naufrage qui les menaçait, s’approchèrent de lui et l’éveillèrent. Jésus-Christ se leva, commanda aux vents et aux flots, et il se fit un grand calme (Mt 8, 24-26). Ainsi en est-il de toi : les vents entrent dans ton cœur, pendant que tu navigues et que tu traverses la vie comme une mer pleine de tempêtes et de dangers. Les vents entrent dans ta barque ; les flots l’agitent et la bouleversent. Quels sont ces vents ? On t’adresse une injure, tu te laisses aller à la colère l’injure, c’est le vent ; la colère, c’est le flot tu es en danger, car tu te disposes à répondre, tu te disposes à rendre malédiction pour malédiction ; déjà la barque est sur le point de sombrer. Eveille Jésus-Christ qui dort, car si tu t’emportes, si tu te prépares à rendre le mal pour le bien, c’est que Jésus-Christ dort dans la barque. Le sommeil de Jésus-Christ dans ton cœur, c’est l’oubli de la foi, car si tu réveilles Jésus-Christ, c’est-à-dire si tu te rappelles les enseignements de la foi, que te dit Jésus-Christ au moment où il se réveille dans ton cœur ? Des hommes m’ont dit : « Vous êtes possédé du démon (Jn 7, 20) » ; et j’ai prié pour eux. Le maître reçoit une injure et il la supporte, et le serviteur se laissera aller à l’indignation ! Mais tu veux te venger. Eh quoi ! Me suis-je moi-même vengé ? Quand ta foi te parle de la sorte, elle commande aux vents et aux flots, et il se fait en toi un grand calme. De même donc que réveiller Jésus-Christ dans la barque, c’est y exciter la foi ; de même dans le cœur de l’homme qu’oppressent une masse énorme d’iniquités et une longue habitude du péché, dans le cœur de l’homme qui a transgressé l’Evangile et méprisé les peines éternelles, que Jésus-Christ frémisse, que l’homme se condamne lui-même. Ecoute encore : Jésus-Christ a pleuré; que l’homme pleure sur lui-même. Pourquoi, en effet, Jésus-Christ a-t-il pleuré? N’est-ce point pour apprendre à l’homme à pleurer? Pourquoi a-t-il frémi et s’est-il troublé lui-même? N’est-ce point parce que la foi de l’homme, qui se déplaît à lui-même, à juste titre, doit frémir dans l’accusation de ses fautes, afin que l’habitude du péché cède à la violence de la pénitence?
  5. « Et il dit : Où l’avez-vous déposé? » Eh quoi ! Vous avez su qu’il était mort, et vous ignorez où on l’a enseveli? Cela signifie que l’homme perdu de la sorte, Dieu ne le connaît pour ainsi dire pas. Je n’ai pas osé dire : Dieu ne le connaît pas; car, où est ce que Dieu ne connaît pas? Mais j’ai dit: Il l’ignore pour ainsi dire. Et comment le prouver? Ecoute ce que le Seigneur doit dire au jour du jugement : « Je ne vous connais pas, retirez-vous de moi (Mt 7, 23) ». Qu’est-ce à dire : « Je ne vous connais pas? » Je ne vous vois point dans ma lumière, je ne vous vois point dans cette justice que je connais. C’est pourquoi, comme s’il ne connaissait pas un pécheur de cette espèce, il dit:« Où l’avez-vous déposé? » C’est aussi dans le même sens que Dieu parla dans le paradis, quand l’homme eut péché : « Adam, où es-tu (Gn 3, 9)? Ils lui disent : Seigneur, venez et voyez. « Voyez », c’est-à-dire, ayez pitié. Le Seigneur voit, en effet, quand il fait miséricorde. C’est pourquoi le Psalmiste lui dit : « Voyez mon abaissement et ma peine, et pardonnez-moi tous mes péchés (Ps 24, 18) ».
  6. « Jésus pleura. Alors les Juifs dirent : Voilà comme il l’aimait ». Qu’est-ce à dire il l’aimait ? « Je ne suis pas venu », dit-il lui-même, « appeler les justes, mais les pécheurs à la pénitence (Mt 9, 13). Or, quelques-uns d’entre eux dirent : Celui qui a ouvert les yeux de l’aveugle ne pouvait-il pas faire aussi que cet homme ne mourût point? » S’il n’a pas voulu faire qu’il ne mourût pas, c’est qu’il voulait faire quelque chose de plus, le retirer vivant du séjour de la mort.
  7. « Jésus donc, frémissant de nouveau en lui-même, vint vers le tombeau ». Qu’il frémisse aussi en toi, si tu te prépares à revivre. A tout homme, accablé par une mauvaise habitude, il est dit : « Jésus vint vers le tombeau. Or, c’était une grotte, et une pierre avait été placée au-dessus ». Le mort qui se trouve sous la pierre, c’est le pécheur sous la loi. Vous le savez, la loi donnée aux Juifs fut écrite sur la pierre (Ex 31, 18). Or, tous les pécheurs sont sous la loi; ceux qui vivent bien sont avec la loi. La loi n’est point établie pour le juste (1Tim, 9-5). Que veulent donc dire ces paroles : « Ecartez la pierre? » Elles veulent dire : prêchez la grâce. Car l’apôtre Paul se dit ministre du Nouveau Testament, non de la lettre, mais de l’esprit. « Car », dit-il, « la « lettre tue, et l’esprit vivifie (II Cor 3, 6)». La lettre qui tue est comme une pierre qui écrase. « Ecartez la pierre », dit-il, écartez le poids de la loi, prêchez la grâce. « Car, si la loi qui a été donnée pouvait vivifier, alors vraiment la justice viendrait de la loi. Mais la loi écrite a tout renfermé sous le péché, afin que la promesse fût, par la foi en Jésus-Christ, donnée en ceux qui croient (Ga 3, 21-22) »; donc, « écartez la pierre ».
  8. Marthe, la sœur de celui qui était mort, lui dit : « Seigneur, il sent déjà mauvais; car il est là depuis quatre jours. Jésus lui dit : Ne t’ai-je pas dit que si tu crois, tu verras la gloire, de Dieu? » Qu’est-ce à dire, « tu verras la gloire de Dieu ? » C’est-à-dire que ce mort enterré depuis quatre jours, et déjà tombé en putréfaction, il va le ressusciter. « Car tous ont péché et ont besoin de la gloire de Dieu (Rm 3, 23) », et, « là où a abondé le péché, la grâce aussi a surabondé (Rm 5, 20) ».
  9. « Ils enlevèrent donc la pierre, et Jésus, élevant les yeux en haut, dit : Mon Père, je vous rends grâces de ce que vous m’avez exaucé. Pour moi, je savais bien que vous m’exaucez toujours; mais je l’ai dit à cause du peuple qui m’entoure, afin qu’ils croient que vous m’avez envoyé. Ayant dit « ces mots, il cria à haute voix ». Il frémit, il pleure, il crie à haute voix. Qu’il a de peine à se lever celui qu’oppresse le poids d’une, mauvaise habitude ! Cependant il se lève; une grâce cachée lui rend intérieurement la vie; il se lève après avoir entendu ce grand cri,. Qu’arriva-t-il ensuite ? « Il s’écria à haute voix : Lazare, viens dehors. Et soudain le mort sortit, ayant les mains et les pieds liés avec des bandes et le visage enveloppé d’un suaire ». Tu t’étonnes qu’il ait marché les pieds liés, et tu n’es pas étonné qu’il soit ressuscité après quatre jours? En ces deux faits agissait la puissance de Dieu, et non les forces du mort. Il marcha, et il était encore lié; il était encore enveloppé, et cependant il sortit du tombeau qu’est-ce que cela signifie? Quand tu violes la loi, tu es étendu mort; et si tu la violes en choses graves, comme j’ai dit plus haut, tu es enseveli; quand tu confesses tes péchés, tu sors. Qu’est-ce, en effet, que sortir, sinon sortir d’un lieu caché et se montrer? Mais que tu confesses tes fautes, c’est Dieu qui le fait en te criant à haute voix, c’est-à-dire en t’appelant par une grande grâce. C’est pourquoi le mort qui s’avance encore lié, c’est le pécheur qui se confesse, mais qui est encore coupable; et pour que ses péchés soient remis, le Seigneur dit à ses ministres : « Déliez-le et laissez-le aller ». Que veut dire : « Déliez-le et laissez-le aller? Ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel (Mt 16, 19) ».
  10. « Plusieurs donc d’entre les Juifs qui étaient vénus vers Marie et avaient vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui; mais quelques-uns d’entre eux s’en allèrent vers les Pharisiens, et leur dirent ce qu’avait  fait Jésus ». Tous ceux des Juifs qui étaient venus vers Marie ne crurent pas; et cependant il y en eut beaucoup pour croire. « Mais quelques-uns d’entre eux », soit de ceux qui s’étaient rassemblés, soit de ceux qui avaient cru, « s’en allèrent vers les Pharisiens et leur dirent ce qu’avait fait Jésus »; soit en leur annonçant ce prodige, pour les amener à croire eux-mêmes, soit plutôt pour le trahir et afin que les Pharisiens le poursuivissent. Mais n’importe par qui et de quelle manière la chose se fit, ce qui s’était passé fut rapporté aux Pharisiens.
  11. « Les Pontifes et les Pharisiens assemblèrent le conseil, et ils disaient : Que faisons-nous? » Ils ne disaient pas : Croyons, car ces hommes perdus, songeaient bien plus à nuire à Jésus et à le perdre qu’à prévoir comment ils éviteraient de périr eux-mêmes. Toujours est-il qu’ils craignaient et semblaient pourvoir à l’avenir (3). « Ils disaient » donc : « Que faisons-nous? Car cet homme opère beaucoup de miracles; si nous le laissons ainsi, tous croiront en lui, et les Romains viendront, et ils nous extermineront, nous et notre ville ». Ils craignaient de perdre les biens temporels, et ils ne pensaient pas à s’assurer la vie éternelle ; et ainsi ont-ils perdu l’une et l’autre. Car, après la passion et la glorification du Seigneur, les Romains leur enlevèrent et leur ville qu’ils prirent d’assaut, et leur nation qu’ils transportèrent ailleurs, et à eux s’applique ce qui a été dit en un autre endroit : « Les enfants de ce royaume iront dans les ténèbres extérieures (Mt 8, 12) ». Le sujet de leur crainte était que si tous croyaient en Jésus-Christ, il ne restât personne pour défendre la cité de Dieu et le temple contre les Romains; car ils pensaient que la doctrine de Jésus-Christ allait contre le temple et contre les lois de leurs pères.
  12. « Mais l’un d’eux, Caïphe, le grand « prêtre de cette année, leur dit : Vous n’y connaissez rien, et vous ne considérez pas qu’il vous est avantageux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que toute la nation ne périsse point. Or, il ne dit pas cela de lui-même, mais comme il était grand prêtre de cette année, il prophétisa ». Par là, nous apprenons que même les hommes méchants peuvent par l’esprit de prophétie annoncer les choses à venir. Cependant l’Evangéliste attribue ce dernier fait à un mystère tout divin ; car, dit-il, il était Pontife, c’est-à-dire grand prêtre. On peut se demander comment il est appelé Pontife de cette année, car Dieu n’avait établi qu’un seul grand prêtre qui, à sa mort, ne devait avoir qu’un seul successeur. Mais il faut croire que, par suite de l’ambition et des rivalités qui surgirent parmi les Juifs, il fut établi dans la suite qu’ils seraient plusieurs, et qu’ils exerceraient leurs fonctions à leur tour et chacun pendant une année. C’est ce qui est dit à propos de Zacharie : « Or il arriva, lorsque Zacharie remplissait en son rang les fonctions du sacerdoce devant Dieu, selon la coutume établie parmi les prêtres, que le sort décida qu’il offrirait l’encens dans le temple du Seigneur (Lc 1, 8-9) ». Par là il paraît qu’ils étaient plusieurs, et qu’ils avaient leur tour. Car il n’était permis qu’au grand prêtre d’offrir l’encens (Ex 30, 7). Et peut-être pour la même année étaient-ils plusieurs qui remplissaient ces fonctions, auxquels d’autres succédaient pour l’année, et parmi eux, le sort désignait-il celui qui devait offrir l’encens ? Que prophétisa donc Caïphe? « Que Jésus devait mourir pour la nation; et non seulement pour la nation, mais aussi pour rassembler les enfants de Dieu qui étaient dispersés ». Ces derniers mots ont été ajoutés par l’Evangéliste ; car Caïphe, dans sa prophétie, n’a parlé que de la nation juive, où se trouvaient ces brebis dont le Seigneur dit lui-même : « Je n’ai été envoyé que vers les brebis perdues de la maison d’Israël (Mt 15, 24) ». Mais l’Evangéliste savait qu’il y avait d’autres brebis qui n’étaient pas de ce bercail, et qu’il fallait réunir, aria qu’il n’y eût qu’un seul bercail et un seul pasteur (Jn 10, 16). Mais tout cela doit s’entendre par rapport à la prédestination; car ceux qui n’avaient pas encore cru, n’étaient encore ni les brebis ni les enfants de Dieu.
  13. « A partir de ce jour, ils pensèrent donc à le mettre à mort. C’est pourquoi. Jésus n’allait  plus en public parmi les Juifs ; mais il s’en alla dans le pays qui est près du désert, en une ville appelée Ephrem, et là il demeurait avec ses disciples ». Le motif de sa conduite n’était point la disparition de sa puissance. Certes, s’il l’eût voulu, il aurait vécu publiquement au milieu des Juifs, et ils ne lui auraient fait aucun mal; mais, dans cette faiblesse apparente de son humanité, il montrait à ses disciples l’exemple qu’ils devaient suivre : il leur prouvait que, pour les fidèles qui sont ses membres, il n’y aurait point de péché à se dérober aux yeux de leurs persécuteurs, et à éviter leur fureur criminelle, en se cachant, plutôt qu’à l’allumer davantage, en se présentant devant eux.
[1] Le nom de Lazare vient de l’hébreu ‘El’asar = Dieu a aisé, celui qui est assisté par Dieu.

[2] Béthanie : ce nom vient de l’hébreu et il est formé de deux mots dont le premier est Beth (qui est aussi le nom de la deuxième lettre de l’alphabet juif).

« Beth » signifie maison (ou lieu), exprime l’idée de quelque chose qui le contient, c’est l’archétype de toutes les maisons, la maison de Dieu et homme, le sanctuaire. Il veut dire un lieu de sainteté sur terre.

Le second terme « ania »  en hébreu dériverait d’un mot juif qui signifie soit palme, soit pauvreté ou pauvres ou miséricorde, grâce ou bénédictions. Le Christ va chez son ami Lazare à Béthanie et, quelques jours plus tard, il quitte Béthanie et s’en va à Jérusalem (environ 3 kilomètres séparent ces deux lieux) à dos d’âne, accompagné par la foule qui le salue en brandissant des branches de palmiers. Cet élément confirme la présence de palmiers dans ce lieu et confirme l’étymologie du nom. Symboliquement le palmier est signe de fertilité et de nourriture avec les dates, mais il est aussi symbole de justice, la justice de réparation pour le goût amer que suggère son nom juif « tamar ». « Ania » peut aussi venir d’ « Anania » = Yahvé fut miséricordieux ou Hannah, grâce, bénédiction. On peut donc interpréter « Béthanie » comme étant la maison de la miséricorde, de la grâce et de la bénédiction.

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Archbishop Francesco Follo

Observateur permanent du Saint-Siège à l'UNESCO, à Paris. Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000. Observateur permanent du Saint-Siège à l'UNESCO, à Paris. Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000. Observateur permanent du Saint-Siège à l'UNESCO, à Paris. Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000. Observateur permanent du Saint-Siège à l'UNESCO, à Paris. Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000. Observateur permanent du Saint-Siège à l'UNESCO, à Paris. Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000. Observateur permanent du Saint-Siège à l'UNESCO, à Paris. Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000. Observateur permanent du Saint-Siège à l'UNESCO, à Paris. Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000. Observateur permanent du Saint-Siège à l'UNESCO, à Paris. Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000. Observateur permanent du Saint-Siège à l'UNESCO, à Paris. Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000. Observateur permanent du Saint-Siège à l'UNESCO, à Paris. Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000. Observateur permanent du Saint-Siège à l'UNESCO, à Paris. Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000. Observateur permanent du Saint-Siège à l'UNESCO, à Paris. Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000. Observateur permanent du Saint-Siège à l'UNESCO, à Paris. Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000. Observateur permanent du Saint-Siège à l'UNESCO, à Paris. Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000. Observateur permanent du Saint-Siège à l'UNESCO, à Paris. Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000. Observateur permanent du Saint-Siège à l'UNESCO, à Paris. Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000. Observateur permanent du Saint-Siège à l'UNESCO, à Paris. Mgr Francesco Follo est ordonné prêtre le 28 juin 1970 puis nommé vicaire de San Marco Evangelista à Casirate d’Adda de 1970 à 1976. Il obtient un doctorat en Philosophie à l’Université pontificale grégorienne en 1984. De 1976 à 1984, il travaille comme journaliste au magazine Letture du Centre San Fedele de la Compagnie de Jésus (jésuites) à Milan. Il devient membre de l’Ordre des journalistes en 1978. En 1982, il occupera le poste de directeur-adjoint de l’hebdomadaire La Vita Cattolica. De 1978 à 1983, il est professeur d’Anthropologie culturelle et de Philosophie à l’Université catholique du Sacré Cœur et à l’Institut Supérieur des Assistant Educateurs à Milan. Entre 1984 à 2002, il travaille au sein de la Secrétairerie d’Etat du Saint-Siège, au Vatican. Pendant cette période il sera professeur d’Histoire de la Philosophie grecque à l’Université pontificale Regina Apostolorum à Rome (1988-1989). En 2002, Mgr Francesco Follo est nommé Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’UNESCO et de l’Union Latine et Délégué auprès de l’ICOMOS (Conseil international des Monuments et des Sites). Depuis 2004, Mgr Francesco Follo est également membre du Comité scientifique du magazine Oasis (magazine spécialisé dans le dialogue interculturel et interreligieux). Mgr Francesco Follo est Prélat d’Honneur de Sa Sainteté depuis le 27 mai 2000.

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