Mgr. Nunzio Galantino

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Le Vatican, un État qui n’a pas d’impôt ou de dette publique: mise au point de Mgr Galantino

Démentis à propos d’un nouveau livre, « absolument romancé »

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«Ici il n’y a aucune banqueroute ou défaut de paiement. Il y a seulement l’exigence d’un examen général des dépenses. C’est que nous sommes en train de faire. Nous pouvons le démontrer avec des chiffres »: dans un entretien au quotidien catholique italien Avvenire, ce mardi 22 octobre 2019. Il rappelle que l’Etat de la Cité du Vatican est « un État qui n’a pas d’impôt ou de dette publique« . Un article immédiatement repris par toutes les éditions de Vatican News.
Mgr Nunzio Galantino, président de l’Administration du Patrimoine du Siège Apostolique (APSA) depuis juin 2018, a « dédramatisé » les rumeurs diffusées par un nouveau livre italien sur le Vatican.
L’auteur du livre présenté à Rome, lundi, 21 octobre, avec le titre apocalyptique de « Jugement universel », est Gianluigi Nuzzi, qui a naguère exploité les documents subtilisés de la chambre de Benoît XVI (« Vatileaks 1 »), puis ceux obtenus, sous le pontificat du pape François (« Vatileaks 2 »), par d’autres connections vaticanes aujourd’hui jugées et sanctionnées.
Tout d’abord, Mgr Galantino rappelle l’origine du patrimoine géré par l’APSA: il résulte en partie de la convention financière avec l’Italie liée aux Accords du Latran de 1929. Ils prévoyaient une forme de compensation pour mettre fin à la situation provoquée par l’annexion par l’Italie du territoire des Etats pontificaux (centre de l’Italie) et de toute la ville de Rome, au XIXe s.: le pape se retrouvait comme prisonnier entre les murs du Vatican et l’Eglise était dépouillée d’un immense patrimoine.
Le président de l’APSA fournit des données sur le parc immobilier géré par son dicastère, dans le sillage de ces Pactes du Latran: «Il s’agit de 2 400 appartements, pour la plupart situés à Rome et à Castel Gandolfo, et de 600 commerces et bureaux. Ceux qui ne sont pas loués sont soit des appartements de service, soit les bureaux de la Curie. Quant à leur valeur selon le marché, il est impossible d’en faire une estimation. Prenons par exemple les immeubles de la Place Pie XII : combien valent-ils concrètement ? Si l’on fait un hôtel de luxe c’est une chose, mais si l’on met les bureaux de la Curie romaine, comme c’est le cas actuellement, ils ne valent rien. En outre, 60% des appartements sont loués aux employés qui en ont besoin, pour lesquels le loyer est réduit. C’est une forme de logement social. Si de grandes entreprises privées le font, ce sont des réalités qui prouvent qu’elles prennent soin du personnel. Si le Vatican le fait, nous sommes des incompétents, ou pire, nous ne savons pas administrer le patrimoine !»
A propos des économies que le pape François demande à l’APSA de réaliser, Mgr Galantino continue: «La situation actuelle de l’administration du Saint-Siège ne diffère pas de ce qui arrive dans une famille ou aussi dans les États de différents continents. À un certain point, on regarde ce que l’on dépense, on voit ce qui entre et on cherche à rééquilibrer les dépenses.»
Mgr Galantino dément en outre que le résultat négatif du bilan soit la conséquence d’une «gestion clientéliste et sans règles, d’une comptabilité imaginaire et d’un sabotage têtu de l’action du Pape», comme le journaliste italien la présente: «En réalité, la gestion ordinaire de l’APSA a terminé l’exercice 2018 avec un excédent de plus de 22 millions d’euros. La donnée comptable négative est exclusivement due à une intervention extraordinaire vouée à sauver l’action d’un hôpital catholique et les postes de travail de ses employés.»
Mgr Galantino affirme d’autre part qu’il n’existe pas, à l’APSA, des « comptes codés » ou une « comptabilité parallèle »: «Je le confirme et je le rappelle : l’APSA n’a pas de comptes secrets ou codés. Que l’on prouve le contraire. À l’APSA, il n’y a même pas de comptes de personnes physiques ou d’autres personnalités juridiques, mais seulement ceux des dicastères du Saint-Siège, des entités reliées et du gouvernorat (de la Cité du Vatican, ndlr). Un État qui n’a pas d’impôt ou de dette publique a seulement deux méthodes pour vivre. Placer ses ressources et se baser sur les contribution des fidèles, comme le Denier de Saint-Pierre. Certains voudraient que l’Église n’ait rien et ensuite parvienne à donner une juste rémunération à ses travailleurs et réponde à de nombreux besoins, avant tout ceux des pauvres. Il est évident que cela ne peut pas fonctionner comme cela. Il y a le besoin d’une révision générale des dépenses, pour contenir les coûts du personnel et les acquisitions de matériel, et l’on y travaille avec beaucoup de soin et d’attention. Donc aucun alarmisme sur un hypothétique défaut de paiement. Parlons plutôt d’une réalité qui se rend compte qu’il faut contenir les dépenses, comme cela arrive dans une bonne famille ou dans un État sérieux.»
Enfin, Mgr Galantino n’hésite pas à rappeler un poncif: «Opposer le Pape à la Curie est un cliché journalistique usé. Nous sommes en train de continuer à travailler pour équilibrer les entrées et les sorties, et donc nous cherchons à faire justement et seulement ce que le Pape veut. D’autres lectures relèvent du “Da Vinci Code”, c’est-à-dire d’une approche absolument romancée de la réalité.»

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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