La paix en Ukraine et au Moyen Orient ont été les deux principaux thèmes à l’ordre du jour de la visite du président Vladimir Poutine au Vatican, ce mercredi 10 juin, en fin d’après-midi.
L’entretien entretien privé avec le pape François a duré une cinquantaine de minutes – en présence de deux interprètes – avant la présentation de la délégation russe et l’échange de cadeaux.
Le pape François a accueilli le président Poutine dans sa bibliothèque privée du palais apostolique du Vatican en lui disant « bienvenu ! » en allemand.
Le dossier Ukraine
Selon un communiqué du P. Federico Lombardi, porte-parole du Saint-Siège, le pape François a demandé au président « un effort sincère » pour « réaliser la paix en Ukraine ».
« Etant donné le contexte mondial, la rencontre a été principalement dédiée au conflit en Ukraine et à la situation au Moyen-Orient », précise la même source.
Les deux parties ont souligné « l’importance de reconstruire un climat de dialogue et que toutes les parties s’engagent pour réaliser les accords de Minsk ».
Il s’agit aussi d’affronter « la grave situation humanitaire », et d’assurer notamment « l’accès aux agents humanitaires », indique le Saint-Siège. Le conflit dans l’Est de l’Ukraine a fait plus de 6400 morts depuis avril 2014.
A la veille de la rencontre, Mgr Sviatoslav Chevtchuk, archevêque majeur de Kiev et primat de l’Eglise gréco-catholique d’Ukraine, a fait parvenir au pape un message dans lequel il lui demandait « d’être la voix du peuple ukrainien, de ses enfants, de tous les fidèles catholiques qui souffrent en Ukraine », rapporte l’agence catholique italienne SIR. Il lui demandait de « défendre ses enfants ». Il se disait confiant « dans le fait que le pape puisse faire ce qui a été jusqu’à présent impossible ».
Lors de la visite ad limina des évêques d’Ukraine, le 20 février, le pape François les avait exhortés à rechercher « la paix possible » sans s’impliquer en politique.
Le dossier syrien
Pour ce qui est des conflits Moyen-Orient, en Syrie et en Irak, il a été rappelé « l’urgence de poursuivre la paix avec l’intérêt concret de la communauté internationale » et en même temps d’« assurer les conditions nécessaires à la vie de toutes les composantes de la société, y compris les minorités religieuses, en particulier les chrétiens », indique toujours le Saint-Siège.
L’échange des cadeaux
Les deux dossiers épineux une fois traités, le moment de l’échange des cadeaux a été un moment plus détendu. Le président a offert au pape une représentation de l’église du Saint-Sauveur de Moscou « détruite à l’époque soviétique aujourd’hui reconstruite », la corniche était dorée à la main à la feuille d’or, a précisa le président.
Le pape a offert au président son document « La joie de l’Evangile » et le médaillon de l’Ange de la paix, en expliquant : « C’est un médaillon fait par un artiste du siècle passé. C’est l’Ange de la paix qui est vainqueur de toutes les guerres et parle de la solidarité entre les peuples. »
C’est un bronze réalisé par l’artiste italien Guido Veroi (1926-2013), portant l’inscription « Un monde de solidarité et de paix fondé sur la justice ». D’un diamètre d’une vingtaine de centimètres, ce médaillon représente un ange embrassant et réunissant l’hémisphère nord et l’hémisphère sud, malgré le dragon, symbole du mal, qui s’oppose à lui.
Le président russe a quitté la bibliothèque du pape en disant au pape, par son interprète : « Cela a été un grand plaisir et un grand honneur de vous rencontrer. A la prochaine fois. »
Les Affaires étrangères aussi
Pour sa part, le Ministre russe des Affaires étrangères Sergei Lavrov s’est entretenu avec le Secrétaire du Vatican pour les Relations avec les Etats, Mgr Paul Gallagher : Ukraine et Moyen-Orient également à l’ordre du jour. Le cardinal Secrétaire d’Etat Pietro Parolin était absent en raison d’un voyage au Moyen Orient.
Côté italien
Le président avait visité l’Expo de Milan 2015 mercredi matin : le pavillon russe est le plus grand de l’exposition universelle. Il y a été accueilli par le président du Conseil Matteo Renzi qui avait plaidé pour sa part pour la mise en œuvre des accords de Minsk. A Rome, Vladimir Poutine devait également rencontrer le président Sergio Mattarella.
Quatre autres visites
Le président russe avait été reçu par le pape François le 25 novembre 2013. Il avait été question de la communauté catholique en Russie et de la situation en Syrie.
Le président russe et le pape étaient d’accord sur l’urgence de « faire cesser la violence, d’apporter l’aide humanitaire nécessaire à la population », et de favoriser des « initiatives concrètes pour une solution pacifique au conflit ».
Le président russe avait transmis au pape les salutations du Patriarche Kirill.
Le pape avait adressé une lettre au président Poutine, le 4 septembre 2014, à l’occasion du sommet du « G20 » de Saint-Pétersbourg, pour tenter d’éviter une intervention militaire extérieure en Syrie. Le pape avertissait: « sans la paix, il ne peut y avoir aucune forme de développement économique. La violence n’engendre jamais la paix, condition nécessaire au développement ».
Il demandait au G20 que les nations renoncent à une intervention militaire en Syrie, que les négociations de paix aient le soutien « unanime » de la communauté internationale et enfin que soit fournie l’aide humanitaire nécessaire aux populations.
Il leur demandait de ne pas rester « inertes face au drame vécu par la population syrienne ».
Le président Vladimir Poutine est venu en visite au Vatican, le 5 juin 2000 et en 2003 – il avait été reçu par Jean-Paul II – et en 2007 : il avait rencontré Benoît XVI et ils s’étaient entretenus, en allemand, notamment sur les rapports entre catholiques et orthodoxes.