Le pape François explique comment il a bâti son encyclique « Loué sois-tu »

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L’encyclique du pape François sur l’écologie, “Loué sois-tu”, exprime son souci de la “maison commune” de tous les êtres humains, en ce sens, c’est une encyclique éminemment sociale.

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Dans son encyclique, le pape parle d’une « écologie intégrale » et de promouvoir une « spiritualité écologique » et il insiste sur l’éducation à « l’alliance entre humanité et environnement ». Le mot est lâché dans le dernier chapitre : toute l’encyclique veut conduire son lecteur à une « conversion écologique » : une réaction qui fait dire « nous ne pouvons plus vivre comme cela ! » et faut changer la vie.

Et d’emblée, le pape lance un appel (13-16), au cœur : c’est une encyclique éminemment personnelle, marquée par les expériences et les préoccupations que le pape François ne cesse de rappeler depuis le début de son pontificat.

Dans l’introduction de son encyclique, le pape explique l’enchaînement des six chapitres.

Le pape commence par un état des lieux : « En premier lieu, je présenterai un bref aperçu des différents aspects de la crise écologique actuelle, en vue de prendre en considération les meilleurs résultats de la recherche scientifique disponible aujourd’hui, d’en faire voir la profondeur et de donner une base concrète au parcours éthique et spirituel qui suit ».

Il rappelle les fondements bibliques de son appel : « À partir de cet aperçu, je reprendrai certaines raisons qui se dégagent de la tradition judéo-chrétienne, afin de donner plus de cohérence à notre engagement en faveur de l’environnement. »

Il propose un diagnostique en profondeur : « Ensuite, j’essaierai d’arriver aux racines de la situation actuelle, pour que nous ne considérions pas seulement les symptômes, mais aussi les causes les plus profondes. »

« Nous pourrons ainsi proposer une écologie qui, dans ses différentes dimensions, incorpore la place spécifique de l’être humain dans ce monde et ses relations avec la réalité qui l’entoure » : c’est cela l’écologie « intégrale ».

Le pape propose ensuite un dialogue sur les points névralgiques mis en lumière: « À la lumière de cette réflexion, je voudrais avancer quelques grandes lignes de dialogue et d’action qui concernent aussi bien chacun de nous que la politique internationale. »

Il indique ensuite un chemin, pour une « éducation » : « Enfin, puisque je suis convaincu que tout changement a besoin de motivations et d’un chemin éducatif, je proposerai quelques lignes de maturation humaine inspirées par le trésor de l’expérience spirituelle chrétienne. »

Jusqu’à la maison commune du ciel

L’encyclique se présente donc en six chapitres –  le rythme des six jours de la création selon le récit biblique ! – et s’achève par deux prières : une “prière pour notre terre” et une “prière chrétienne avec la Création”: elle est éminemment franciscaine, contemplative. Trois paragraphes sont dès le début consacrés à saint François d’Assise (10-12)

Le premier chapitre (17-61) est un constat de ce qui se passe  « Que se passe-t-il donc dans notre maison ? » De la pollution aux changements climatiques.  La question de l’eau, la perte de la biodiversité… Mais le pape relève combien ces dégradations de l’environnement conduisent à une « désagrégation sociale » et constitue une « iniquité planétaire ». Il épingle aussi dans ce constat « la faiblesse des réactions ». Et entre qui attribue au changement naturel du climat le réchauffement de la planète et qui dit qu’il vient de la main de l’homme le pape tranche : l’un et l’autre. Mais comme l’homme ne peut agir que sur le second c’est sa responsabilité de le faire.

Le deuxième chapitre (62-100) chante l’Evangile la Bonne Nouvelle – de la Création. Le pape part de la « lumière de la foi » et de la « sagesse des récits bibliques » pour contempler « le mystère de l’univers », puis « l’harmonie de tout le créé » en se penchant sur « le message de chaque créature ». C’est une contemplation de la « communion universelle » d’où il tire ce principe de la « destination universelle des biens ». Il achève par le « regard de Jésus » – qu’il évoque souvent pour sa propre vocation – sur l’univers.

Le troisième chapitre (101-136) Etudie « la racine humaine » de ce que le pape appelle « la crise écologique ». D’aune part « la technologie » comme « créativité » et comme « pouvoir », puis la « mondialisation du paradigme technocratique ».  Le pape a analyse ensuite les « crises » et les « conséquences » de « l’anthropocentrisme moderne » notamment le « relativisme pratique », en signalant la « nécessité de défendre le travail », et en évoquant « l’innovation biologique à partir de la recherche ».

Le quatrième chapitre (137-162) est consacré à « l’écologie intégrale » qu’il décline en cinq parties avec des concept et des expressions qui font la grande nouveauté de cette encyclique: « l’écologie environnementale, économique et sociale », puis l’écologie  « culturelle », et ce que le pape appelle « l’écologie de la vie quotidienne ». C’est là qu’il rappelle ce grand principe de l’enseignement sociale de l’Eglise qu’est le « principe du bien commun ».  Mais l’analyse du pape n’est pas seulement synchronique : la responsabilité de chacun et de tous implique la conscience de la « justice entre les générations » à travers le temps.

Dans le chapitre 5 (163-201), le pape indique « quelques lignes d’orientation et d’action ». Il avait annoncé dans l’avion de Colombo à Manille en janvier dernier qu’il voulait publier son encyclique avant la Conférence de Paris. Si le cardinal Bergoglio a en effet salué des avancées à la Conférence de Rio + 20 en 2012, le pape François avait été déçu par la frilosité de Lima en 2014. Il espère mieux de Paris 2015, en décembre prochain « pour un accord universel sur le climat ».

Ce chapitre évoque cinq points, à partir d’une méthode qui lui tient à cœur : « le dialogue ». Tout d’abord, le dialogue  « sur l’environnement dans la politique internationale ». Puis « le dialogue en vue de nouvelles politiques nationales et locales ». Et il n’hésite pas à aborder la question qui fâche en parlant du « dialogue » et de la « transparence » dans les processus de décision.  Il évoque la «politique et l’économie elles aussi « en dialogue pour la plénitude humaine ». Et enfin les religions « en dialogue avec les sciences ».

Le sixième et dernier chapitre (202-246) aborde la question fondamentale de « l’éducation » en lien avec ce que le pape n’hésite pas à appeler une « spiritualité écologique ». Un chapitre subdivisé en neuf parties.

Le pape indique un objectif : « Miser sur un autre style de vie ». Et la tâche de l’éducation d’« éduquer à l’alliance entre l’humanité et l’environnement ».  Une éducation qui implique une « conversion écologique », qui porte « joie » et « paix », deux termes clef de la spiritualité de François d’Assise… Plus encore, le pape parle « d’amour » à la fois « civil » et « politique ». Puis il évoque les « signes sacramentaux » et le « repos-célébration ». De plus, cette création dont parle toute l’encyclique vient de la Trinité, est marquée du sceau de la Trinité,  et de n’est pas sans éclairer la « relation entre les créatures ». Le pape évoque alors Marie, la « Reine de toute la création ». Pour conduire finalement le regard « au-delà du soleil », vers la maison commune dé
finitive, « du ciel ».

Le pape invite à prier pour que cela soit.

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Anita Bourdin

Journaliste française accréditée près le Saint-Siège depuis 1995. Rédactrice en chef de fr.zenit.org. Elle a lancé le service français Zenit en janvier 1999. Master en journalisme (Bruxelles). Maîtrise en lettres classiques (Paris). Habilitation au doctorat en théologie biblique (Rome). Correspondante à Rome de Radio Espérance.

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