Le pape François confie les époux en difficulté à la Vierge Marie: « Invoquons la Vierge Marie pour qu’elle aide les époux à vivre et à renouveler leur union, toujours à partir du don originel de Dieu. »
Le pape a en effet commenté l’évangile du dimanche, ce 7 octobre 2018, place Saint-Pierre, comme c’est la coutume, avant la prière de l’angélus dominical, à midi. Sous les parapluies, quelque 25 000 personnes s’étaient rassemblées, selon les chiffres de la gendarmerie vaticane.
L’histoire d’époux en difficulté
Cette prière à Marie pour les époux en difficulté rappelle la confiance du pape François dans la Vierge Marie qui « défait les noeuds », représentée par le tableau attribué au peintre bavarois Johann Georg Melchior Schmidtner, et qui se trouve dans l’église Sankt-Peter-am-Perlach d’Augsbourg (Allemagne).
Le pape a connu le tableau grâce à la carte postale qu’une religieuse lui a adressée une année pour Noël. Le pape a été frappé par cette représentation de la Vierge Marie. La peintre Ana Maria Betta de Berti en a ensuite réalisé une copie en Argentine. Et le pape a plusieurs fois été photographié sous une copie du tableau, à Sainte-Marthe, au Vatican.
Le tableau serait un ex-voto en action de grâce pour l’exaucement de la prière du jésuite allemand Jakob Rem, le 28 septembre 1615, en faveur de Wolfgang Lagenmantel et de sa femme Sophie Rentz: il avait demandé à la Vierge de défaire les noeuds (concrets) du ruban nuptial – alors un élément de la liturgie du mariage – de ce couple en difficulté. Le noeuds du ruban, qui reprit sa couleur blanche initiale, et les difficultés du couple disparurent.
La gratitude d’un petit-fils
C’est un petit-fils de ce couple, devenu prêtre à Sankt-Peter, Hieronymus von Langenmantel (1666 – 1709), qui commanda le tableau pour rappeler l’intercession de la Vierge Marie en faveur de ses grands-parents.
Dans Die Zeit du 9 mars 2017, le pape a expliqué que le tableau se réfère à une expression de saint Irénée de Lyon: « Le mari a pris conseil auprès d’un père jésuite. Celui-ci a pris le long ruban blanc, qui leur avait été offert lors du mariage, et il a prié la Vierge Marie. Il avait lu dans les textes d’Irénée que le nœud noué par le péché d’Eve avait été défait par l’obéissance de Marie. Il a demandé à la Vierge la grâce de défaire les nœuds».
Le pape a cité saint Irénée le 12 octobre 2013, en l’Année de la foi, à propos de la foi de Marie en disant notamment: « La foi de Marie dénoue le nœud du péché (cf. Conc. Oecum. Vat. II, Const. dogm. Lumen gentium, n. 56). Qu’est-ce que cela signifie ? Les Pères conciliaires [de Vatican II] ont repris une expression de Saint Irénée qui dit : « Le nœud noué par la désobéissance d’Ève a été dénoué par l’obéissance de Marie ; ce que la vierge Ève avait lié par son incrédulité, la Vierge Marie l’a délié par sa foi » (Adversus Haereses III, 22, 4) ».
La relation avec Dieu
Le pape a expliqué ce lien entre la désobéissance à partir de l’exemple d’un enfant: « Le « nœud » de la désobéissance, le « nœud » de l’incrédulité. Quand un enfant désobéit à sa maman ou à son papa, nous pourrions dire que se forme un petit « nœud ». Cela arrive si l’enfant agit en se rendant compte de ce qu’il fait, particulièrement s’il y a un mensonge ; dès lors il n’a confiance ni en sa maman ni en son papa. Vous savez que de fois cela arrive ! Alors la relation avec les parents a besoin d’être assainie de cette faute et, en effet, il s’excuse, pour qu’il y ait de nouveau harmonie et confiance. »
Il a appliqué cette comparaison à la relation à Dieu: « Quelque chose de semblable advient dans notre relation avec Dieu. Quand nous ne l’écoutons pas, ne suivons pas sa volonté, nous accomplissons des actions concrètes par lesquelles nous manifestons un manque de confiance en lui – et c’est le péché – il se forme comme un nœud dans notre être intime. Et ces nœuds nous ôtent la paix et la sérénité. Ils sont dangereux, car de plusieurs nœuds peut se former un enchevêtrement, qui est toujours plus douloureux et toujours plus difficile à dénouer. »
Marie et la miséricorde divine
Le pape a ensuite souligné l’oeuvre de la miséricorde divine dans la vie et l’intercession de Marie: « Mais à la miséricorde de Dieu – nous le savons – rien n’est impossible ! Même les nœuds les plus emmêlés se dénouent avec sa grâce. Et Marie, qui, par son « oui », a ouvert la porte à Dieu pour dénouer le nœud de l’ancienne désobéissance, est la mère qui, avec patience et tendresse, nous conduit à Dieu, afin qu’il dénoue les nœuds de notre âme avec sa miséricorde de Père. »
Il a invité chacun à s’en remettre, avec confiance, à Marie et à la miséricorde divine, pour que les « noeuds » de la vie soient dénoués: « Chacun de nous en a quelques-uns, et nous pouvons nous demander dans notre cœur : quels nœuds y-a-t-il dans ma vie ? « Père, les miens ne peuvent pas se dénouer ! » Mais c’est une erreur ! Tous les nœuds du cœur, tous les nœuds de la conscience peuvent être dénoués. Est-ce que je demande à Marie de m’aider à avoir confiance en la miséricorde de Dieu, pour les dénouer, pour changer ? Elle, femme de foi, nous dira sûrement : « Avance, va chez le Seigneur : lui te comprend ». Et elle nous conduit par la main, Mère, Mère, vers la tendresse du Père, du Père de la miséricorde. »